Toute l'actualité économique et financière hebdomadaire de l'Arabie Saoudite, du Bahreïn, des Emirats arabes unis, du Koweït, d'Oman, du Qatar et du Yémen....

 FIInance is the limit

 Depuis sa première édition en 2017, le Future Investment Initiative (FII), communément appelé "Davos du Désert", s'est démarqué par son orientation résolument stratégique et orientée vers les intérêts économiques de long terme du Royaume saoudien. Contrairement au Forum économique mondial de Davos qui privilégie les discussions multilatérales et l’exploration des grands enjeux globaux, le FII, d’une coloration résolument plus financière, paraît concentrer les débats sur des projets emblématiques de Saudi Vision 2030. En 2024, le thème de la conférence, « Infinite Horizons : Investing Today, Shaping Tomorrow », souligne une volonté d’orienter l’investissement vers l’Arabie saoudite, en faveur de l’innovation et de la souveraineté économique. Le FII est-il vraiment un « Davos du Désert », catalyseur global d'investissements, ou un outil au service de la stratégie économique saoudienne ?

Le succès du FII en tant qu’outil de financement domestique est manifeste. Selon le Gouverneur du PIF, il a permis de sécuriser en sept années d’existence plus de 125 milliards USD en engagements d’investissements, essentiellement dans des projets phares comme Neom, Red Sea Global et Qiddiya. Cette année, des accords totalisant 28 milliards de dollars sont anticipés. Saudi Aramco et Vietnam Oil ont convenu d’entamer des discussions sur le stockage, l'approvisionnement et le commerce de produits énergétiques et pétrochimiques, tandis que l'entreprise spécialisée dans les énergies renouvelables, ACWA Power, a conclu quatre accords d'une valeur de 1,78 milliard de dollars pour des projets et des financements en Arabie saoudite, au Koweït, en Ouzbékistan et au Maroc. Le FII entend donc agir comme un accélérateur de projets ambitieux, au cœur de la transformation économique saoudienne.

Annoncée durant le FII, la réorientation du Public Investment Fund (PIF) vers des investissements domestiques soutient cette ambition de souveraineté économique. Le PIF, devenu une puissance financière mondiale avec des actifs de près de 930 milliards USD, favorise désormais les investissements internes. Depuis 2015, la part des actifs investis à l'étranger est passée de 2 % à 30 %, mais le FII 2024 a confirmé une réduction de cette part à 18-20 % d’ici 2030, renforçant la priorité accordée aux projets domestiques. Les investissements du PIF ciblent des entreprises et secteurs inexistants il y a encore peu dans le pays : jeux vidéo avec Savvy Games, tourisme de luxe avec Neom, ou encore les technologies de fabrication intelligente avec Alat. Le FII, en offrant une plateforme pour attirer des co-investissements, démontre que l’Arabie saoudite est déterminée à bâtir une économie ouverte, autonome et diversifiée. Ce recentrage est une réponse directe aux besoins de la Vision 2030, qui vise à multiplier les secteurs économiques pour réduire la dépendance pétrolière.

Cet évènement intervient dans un contexte économique plus complexe. Face à une baisse du cours du baril, la dette émerge comme un pilier indispensable pour financer l’ambition saoudienne de diversification économique. L’Arabie saoudite, bien que première exportatrice mondiale de pétrole, voit sa dépendance aux revenus pétroliers fragilisée par des prix du brut en retrait, stagnants autour de 70 USD le baril, bien en deçà du seuil d’équilibre budgétaire estimé à 96 USD. Dans ce contexte incertain, le recours à la dette devient crucial : en 2024, le royaume a levé près de 48 milliards USD en obligations, s’imposant parmi les plus grands émetteurs de dette des marchés émergents. Le FMI anticipe que le ratio de dette/PIB de l’Arabie Saoudite atteindra 30 % d’ici 2025, soit le double de sa moyenne historique. Cela souligne l’évolution du modèle saoudien, où le financement du vaste projet de Saudi Vision 2030 nécessite de plus en plus l’afflux de capitaux extérieurs. En mettant l’Arabie saoudite sous le feu des projecteurs, le FII braque également l’attention sur cette réalité : ce besoin critique de capitaux étrangers, conjugué à des prévisions de déficit jusqu’en 2027, invite les responsables saoudiens à séduire les investisseurs étrangers. Quels sont les leviers de cette stratégie de persuasion ?

Le FII met en avant l’intelligence artificielle et l’innovation technologique comme moteurs d’une économie du futur. Le FII 2024 a mis l’accent sur l'intelligence artificielle (IA) et les nouvelles technologies comme axes de diversification économique, un pilier central pour Saudi Vision 2030. Pas moins de six panels dédiés à l’IA sont organisés, dont plusieurs ont accueilli des personnalités de premier plan, comme Ben Horowitz d’Andreessen Horowitz. Le partenariat potentiel avec cette société de capital-risque prévoit des investissements de l’ordre de 40 milliards USD, illustrant l’ambition de Riyad de se positionner dans le top 15 mondial en IA d’ici 2030. L’Arabie saoudite capitalise sur ses ressources énergétiques et foncières pour devenir un centre de données et un hub technologique régional, avec des projets d’investissement à grande échelle dans les semi-conducteurs, les biotechnologies et les énergies renouvelables.

Tous les projecteurs sont aussi braqués sur Riyad par la même occasion. La capitale devient une locomotive pour attirer capitaux et talents, soutenue par une expansion urbaine sans précédent. La Vision 2030 ambitionne de transformer Riyad en une métropole internationale d’ici 2034, avec une population qui devrait atteindre 9,6 millions d’habitants. Le FII met en lumière ce développement en attirant les investisseurs immobiliers et en les associant à des projets emblématiques, comme le New Murabba ou le King Salman Park, qui nécessitent un total de 305 000 nouvelles unités de logement pour répondre à la croissance démographique. De plus, des infrastructures de grande envergure, comme un nouvel aéroport et huit stades pour accueillir la Coupe du Monde 2034, positionnent Riyad comme un moteur économique et culturel régional. Ce dynamisme est renforcé par la multiplication par 2,5 des flux d’investissements étrangers depuis 2017. Le FII contribue donc à attirer des capitaux pour financer l’urbanisation et les infrastructures, consolidant son attrait comme destination clé pour les talents et les capitaux mondiaux.

Enfin, instrument des ambitions internationales de l’Arabie saoudite, le FII explore un partenariat Sud-Sud pragmatique, dans une optique de co-développement. Le Royaume a profité du FII pour renforcer ses liens économiques avec l’Afrique, en mettant en avant le potentiel du continent en termes de ressources minières et agricoles. Le ministre de l’Investissement, Khalid al-Falih, a souligné la vision saoudienne de l'Afrique comme un "breadbasket" pour les besoins alimentaires et miniers de la région. Loin d’une simple aide financière, le partenariat vise un co-investissement stratégique, à l’instar de celui de 300 millions USD avec l’Indonésie, pour soutenir des initiatives de croissance durable. Ces initiatives marquent un virage de l’Arabie saoudite vers une diplomatie économique orientée sur le développement durable et le renforcement des liens avec des pays en pleine expansion. En faisant du FII une plateforme pour renforcer cette coopération Sud-Sud, le royaume diversifie ses alliances économiques tout en consolidant son accès aux matières premières essentielles.

En seulement sept ans, le FII a su se transformer en un pilier de rayonnement économique du royaume, mobilisant des fonds pour Saudi Vision 2030 tout en consolidant la position de l’Arabie saoudite comme un acteur incontournable sur la scène mondiale. Par des engagements massifs et une mise en avant de ses propres intérêts, le FII se distingue des autres forums, marquant sa singularité comme vecteur d'une diplomatie économique proactive. À l’avenir, la capacité du FII à attirer des partenaires internationaux et à pérenniser ces initiatives sera cruciale pour garantir la réussite de Saudi Vision 2030 et renforcer la puissance économique du Royaume, dans une ère post-pétrole qui redéfinit les équilibres régionaux et mondiaux. Les théoriciens économiques des réseaux que constituent les grands forums que sont Davos, Milken ou le FII, dans leurs périmètres respectifs, notent l’importance des interactions informelles, en coulisse, qui sous-tendent ces forums mais aussi les effets de façade derrière les vitrines attractives. Mais des promesses aux projets, les défis demeurent.

 Luidgy Belair, Attaché macroéconomique et financier

Alexis Duloutre, Analyste macroéconomique et financier

 

Pétrole et gaz

Brent 31/10/2024 à 12h00 GST : 72,316 USD/Bbl

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Le prix du baril a nettement baissé cette semaine, perdant deux dollars. Les cours ont chuté mardi après l’annonce de l’arrivée de négociateurs américains en Israël, mandatés pour négocier un cessez-le-feu au Liban et à Gaza. Les prix ont néanmoins connu un redressement limité en fin de semaine, lié à l’évolution des stocks américains et à l’anticipation de décisions de l’OPEP+.

Le baril de Brent s’échange vendredi midi 72,316 dollars, en baisse de 2,5 % sur la semaine. Le WTI s’échange quant à lui à 68,725 dollars le baril, repassant sous la barre des 70 dollars. Le gaz naturel a lui poursuivi sa hausse, et se négocie 2,8086 USD / MMBtu (8,8612 euros/MWh), contre 2,5199 USD / MMBtu vendredi dernier.

L’optimiste sur la tenue de discussions diplomatiques semble cependant avoir été surestimé, puisque les frappes se poursuivent ai Liban, et le marché est reparti à la hausse en fin de semaine. Les stocks américains ont quant à eux baissé de 550 000 barils la semaine dernière, indiquant une demande légèrement plus forte qu’initialement prévu, alors que les importations américaines de brut ont pourtant atteint leur point le plus bas depuis 3 ans.

Le marché du pétrole a désormais les yeux rivés sur l’OPEP+, qui devait initialement mettre fin à ses restrictions de production les plus récentes (2,2 millions bpj) en Décembre 2024. Déjà repoussé en octobre à cause de la faiblesse des prix, cette décision pourrait à nouveau être mise en pause, d’après Reuters, alors que les ministres de l’OPEP+ doivent se réunir cette semaine.  Dans le cas contraire, le cours du pétrole pourrait se détériorer encore davantage.

Les majors pétrolières commencent également à subir la baisse durable des prix : l’action BP a ainsi perdu 5% cette semaine, à l’annonce d’une possible baisse du dividende due à des profits plus faibles qu’attendus. TotalEnergies a également publié une baisse des bénéfices plus importantes que prévue, de près de – 40 % par rapport à 2023.  

Enfin, le début des élections américaines et la tenue d’une réunion au sommet de l’Etat chinois ajoutent à l’incertitude. Alors qu’une dynamique marquée en faveur de l’un ou l’autre candidat à la Maison Blanche pourrait influer sur les cours, l’Etat chinois doit discuter de la situation domestique et se prononcer sur le lancement d’un second plan de soutien à l’économie, qui pourrait relancer la demande en pétrole.

Brèves économiques 

Arabie saoudite

Macroéconomie & Finance

Économie : Le PIB réel de l’Arabie saoudite a augmenté de 2,8 % au T3 2024 par rapport au T3 2023. Selon les premières estimations de la GASTAT, le PIB réel de l’Arabie saoudite a augmenté de 2,8 % au T3 2024 en glissement annuel (g.a.), après une contraction durant cinq trimestres consécutifs. Cette augmentation est due à la croissance des activités non pétrolières qui s’est élevée à 4,2 %, tandis que la croissance du secteur pétrolier s’est élevée à 0,3 %. C’est la première fois depuis le T1 2023 que le PIB pétrolier a augmenté (+ 0,8 % au T1 2023 en g.a.).

RHQ : Le ministre saoudien de l’Investissement annonce que 540 entreprises ont obtenu leur licence RHQ. Lors du FII, le ministre saoudien de l’Investissement a annoncé que 540 entreprises ont obtenu leur licence RHQ à ce jour. Le MISA s’était initialement fixé l’objectif d’octroyer 480 licences RHQ d’ici 2030, dépassant ainsi largement son objectif dès 2024. Pour rappel, depuis le 1er janvier 2024, les multinationales opérant au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA) et souhaitant contracter avec le gouvernement saoudien (appels d’offres dont le montant est supérieur à 1 M SAR soit 267 000 USD) doivent avoir un siège régional (RHQ) établi en Arabie saoudite. Cette initiative, pilotée par le ministère saoudien de l’Investissement (MISA), connue sous le nom de « programme RHQ » et annoncée pour la première fois en 2021, entre dans le cadre de la Vision 2030. Outre une favorisation pour les appels d’offres du gouvernement, le programme RHQ s’appuie sur diverses incitations dont notamment une exemption de « saoudisation » des emplois durant 10 ans.

Investissements : Le fonds de capital-risque d’Aramco va investir 100 M USD dans l’IA. Wa’ed Ventures, fonds de capital-risque de 500 M USD d’Aramco, a annoncé consacrer 100 M USD pour des investissements dans des startups spécialisées en intelligence artificielle. Cette initiative s’inscrit dans la stratégie du Royaume visant à devenir un centre mondial de l'IA et à stimuler la croissance économique par l’innovation technologique. Pour faciliter l'identification des opportunités, Wa’ed Ventures a créé un conseil consultatif composé de leaders du secteur (Meta, Amazon, MIT, Oxford). Wa’ed Ventures a récemment investi dans Rebellions, un fabricant de puces IA en Corée, et aiXplain, basé en Californie, spécialisée dans les infrastructures. Selon une étude de PwC, l’IA pourrait contribuer jusqu'à 135 Md USD à l’économie saoudienne d’ici 2030, soit 12 % du PIB.

Energie, Industrie & Services

Energie : Engie signe un contrat d’achat d’électricité avec JADCO pour un projet photovoltaïque. La multinationale française spécialisée dans l’énergie a annoncé avoir signé un contrat d’achat d’électricité avec Al-Jouf Agricultural Development Co (JADCO) pour un projet photovoltaïque de 8 MW. Le projet sera situé dans le complexe industriel de Busaita, dans le Nord du royaume. L’électricité produite servira à alimenter l’usine récemment construite par JADCO qui produit entre autres de l’huile d’olive. L’entreprise saoudienne est l'un des principaux acteurs des secteurs agricole et industriel du pays. Elle produit chaque année 15 000 tonnes d’huile d’olive et détient la plus grande ferme oléicole à l’échelle mondiale. Le projet devrait permettre d’éviter l’émission de 13 000 tonnes de carbone par an. Il s’inscrit dans le cadre de la Vision 2030 saoudienne et la volonté du pays de parvenir à la neutralité carbone d’ici 2060 ; ainsi que les ambitions de décarbonation du géant énergétique français.

Aéronautique : Riyadh Air passe une commande de 60 aéronefs auprès d’Airbus. La nouvelle compagnie saoudienne, détenue par le Fonds souverain (PIF), a passé une commande ferme de 60 appareils de la famille A321neo auprès du groupe européen Airbus. L’accord a été signé lors du Future Investment Initiative (FII) en présence de Yasir Al Rumayyan, gouverneur du PIF, de Tony Douglas, PDG de Riyadh Air, de Christian Scherer, directeur général de la division Avions commerciaux d'Airbus et de Benoît de Saint-Exupéry, vice-président exécutif des ventes de la division Avions commerciaux. Cette nouvelle commande permet d’élargir l’empreinte d’Airbus dans le Royaume, qui avait déjà reçu une commande historique de 105 aéronefs de la part de Saudia Airlines en mai dernier. Le carnet de commande d’Airbus en Arabie saoudite dépasse désormais les 200 appareils et les premières livraisons devraient commencer au premier trimestre 2026.

Émirats arabes unis

Macroéconomie & Finance

CEPA : Les Emirats arabes unis et le Vietnam signent un accord de partenariat économique global (CEPA), réduisant de 98% les droits de douane respectifs sur les biens échangés entre les deux pays. Il s’agit du premier accord de ce type conclu par le Vietnam avec un pays de la zone Proche et Moyen Orient. Les EAU poursuivent leur politique de multiplication d’accords de libre-échange, après la signature de traités similaires avec la Jordanie et la Serbie début octobre. Le commerce entre le Vietnam et les EAU avait atteint en 2023 4,7 Mds USD, en hausse de 6% par rapport à 2022.

Budget : L’émirat de Dubaï a validé son budget prévisionnel pour 2025-2027, avec 272 Mds AED (74 Mds USD) de dépenses anticipées. 46% de ce budget sera alloué à des projets d’infrastructures, principalement à l’extension de l’aéroport Al-Maktoum, dont le coût est évalué à 35 Mds USD, et à l’amélioration d’un système de drainage des eaux de pluie, pour près de 8,2 Mds USD, annoncé par le gouvernement après les inondations d’avril. 30% des dépenses doivent quant à elles être dédiées aux questions sociales, notamment la santé et l’éducation.

ADQ acquière officiellement une participation minoritaire dans Sotheby’s. Patrick Drahi a également réinvesti dans l’entreprise et conserve son statut d’actionnaire majoritaire. Ensemble, les deux opérations doivent apporter 1 Mds USD au capital de l’entreprise de vente aux enchères. ADQ devrait obtenir 3 sièges sur 9 au conseil d’administration, une allocation proportionnelle au poids du fonds émirien dans le capital (bien que la répartition exacte des fonds levés soit inconnue). Le secteur des ventes aux enchères traverse actuellement une période difficile, et les ventes de Sothesby’s ont baissé de 20% au T1 2024.

Energie, Industrie & Services

Tadweer s'associe à des entreprises japonaises pour construire une installation de recyclage de produits chimiques plastiques à Abu Dhabi. L'investissement devrait atteindre 261,5M USD, l'installation devant être opérationnelle d'ici 2026 ou 2027. Cette nouvelle installation sera notamment capable de recycler des matériaux utilisés dans les bouteilles et conteneurs d'emballage en polyéthylène téréphtalate (PET). 

Emsteel et Masdar ont inauguré une centrale pilote de production d'hydrogène vert dans le complexe de fabrication d'Emsteel à Mussafah, Abu Dhabi. La capacité de l'électrolyseur et le fournisseur d'équipements du projet pilote n'ont pas encore été divulgués. L’usine utilisera l’énergie solaire provenant du réseau pour produire de l’hydrogène sur place. 

Au troisième trimestre 2024, l’aéroport de Sharjah a montré une croissance dans toutes ses opérations. Le nombre de passagers durant cette période a dépassé 4,392 millions, soit une augmentation de 10 % par rapport à l'année précédente. Concernant le traitement de la cargaison, l'aéroport a atteint 46 284 tonnes (+32% par rapport à 2023). L'Autorité de l'aéroport de Sharjah continue par ailleurs de mettre en œuvre son nouveau projet d'expansion, qui vise à augmenter la capacité de l'aéroport à 25 millions de passagers par an d'ici la fin de 2027. 

Qatar

Le Qatar accueillera la conférence Wall Street Journal Tech Live durant cinq ans, à compter de 2025. Cette édition qatarienne est la première qui se tient au Moyen-Orient. La conférence rassemblera un public de plus de 200 dirigeants, investisseurs, startups et investisseurs en capital-risque dans le but de favoriser l’innovation dans divers secteurs. La tenue du WSJ Tech Live à Doha s’inscrit dans la continuité de la volonté du Qatar d’organiser une série d’évènements à portée mondiale ou régionale, lui apportant une visibilité et développant le tourisme d’affaires.

Halul Offshore Services Company, filiale de Qatar Navigation (Milaha) remporte le contrat EPCIC du projet d’installation de la fibre optique de la North Oil Company (NOC) d'une valeur de plus de 262 millions de QAR. Ce projet prévoit l’amélioration des capacités de connectivité et de transmission de données au sein du secteur énergétique du Qatar. Aux termes de l'accord, Halul Offshore Services entreprendra la construction d'un nouveau système de câbles à fibres optiques d’une longueur de 140 km entre Al Kabaan, Ras Laffan et Al-Shaheen. Ce projet s’inscrit dans le sillage du programme Tawteen, visant la création de valeur ajoutée au Qatar et la qatarisation de la chaîne de valeur énergétique, lancé en 2019 par Qatar Energy. Ce dernier, aux côtés de TotalEnergies, est le principal partenaire de NOC. Opérant dans le champ pétrolier d’Al Shaheen, NOC est responsable de 45% de la production pétrolière de la région.

QatarEnergy s’associe à TotalEnergies pour la réalisation d’un projet d'énergie solaire d’une capacité de 1,25 GW en IrakL’accord prévoit une participation à parts égales (50 %) entre QatarEnergy (QE) et TotalEnergies dans le projet solaire photovoltaïque. Celui-ci consiste à l’installation de deux millions de panneaux solaires bifaciaux d’une capacité jusqu'à 1,25 GW (crête) d’énergie solaire au réseau électrique de la région de Bassorah, desservant 350 000 foyers. Sa mise en service est prévue entre 2025 et 2027. Il s’agit du premier projet de renouvelables qui fait l’objet d’un investissement direct de QatarEnergy à l’international. Qatar Energy et TotalEnergies se sont déjà associées sur des projets solaires, à l’exemple de la première centrale solaire du Qatar, Al-Kharsaah, co-développée et opérée par Total Energies. Pour mémoire, QatarEnergy et TotalEnergies sont déjà partenaires en Irak au sein du GGIP (Gaz Growth integrated Project), un projet visant le développement des ressources naturelles du pays et de sécurisation de l’approvisionnement électrique et dont la mise en œuvre bénéficie d’une allocation de 10Mds USD. GGIP est mené par le consortium composé de Basra Oil Company (30%), TotalEnergies (45%) et QatarEnergy (25%). 10 Mds USD ont été alloués à cette fin.

Doha Bank et Carlyle signent un MoU pour fournir aux investisseurs du Qatar un accès aux solutions de marchés privés de Carlyle, société d'investissement à notoriété mondiale avec un marché de 435 Mds USD d'actifs via trois plateformes : Global Private Equity, Global Credit, et Global Investment Solutions.

Qatar Airways et Thales signent un accord pour équiper la flotte d'A321 NX du système FlytEDGE IFE, Système de divertissement en vol (IFE) Crystal Cabin de Thales. FlytEDGE est la première plateforme IFEC cloud native au monde, permettant un accès instantané à des contenus en streaming tout en réduisant la consommation de bande passante. Qatar Airways continue de perfectionner son offre pour maintenir son statut de meilleure compagnie aérienne, titre que Skytrax lui a décerné en 2024 pour la huitième fois, tout en s’inscrivant dans la Vision 2030 du Qatar visant à transformer le pays en un hub touristique. Pour mémoire, la compagnie aérienne a équipé la semaine passée son premier Boeing 777 du service d’internet satellite de l’américain Starlink.

La commission fédérale de la régulation de l’énergie américaine (FERC) accorde trois ans supplémentaires à ExxonMobil et Qatar Energy pour finaliser le projet Golden Pass LNG. D’une capacité de liquéfaction de 18Mt/an, le projet Golden Pass LNG est situé dans un terminal d'importation de gaz reconverti au Texas. Il s’agit de la première installation de production de GNL du Qatar en dehors de ses frontières et devrait démarrer sa production au premier semestre 2025. Golden Pass - dont QatarEnergy détient 70% des parts - fait partie des deux projets de GNL aux Etats-Unis de QE, le second étant situé en Louisiane et conjointement développé par Venture Global LNG.

Koweït

La KDIPA publie son rapport annuel d’activité: 1,74 Md KWD d’encours. La KDIPA a continué d'attirer une montant croissant de nouveaux IDE, ces derniers culminant à 207 M KWD (621 M €) pour le dernier exercice, portant l’encours total à environ 1,75 Md KWD (5,25 Mds  €). Le rapport fait état de la création de 16 nouvelles entreprises issues de 12 pays différents, tandis que les dépenses totales des entités d'investissements étrangers dans l'économie nationale ont augmenté de 16% pour atteindre 924 M KWD (2,77 Mds €) à la fin de l'exercice 2023-2024. Le continent européen arrive en tête de liste des IDE (59,9%), suivi du continent asiatique (28,5%), puis de l'Amérique du Nord avec (9,5%). L'Afrique ne représente que 1,9% des IDE au Koweït.

« L'économie du Koweït progresse », déclare la Directrice générale adjointe du groupe Banque Nationale du Koweit (NBK). Dans une interview donnée à Bloomberg en marge du forum FII de Riyad, Shaikha Al-Bahar a affirmé que le gouvernement était déterminé à attirer des investissements étrangers. La dissolution du parlement place la capacité décisionnelle « entre les seules mains de l’exécutif ». Elle a rappelé que le gouvernement avait déjà attribué 6 Mds USD de marchés en 2024 et que 5 Mds USD additionnels allaient l’être à brève échéance. La trajectoire des réformes est « sur les bons rails » et alignée avec la « vision 2035 pour le Koweït.

Le recours à l’intelligence artificielle « transformera le secteur bancaire koweïtien » (NBK). Shaikha Al-Bahar a également évoqué l’utilisation que la banque faisait de l’IA, notamment au sein du back office. Elle a indiqué qu’une centaine de processus avaient été automatisés grâce à la RPA (« robotic process automation »). L’IA devrait également révolutionner la gestion du risque pour laquelle l’ajustement des profils de risque se ferait de manière dynamique ainsi que les secteurs réglementés où les décisions basées sur le traitement de données et la vitesse d’exécution sont prédominantes.   

La KOC va lancer un appel d'offres pour gérer le développement du champ pétrolier terrestre de Mutriba, dans le nord-ouest du Koweït. Selon MEED, quatre sociétés internationales ont été invitées à participer au processus d'appel d'offres, à savoir Schlumberger, Halliburton, Baker Hughes et Weatherford International. Avec cet AO – qui devrait devrait être lancé d’ici 30 jours - le Koweït cherche à mettre en œuvre des projets de forage afin d’atteindre une production de 4 M B/j d'ici 2035, et passer de 2,9 à 3,2 M B/j entre 2025 et 2026.

Oman

Dans le dernier rapport de suivi sur la feuille de route Vision 2040, les autorités omanaises ont annoncé la mise en place d’au moins cinq « cluster économique » afin d’accélérer la diversification économique, la création de foyers d’emplois, en complément des différents outils déjà introduits tels que les zones économiques spéciales, les zones franches et les villes industrielles, ainsi que le niveau de compétitivité du pays (synergie entre acteurs, optimisations des ressources, stimulation compétitive et collaborations). Dans le détail, ces pôles de compétitivité seront développés autour de secteurs clés notamment i) l’Agriculture et la pêche : a) Duqm  –  autour de la zone économique spéciale et axé sur la « chaine du froid » ; b) Najd – autour de la zone agricole Najd pour développer la culture du blé – et c) dans la région d’Al Dakhliyah – cluster qui servira de modèle pilote pour la mise en place de croissance intersectorielle, étant entendu que le cluster s’axera en plus sur le tourisme, l’industrie et la logistique, ii) la métallurgie notamment l’aluminium à Sohar et, enfin, iii) les ressources minières à Shalim. Cette annonce rappelle, à l’occasion du forum économique des Gouvernorats en mai 2024, la récente introduction par les autorités d’un indice de compétitivité pour les Gouvernorats, dans le sillage de divers mesures plus globales pour décentraliser les centres de pouvoirs économiques (priorité du projet de budget 2024, allocation de 217 M USD pour les Gouvernorats, directive pour doubler les fonds alloués aux Gouvernorats pour leur développement, etc.). Parallèlement, le Sultan Haitham a reçu une délégation de représentants du secteur privé omanais (chambre de commerce et d’industrie, ministères, chefs d’entreprises, de PME et de startup) pour saluer leur rôle dans la croissance économique, la diversification, la création d’emplois et l’amélioration de la situation économique et financière du pays.  Le Sultan a rappelé que le partenariat privé-public devait continuer pour accélérer le renforcement du capital humain (formation), de l’emploi, du climat des affaires et du développement économique local. Il a également invité le secteur bancaire à se mobiliser pour soutenir l’activité économique du pays. 

Bahreïn

Économie : Le FMI a conclu sa mission au titre de l’Article IV 2024 – La mission du FMI au titre de l’Article IV s’est tenue du 29/09 au 10/10 à Manama. Celle-ci a permis d’évaluer la situation économique de Bahreïn et les perspectives de croissance à court et moyen terme, ainsi que les défis budgétaires et financiers du pays. Le rapport sera soumis à la direction et au Conseil d’administration du FMI en novembre. En 2023, malgré des conditions financières plus strictes et des incertitudes géopolitiques accrues, le PIB réel de Bahreïn a augmenté de 3,0 %, et l’inflation a diminué à 0,1 %. La croissance est attendue à 3,0 % en 2024 et 3,5 % en 2025, grâce à l’avancée des projets dans le secteur manufacturier et à la reprise du crédit privé. À moyen terme, le PIB réel devrait croître de 3,0 % par an, principalement tiré par le secteur non-pétrolier, qui devrait représenter 90 % de l’économie d’ici 2029 (85,2 % au T2 2024). L’inflation devrait progressivement atteindre 2,0 % à moyen terme. La situation budgétaire s’est détériorée en 2023, avec une baisse de 3,3 points de pourcentage (p.p.) du solde budgétaire à - 8,5 % du PIB, tirée par la baisse des recettes pétrolières et une hausse des dépenses sociales. La dette publique a augmenté de 12 p.p. pour atteindre 123 % du PIB. Cette dégradation intervient après des améliorations significatives en 2021 et 2022 dans le cadre du Programme d’Équilibre Budgétaire (PEB). Selon le FMI, la priorité politique doit désormais être une consolidation budgétaire pluriannuelle pour mettre la dette publique sur une trajectoire descendante. Cette stratégie inclurait une augmentation des recettes non liées aux hydrocarbures, la rationalisation des dépenses courantes et la réduction progressive des subventions tout en augmentant les transferts sociaux. La taxe minimale nationale introduite dans le cadre du Cadre Inclusif OCDE/G20 constitue un développement positif, mais des efforts supplémentaires sont nécessaires pour renforcer les recettes publiques. La Banque centrale de Bahreïn doit continuer à aligner sa politique monétaire sur celle de la Réserve fédérale américaine, et un cadre de résolution bancaire formalisé devrait être mis en place pour renforcer la stabilité financière. Le développement du marché obligataire en monnaie locale et du secteur non-bancaire doit également être poursuivi pour soutenir les marchés financiers et diversifier les sources de financement. La diversification de l’économie a progressé, mais des réformes supplémentaires sont nécessaires pour encourager une croissance plus inclusive et plus verte. L’accent doit être mis sur le renforcement du capital humain, l’amélioration de l’accès des PME au financement et la promotion de la transformation numérique. La réduction progressive des subventions énergétiques et l’augmentation des investissements dans les énergies renouvelables sont également recommandées pour soutenir la transition énergétique du pays et atteindre ses objectifs de réduction des émissions.