L'avenir du billet vert au pays de l'or noir - Brèves Economiques de la Péninsule Arabique - Semaine du 2 au 8 décembre 2024
Toute l'actualité économique et financière hebdomadaire de l'Arabie Saoudite, du Bahreïn, des Emirats arabes unis, du Koweït, d'Oman, du Qatar et du Yémen....
L'avenir du billet vert au pays de l'or noir
Le président élu des Etats-Unis, Donald Trump, s’est fendu lundi d’un message sur Truth Social menaçant les pays des BRICS de représailles commerciales majeures – 100 % de tarifs douaniers – en cas de poursuite de leurs efforts visant à la création d’une nouvelle monnaie destinée à remplacer le dollar dans leurs échanges internationaux. Or, depuis janvier, deux pays du Golfe, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, sont membres des BRICS, alors que leurs systèmes monétaires sont, depuis des décennies, étroitement liés au dollar (peg). Retour, donc, sur la place du billet vert au pays de l’or noir.
A l’exception – partielle – du dinar koweïtien[1], l’ensemble des monnaies des pays du CCEAG sont indexées sur le dollar. Alors que s’effondraient concomitamment, au début des années 1970, la zone sterling et le système de taux fixes instauré à Bretton Woods, les jeunes Etats du Golfe firent progressivement le choix d’une parité fixe avec la monnaie américaine, parité restée largement inchangée aujourd’hui.
Les chocs pétroliers de 1973 et 1979 ont joué un rôle clé dans la mise en place des systèmes monétaires des pays de la région, qui ont alors décidé de libeller leur pétrole en dollar, plutôt qu’en monnaie nationale. Les recettes d’exportation des pays du Golfe, qui s’accroissent à cette période, sont dès lors perçues en monnaie américaine - les fameux « pétrodollars » - largement réinvestis dans les bons du Trésor des Etats-Unis. Washington peut ainsi, à moindre coût, défendre la place dominante de sa monnaie dans les échanges internationaux et financer son déficit commercial croissant. En retour, les monarchies du Golfe bénéficient de la protection militaire américaine, dans un contexte régional de menaces géopolitiques grandissantes.
Toutefois, tout en consacrant le rôle du dollar dans leurs économies, les pays du Golfe sont parvenus à éviter une dollarisation proprement dite. L’essentiel des revenus en dollars transitent en effet par le gouvernement et les entités publiques, limitant dès lors la quantité de dollars en possession des acteurs privés, et donc son usage comme moyen de règlement sur les marchés intérieurs.
Le maintien d’un peg avec le dollar présente aujourd’hui, pour les pays du Golfe, des avantages économiques manifestes. Sur le plan commercial, celui-ci facilite les importations et facilite les transactions entre pays du CCEAG. La parité fixe est également un gage de confiance en termes d’investissement : les acteurs étrangers qui investissent dans les pays du Golfe, tout comme les vastes fonds souverains des pays de la région, qui détiennent des centaines de milliards en dollars d’actifs investis aux Etats-Unis, n’ont pas à se couvrir (se « hedger ») contre le risque de fluctuations monétaires. Enfin, elle limite les conséquences des déséquilibres propres à la région sur la monnaie, en garantissant une relative stabilité des prix dans des économies hautement cycliques et évoluant dans un environnement géopolitique complexe.
De fait, le remarquable succès économique des pays du Golfe depuis les années 1970 - 1980 semble attester de la pertinence du peg. Le CCEAG a, en moyenne, mieux performé que les grands émergents et que les pays industrialisés, et est devenu un pôle d’attraction majeur pour les IDE mondiaux. De plus, les réserves d’actifs de ses Etats membres sont considérables et les assurent de pouvoir défendre leur parité fixe si besoin.
Aujourd’hui, l’évolution du contexte économique du Golfe questionne néanmoins la pérennité de ce système. Si le peg n’est pas ouvertement remis en cause, malgré le rehaussement des taux américains en 2023, qui a restreint le crédit dans un CCEAG pourtant relativement épargné par l’inflation, le maintien du dollar comme moyen exclusif de règlement des transactions pétrolières fait l’objet de pressions croissantes. L’Asie a en effet pris une place dominante dans le commerce extérieur du Golfe, au détriment des Etats-Unis, en particulier dans le secteur pétrolier : l’Asie représentait, en 2023, 81 % des exportations saoudiennes et 96 % des exportations émiriennes de pétrole brut. Les pays clients, et notamment la Chine et l’Inde, ne cachent donc pas leur volonté de régler leurs transactions, et même de coter le pétrole dans leurs monnaies nationales.
Dans ce contexte, plusieurs initiatives tendant vers la dédollarisation du commerce d’hydrocarbures ont vu le jour ces dernières années. Depuis 2018, la Chine propose des contrats pétroliers à terme négociés en devise chinoise, et, en 2023, TotalEnergies a vendu pour la première fois une cargaison de GNL – extrait aux Emirats arabes unis – à CNOOC en yuan. L’Arabie saoudite est également engagée, depuis 2022, dans des discussions avec les autorités chinoises sur la vente de barils dans cette devise. Concurremment, en août 2023, la société Indian Oil Corporation (IOC) a effectué un paiement en roupies à la société ADNOC pour l'achat d'un million de barils de pétrole.[2] Enfin, Abou Dabi et, depuis juin, Riyad, collaborent avec la banque centrale de Hong Kong sur un projet de devise digitale destinée aux règlements internationaux, baptisée MBridge.
Néanmoins, ces expérimentations devraient, à moyen-terme, rester relativement marginales. En 2023, le ministre émirien du commerce, Thani al-Zeyoudi, affirmait être « ouvert aux règlements commerciaux en yuan, mais uniquement pour les biens non-pétroliers », tandis qu’à Riyad ou Doha, la perspective de supporter le risque de conversion du yuan ou de la roupie au dollar ne soulève guère d’enthousiasme. Si une prise d’indépendance vis-à-vis des Etats-Unis serait bien accueillie par les pays du Golfe, l’absence d’alternative réaliste limite les possibilités d’un véritable mouvement de sortie du pétrodollar. Le yuan, étroitement régulé par Pékin, et qui constitue à peine 2 % des réserves de change mondiales, reste loin de pouvoir constituer un concurrent au billet vert.
La stabilité reste la première priorité des gouvernements du CCEAG, peu enclins à se lancer dans une refonte en profondeur d’un système monétaire fondé sur la parité fixe et l’exportation en dollar, sans avantages économiques tangibles en perspective. Ils ne négligent cependant pas d’explorer les possibilités offertes, à très long terme, par la contestation de la domination du dollar, alors que la monnaie de règlement du baril pourrait constituer un puissant levier de négociation avec les grands pays asiatiques.
[1] Depuis 2007, le Koweït a adopté un régime de change basé sur un panier de devises non communiqué. Le dollar américain en représente toutefois une part prépondérante.
[2] Cette transaction fait suite à un accord signé en juillet 2023 entre les deux nations, permettant le règlement des échanges commerciaux en roupies plutôt qu'en dollars américains, dans le but de simplifier leurs transactions et stimuler le commerce bilatéral.
Pétrole et gaz
Brent 06/12/2024 à 12h00 GST : 71,835 USD/Bbl
Le cours du baril termine au même point que la semaine dernière, en dépit des efforts des pays membres l’OPEP+. Alors que le cartel s’efforce de soutenir les prix, les prévisions de l’AIE continuent d’anticiper une offre excessive en 2025, tirée par la production des pays non membres, en particulier aux Amériques, alors que la demande ne devrait que timidement progresser. La future politique commerciale du président américain élu, Donald Trump, pourrait néanmoins rebattre les cartes et affecter durablement les prix.
Le baril de Brent s’échange à 71,835 dollars vendredi midi, en très légère baisse (-0,4%) sur la semaine. Le baril de WTI vaut 68,182 dollars, soit une baisse hebdomadaire de 25 cents. Le spread Brent – WTI se réduit et atteint son point bas sur le mois. Le gaz naturel, enfin, s’échange à 3,037 dollars / MMBtu (9,830 euros/MWh) aux Etats-Unis, enregistrant une baisse de presque 10% sur la semaine, mais les prix en Europe continuent d’afficher des niveaux records (46,210 euros / MWh).
Les cours du pétrole ont réagi prudemment aux annonces de l’OPEP+, qui a affirmé jeudi repousser la réduction de ses restrictions de production de trois mois. Celle-ci est désormais fixée à avril 2025. La production devrait désormais retrouver son niveau maximal fin 2026. L’Arabie saoudite devrait ainsi continuer de produire environ 9 millions de barils par jours sur l’année 2025. Même les Emirats arabes unis, qui défendaient jusqu’ici une hausse de la production de 300 000 bpj, ont accepté de repousser cette hausse.
La demande continue en effet de laisser désirer, d’autant que les marchés craignent l’effet de sanctions douanières américaines sur la demande chinoise. Une conférence sur l’économie est prévue par le gouvernement chinois pour le 11 décembre, et pourrait voir l’annonce de nouvelles mesures de soutien à l’économie. A l’inverse, une concentration des efforts américains sur l’Iran et le Venezuela, et l’imposition de nouvelle sanction sur leurs exportations d’hydrocarbures, pourraient soutenir les cours.
La bataille pour les prix qu’engage l’OPEP+ s’annonce rude : l’EIA prévoie un excès de production d’un million de bpj malgré les coupes du cartel, du fait de l’augmentation des production étatsuniennes, brésiliennes et guyanaises. Les prix ont perdu 18 % depuis juin dernier, et, en cas d’abandon des quotas – une ligne portée, au sein du cartel, par Abou Dabi, Astana et Bagdad – les marchés pourraient s’enfoncer dans une période marquée par des prix structurellement bas.
Brèves économiques
Arabie saoudite
Macroéconomie & Finance
Lors de sa visite d’Etat en Arabie saoudite, le Président Emmanuel Macron a pris part au forum d’affaires franco-saoudien. Arrivé dans l’après-midi, il a clôturé la séquence et présidé la session de signatures de contrats aux côtés de plusieurs ministres français, Agnès Pannier-Runacher et Marc Ferracci, ainsi que saoudiens, le Prince Abdulaziz bin Salman, Khaled Al Faleh, Majid Al Qassabi et Saleh Al Jasser. Plusieurs grands groupes français (EDF, TotalEnergies, Veolia, Suez, CMA CGM, Air France-KLM, KNDS, IRCAD, Bpifrance) ont conclus des contrats avec les autorités et les entreprises saoudiennes. L’ensemble des accords signés lors de cette visite représente donc près de 20 Md USD.
Le Prince héritier saoudien reçoit les entreprises françaises en marge du One Water Summit. Mohammed bin Salman, Prince héritier et Premier ministre saoudien, a reçu plusieurs PDG d’entreprises françaises en marge du One Water Summit lors de la visite d’Etat du Président français. A cette occasion, ils ont échangé sur les des efforts visant à lutter contre la désertification, à promouvoir l'échange d'expertise et de technologies innovantes, ainsi qu'à renforcer la recherche et le développement pour relever les défis liés à l'eau et assurer la durabilité des ressources hydriques. Parmi les entreprises françaises présentes, on retrouve TotalEnergies, Veolia, Suez, EDF, CMA-CGM, Saur, Thales, Engie, Egis, etc. Le Prince héritier saoudien a notamment déclaré que l’Arabie saoudite avait contribué à hauteur de 6 Md USD au soutien de plus de 200 projets liés à l'eau dans 60 pays en développement à travers le monde.
La Banque mondiale prévoit une croissance de 1,1 % en 2024 et 4,7 % en moyenne en 2025 et 2026. Après une contraction de 0,8 % en 2023, le PIB réel de l’Arabie saoudite devrait croître de 1,1 % en 2024 selon la Banque mondiale, principalement porté par une forte croissance des activités non pétrolières de 4,6 %. Cela compensera partiellement la contraction prévue de 6,1 % du PIB pétrolier, liée à l'extension des réductions volontaires de production de pétrole. La croissance devrait s'accélérer pour atteindre une moyenne de 4,7 % sur la période 2025-2026, grâce à une augmentation de la production pétrolière. Le secteur non pétrolier, essentiel à l'objectif de diversification économique de l'Arabie saoudite, devrait rester stable avec une croissance estimée à 4,5 % en 2025-2026.
L’indice PMI de l’Arabie saoudite a atteint 59,0, son plus haut niveau depuis 16 mois. En novembre 2024, l’indice des directeurs d’achat* (PMI) de l’Arabie saoudite a atteint 59,0 (contre 56,9 en octobre), son plus haut niveau depuis juin 2023. Cette hausse reflète une accélération de la croissance dans le secteur privé non pétrolier, attribuée à une demande croissante, des volumes de clientèle en hausse, et des campagnes de marketing réussies, selon Riyad Bank. Les nouvelles commandes, y compris les ventes à l'international, ont fortement rebondi après un ralentissement modéré au cours de la période précédente. L'emploi a progressé au deuxième rythme le plus rapide en plus de dix ans, reflétant la capacité croissante des secteurs non pétroliers à absorber la main-d'œuvre. Toutefois, cette expansion s'accompagne de pressions inflationnistes, avec des coûts d'intrants en hausse, notamment les salaires, les frais de transport et les impacts des tensions géopolitiques. Les entreprises ont répercuté ces hausses sur leurs prix de vente, augmentant leurs tarifs au rythme le plus rapide depuis janvier. Les entreprises ont intensifié leurs achats d'intrants, augmentant les stocks en anticipation d'une demande future élevée, bien que cela ait légèrement ralenti l'amélioration des délais de livraison des fournisseurs. L’expansion des stocks et l’intensification des achats signalent une confiance dans la poursuite de la croissance.
Energie, Industrie & Services
RHQ : Airbus ouvre son siège régional à Riyad. Airbus a officiellement annoncé l’ouverture de son siège régional (RHQ) à Riyad. Selon Arab News, Airbus emploie actuellement plus de 350 employés en Arabie saoudite, dont 30 % de saoudiens. Pour rappel, depuis le 1er janvier 2024, les multinationales opérant au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA) et souhaitant contracter avec le gouvernement saoudien (appels d’offres dont le montant est supérieur à 1 M SAR soit 267 000 USD) doivent avoir un siège régional (RHQ) établi en Arabie saoudite. Cette initiative, pilotée par le ministère saoudien de l’Investissement (MISA), connue sous le nom de « programme RHQ » et annoncée pour la première fois en 2021, entre dans le cadre de la Vision 2030. Début novembre 2024, un total de 540 entreprises auraient obtenu leur licence RHQ selon le ministre de l’Investissement, contre 350 en 2023 et 80 en 2022. Le MISA s’était initialement fixé l’objectif d’octroyer 480 licences RHQ d’ici 2030, dépassant ainsi largement son objectif dès 2024. La majorité des RHQ seraient basés à Riyad, dans le King Abdullah Financial District (KAFD).
Aramco et Topsoe signent un accord de coopération dans le domaine de l’hydrogène. Topsoe, entreprise danoise spécialisée dans les solutions énergétiques, a signé un accord de développement conjoint (JDA) avec Aramco pour produire de l’hydrogène bas carbone, bleu principalement, dans l’installation de gaz naturel liquéfié (LNG) de Shaybah, dans le Sud-Est du pays. Dans le cadre de cet accord, Aramco apporte ses ressources, son expertise et sa portée internationale dans l’objectif de commercialiser la technologie eREACT de Topsoe, qui garantit une production d’hydrogène à faible teneur en carbone. L’Arabie saoudite souhaite devenir une plateforme incontournable de production et commercialisation d’hydrogène. Pour l’instant, l’entreprise ACWA Power, accompagnée par l’américain Air Products, était principalement en charge de développer la filière bas-carbone en Arabie. Cette annonce confirme l’intérêt du Royaume pour cette technologie en mobilisant toutes ses entreprises afin d’assurer la transition énergétique.
Energie : Aramco, Linde et SLB signent un accord pour la construction d’un centre de capture et de stockage de carbone. Le géant énergétique saoudien Aramco, a signé un accord avec les multinationales Linde et SLB pour le développement d’un centre de capture et de stockage du carbone (CSC) qui se veut être l’un des plus importants au monde d’après le communiqué officiel. Aramco détiendrait 60 % du complexe tandis que Linde et SLB en détiendraient 20 % chacun. Le centre sera construit à Jubail et permettra de capturer et de stocker jusqu’à 9 M de tonnes métriques de CO2 par an. Il s'agit là d'une étape importante et d'un élément clé de la stratégie de réduction des émissions d'Aramco et de l’Arabie saoudite qui s’est fixée comme objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2060. La construction du centre devrait être achevée d’ici la fin 2027.
Infrastructure : AECOM remporte un contrat d’ingénierie pour Soudah Peaks. Soudah Development, société dirigée par le Fonds souverain (PIF), a annoncé avoir choisi la société américaine Aecom pour diriger la conception architecturale et technique du gigaprojet. Evalué à plus de 10 Md USD, Soudah Peaks vise à développer la région Sud-Ouest de l’Arabie en offrant une expérience touristique reflétant la culture et les styles traditionnels locaux. Soudah Development devrait ajouter 2 700 clés supplémentaires à l’offre hospitalière saoudienne ainsi que 1 300 unités résidentielles et 80 000 mètres carrés d'espace commerciaux d'ici 2033. Le plan directeur sera développé en trois phases, la première devant être achevée en 2027.
Émirats arabes unis
Macroéconomie & Finance
Les exportations des EAU au cours du premier semestre 2024 ont dépassé les niveaux d'avant la pandémie, avec un commerce extérieur proche de 1 400 Mds AED (380 Mds USD) et une croissance de 25 % des exportations non pétrolières. Les EAU ont également renforcé leurs liens commerciaux mondiaux en concluant environ 18 accords de partenariat économique global en 2024, se positionnant ainsi comme une passerelle stratégique pour le commerce et la logistique.
Diversification : L’émirat d’Abu Dhabi a présenté mercredi des mesures visant à simplifier les procédures pour les entreprises, alors qu'elle s'efforce de diversifier son économie en dehors du pétrole. La ville-émirat a annoncé la création d'une autorité centralisée d'enregistrement des entreprises - l'Abu Dhabi Registration Authority (ADRA) - qui sera le point unique pour l'enregistrement des entreprises, selon un communiqué.
Energie, Industrie & Services
Adnoc a annoncé le lancement de XRG, une entité dédiée à l’énergie et la chimie bas carbone évaluée à plus de 80 Mds USD. Ses activités seront lancées au premier semestre 2025. Cette annonce fait suite à l’acquisition au début du mois du fabricant de plastique et produits chimiques allemand « Covestro », estimée à 16,3 Mds USD, l’une des plus importantes acquisitions par un Etat du Golfe.
dnata Logistics, principal fournisseur mondial de services de fret et de logistique de dnata, a lancé la construction d’un nouvel entrepôt de 57 000 m² à Dubai South, le plus grand projet de développement urbain unifié axé sur l’aviation, la logistique et l’immobilier. Stratégiquement situé à proximité de l’aéroport Dubai World Central - Al Maktoum International (DWC), cette extension aura une capacité de traitement de 400 000 tonnes de fret par an et augmentera de 50 % la capacité de stockage de dnata Logistics. L’installation représente un investissement de 100M AED (27M USD).
Damac Group prévoit d'investir environ 3 Mds USD pour construire des centres de données à travers l'Asie du Sud-Est, alors que la région devient une plaque tournante pour l'IA et les services cloud. Edgnex Data Centers, une unité du conglomérat basé à Dubaï, envisage de dépenser le capital en Malaisie, en Indonésie et en Thaïlande au cours des trois à cinq prochaines années. La première des trois installations thaïlandaises, qui commencera à fonctionner en mars à Bangkok, sera équipée de puces Nvidia.
Mubadala, la société d'investissement basée à Abu Dhabi, a annoncé son accord pour l'achat d'une participation minoritaire dans Zelis, un fournisseur de premier plan de solutions technologiques de soins de santé aux États-Unis. Mubadala est l'investisseur principal, aux côtés d'un groupe d'investisseurs comprenant Norwest et HarbourVest. Parthenon et Bain Capital restent les actionnaires majoritaires de Zelis, valorisée à 17 Mds USD. Le montant de la prise de participation n’a pas été divulgué.
Qatar
L’Emir, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani effectue une visite d’Etat au Royaume-Uni. Lors de sa visite d’Etat au Royaume-Uni le 3 et 4 décembre, l’Emir du Qatar a annoncé un investissement de 1 Md £ dans les technologies climatiques, incluant des programmes du groupe Rolls-Royce, dans lequel la QIA avait déjà investi en 2022. Pour rappel, l’Emir a annoncé en 2022 une promesse d’investissement de 10 Mds £, dans les secteurs de la fintech, des véhicules électriques, de la santé, et de la cybersécurité. Le Qatar détient 40 Mds £ d’investissements au Royaume-Uni, couvrant des secteurs variés tels que l’immobilier (Shard), la vente au détail (Harrods), le transport aérien (Aéroport de Heathrow, International Airlines Group, la société mère de British Airways) et la finance (Barclays Bank). En 2023, les échanges bilatéraux ont atteint 2,5 Mds USD et le Qatar est le 3ième marché des exportations britanniques dans la région MENA. Le secteur des hydrocarbures reste un axe majeur de coopération, le Qatar fournissant 20 % des besoins annuels en GNL du Royaume-Uni.
Le Représentant spécial de l’Union européenne pour le Golfe, Luigi di Maio, s’est entretenu avec Cheikh Faisal bin Thani bin Faisal Al Thani, le ministre du Commerce et de l’industrie (MoCI). La rencontre a eu lieu le 28 novembre, en marge du 8e Forum d’affaires de l’UE et du Conseil de Coopérations des Etats du Golfe (CCEAG). Les discussions ont porté sur les axes de coopération dans les secteurs des transports, de la transition écologique, du tourisme, du digital et de la santé.
Le Qatar participe à la 29e édition du Partnership Summit à New Delhi, un événement organisé par la Confédération des industries de l’Inde (CII). Dans son discours, le ministre d’Etat chargé des Affaires du commerce extérieur, Dr. Ahmed bin Mohammed Al-Sayed, a souligné la croissance du volume des échanges commerciaux entre les deux pays (+55 % depuis 2020), atteignant 14 Mds USD en 2023, faisant de l’Inde le deuxième partenaire commercial du Qatar. Le ministre qatarien a également rencontré le ministre du Commerce et de l’industrie indien, Piyush Goyal.
Le gouverneur de la Banque centrale du Qatar (QCB), Cheikh Bandar bin Mohammed bin Saoud Al-Thani, rencontre le PDG de TechMet, Brian Menell. La QIA avait en août annoncé participer à hauteur de 180 M USD dans la levée de TechMet, société américaine d’investissement spécialisée dans la chaîne de valeur des minéraux critiques.
Cheikh Ahmed bin Khalid Al-Thani, le vice-gouverneur de la Banque Centrale du Qatar (QCB) en charge des instruments financiers et des systèmes de paiement, participe au MENA Fintech Festival 2024. Dans le cadre de sa stratégie 2024-2030, la QCB a comme mandat d’accompagner la transformation numérique du secteur financier et cible la création de 35 fintechs d’ici 2030. La digitalisation des services bancaires et financiers est une de ses priorités, et met en place des initiatives pour tester de nouvelles solutions et technologies, à l’exemple du FinTech Sandbox.
La Banque de Développement du Qatar (QDB) annonce la conclusion du Programme de Garantie de Réponse Nationale (NRGP), lancé il y a quatre ans pour soutenir le secteur privé durant la pandémie du Covid-19. La QDB a confirmé que, conformément aux directives du Conseil des ministres, tous les prêts impayés dans le cadre du programme ont été annulés et réglés en collaboration avec les banques partenaires. Autour de 4 000 entreprises privées ont bénéficié du programme, qui proposait des garanties financières dépassant 3 Mds de QAR.
QatarEnergy (QE) et Shell concluent un contrat d’approvisionnement de GNL pour fournir 3 millions de tonnes par an (mt/a) de GNL à destination de la Chine. L’accord, le 11e entre QE et Shell, prévoit que les livraisons de GNL débuteront en janvier 2025. La Chine est le premier partenaire commercial de l’Emirat, avec des échanges commerciaux qui s’élèvent en 2023 à 22 Mds USD, en tant que premier acheteur de GNL qatarien (16,7 mt en 2023).
Le ministre des Affaires énergétiques et PDG de QatarEnergy, Saad Sherida Al-Kaabi inaugure la construction de l’usine d’ammoniac bleu « QAFCO 7 ». QatarEnergy Renewable Solutions et la Qatar Fertilizer Company (QAFCO) ont posé la pierre inaugurale du projet d’usine d’ammoniac bleu qui devrait être opérationnelle d’ici 2026. L’usine se situe dans la ville industrielle de Mesaieed et devrait générer 1,2 million de tonnes d’ammoniac bleu par an. En parallèle, le Qatar développe quatre nouveaux trains de production d’urée (~6 mt/an), permettant au pays de plus que doubler sa production (12,4 millions de tonnes par an) et de renforcer sa position de leader du secteur.
La multinationale de logistique américaine Honeywell sélectionne Qatar Airways (QA) comme fournisseur officiel de services de maintenance, de réparation et de révision (MRO) pour les groupes auxiliaires de puissance (APU) de l’Airbus A350. Cette licence, la première dans la région MENA pour l’APU HGT1700, marque un jalon important pour le Qatar, qui, dans le cadre de sa Vision 2030, aspire à devenir un centre logistique de premier plan. Le projet emploiera 50 personnes localement.
Cheikh Mohammed bin Hamad bin Faisal Al-Thani, Directeur Général de la Qatar Free Zone (QFZ) rencontre une délégation du conseil exécutif fédéral de l’Association fédérale de l’économie des PME allemandes (BVMW) et son Président Christoph Alhaus. Les échanges ont principalement porté sur la promotion de nouveaux investissements allemands dans les zones franches du Qatar. La rencontre a été suivie d’une visite du Business Innovation Park de la zone franche de Ras Bufontas.
Koweït
Dix milliards de dollars par an – C’est le montant que Shaikh Nawaf Al Sabah, PDG du conglomérat pétrolier koweïtien KPC, annonce pour les investissements domestiques dans le secteur énergétique koweïtien. Intervenant devant les membres de la GPCA (Gulf Petrochemicals and Chemicals Association) réunis à Mascate, Sheikh Nawaf a évoqué le bouquet énergétique du futur, indiquant que les hydrocarbures continueraient de représenter au moins un quart de la demande mondiale d’énergie en 2050. Il estime que la consommation mondiale de pétrole s’élève actuellement à environ 100 M barils/jour et devrait rester stable jusqu’en 2040. KPC s'est fixé des objectifs ambitieux en matière de capacité de production, visant à atteindre 3,2 millions de barils par jour d'ici 2024 et 4 millions de barils par jour d'ici 2035. Pour atteindre ces objectifs, la KPC devrait allouer 9 à 10 Mds USD par an au cours des prochaines années. Ces investissements devraient permettre d'entretenir l'infrastructure de production, de déployer des techniques de récupération assistée du pétrole et de respecter l'engagement de l'entreprise en faveur de faibles coûts de production et d'une intensité carbone réduite. Shaikh Nawaf a identifié la pétrochimie, dont il envisage de tripler la production d’ici 2040, comme une pierre angulaire de la stratégie de diversification de KPC.
AML / CFT : une ONG koweïtienne suggère que le gouvernement imprime de nouvelles coupures pour lutter contre le blanchiment. Le ministre des Affaires sociales, Dr. Amthal Al-Huwailah, a rencontré le Secrétariat du Groupe d'action financière (GAFI) pour discuter d'une coopération accrue et des efforts du Koweït dans la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Par ailleurs, la « Société économique du Koweit » a également publié un mémorandum critique intitulé « Que se passe-t-il après le rapport du GAFI sur la lutte contre le blanchiment d'argent au Koweït ? ». L’ONG souligne que bien que le risque que le Koweït soit placé sur la liste grise du GAFI s’éloigne, une réforme globale n’en demeure pas moins indispensable. Le rapport identifie des priorités immédiates : comblement des lacunes législatives, renforcement des pouvoirs et de l'indépendance de l'unité d'investigation financière et révision de la loi sur le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme pour la rendre conforme aux normes internationales. Une proposition notable concerne l'émission de nouveaux billets de banque en dinars koweïtiens afin d’assécher de mettre au jour les richesses illégales cachées. Enfin, l’ONG souligne l'importance d'une surveillance plus stricte des transactions financières, au moyen notamment d’audits externes semestriels obligatoires pour les sociétés de change.
Le ministère de l’industrie a élaboré un texte qui encadre le commerce électronique. Ce mercredi 4 décembre, le ministre du commerce et de l'industrie, Khalifa Al-Ajeel, a présenté le projet de loi sur le commerce numérique lors d'une conférence de presse. La loi vise à promouvoir la transparence, à sauvegarder les droits des consommateurs et à réglementer les relations entre les commerçants, les consommateurs et les agences gouvernementales. La loi fixe des lignes directrices pour la publicité électronique. En outre, Les commerçants seront tenus d'inscrire leurs boutiques en ligne au registre du commerce alors que le texte réglemente les professions du secteur. La loi comprend également des dispositions relatives à la cybersécurité, qui obligent les fournisseurs de services à mettre en œuvre des mesures rigoureuses de protection des données, telles que le cryptage, des mises à jour régulières des systèmes et la notification des failles de sécurité dans les 72 heures. Enfin, le texte ouvre aux consommateurs un délai de rétractation de 14 jours suivant la transaction. La société civile a jusqu’au mois de janvier pour soumettre ses commentaires, avant la présentation du texte au Conseil des Ministres pour approbation.
Kuwait Airways envisage de nouvelles dessertes. Le président du conseil d'administration de Kuwait Airways Corporation (KAC), le capitaine Abdul Mohsen Al-Faqan, a dévoilé les plans de la compagnie aérienne visant à étendre son réseau de vols et à ajouter de nouvelles destinations touristiques au catalogue des dessertes de KA. La compagnie étudierait actuellement l'ajout de plusieurs nouvelles destinations touristiques au cours des prochaines années. M. Al Faqan faisant valoir que de nombreuses destinations populaires, en particulier au Moyen-Orient, ne sont pas saisonnières mais demandées tout au long de l'année, ce qui en fait des domaines clés de croissance pour la compagnie aérienne. Il a notamment évoqué une demande croissante pour des destinations comme la Chine et la Thaïlande, ainsi que l'intérêt constant tout au long de l'année pour diverses villes comme Londres, Paris, Rome, Milan et Genève, ainsi que l'Amérique et la Turquie.
Oman
Le Sultanat d’Oman, via Nama PWP, a annoncé qu’il lancera un nouvel appel d’offre pour une centrale à gaz basée sur la technologie avancée de turbine à gaz à cycle combiné thermique (CCGT) d’une capacité de production de 2,4 GW. L’appel d’offre devrait être lancé au 2e trimestre 2025 pour une entrée en opération de la centrale au 2e trimestre 2029. Dans un contexte où le Sultanat a surtout renforcé ses capacités de productions EnR (solaire et éolien) ces dernières années, en lien avec les objectifs de mix-énergétique et de neutralité carbone du pays, cette annonce, qui est une première depuis les derniers AO similaires (Ibri II et Sohar III) en 2016, n’en est pas pour autant une surprise. En effet, le Sultanat doit assurer la stabilité de son réseau face à i) la demande croissante d’énergie (pic de l’été et démographie dynamique), ii) l’intermittence des projets EnR et ii) la vétusté des centrales à gaz anciennes. Le pays a d’ailleurs en mai 2024 renouvelé 4 contrats de fourniture d’électricité et d’eau pour des centrales à gaz dont le terme arrivait à échéance. Nama PWP a annoncé que des critères en lien avec la réduction de l’impact environnemental seront pris en compte. Au même moment, Nama PWP a lancé un AO (RFQ) pour développer la centrale solaire Al Kamil d’une capacité de production de 280 MW. Plus tôt dans l’année, Nama PWP avait lancé deux AO pour le projet Solaire Ibri III (500 MW) et cinq projets éoliens (environ 1 GW). Pour rappel, le Sultanat d’Oman avait annoncé la révision à la hausse de son objectif de réduction d’émissions de gaz à effet de serre à 21% en 2030, contre 7% dans son deuxième Contributions déterminées au niveau national (CDN) de 2021. Le pays vise à porter la part des EnR à 10% d’ici 2025 dans son mix électrique, 30% en 2030, 35-39% d’ici 2040 et 60% en 2050.