Les Nouvelles économiques de l'Eurasie du 7 mars 2025
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Zoom sur le PIB de la Russie en 2024
La Russie a enregistré une croissance élevée pour la deuxième année consécutive, dépassant légèrement les prévisions russes et du Fonds monétaire international (FMI). Comme en 2023, la progression de l’activité a été principalement soutenue par l’effort de guerre et le commerce, mais aussi par les services financiers.
Selon la première estimation de l’agence de statistiques russe (Rosstat), le PIB de la Russie a enregistré une croissance de 4,1% en 2024. Ce résultat se situe légèrement au-dessus des prévisions officielles du gouvernement (+3,9%) et de la banque centrale (3,5-4%) russes, ainsi que de celles du FMI (+3,8%). Par ailleurs, Rosstat a révisé les résultats d’activité des deux années précédentes, à la hausse en 2023 (+0,5 p.p. à 4,1%) et à la baisse en 2022 (-0,2 p.p. à -1,4%).
Figure 1 : Croissance du PIB russe, %
Les moteurs de la croissance demeurent globalement inchangés par rapport à l’année passée. L’effort de guerre continue de stimuler la production manufacturière (+7,6% en g.a.), qui a contribué à 1 point de pourcentage (p.p.) de croissance (24% du total), ainsi que les dépenses de sécurité militaire (0,6 p.p.). Le commerce reste le deuxième poste de croissance (+6,9%), avec une contribution de 0,8 p.p. Enfin, les services financiers et d’assurance (+16,5%) ont contribué de façon nettement plus significative à la croissance que l’année passée (0,8 p.p. du total contre 0,3 p.p. en 2023). A l’inverse, le recul de l’activité dans l’agriculture, la construction et l’immobilier et l’industrie extractive, a pesé négativement sur la croissance, à hauteur de 0,2 p.p.
Après trois années de conflit, le bilan macroéconomique par secteur est contrasté :
- Certaines branches d’activité ont très nettement bénéficié de la réorientation de la consommation et de l’investissement vers le marché intérieur, notamment l’hôtellerie et la restauration (+27,7% entre 2021 et 2024, soit le meilleur résultat tous secteurs confondus), les TIC (+24,8%) ou encore la construction et l’immobilier (+6,5%) ;
- Les bonnes performances de l’industrie manufacturière (+13,4%) doivent être nuancées au regard des fortes disparités entre les branches à composante majoritairement militaire[1](+79%) et les branches essentiellement civiles[2]
- En outre, le rattrapage demeure incomplet dans le commerce (-2,1%), pénalisé par un volume d’activité de gros toujours inférieur à 2021 (-6,7%) ;
- Enfin, certains secteurs sont confrontés à une baisse d’activité durable, notamment l’industrie extractive (-1,9%) et la santé (-5,9%).
[1] A ce titre, on relèvera notamment une production toujours en berne dans la métallurgie (-2% entre 2021 et 2024), la pétrochimie (-2,3%), l’industrie du bois (-7,4%) ou encore l’automobile (-24,2%).
Figure 2 : Variation du volume d’activité en 2024 par rapport à…
Figure 3 : Contributions sectorielles à la croissance du PIB, p.p., %, g.a.
Figure 4 : Variation de la valeur ajoutée par secteur en % du niveau de 2019, prix constants 2021
[1] Ouvrages métalliques finis (+87,8% entre 2021 et 2024), ordinateurs et équipements électroniques et optiques (+98,6%) et autres véhicules et équipements (+50%).
[2] A ce titre, on relèvera notamment une production toujours en berne dans la métallurgie (-2% entre 2021 et 2024), la pétrochimie (-2,3%), l’industrie du bois (-7,4%) ou encore l’automobile (-24,2%).