Pakistan - Veille hebdomadaire 22/11/2024
Suivi de la mission du FMI :
Le nouvel impôt provincial sur le revenu agricole sera essentiel pour que le Pakistan s’acquitte de son objectif fiscal.
La mission du FMI était la première visite de travail depuis la signature en septembre 2024 du 25ème programme du FMI et de sa 6ème Facilité élargie de crédit (EFF). En matière de capacité à augmenter les recettes pour l’année en cours, la mission du FMI considérait que le Pakistan ne pourrait être capable de collecter 12 970 Mds PKR (46,5 Mds USD) qu’en puisant dans le potentiel peu exploité aujourd’hui (8 Mds PKR d’impôts fonciers agricoles collectés dans les quatre provinces -soit 28 M USD-) de revenus au titre de l’impôt sur le revenu agricole dont le potentiel du nouvel impôt sur la collecte des revenus agricoles dans les quatre provinces pour le 2ème semestre de l’année budgétaire est estimée par le fonds à 1 050 Mds PKR -soit 3,8 Mds USD-, le Fonds estime qu’en 2025/2026 ce nouvel impôt pourrait rapporter 2 300 Mds PKR, son potentiel pourrait se situer à 65 Mds PKR si le même ration que l’IS industriel était appliqué)
A ce stade, le FMI constate que, parmi les quatre provinces du pays, seul le Pendjab a voté une loi mettant en place cet impôt. Le Parlement du Khyber Pakhtunkhwa a préparé une loi qui n’a pas été votée à ce stade (le Baloutchistan est en retard dans son processus législatif et le Sindh est dans une situation critique dans la mesure où le PPP, le parti majoritaire au parlement, a indiqué qu’il était opposé à ce nouvel impôt). Dans ses relations avec les chefs de gouvernements provinciaux, le FMI a insisté sur le fait qu’au 2ème semestre 2024/2025, les ministères provinciaux des finances paieront les programmes sociaux (presque entièrement provincialisés) à partir de leurs ressources provenant du secteur agricole (les dépenses sociales étaient précédemment versées mensuellement par des dotations fédérales aux provinces).
Le Pakistan sera-t-il amené à mettre en place une Loi de Finances rectificative (LFR) ?
Les Services du Fonds n’ont pas inscrit dans leur communiqué de fin de mission que le gouvernement devait adopter loi de finance rectificative. La difficulté à voter les lois provinciales permettant de lever le nouvel impôt sur le revenu agricole couplée avec des recettes plus faibles (les prévisions de croissance présentées au parlement au moment du vote de la loi de finance étaient de + 3,5 %) pourraient rendre nécessaire une LFR. A cet égard, la représentante du Fonds à Islamabad indiquait que le FMI reverrait prochainement ses objectifs quantitatifs à partir des données sur la croissance échangées avec le ministère des finances et la banque centrale.
Préparation de la facilité du FMI pour la résilience et la durabilité avec le ministère des finances.
Les services du FMI ont travaillé avec le ministre des Finances sur les conditions nécessaires pour préparer la facilité du FMI pour la résilience et la durabilité (resilience and Sustainability Facility -RSF). Le gouvernement pakistanais a indiqué qu’il souhaitait obtenir 1 Md USD. En conclusion de cette réunion, il a été décidé que le FMI allait envoyer prochainement des experts au Pakistan pour évaluer les besoins pakistanais en matière de résilience et de durabilité selon la méthodologie propre à la RSF.
Autres sujets :
Le compte courant continue à s’améliorer
Le compte courant affiche un excédent de 218 M USD pour les quatre premiers mois de l’année budgétaire à la fin octobre 2024 (déficit de 1,53 Md USD sur la même période de 2023). Cette situation traduit (i) le maintien à un niveau élevé des transferts des travailleurs expatriés (11,8 Mds USD sur les quatre premiers mois, en augmentation de 36% par rapport à la même période de 2023) ; (ii) l’augmentation des flux d’investissements de 32 % (1 Md USD d’IDE et d’investissements en portefeuille sur les 4 premiers mois de l’année budgétaire 2025). Seul point négatif : le déficit commercial sur le quadrimestre ne baisse que de 1% par rapport à l’année budgétaire 2024.
Signaux négatifs en matière de croissance industrielle et de la construction.
Selon une étude du ministère de finances, l’utilisation des capacités industrielles a chuté à 45 % au cours de l’exercice 24, comparativement à 62 % au cours de l’exercice 23.
L’indice LSM de production des grandes entreprises est en baisse de 0,76% au T1 2025 par rapport à la même période de 2024. En septembre 2024, cet indice était en baisse de 1,92% en g.a. La valeur de l’indice est inférieure à celle de 2016. Le seul secteur en croissance est celui du textile. En revanche, la fabrication de ciment, de fer, d’acier et de meubles est en baisse ont connu des baisses liées à la crise du BTP.
En partenariat avec la SFI, le Royaume-Uni créée le CIFPAK, un fonds d’investissement dédié aux projets ayant un impact positif face au changement climatique au Pakistan.
Le Foreign, Commonwealth & Development Office abonde le CIFPAK avec un don de 90 M GBP et une enveloppe de prêts d’un montant de 18 M GBP pour ses sept premières années (jusqu’en 2031). Le CIFPAK, qui est annoncé comme opérationnel. Le CIFPAK vise à attirer le financement privé du climat et à soutenir la croissance verte en utilisant une approche de financement mixte (public/privé, concessionnel/non concessionnaire).
M. Zeeshan Sheikh, le directeur général de la Société Financière Internationale -SFI- (groupe banque mondiale) indique que la SFI participera au sein du CIFPAK selon son approche habituelle (achats d’actions, prêts classiques, prêts bonifiés) au financement des projets. Il appelle les nombreuses fondations de charité pakistanaises à participer à certains des projets qui leur seront proposés. Il rappelle que le CIFPAK est voué à créer un socle de confiance (« trust base ») pour permettre la mobilisation d’investissements privés (banques privées locales et banques internationales).
M. Najy Benhassine, le directeur pays de la Banque mondiale rappelle que le Pakistan est le huitième pays le plus vulnérable au monde en matière de climat et que dans un rapport récent rédigé par la Banque, le Pakistan aurait besoin de 348 Mds USD d’investissements pour devenir résilient face aux changements climatiques et dans le cadre de la transition vers une économie à faible émission de carbone d’ici 2030.