Brèves de l'ASEAN semaine 8 (2025)
FAITS SAILLANTS : Malaisie : +5,1 % de croissance du PIB en 2024 | Indonésie : maintien du taux directeur à 5,75 % par la Bank Indonesia | Cambodge : réserves de change en hausse à 22,5 Md USD en 2024, +12,6 % en g.a.
Région
Impact des nouvelles barrières commerciales américaines sur l’Asie du Sud-Est
Le président américain Donald Trump a introduit de nouveaux droits de douane ciblant notamment la Chine, avec une taxe de 10 % sur ses exportations vers les États-Unis, bien en deçà des 60 % initialement évoqués. Ces mesures ont pesé sur les devises des économies émergentes asiatiques et provoqué des baisses sur certains marchés boursiers, notamment en Inde et en Malaisie. D’après Natixis, l’ASEAN pourrait néanmoins tirer parti de cette reconfiguration des échanges. Le Vietnam, qui a renforcé sa part des exportations vers les États-Unis entre 2017 et 2023, demeure un bénéficiaire clé du déplacement des chaînes d’approvisionnement. La Malaisie et Singapour attirent également des investissements, notamment dans les semi-conducteurs et les services financiers, tandis que la création d’une zone économique spéciale Johor-Singapour devrait venir capter de nouveaux flux. Alors que les tensions commerciales sino-américaines persistent, l’Asie du Sud-Est pourrait ainsi confirmer son rôle de plateforme de diversification pour les investisseurs cherchant à contourner les barrières tarifaires américaines.
Indonésie
Des coupes budgétaires massives pour financer des réformes économiques
Le président Prabowo Subianto a annoncé sa volonté de procéder à de nouvelles coupes et réallocations budgétaires lors de la célébration du 17ème anniversaire du parti politique, Gerindra. Après une première coupe de près de 19 Md USD actée en janvier (cf. Brèves semaine 5), annoncée de manière concomitante à la hausse de l’enveloppe allouée au programme de repas scolaires gratuits, une seconde phase -dont le calendrier n’a pas été précisé- devrait permettre de réaliser des économies de 15 Md USD supplémentaires. Enfin, les dividendes remontés par les entreprises publiques (jusqu’à 12 Md USD selon Prabowo) pourraient ne plus être versés au budget de l’Etat, mais en partie réinvestis, notamment dans la holding publique Danantara (cf. semaine 6), qui serait ainsi dotée de 20 Md USD. Au total, Prabowo vise ainsi des économies et réallocations qui pourraient atteindre 750 000 Md IDR (45,9 Md USD) – à mettre en regard du budget de l’Etat indonésien, de 226 Md USD, dont près de 52 % est déjà affecté à des postes peu compressibles (éducation, salaires des agents publics, charge de la dette) et 28 % affecté aux transferts aux collectivités (déjà concernés par les coupes budgétaires annoncées en janvier) et aux subventions.
Bank Indonesia maintient son taux directeur à 5,75 %
Bank Indonesia (BI) a décidé de maintenir son taux directeur à 5,75 %, estimant qu’une baisse future dépendra de l’évolution de l’inflation et des conditions économiques mondiales. Le gouverneur Perry Warjiyo a indiqué que la stabilité de la roupie indonésienne restait une priorité face aux turbulences économiques mondiales, notamment le renforcement du dollar américain et l’augmentation des tarifs douaniers aux États-Unis. BI anticipe une seule réduction du taux de la Réserve fédérale américaine cette année, de 25 points de base au second semestre. Depuis son pic de 6,25 % en avril 2024, BI a assoupli sa politique monétaire en abaissant son taux directeur de 25 points de base en septembre 2024 puis en janvier 2025.
Entrée en vigueur du règlement sur les revenus d'exportation pour renforcer les réserves de change
Le président indonésien Prabowo Subianto a signé lundi 17 février le règlement obligeant les exportateurs de ressources naturelles, hors pétrole et gaz, à conserver 100 % des revenus en devises issus de ces exportations dans le système financier national pendant au moins un an (cf. Brèves semaine 4), une mesure visant à renforcer les réserves de change du pays de 80 Md USD (vs. 156 Md USD actuellement). Cette obligation, qui entrera en vigueur le 1er mars, prévoit toutefois la possibilité pour les exportateurs d’utiliser ces fonds sous certaines conditions, y compris pour financer leurs opérations ou verser des dividendes. Contrairement aux autres secteurs, les exportateurs de pétrole et de gaz resteront soumis à l’exigence précédente qui porte sur 30 % des revenus tirés des exportations. Le gouvernement envisage également de supprimer les taxes sur les gains en capital liés à ces dépôts pour inciter à leur maintien en Indonésie.
Forte baisse des exportations indonésiennes en janvier
Les exportations indonésiennes ont diminué de 9 % en g.m. en janvier 2025, avec un fort recul des exportations de fer, d’acier et d’huile de palme brute (CPO), notamment sous l’effet du ralentissement économique en Chine. La valeur des exportations de fer et d’acier a diminué de 10,4 % par rapport à décembre et de 7,6 % sur un an, tandis que les volumes expédiés vers la Chine, l’Inde, le Vietnam et la Turquie ont enregistré des baisses allant jusqu’à 85 % en g.a. Les exportations de CPO vers l’Inde, principal importateur, ont chuté de 88 % sur un an, malgré une hausse des prix, principalement en raison d’une réduction des volumes expédiés, tandis que la valeur totale des exportations indonésiennes de CPO a reculé de 16,6 % sur un an, bien que le prix à la tonne ait grimpé de 835 dollars en janvier 2024 à 1 134 dollars en janvier 2025. Le ralentissement de la demande mondiale, les tensions commerciales et les conditions météorologiques affectant l’offre malaisienne ont pesé sur ces secteurs stratégiques. Néanmoins, l’Indonésie a enregistré un excédent commercial de 3,5 Md USD en janvier, porté par une baisse des importations de 15 % à 18 Md USD.
Malaisie
Confirmation d’une croissance de 5,1 % en 2024
Les chiffres publiés par le département des statistiques malaisien le 14 février confirment les premières estimations en janvier d’une croissance annuelle de 5,1 % en 2024 bien que la variation des stocks (-66,8 %) ait été particulièrement défavorable (-1,1 pt). La consommation privée (61 % du PIB) est demeurée solide (+5,1 %), tout comme les investissements (21 % du PIB ; +12,0 %). L’expansion du PIB a également bénéficié, pour la première fois en cinq ans, d’une contribution positive (+0,1 pt) de la balance des échanges de biens et de services (4 % du PIB ; +2,2 %). Le rebond des exportations de biens et l’activité touristique ont contribué à l’amélioration de la valeur ajoutée des industries manufacturières (23 % du PIB ; +4,2 %) et des services (59 % ; +5,4 %), et le secteur de la construction (4 % du PIB) a enregistré une hausse de 17,5 %, la plus importante sur dix ans, tirée par les projets d’infrastructure et de centres de données en cours. Pour l’agriculture (6 % du PIB) et les industries extractives (6 % du PIB), la progression a été de 3,1 % et de 0,9 % respectivement.
Amélioration de l’excédent courant portée par le tourisme en 2024
Après avoir perdu près de 51 % en 2023, l’excédent des transactions courantes (7,2 Md USD) a regagné 16,3 % en 2024 et s’établit ainsi à 1,7 % du PIB (contre 1,5 % du PIB en 2023). Cette amélioration s’explique essentiellement par une réduction de 67,8 % du déficit des échanges de services (-3,0 Md USD) portée par une forte croissance des voyages (+116,3 %) tandis que la balance structurellement excédentaire des biens (25,6 Md USD) s’est contractée de 14,0 % malgré le rebond des exportations (+7,5 % après -14,7 % en 2023). Le compte financier s’est soldé de son côté par de nouvelles sorties nettes de capitaux (-3,2 Md USD après -3,4 Md USD) en lien avec une forte hausse des actifs de portefeuille investis à l’étranger (+131,6 %). Les « autres investissements » (12,1 Md USD), qui incluent les prêts interbancaires, ont augmenté de 121,4 % et la balance des investissements directs est redevenue positive (2,4 Md USD après -0,04 Md USD en 2023). Les flux d’investissements directs étrangers (IDE) entrants en particulier ont augmenté de 17,4 % (10,4 Md USD, soit 2,5 % du PIB). La dette extérieure a continué à augmenter et a atteint 300,6 Md USD fin 2024 (+8,3% en g.a.), soit 69,7% du PIB (contre 68,2% du PIB fin 2023). Elle reste néanmoins soutenable selon la Banque nationale malaisienne avec des réserves de change permettant de couvrir environ 90 % de la part de dette arrivant à échéance à court terme (42,8 % du total).
Signature de l’accord de cession de MASwing à l’Etat de Sarawak
Malaysia Aviation Group (MAG) a annoncé la signature le 12 février de l’accord de vente de la compagnie aérienne régionale MASwings à l’Etat de Sarawak. Le montant de l’opération, qui doit s’achever avant la fin de l’année, n’a pas été communiqué. Après avoir obtenu le transfert d’autorité sur le port de Bintulu, le Sarawak deviendra le seul Etat de la fédération à posséder sa propre compagnie aérienne, rebaptisée AirBorneo, que le gouvernement local entend développer au niveau national et international, vers l’ASEAN en premier lieu. Lancée en 2007 pour desservir les zones rurales des Etats malaisiens de Sabah et de Sarawak sur l’île de Bornéo, MASwing opère actuellement une flotte de neuf ATR 72-500 et six DHC-6 Twin Otter 400.
Singapour
Budget 2025 : prudence budgétaire face aux incertitudes et générosité préélectorale assumée
Le budget 2025, présenté par le Premier ministre Lawrence Wong ce mardi, met l’accent sur le soutien aux ménages, le renforcement de la productivité et l’attractivité, ainsi que l’adaptation aux défis structurels du pays. À l’occasion des 60 ans de l’indépendance, et à l’approche des élections attendues d’ici novembre, le gouvernement propose ainsi une série de mesures destinées à atténuer l’impact du coût de la vie, dont le « SG60 Package », qui prévoit des aides financières directes aux ménages, jusqu’à 800 SGD par ménage, incluant des bons d’achat et des réductions sur les factures. Celui-ci alloue également des financements supplémentaires pour renforcer la compétitivité de secteurs stratégiques tels que la biotech et les semi-conducteurs, tout en investissant dans des infrastructures comme l’aéroport de Changi, ou en renforçant le « Future Energy Fund », destiné à financer la diversification énergétique. Enfin, face à un taux de fertilité historiquement bas (0,97 en 2023) et une population vieillissante, des incitations renforcées sont mises en place pour les familles nombreuses, la garde d’enfants et les soins aux seniors. Sur le plan macroéconomique, le budget affiche un excédent de 0,9 % du PIB, illustrant une prudence budgétaire malgré une hausse de 10 % des dépenses, un résultat rendu possible notamment par la hausse des recettes et le maintien d’une contribution significative des fonds souverains.
Tarifs américains : impact limité à court terme, incertitudes à long terme d’après le ministre du Commerce et de l’Industrie
Selon Gan Kim Yong, vice-Premier ministre et ministre du Commerce et de l’Industrie, Singapour ne devrait subir qu’un impact « limité » des nouveaux tarifs américains en raison de son déficit commercial avec les États-Unis (2,8 Md USD en 2024). Toutefois, il a averti que « nous ne devons pas sous-estimer les effets à long terme », notamment en raison des réajustements des chaînes de production qui pourraient générer « plus de frictions et de coûts dans l’économie mondiale ». Singapour, dont le commerce représente plus de quatre fois son PIB, reste prudent quant à ses perspectives économiques et entend se préparer à « d’éventuelles perturbations ».
Gold Peak investit plus de 200 M USD dans la ZES Johor-Singapour
Le groupe hongkongais Gold Peak Technology investira 203 M USD dans la nouvelle ZES Johor-Singapour pour construire une usine de batteries nickel-zinc destinée aux centres de données. Ce projet, qui devrait créer 180 emplois et renforcer les capacités d’exportation du groupe, s’inscrit dans la stratégie de la Malaisie visant à devenir un hub régional du stockage d’énergie. L’usine, opérationnelle en 2028, s’ajoutera aux trois sites existants du groupe à Johor. Gold Peak est le premier investisseur à bénéficier de l’initiative Green Lane de la banque singapourienne UOB, un programme accélérant les processus d’approbation des investissements. L’entreprise produit déjà ces batteries depuis son site de Dongguan en Chine et prévoit d’utiliser ses installations actuelles à Johor jusqu’à l’ouverture du nouveau site.
Vietnam
L’Assemblée nationale entérine le rehaussement de l’objectif de croissance économique pour 2025 à « au moins 8 % », nettement au-delà de l’objectif de 6,5 - 7 % fixé fin 2024
Le taux d’inflation ciblé pour cette année est compris entre 4,5 et 5 %. Si l’objectif de croissance de 8% est atteint, le PIB vietnamien atteindra 500 Md USD, plaçant l’économie vietnamienne au 31 – 33e rang mondial et son PIB/habitant dépassera 5 000 USD. Selon des experts, cet objectif pourrait être difficile à atteindre, notamment dans un contexte commercial mondial rendu particulièrement complexe par l’arrivée de la nouvelle administration américaine. Il pourrait néanmoins être atteint, à condition que les entrées d’IDE continuent à être robustes, que le décaissement des investissements publics soit renforcé et que la consommation intérieure augmente. Ce rehaussement a été entériné alors que le Gouvernement vise une croissance à deux chiffres (qui serait inédite dans l’histoire récente du pays) pour la période 2026-2030. L’AN a également validé la réforme administrative qui réduira jusqu’à 20 % des organismes gouvernementaux pour améliorer l’efficacité et réduire les coûts.
Les IDE au Vietnam resteront solides en 2025 selon la Banque asiatique de développement (BAD)
Cette prévision de la BAD est soutenue par les résultats qu’a enregistrés le pays en termes d’IDE. En 2024, le Vietnam a reçu 38,2 Md USD d’IDE enregistrés, chiffre en baisse de 3 % en g.a. Malgré cette baisse, les IDE décaissés ont progressé de 9,4 %, pour atteindre un pic historique de 25,4 Md USD. Selon la BAD, ces résultats sont positifs dans le contexte général de la baisse des IDE dans le monde. La BAD estime que les flux d’IDE vers le Vietnam continueront de progresser dans le cadre des changements dans la reconfiguration de la chaîne d’approvisionnement en réponse à la dynamique géopolitique. Les secteurs clés qui pourraient attirer les IDE comprennent la fabrication de haute technologie, les énergies renouvelables, l’économie numérique, l’agriculture, la transformation alimentaire, la santé et les produits pharmaceutiques.
Lancement de la seconde phase de construction de l’aéroport de Gia Binh
Le comité populaire de la ville de Hanoï a approuvé le plan d’investissement pour la construction d’une route reliant la capitale au nouvel aéroport international de Gia Binh, situé dans la province de Bac Ninh, à 50 km. Le projet, mené par la municipalité, étudiera également la possibilité d’ouvrir une ligne ferroviaire entre la capitale et l’aéroport. Ce projet est intéressant à plusieurs égards. Initialement prévu comme un aéroport destiné à la flotte du ministère de la Sécurité publique (MSP), la demande de conversion de l’aéroport à des usages également civils n’a été adressée qu’au début du mois de janvier 2025. D’une capacité de 1 à 3 millions de passagers annuels, l’investissement s’élèverait à environ 31 Md VND (1,22 Md USD), financés par le budget public et des investisseurs privés. Ensuite, la vitesse du processus d’amendement de la planification aéroportuaire a été extrêmement rapide, à la suite d’une lettre rédigée par le vice-Premier ministre Ha le 24 janvier dernier. Enfin, la construction se veut également exemplaire et – fait rare – confiée à un investisseur privé. Menée par le conglomérat SunGroup (également constructeur de l’aéroport de Van Don, premier et seul aéroport privé du pays), le planning de construction doit s’échelonner sur 12 mois afin d’être prêt pour le congrès du Parti, prévu pour janvier 2026. Par ailleurs, le processus de libération des terrains, habituellement complexe au Vietnam, a été exécuté de manière prompte, près de 700 foyers s’étant « portés volontaires » pour donner leurs terres contre compensation. Pour contexte, Hanoi est pour l’instant uniquement desservie par l’aéroport international de Noi Bai, dont la capacité est actuellement saturée (29 M de passagers en 2019, contre une capacité de 22 M) et qui fait l’objet d’un agrandissement. La planification actuelle prévoit la construction de 8 nouveaux aéroports d'ici 2030.
Publication d’une nouvelle stratégie de développement du secteur pharmaceutique
Le gouvernement vietnamien a publié une nouvelle stratégie visant au développement de l’industrie pharmaceutique et chimique d’ici 2030 avec une vision jusqu’en 2045. Cette décision précise quelques objectifs clairs du pays dans le secteur, à savoir (1) fournir 20% de la demande en matières premières sur le territoire d’ici 2030 ; (2) maintenir une croissance annuelle du secteur entre 8 et 11% afin d’intégrer la chaîne de valeur mondiale. Pour rappel, le gouvernement a fait du secteur pharmaceutique une priorité dans le cadre de sa stratégie de développement, souhaitant notamment développer sa production de médicaments innovants à plus forte valeur ajoutée afin de les exporter. Selon un récent rapport du ministère de la Santé, la valeur totale du marché pharmaceutique vietnamien est passée de 2,7 Md USD en 2015 à 7 Md USD en 2022 et devrait dépasser 10 Md USD d'ici 2026. Or, le secteur fait encore l’objet au Vietnam de nombreuses barrières à l’entrée pour les entreprises étrangères (restrictions sur la distribution, nombre limité de partenaires locaux) et de procédures administratives extrêmement lourdes, notamment pour les autorisations de mise sur le marché et relatives aux essais cliniques. La dernière loi sur le secteur pharmaceutique, devant entrer en vigueur au 1er juillet 2025, devrait permettre la résolution de nombreux de ces problèmes.
Thaïlande
Croissance 2024 : résultats de croissance décevants à +2,5 % sur l’année et à 3,2 % pour le T4 2024
Le NESDC a publié ce lundi les résultats de croissance pour le T4 2024 ainsi que pour l’ensemble de l’année 2024. La croissance du PIB au T4 2024 s’est avéré en deçà des prévisions, avec une hausse modeste de 3,2 % en g.a. par rapport à 3,0 % au T3 2024. L'économie thaïlandaise en 2024 a connu une croissance de 2,5 %, en accélérant par rapport à 2,0 % en 2023. Du côté des dépenses, la consommation privée a augmenté de 4,4 % en 2024, tandis que la consommation publique a progressé de 2,5 %. Par ailleurs, l'investissement public a crû de 4,8 %, alors que l'investissement privé a diminué de 1,6 %. De plus, la valeur à l'exportation des biens a augmenté de 5,8 %. En termes de production, le secteur de l'hébergement et des services de restauration a augmenté de 9,5 %, le secteur des transports et de l'entreposage de 9,0 %, le secteur du commerce de gros et de détail de 3,8 % et le secteur de la construction de 1,3 %. Néanmoins, le secteur manufacturier a régressé de 0,5 % et celui de l'agriculture, de la foresterie et de la pêche a diminué de 1,0 %. En 2024, le PIB à prix courants s'élevait à 18,58 Md THB (526 Md USD), en hausse par rapport à 17,95 Md THB (515 Md USD) en 2023. Le PIB par habitant était de 264 607,7 THB par an (7 496 USD), contre 256 345,4 THB par an (7 363,3 USD) en 2023. En 2024, le taux de chômage s'établissait à 1,0 % et l'inflation globale moyennait 0,4 %. De plus, la balance courante a enregistré un excédent équivalent à 2,3 % du PIB. Le NESDC prévoit une fourchette de croissance en 2025 entre 2,3 % et 3,3 %, avec une projection médiane de 2,8 %. L’institut de recherche Normura maintient quant à lui sa prévision prudente de croissance du PIB en 2025 de 2,6 % dans un contexte de resserrement des conditions financières et d'intensification des contraintes structurelles.
Politique monétaire : incertitude sur l’évolution des taux directeurs dans un contexte de tension entre le gouvernement et la Banque de Thaïlande
Après la publication des chiffres officiels de la croissance en 2024, la PM a réitéré sa volonté d'atteindre une croissance de 3,5 % en 2025 et de collaborer plus étroitement avec la banque centrale pour soutenir les petites entreprises. Le gouvernement prévoit d'organiser des discussions avec la banque centrale pour aborder la question. De nouvelles mesures de relance dont l’efficacité est contestée sont prévues pour aider à atteindre l'objectif de 3 % en 2025. Ces mesures comprennent la phase 3 de l'aide de 10 000 THB pour 16 millions de personnes et un décaissement plus rapide du budget fiscal. Cette situation augmente la probabilité que la Banque de Thaïlande (BoT) réduise son taux directeur au S1 2025, alors que la perspective d'être ciblée par des tarifs réciproques américains met en péril la croissance du pays en 2025. Malgré de fortes exportations, un tourisme en recrudescence et des aides de relance, la croissance du PIB a été freinée par un resserrement de la consommation, affectant notamment les achats de voitures et de logements. Nomura prévoit également une réduction de 50 points de base des taux BOT en 2025 à 1,75 %, en commençant par une réduction de 25 points de base dès février ou en avril.
Projets d’infrastructures : 20 nouveaux projets d’envergure annoncés pour stimuler l'économie en 2025
L'Autorité nationale des entreprises publiques thaïlandaises a annoncé 20 projets d'envergure pour 2025, avec un budget total de 2,7 Md USD (90,28 Md THB), représentant 34,2 % du budget d'investissement des entreprises publiques. Deux projets majeurs se distinguent : le train à grande vitesse Thaïlande-Chine pour 440 M USD (14,7 Md THB) et la ligne de métro Purple Line pour 370 M USD (12,4 Md THB). Parmi les autres projets notables, on trouve la ligne de métro Orange Line, des améliorations de l'approvisionnement en eau, et le développement du réseau électrique national. Le budget total d'investissement public pour 2025 est de 41,3 Md USD (1 387,1 Md THB), soit une augmentation de 13,6 % par rapport à 2024.
Philippines
Niveau record des transferts financiers de la diaspora philippine en 2024 à 38,84 Md USD
Selon les données de la Banque centrale des Philippines, les transferts financiers des migrants et des travailleurs philippines à l’étranger (Overseas Filipino workers – OFWs) ont augmenté l’année dernière de +3,0 % par rapport au précédent record de 37,21 Md USD en 2023 pour atteindre 8,3 % du PIB en 2024.Les seuls transferts financiers via le système bancaire ont progressé dans les mêmes proportions pour atteindre 34,49 Md USD en 2024 en provenance principalement des Etats-Unis (40,6 %), de Singapour (7,2 %) et d’Arabie Saoudite (6,4 %). Cette augmentation s’explique pour l’essentiel par une légère dépréciation, l’an dernier, du Peso philippin par rapport au dollar américain. Les Philippines sont à nouveau, selon les données de la Banque Mondiale, le quatrième pays à revenus intermédiaires au monde bénéficiaire de transferts financiers après l’Inde (129 Md USD), le Mexique (68 Md USD), la Chine (48 Md USD) devant le Pakistan (33 Md USD).
Les Philippines sont préparées aux effets commerciaux d’un « Trump 2.0. » selon le ministre des Finances
Le ministre des Finances Ralph Recto a déclaré, à l’occasion de la signature du décret d’application de la loi dite Corporate Recovery and Tax Incentives for Enterprises to Maximize Opportunities for Reinvigorating the Economy (CREATE MORE) promulguée en novembre 2024, que les Philippines « are sending a clear message to the world : the Philippines means business. We are ready to compete. We are a dependable economic ally. We offer stability amid uncertainty. And yes — we are Trump 2.0-ready ». L’objectif du Gouvernement philippin avec ces mesures d’incitations fiscales est de convaincre les sociétés implantées en Chine de délocaliser leurs productions aux Philippines pour contourner les effets de l’augmentation des droits de douane sur leurs exportations. Une série de déplacements à l’étranger est programmée par le Conseiller spécial du Président pour l’investissement et les affaires économiques afin de promouvoir ces facilités faites aux investisseurs étrangers avec des déplacements déjà annoncés en Corée, aux Etats-Unis, au Japon, en Europe, au Moyen-Orient et en Chine.
Le Président Marcos vient de nommer un nouveau ministre des Transports pour accélérer les projets ferroviaires
Vivencio "Vince" Dizon a été nommé par le Président Marcos secrétaire aux Transports en remplacement de Jaime Bautista, qui a officiellement démissionné pour raisons de santé. Il a en réalité été remercié en raison des retards de plusieurs années accumulés sur les grands projets ferroviaires du pays dont le métro de Manille qui ne sera inauguré, au plus tôt, qu’en 2032 soit avec déjà quatre années de retard. La perspective de l’arrêt du projet de BHNS de Cebu, bloqué depuis plusieurs années, et de l’annulation des prêts de la Banque mondiale et de l’AFD a contribué à renforcer le mécontentement du Président Marcos. M. Dizon, ancien président de la société de gestion et valorisation des terrains du ministère de la défense, prend la tête d’un département en charge de 69 des 186 grands projets prioritaires d’infrastructure du gouvernement Marcos, dont le métro de Manille et le train de banlieue nord-sud. Trois segments du métro, d’une valeur de 488,48 Mds PHP, restent à attribuer, et des retards liés à l’acquisition des terrains freinent la construction du train de banlieue, estimé à 873,62 Mds PHP.
Cambodge
Le train, le train et le train !
Le 13 février 2025, a été signé entre le ministère des Travaux publics et des Transports et Royal Railway (Royal Group of Companies), l’unique société cambodgienne de chemin de fer, un accord-cadre pour accélérer le développement du réseau ferroviaire. Cet accord-cadre servira de base de la négociation d’un partenariat public-privé (PPP) selon le modèle Build-Operate-Transfer (BOT). Il permet également à Royal Railway de poursuivre ses activités dans l’intervalle. Les ambitions ferroviaires du Cambodge sont grandes. Plusieurs projets de chemins de fer ont été identifiés : modernisation des lignes existantes, liaison entre Phnom Penh et le nouvel aéroport international Techo Takhmao (KTI), ligne entre l’aéroport de Siem Reap (SAI) et la ville ainsi qu’un réseau ferroviaire urbain à Phnom Penh, en autres. Les montants à investir seront considérables, aussi, le Cambodge recherche le soutien financier du secteur privé (PPP) ; des sources de financement étrangères aussi. Pour l’heure, on ne sait ce que les autorités cambodgiennes sont prêtes à apporter (garanties, participations, fourniture de terrain…).
Réserves de changes en hausse de 12,6 %
Selon la Banque nationale du Cambodge, les réserves de change du pays ont atteint 22,5 Md USD en 2024, en hausse de 12,6 % par rapport à 2023. Ces réserves permettent de garantir environ sept mois d’importations de biens et de services. Ce niveau, bien que suffisant en l’état, reste limité. Toutefois, il contribue au maintien de la valeur du riel face au dollar. Le taux de change moyen s’est établi à 4 071 riels pour un dollar américain en 2023 (+0,9 %). La stabilité monétaire, via un peg informel entre le riel et le dollar, est un élément central de la confiance en monnaie nationale. Cela permet d’attirer les investisseurs étrangers, mais aussi, très largement, de conserver les capitaux cambodgiens dans le pays.
Laos
Renforcer la protection des forêts… protégées
Sous l’impulsion du ministre, le ministère de l’Agriculture et de la Forêt travaille à renforcer la protection des zones protégées, comme la zone nationale de protection de Phou Phanang (100 km² autour de Vientiane) ou la zone nationale de protection de la biodiversité de Phou Khao Khouay (2 000 km² à 40 km au nord-est de Vientiane). Quelques jours auparavant, les autorités avaient saisi des billes de bois dur, issues d’arbres illégalement coupés. Le problème est connu et ancien. Pour autant, lutter plus efficacement contre la déforestation ne fera pas de mal. Pour mémoire, le couvert forestier du Laos était de 78 % en 2023 après avoir perdu 4 510 km² de forêt (et près de 12 000 km² depuis 2002) . Et, au-delà du bûcheronnage illégal, les principales causes de cette déforestation sont les activités agricoles en complément de la chasse d’espèces protégées pour les atteintes à la biodiversité. Malheureusement, le ministère de l’agriculture et de la forêt et ses services provinciaux manquent bien souvent de moyens pour assurer cette protection.
Lutte multinationale contre les arnaques en ligne
A l’occasion de sa récente visite en Thaïlande, les premiers ministres laotien et thaïlandaise se sont accordés pour lutter contre les arnaques en ligne, sujet brûlant dans la région. De fait, la zone économique spéciale du Triangle d’or (GTSEZ), située au Laos (province de Bokéo), à proximité immédiate de la Birmanie et de la Thaïlande, est mise en cause. De nombreuses opérations de la police laotienne, fortement médiatisées, ont conduit à l’arrestation de 1 460 suspects de 16 nationalités différentes ; une bonne part étant d’ailleurs elles-mêmes des victimes de ces arnaques qu’elles contribuent à alimenter. Laos et Thaïlande ont annoncé des opérations conjointes avec la Chine. De fait, ZHAO Wei, patron de Kings Romans Group (Hong Kong), qui dirige la GTSEZ est de nationalité chinoise. Et il est frappé de sanctions par les Etats-Unis, le Canada et le Royaume-Uni pour ses activités criminelles. Les deux premiers ministres souhaitent également recourir au Cadre de coopération Mékong-Lancang. Il réunit Birmanie, Chine – Lancang est le nom donné par les Chinois au Mékong –, Cambodge, Thaïlande et Laos. Selon l’Organisation des Nations-Unies de lutte contre la drogue et le crime (UNODC), ces activités représentent 11 Md USD.
Birmanie
Le projet d’hôtel Peninsula définitivement abandonné
L’opérateur hôtelier hongkongais « Hongkong & Shangai Hotels » a abandonné son projet d’une valeur comptable totale de 130 M USD de construction d’un hôtel à Yangon, qui aurait fait partie de la luxueuse chaîne hôtelière « Peninsula Hotel », en raison des perspectives des quatre dernières années qui ont suivi le coup militaire en 2021. Le chantier avait été confié à une filiale du groupe Bouygues et gelé depuis le coup d’Etat. Ce projet de construction s’inscrivait dans un programme de développement immobilier plus vaste conduit par l’homme d’affaires birman Serge Pun du groupe Yoma. Hongkong & Shangai Hotels détient 70% dans cette coentreprise, le reste étant détenu par Yoma (Yoma Strategic Holdings, cotée à Singapour et First Myanmar Investment, cotée à Yangon). Ce projet d’hôtel de 88 chambres dans le centre de Yangon faisait partie d’un projet de réaménagement de l’ancien siège de Myanma Railway, datant de l’époque coloniale. Le projet a démarré en 2014, et s’est arrêté inachevé en 2021 alors qu’il devait être achevé en 2022.