Le pouvoir d’achat dépasse son niveau de 2019 dans l’ensemble des économies avancées

L’évolution du niveau de vie des ménages peut être appréciée par celle du pouvoir d’achat, c’est-à-dire le revenu disponible brut (RDB) qui englobe l’ensemble des revenus d’activité (salaires et revenus mixtes des indépendants), des revenus financiers (intérêts, dividendes et loyers) ainsi que les prestations sociales (assurance chômage, pensions de retraites, etc), rapportée à celle des prix (mesurée ici par le déflateur de la consommation des ménages). Entre 2019 et 2024, l’ensemble des principales économies avancées ont enregistré des gains de pouvoir d’achat, d’amplitudes toutefois différentes (cf. graphique 1).   

Graphique 1 : évolution du pouvoir d'achat entre 2019 et 2024

  Graphique 2 : évolution du RDB nominal entre 2019 et 2024

Les gains de pouvoir d’achat ont été particulièrement importants aux États-Unis et en Espagne (respectivement +12,3 pts et +8,8 pts entre 2019 et 2024), reflétant un emploi très allant en Espagne (+6,7 pts entre 2019 et 2024) et des salaires dynamiques dans les deux pays (cf. graphique 2). Les salaires ont été soutenus aux États-Unis par un marché du travail tendu (caractérisées par un taux de chômage faible et un taux de vacance d’emploi important) en Espagne par une revalorisation conséquente du salaire minimum interprofessionnel (SMI). Depuis l’arrivée au pouvoir de Pedro Sánchez en 2018, le SMI espagnol a connu une hausse de 61 %, alors qu’il était de 735€ par mois en 2018. 

Malgré des salaires dynamiques, le pouvoir d’achat a connu une hausse moins importante en Allemagne (+4,2 pts) et au Royaume-Uni (+5,5 pts), du fait d’une hausse des prix plus marquée (+27 % en cumul depuis janvier 2021 en Allemagne et +24 % au Royaume-Uni, contre +16 % en France). La plus forte inflation observée dans ces deux pays peut être attribuée à une inflation énergétique plus élevée, auquel s'ajoutent des facteurs spécifiques au Royaume-Uni (impact du rétablissement de barrières non-tarifaires post-Brexit sur l’inflation alimentaire). 

La hausse du pouvoir d’achat a été nettement plus faible en Italie (+2,7 pts entre 2019 et 2024), compte tenu de salaires moins dynamiques, qui refléteraient des revalorisations sur l'inflation plus progressives, dans l'attente du renouvellement de conventions collectives, ou encore une moindre concurrence pour la main d’œuvre qualifiée dans un contexte marqué par une fuite des cerveaux. 

Ces différences de dynamiques reflètent plus généralement les écarts de croissance en sortie de crise (à l’exception de l’économie italienne). Les Etats-Unis et l’Espagne ont ainsi connu la plus forte reprise avec un niveau d’activité au 4e trimestre 2024 supérieur de resp. +12,1 pts et +7,6 pts au niveau de fin 2019.