Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions de l'antenne de Lagos et du Service économique d’Accra.

Nous rappelons à notre cher lectorat que le Service économique régional d’Abuja publie régulièrement sur l’actualité économique franco-nigériane et sur ses activités dans le pays à travers sa page LinkedIn. Il en est de même pour le Service économique d’Accra, sur LinkedIn.

LE CHIFFRE A RETENIR

+50 pdb : C’est l’augmentation du taux directeur décidée par le Comité de politique monétaire le 24 septembre 2024. Le taux directeur passe ainsi de 26,75 % à 27,25 %.

FAITS SAILLANTS

Nigéria :

Nouvelle augmentation du taux directeur (+50 pdb) décidée par le Comité de politique monétaire (MPC) le 24 septembre 2024, le fixant à 27,25 % ; Face à la dévaluation du naira, la CBN annonce une nouvelle vente de devises ; 320 M USD de la Chambre de commerce américaine pour soutenir les prêts hypothécaires et les PME ; ExxonMobil compte investir 10 Md USD pour ses opérations offshore au Nigéria.

Ghana :

Nouvel excédent commercial pour le Ghana au deuxième trimestre 2024 ; Déficit de 1,8 millions de logements au Ghana.

 

Nigeria

Nouvelle augmentation du taux directeur (+50pb) décidée par le Comité de politique monétaire le 24 septembre 2024, le fixant à 27,25 %

Le CPM a relevé son taux directeur de 50 pdb, passant de 26,75 % à 27,25 %, surprenant la majorité des observateurs qui anticipait une pause voire une baisse. Cette décision a été prise à l’unanimité, onze des douze membres étant présents.

Selon le Bureau national des statistiques (NBS), l’inflation totale diminue depuis deux mois pour atteindre 32,1 % en août en g.a. tandis que l’inflation sous-jacente (produits volatils exclus) augmente de nouveau en août, à 27,6 %, après 27,5 % en juillet. Malgré la baisse modérée de l’inflation totale, elle est toujours perçue comme une source d’instabilité en raison de la hausse des prix de l’essence (+33 % entre août 2024 et août 2023) et des défis liés à l’insécurité alimentaire. À court terme, le risque que l’inflation diminue moins vite qu’attendue reste présent mais certaines mesures devraient contribuer à l’atténuer, comme l’approvisionnement en pétrole raffiné auprès de la raffinerie de Dangote débuté ce mois et la levée des droits de douane sur les produits alimentaires.

La prochaine réunion du MPC est prévue le 25 et 26 novembre 2024.

Face à la dévaluation du naira, la CBN annonce une nouvelle vente de devises

Entre l’annonce de la décision de relever le taux directeur ce mardi soir et vendredi matin, le naira a cédé 2,4 % face au dollar américain, ce qui laisse penser que cette décision n’a pas suffi à compenser la faiblesse de la conjoncture et des perspectives décrite par le Comité. La dépréciation du naira observée au cours de la semaine s’inscrit dans un contexte de tendance baissière observée depuis la libéralisation du change.

Ainsi, la CBN a annoncé la vente de 20 000 USD à chaque bureau de change (BDC) éligible à un taux de 1 590 NGN/USD. Les BDC sont autorisés à vendre ces devises aux utilisateurs éligibles avec un marge maximum de 1 % par rapport au taux d’achat auprès de la CBN. Cette décision devrait permettre d’accroître la liquidité des devises et ainsi réduire les tensions baissières portant sur le naira. Si la CBN vend des devises aux BDC pour la deuxième fois ce mois-ci, cela représente la sixième vente de l’année. Début septembre, le taux était à 1 580 NGN/USD, tandis qu’il était à 1 301 NGN/USD en février, soit une baisse de 21,4 %.  

320 M USD d’investissement de la Chambre de commerce américaine pour soutenir les prêts hypothécaires et les PME

La Chambre de commerce américaine s’engage à consacrer 320 M USD au Nigéria, dont 200 M USD pour le refinancement hypothécaire, afin de faciliter l’accès à la propriété et améliorer les conditions de crédit pour la population. Le Nigéria fait face à un besoin de financement massif dans le secteur des prêts hypothécaires, entre 40 Md USD et 53 Md USD étant nécessaire pour combler le manque de logements. En 2023, le déficit de logements était estimé à 28 millions, en nette augmentation (+65 %) depuis les 17 millions enregistrés en 2021. Les taux d’intérêts élevés, souvent proches de 25 %, rendent le système de prêts hypothécaires contraignant, excluant ainsi une grande partie de la population.

En outre, 100 M USD du financement américain seront alloués aux petites et moyennes entreprises (PME), avec une attention particulière pour l’autonomisation des femmes entrepreneures. Ce financement vise à revitaliser les PME, qui représentent 90 % des entreprises du pays, contribuent à près de 50 % du PIB, et selon le Bureau national des statistiques (NBS) et PwC emploient plus de 80 % des salariés du secteur formel.

Le reste des fonds (20 M USD) sera investi dans la transformation des noix de cajou via la société singapourienne Robust International, dans le but de renforcer la chaîne de valeur de cette filière.

ExxonMobil compte investir 10 Md USD pour ses opérations offshores au Nigéria

ExxonMobil propose d’investir 10 Md USD dans ses opérations offshore au Nigéria, principalement pour le projet d’envergure en eaux profondes d’Owo, annonce que le gouvernement a accueilli favorablement. L’entreprise américaine prévoit d’investir 2,5 Md USD par an, dont 1,0 Md USD dans la maintenance et 1,5 Md USD pour augmenter sa production de 50 000 barils par jour (bpj). L’entreprise confirme la vente de ses actifs onshore à Seplat Energy, pour 1,3 Md USD.

Malgré l’adoption en 2021 de la loi sur l’industrie pétrolière (Petroleum Industry Act) visant à atténuer les incertitudes réglementaires et à attirer les investissements à travers des accords fiscaux favorables, le Nigéria, continue de subir les conséquences de l’insécurité dans le pays (vols, sabotages). Selon l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), la production de pétrole nigériane a diminué de 3,9 % au deuxième trimestre 2024, atteignant 1,36 mbpj, comparé à 1,47 mbpj au premier trimestre 2024.

 

Ghana

Nouvel excédent commercial pour le Ghana au deuxième trimestre 2024

D'après le Service statistique du Ghana (GSS), la valeur totale des échanges commerciaux du Ghana au deuxième trimestre 2024 s’élève à 123 Md GHS (7,8 M USD). Les exportations totalisent 64,2 Md GHS (4,07 M USD) et les importations 58,8 Md GHS (3,7 M USD), générant un excédent commercial de 5,4 Md GHS (0,3 M USD) au deuxième trimestre. Cet excédent est en baisse par rapport aux 11 Md GHS (0,7 USD) enregistrés au premier trimestre en raison d’une hausse relativement plus importante des importations en valeur, mais marque une amélioration par rapport à un déficit de 3,1 Md GHS (0,2 M USD) enregistré au deuxième trimestre 2023.

Au deuxième trimestre 2024, les exportations du Ghana sont toujours dominées par l’or (57,6 % des exportations totales), suivi par le pétrole brut (19,6 %), tandis que les fèves de cacao et produits à base de cacao enregistrent une baisse de 3 points en une année en raison des mauvaises conditions météorologiques et représentent désormais 6,1 % des exportations. Les Émirats arabes unis (23,3 %), la Suisse (20,5 %) et l’Afrique du Sud (12,9 %) sont les principales destinations des exportations ghanéennes.

Concernant les importations, les produits pétroliers raffinés, le gazole et l’essence représentent un quart de la valeur totale des importations au deuxième trimestre 2024. La Chine demeure le principal fournisseur du Ghana (20,9 % des importations), suivie par les Émirats arabes unis (15,4 %) et le Royaume-Uni (8,8 %).

Déficit de 1,8 millions de logements au Ghana

Le Ghana est confronté à un déficit de 1,8 millions de logements sur plus de 8,3 millions de foyers. Ce manque serait dû à un marché national du financement hypothécaire immobilier presque inexistant, ne représentant que 1 % du PIB selon Patrick Ebo Bonful, président de l’Association des promoteurs immobiliers du Ghana (GREDA).

Parmi les causes identifiées figurent les taux d’intérêt élevés sur les prêts immobiliers, expliqués par la politique monétaire restrictive de la Banque du Ghana avec un taux directeur s’élevant à 29 % rendant le financement dont le financement hypothécaire inaccessible pour les demandeurs.

De plus, la hausse des prix des matières premières et le coût élevé de la construction entravent la production de logements abordables sur le marché. Le secteur immobilier ghanéen importerait plus de 70 % des matériaux de construction, le rendant ainsi particulièrement vulnérable aux fluctuations du taux de change.