Finance Climat : Un Soutien Essentiel pour une Transition Écologique Mondiale
Atteindre l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C, comme prévu par l’accord de Paris, et s’adapter aux effets induits nécessite des financements, souvent appelés « finance climat ». Chaque année, la France et d’autres pays développés soutiennent les pays en développement pour l’application de l’accord, leur fournissant de tels financements. L’objectif actuel de 100 milliards de dollars par an, atteint en 2022, se termine en 2025 ; un nouveau sera discuté à la COP29.
Qu'est-ce que la finance climat ?
Bien qu’il n’existe pas de définition officielle, le concept de « finance climat » regroupe l’ensemble des financements destinés à lutter contre le changement climatique, qu’il s’agisse de réduire les émissions de gaz à effet de serre qui en sont à l’origine ou de renforcer l’adaptation à ses effets. Il peut s’agir de dons, de prêts, de garanties ou d’autres instruments qui financent des projets qui permettront d’atteindre les objectifs de l’accord de Paris au niveau mondial.
Pourquoi avons-nous besoin de la finance climat ?
Face aux défis posés par le changement climatique, la transformation de nos économies vers des modèles plus durables exige des investissements massifs, publics comme privés. Selon le Climate Policy Initiative (CPI)[1], il faudrait mobiliser entre 8 100 et 9 000 milliards de dollars par an jusqu’en 2030 pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux. Sans financements dédiés, il ne sera pas possible de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C comme l’accord de Paris l’ambitionne ou de s’adapter aux effets déjà présents et futur du changement climatique.
L’engagement international en faveur de la finance climat
L'engagement de financer la lutte contre le changement climatique repose sur le principe des « responsabilités communes mais différenciées ». Adopté dans le cadre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC)[2] en 1992 et réaffirmé par l’Accord de Paris[3] en 2015, ce principe acte la nécessaire mobilisation de tous les pays pour limiter le changement climatique, tout en reconnaissant que les pays développés y ont une responsabilité et un rôle particuliers.
C’est pourquoi, depuis la COP15 de 2009, les pays développés se sont engagés à fournir 100 milliards de dollars par an de finance publique internationale d’ici 2020 et jusqu’en 2025 pour soutenir les pays en développement. Cette aide vise à financer à la fois l’atténuation du changement climatique (réduction des émissions de gaz à effet de serre) et l’adaptation des pays aux effets néfastes du réchauffement (actions permettant de diminuer les conséquences de ce dernier). En plus de cet objectif, la COP26 de Glasgow en 2021, a appelé les pays développés à doubler leur soutien pour l’adaptation par rapport à 2019, pour atteindre 40 milliards de dollars par an d’ici 2025.
Où en sommes-nous dans la mobilisation des financements climatiques ?
Les efforts mondiaux en matière de financement climatique ont récemment atteint un niveau record. Selon le think-tank CPI[4], les flux financiers (toutes sources confondues) destinés à lutter contre le changement climatique ont atteint une moyenne de 1 270 milliards de dollars par an sur 2021-2022, en nette augmentation par rapport à la moyenne de 653 milliards par an observée entre 2019 et 2020.
En termes de financements publics, l’objectif des « 100 milliards » a été atteint pour la première fois en 2022, avec 115,9 milliards de dollars comptabilisés par l’OCDE[5]. La part des financements dédiés à l’adaptation a aussi fortement augmenté, atteignant 32,4 milliards de dollars en 2022.
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La contribution de la France à la finance climat
En dix ans, la France a plus que doublé ses financements climatiques en faveur des pays en développement, se positionnant comme l’un des principaux contributeurs à la finance climat. En 2020, le Président de la République a réhaussé la cible française de finance climat pour les pays en développement de 5 milliards d’euros par an (dont 1,5 milliards dédiés à l’adaptation) à 6 milliards d’euros (dont 2 milliards dédiés à l’adaptation). La France a systématiquement tenu, voire dépassé, cet objectif entre 2021 et 2023[6].
Ces financements passent majoritairement par l’Agence française de développement (AFD)[7], ainsi que d’autres institutions telles que le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM)[8]. La France participe également à des initiatives mondiales qui permettent de financer la lutte contre le changement climatique. Elle est ainsi actionnaire de banques multilatérales de développement et contribue à des fonds dédiés au climat, comme le Fonds Vert pour le climat[9], lesquels jouent un rôle actif dans l’atténuation et l’adaptation au changement climatique dans les pays en développement.
Grâce à cette action, la France est considérée comme l’un pays qui agissent le plus pour aider les pays en développer à lutter contre le changement climatique, en dépassant sa « juste-part »[10] dans l’atteinte de l’objectif des « 100 milliards ». Cette juste part, qui ne fait pas l’objet d’une reconnaissance officielle, est notamment calculée par le think-tank ODI sur la base de la responsabilité historique de chaque pays dans les émissions cumulées de gaz à effet de serre, de son revenu national brut et de la taille de sa population.
Perspectives et avenir de la finance climat
L’objectif des « 100 milliards » prenant fin en 2025, un nouvel objectif doit être négocié pour en prendre le relais dès l’année prochaine. Ce sujet sera un enjeu central de la COP29 en novembre 2024. Ce nouvel engagement devra intégrer l’évolution des économies mondiales et des émissions de gaz à effet de serre, en incluant potentiellement des pays qui ne figuraient pas parmi les contributeurs jusqu’alors.
Un autre défi consiste à mobiliser le secteur privé. Selon le Fonds Monétaire International (FMI), les financements privés devront couvrir jusqu'à 90 % des investissements nécessaires pour limiter le réchauffement climatique[11]. Pour atteindre cet objectif, des discussions sont en cours sur les leviers qui permettront d’atteindre ce niveau d’investissement, par exemple en abaissant les coûts d’emprunt dans les pays en développement et en renforçant les incitations qui pour attireront davantage d’investissements privés.
[1] Global landscape of climate finance 2023, Climate Policy Initiative, Novembre 2023
[2] Qu'est-ce que la CCNUCC, la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques? | CCNUCC
[4] Ibid
[6] La France a fourni 6,1 milliards d’euros de finance climat (dont 2,2 milliards pour l’adaptation) en 2021, 7,6 milliards (dont 2,6 milliards pour l’adaptation) en 2022 et 7,2 milliards (dont 2,8 milliards pour l’adaptation) en 2023.
[11] Rapport sur la stabilité financière mondiale, chapitre 3, FMI, 2023