Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions de l'antenne de Lagos et du Service économique d’Accra.

LE CHIFFRE A RETENIR
3,8 Md USD

C’est la valeur des 48 fusions-acquisitions intervenues au Nigéria sur les neufs premiers mois de 2024 selon DealMakers Africa, soit le montant le plus élevé du continent derrière l’Afrique du Sud.

Nigéria :

Vœux 2025 du Président Tinubu ; Access Bank devient la première banque à satisfaire les nouvelles exigences de capitalisation décidées par la CBN pour bénéficier d’une licence internationale ; KPMG publie une étude sur l’expérience client dans les industries bancaires nigériane et ghanéenne ; Babajide Sanwo-Olu met en place la LASERC ; Réouverture de la raffinerie de Warri.

Ghana :

Le Parlement valide le budget de transition pour le T1-2025 ; Stabilisation du cédi en fin d’année 2024, limitant sa dépréciation annuelle à 19,2 % en 2024 ; Le DSP 2024-2029 pour le Ghana de la BAfD donne la priorité à l’industrialisation et aux infrastructures de transport durables.

 

Nigéria

Vœux 2025 du Président Tinubu

Le discours du Nouvel An du Président Tinubu met en avant une vision économique ambitieuse pour 2025, en soulignant des progrès récents tels que la baisse des prix du carburant, les excédents commerciaux successifs, le renforcement des réserves de change, l’appréciation du naira, ainsi qu’une croissance record des marchés boursiers et une augmentation des investissements étrangers.

Bola Tinubu reconnaît toutefois les défis persistants, notamment le coût élevé des produits de base et une inflation élevée (39,9 % en novembre), mais avec un objectif ambitieux de la réduire à 15 %, sans toutefois spécifier d’échéance.

Parmi les priorités annoncées figurent l’augmentation de la production agricole et la fabrication locale de médicaments essentiels, la création d’une société nationale de garantie de crédit pour élargir l’accès au financement, et la promotion de solutions de transport durables comme le gaz naturel comprimé et les véhicules électriques. S’appuyant sur des réformes fiscales, agricoles et industrielles, le président réitère son ambition de bâtir une économie nationale d’un trillion de dollars grâce à une collaboration étroite entre l’État fédéral, les États fédérés et les citoyens.

Access Bank devient la première banque à satisfaire les nouvelles exigences de capitalisation décidées par la CBN pour bénéficier d’une licence internationale

Access Holdings a annoncé la veille de Noël qu'elle avait obtenu les approbations réglementaires nécessaires de la Banque centrale du Nigeria (CBN) et de l’autorité nigériane des marchés financiers (SEC) concernant son émission récente de près de 18 milliards d’actions ordinaires d’une valeur faciale de 0,50 NGN, chacune à un prix de 19,75 NGN. Access Holdings a ainsi levé le montant qu’elle s’était fixée de 351,0 Md NGN (228 M USD), pour satisfaire aux nouvelles exigences du régulateur. Le capital social d’Access Bank atteint donc 600 Md NGN (390 M USD), soit 100 Md NGN (65 M USD) de plus que le minimum requis pour conserver une licence internationale.

« Le succès de l'émission de droits démontre la résilience du marché des capitaux du Nigéria. (…) Nous remercions vivement la Banque centrale du Nigéria et la Securities and Exchange Commission pour leur soutien inestimable et solide. Elles ont toutes deux joué un rôle crucial en garantissant l'intégrité et l'efficacité de notre émission. »

Aigboje Aig-Imoukhuede, président d'Access Holdings

Ce développement permet à Access Bank Plc d'être la première banque à satisfaire les exigences de la CBN concernant l’augmentation de capital minimum pour bénéficier d’une licence internationale qui entrera en application en mars 2026.

Pour mémoire, cette réforme vise à renforcer la capacité de financement du secteur bancaire. Dans la catégorie des banques commerciales, le capital minimum pour une licence de banque internationale passera ainsi de 50 Md NGN à 500 Md NGN (325 M USD), soit une multiplication par un facteur de 10. Par ailleurs, la formule retenue pour le calcul de ces obligations est très stricte et ne comptabilise que le capital libéré et les primes d’émission. La réforme avait été reçue avec optimisme par la communauté d’affaires nigériane quant à sa capacité à renforcer davantage la résilience du secteur bancaire.

KPMG publie une étude sur l’expérience client dans les industries bancaires nigériane et ghanéenne

Le cabinet d’audit et de conseil KPMG a publié la veille du jour de l’an une étude sur l’expérience des clients des banques nigérianes et ghanéennes. Selon l’étude, l'année 2024 marque une charnière dans les industries bancaires du Ghana et du Nigéria. Les défis macroéconomiques présents redéfinissent en effet les attentes des clients, particuliers comme professionnels. L'inflation et l'instabilité monétaire ont notamment influencé leurs comportements : ces réalités ont pesé sur le pouvoir d'achat des clients, augmenté les coûts opérationnels et fait de la résilience une priorité pour les institutions financières comme pour les clients.

Tant au Nigéria qu’au Ghana, les clients s'adaptent à des circonstances davantage volatiles en s'appuyant de plus en plus sur les solutions bancaires numériques. Au Nigéria en particulier, après les pénuries de liquidités et les limites imposées pour les retraits en 2024, les clients se sont orientés vers les solutions de paiement digitales.

D’après le cabinet de conseil et d’audit, cette évolution redéfinit l'avantage concurrentiel des banques nigérianes et ghanéennes : l'innovation n'est plus facultative mais nécessaire. Il y a un besoin pressant pour les banques d'anticiper et de dépasser les attentes croissantes de leurs clients avec plus d'agilité. Selon l'enquête, la fidélité des clients n'est plus un acquis ; elle devient un bien commercialisable.

En particulier, le secteur de la banque de détail au Nigéria a obtenu le meilleur score en termes d'attentes, mais continue de faire face à des défis en matière de résolution, c'est-à-dire de traitement proactif des problèmes des clients. Dans les services bancaires aux professionnels, la personnalisation – comprendre les circonstances spécifiques des clients et adapter l'expérience en conséquence – reste le pilier le plus faible.

Babajide Sanwo-Olu met en place la LASERC

Le gouverneur de Lagos, Babajide Sanwo-Olu, a créé la Commission de régulation de l'électricité de l'État de Lagos (LASERC) dans le cadre de la réforme du secteur de l'énergie (« Lagos Electricy Bill 2024 »). Cette commission, une fois confirmée par l'Assemblée de l'État fédéré, aura pour mission de réguler le marché de l'électricité, en supervisant la production, la distribution et la tarification. Elle devrait également soutenir la transition vers une énergie plus durable avec des solutions hors réseau. Parallèlement, un fonds pour l'électrification a été lancé pour améliorer l'accès à l'électricité dans les zones sous-desservies. Ce projet de loi sur l'électricité de Lagos introduit en outre un système pour gérer les opérations du réseau et lutter contre le vol d'électricité.

La création de cette commission fait suite à l'approbation par le gouvernement fédéral, à travers l’ « Electricity Act » de 2023, de l'octroi aux États fédérés de la compétence de produire et de distribuer de l'électricité en dehors du réseau national. Le gouvernement de l'État de Lagos a déclaré que le Lagos Electricy Bill 2024 pourrait ouvrir la voie à la fourniture d'électricité 24 heures sur 24 dans tout l'État.

Réouverture de la raffinerie de Warri

La raffinerie publique de Warri, gérée par la compagnie pétrolière nationale (NNPC), a repris ses activités avec une capacité de production de 125 000 barils par jour. Bien que les réparations ne soient pas encore entièrement terminées, la NNPC a annoncé le 30 décembre la reprise partielle de la production de certains carburants essentiels. Cela devrait contribuer à réduire la dépendance du Nigéria aux importations de pétrole raffiné et à améliorer sa sécurité énergétique. La raffinerie fonctionne maintenant à 60 % de sa capacité. Le Président Bola Tinubu a salué la réouverture de la raffinerie de Warri réalisée par la NNPC et a évoqué les efforts en cours pour réhabiliter les autres raffineries publiques de Kaduna et de Port Harcourt.

 

Ghana

Le Parlement valide le budget de transition pour le T1-2025

Le ministre des Finances du Ghana a présenté un budget transitoire pour le premier trimestre 2025 de 68,1 Md GHS (4,6 Md USD), approuvé par le Parlement le 2 janvier. Ce budget couvre les dépenses publiques essentielles en attendant le budget complet du gouvernement du Président élu John Mahama, qui prendra ses fonctions le 7 janvier 2025.

Les principales allocations de ce budget transitoire comprennent 20,7 Md GHS (1,4 Md USD) pour les paiements d’intérêts de la dette, 16,5 Md GHS (1,2 Md USD) pour le traitement des fonctionnaires, 9,2 Md GHS (620 M USD) pour les subventions aux entités gouvernementales, 5,3 Md GHS (360 M USD) pour les dépenses d’investissement et 3,1 Md GHS (210 M USD) pour les biens et services.

La Commission du budget souligne que les 20,7 Md GHS seront utilisés notamment pour le compte du secteur de l’énergie et pour régler certains paiements aux producteurs d’électricité indépendants. Les recettes et subventions prévues pour le premier trimestre totaliseraient 42,5 Md GHS (3,1 Md USD), soit 3,5 % du PIB.

Stabilisation du cédi en fin d’année 2024, limitant sa dépréciation annuelle à 19,2 % en 2024

En fin d’année 2024, le cédi ghanéen a poursuivi sa stabilisation, portant la dépréciation annuelle à 19,2 % face au dollar américain en 2024, et de 14,3 % face à l’euro. Selon la Banque du Ghana (BoG), le taux de change interbancaire s’établissait à 14,70 GHS pour 1 USD et 15,21 GHS pour 1 EUR au 31 décembre 2024.

Les interventions de la BoG ont contribué à cette reprise en fin d’année en injectant 240 M USD sur les marchés de capitaux, favorisant une appréciation mensuelle de 6,6 % face au dollar américain en novembre 2024. Le bon déroulement des élections générales du 7 décembre et le décaissement de 360 M USD de la troisième revue du FMI en décembre ont aussi pu soutenir cette stabilisation du cédi.

Le DSP 2024-2029 pour le Ghana de la BAfD donne la priorité à l’industrialisation et aux infrastructures de transport durables

Le Document de stratégie pays (DSP) 2024-2029 pour le Ghana de la Banque africaine de développement (BAfD), approuvé le 6 novembre 2024, vise à construire une économie résiliente et inclusive grâce à l’industrialisation tirée par le secteur privé. Il s’articule autour de deux priorités : l’industrialisation de l’économie par le secteur privé, et des infrastructures de transport durables pour renforcer l’intégration et le commerce régionaux.

Fin 2024, le portefeuille actif du Groupe de la BAfD au Ghana comprenait 23 projets, pour un montant total d’engagements de 850 M USD.