Brèves de l'ASEAN semaine 37 (2024)
Région
L’ASEAN, nouveau marché clé pour le charbon alors que la Chine s’approche de son pic de consommation
Selon un article de Reuters publié à la suite de la Coaltrans Asia Conference qui s’est tenue du 8 au 10 septembre à Bali, les pays d'Asie du Sud-Est, comme le Vietnam et les Philippines, devraient accroître leur marché et leur consommation de charbon ces dix prochaines années, alors que la demande chinoise approche de son pic. Selon l'Association indonésienne des mineurs de charbon (ICMA), les importations de charbon par la Chine et l'Inde devraient en effet culminer en 2025. En revanche, les importations de charbon en Asie du Sud-Est devraient continuer à croître de 3 % par an, atteignant 170,9 millions de tonnes en 2030. Le Vietnam apparaît comme un marché clé pour la production d'électricité à partir du charbon – avec des importations prévues en 2024 (66 Mi de tonnes) déjà bien supérieures à celles en 2023 (47,8 Mi de tonnes selon Kpler). Les Philippines et la Malaisie voient également leur demande de charbon augmenter. Dans ce contexte, les pays d'Asie du Sud-Est, bien qu’ils ne construisent pas de nouvelles centrales à charbon, augmentent considérablement l’utilisation des infrastructures existantes pour répondre à leur demande énergétique croissante. En Indonésie, par exemple, le faible âge moyen des capacités de production suggère que ces infrastructures resteront fortement sollicitées, notamment pour soutenir le développement de l’industrie des véhicules électriques.
Potentiel de hausse des marchés régionaux selon l’orientation monétaire de la Fed
Selon Bloomberg, les actions d’Asie du Sud-Est sont désormais une cible privilégiée pour les gestionnaires de fonds, qui anticipent un changement de politique de la Réserve fédérale des États-Unis (Fed). Ce mois-ci, quatre des cinq indices boursiers asiatiques les plus performants proviennent de la région, la Thaïlande en tête. L'indice MSCI Asean a atteint son plus haut niveau depuis avril 2022, stimulé par des investissements étrangers croissants et des politiques locales favorables. Cet engouement est renforcé par des valorisations attractives, notamment dans les secteurs de matières premières en Indonésie et des technologies en Malaisie, où les investisseurs étrangers commencent à se positionner. De plus, les initiatives fiscales et les politiques incitatives en Indonésie, Thaïlande et Malaisie renforcent la confiance des investisseurs. Grâce, entre autres, à une forte représentation des secteurs sensibles aux taux d’intérêt, comme les banques et l’immobilier, l’indice MSCI Asean surpasse l’indice MSCI Asie-Pacifique depuis juillet.
Indonésie
Excédent commercial en baisse en juillet
En juillet, l'Indonésie a enregistré un excédent commercial de 470 M USD, en diminution par rapport aux 2,4 Md USD enregistrés en juin (-80,3 % en g.m.) et aux 1,3 Md USD de juillet 2023. Cet excédent est principalement porté par un surplus de 2,6 Md USD dans le commerce non lié au pétrole et au gaz. De manière générale, les exportations ont progressé de 6,6 % entre juin et juillet 2024, atteignant 22,2 Md USD, portées par le secteur minier, tandis que les importations se sont établies à 21,7 Md USD (+ 17,8 % en g.m.). L’Indonésie enregistre ses plus importants excédents avec les États Unis (1,3 Md USD) et l'Inde (1,2 Md USD) tandis qu’elle enregistre un déficit commercial de 1,7 Md USD avec la Chine.
Augmentation des réserves de change en août
En août, les réserves officielles de l'Indonésie ont atteint 150,2 Md USD, en hausse par rapport aux 145,4 Md USD de juillet. Cette augmentation est due, entre autres, à l’entrée de recettes fiscales, aux exportations de pétrole et de gaz, ainsi qu'aux emprunts extérieurs du gouvernement. Ce niveau de réserves équivaut à 6,7 mois d'importations, bien au-dessus de la norme internationale de trois mois.
Début des travaux pour la ligne est-ouest du métro (MRT) Jakarta
La construction de la ligne est-ouest du MRT Jakarta, de 24,5 km, a commencé et reliera Tomang dans l'ouest de Jakarta, à Medan Satria, à Bekasi, dans la province de Java Ouest. Cette première phase, qui devrait être terminée en 2031, s’inscrit dans le cadre d’un projet plus vaste pour une ligne de 87 km. Elle est financée par un prêt de 140,7 Md JPY (soit 983,5 M USD) de la Banque asiatique de développement et de l’agence japonaise de développement JICA, avec un taux d'intérêt de 0,3 % sur 40 ans. Cette nouvelle ligne sera construite parallèlement à la phase 2A de la ligne nord-sud du MRT Jakarta, qui doit être achevée d'ici 2027. Le MRT Jakarta a déjà transporté 120 millions de passagers depuis 2021.
Malaisie
Accélération de la production manufacturière en juillet tirée par les exportations
La valeur de l’indice de production industrielle (IPI) a augmenté de 5,4 % en juillet en g.a. (après 4,9 % en juin), avec des hausses de 8,0 % pour les industries manufacturières et de 7,1% pour la génération d’électricité, en g.a. (après 5,1 % et 3,4 % en g.a.). Le secteur électronique en particulier enregistre une progression de 5,0 % en g.a.. Les activités d’extraction d’hydrocarbures sont quant à elles en retrait (-5,0 % en juillet contre +4,8 % en juin, en g.a.).
L’amélioration de la production manufacturière s’explique pour partie par le bond des exportations de 12,3 % en g.a. enregistré en juillet. L’excédent commercial a néanmoins continué à se réduire fortement (-62,9 % en g.a. en juillet) en raison de la croissance soutenue des importations (+25,4 % en g.a.).
Croissance de près de 18 % des investissements étrangers approuvés au premier semestre
Le montant total des projets d’investissements étrangers approuvés par les autorités malaisiennes a augmenté de 17,9 % au 1er semestre en g.a., s’établissant à 15,8 Mds USD. Ces derniers concernent principalement le secteur manufacturier (63,8 % du montant) et celui des services (35,8 %). Les principaux pays d’origine sont l’Autriche (40,3 % du montant), Singapour (22,1 %), la Chine (13,1 %), les Pays Bas (5,4 %) et Taïwan (3,2 %). L’Autriche sert de relais à l’investissement de 6,4 Mds USD annoncé en août 2023 par la société allemande Infineon pour augmenter les capacités de son usine de semiconducteurs située à Kulim, dans l’Etat de Kedah.
Actualisation du schéma directeur pour les partenariats publics privés
Un nouveau schéma directeur pour les partenariats publics privés (« Public Private Partnership Master Plan 2030 ») pour la période 2025-2030 a été présenté le 9 septembre. Il s’applique aux projets d’un montant minimum de 11,5 M USD et d’une durée supérieure à 7 ans. De nouveaux modèles de PPP sont introduits, autorisant notamment l’utilisation de fonds de placement immobiliers ou de fiducies commerciales (« Business Trust ») pour le financement des projets. Il est par ailleurs prévu la création d’un fonds PPP auquel l’Etat apportera une dotation initiale dont le montant devrait être communiqué lors de la présentation du budget pour 2025 prévue le 18 octobre.
En termes de gouvernance, il est instauré un point d’entrée unique pour la détermination des modalités de réalisation des projets, ceux susceptibles de bénéficier d’un financement de l’Etat fédéral étant ensuite examinés par un comité présidé par le ministre de l’Économie. Le département Partenariats publics-privés, qui dépend du Premier ministre, demeure chargé de la coordination et de l’évaluation des PPP. La durée d’analyse des projets devant faire l’objet d’appels d’offres et de négociation des contrats correspondants serait réduite de 73 à 52 semaines.
Sur la période 1983-2023, un total de 508 projets ont été développés en PPP en Malaisie. Le schéma directeur 2025-2030 doit permettre de générer 18 Mds USD d’investissements privés et de créer 900 000 emplois d’ici 2030.
Singapour
Révision à la hause des prévisions des économistes
Selon l’enquête trimestrielle de l'Autorité monétaire de Singapour (MAS) auprès des prévisionnistes, publiée le 11 septembre, les prévisions de croissance pour 2024 sont rehaussées à 2,6 %, contre 2,4 % précédemment. Cette progression devrait être soutenue par les secteurs de la finance, de la construction, ainsi que du commerce de gros et de détail. En revanche, les prévisions pour le secteur manufacturier sont réduites à 0,6 %, et celles des exportations domestiques non pétrolières à 3 %. La consommation intérieure devrait augmenter de 5,5 %. Les prévisions d'inflation sont abaissées à 2,6 %. Parmi les principaux risques figurent le ralentissement économique mondial et les tensions géopolitiques, bien qu’une hausse de la demande externe pourrait venir soutenir l'économie.
Singapour, premier de la région en termes d’adoption des véhicules électriques d’ici 2040
Selon un rapport de BloombergNEF, Singapour devrait devenir le leader des véhicules électriques (VE) en Asie du Sud-Est d'ici 2040, avec 80 % de son parc automobile entièrement électrique, bien au-dessus de la moyenne régionale de 24 %. En 2023, les ventes de VE à Singapour représentaient 19 % des véhicules, un chiffre qui a atteint 32 % début 2024. De plus, Singapour dispose du réseau de bornes de recharge publiques le plus dense de la région, avec une borne pour trois VE, contre une pour 16 en Thaïlande. La baisse continue des prix des batteries, qui ont chuté de 90 % entre 2010 et 2023, rend les VE de plus en plus compétitifs face aux véhicules thermiques.
Aéroport de Changi : début de la construction d’un nouveau terminal de grande envergure en 2025
Classé parmi les meilleurs au monde, l'aéroport de Changi à Singapour débutera la construction de son nouveau Terminal 5 en 2025 pour faire face à la concurrence croissante en Asie et au Moyen-Orient. Ce terminal, prévu depuis plus d’une décennie, augmentera la capacité de l'aéroport de 50 millions de passagers supplémentaires par an, portant le total à 140 millions et reliant plus de 200 destinations. Alors que Changi vise une ouverture du Terminal 5 vers le milieu des années 2030, les aéroports de Séoul, Hong Kong et Bangkok achèvent déjà leurs propres expansions, augmentant leur capacité annuelle à plus de 100 millions de passagers avec des investissements combinés de plus de 36 milliards de dollars. La demande croissante en transport aérien en Asie est alimentée par l’essor des classes moyennes dans la région.
Baisse des achats de cryptos dans un contexte de ventes massives et de durcissement réglementaire
Selon un sondage commandé par la plateforme américaine Gemini, l'intérêt pour les cryptomonnaies semble avoir diminué chez les investisseurs singapouriens, comparé à leurs homologues occidentaux, en raison de la volatilité des marchés et du durcissement réglementaire. La proportion de propriétaires de cryptomonnaies à Singapour est passée de 30 % en 2022 à 26 % en 2024, alors qu'aux États-Unis et en France les chiffres ont légèrement augmenté, passant respectivement de 20 % à 21 % et de 16 % à 18 %. L'enquête révèle également que 43 % des Singapouriens ont vendu leurs investissements en cryptomonnaies l'année dernière, souvent en raison de pertes financières.
Vietnam
Résultats économiques des huit premiers mois 2024
L’indice de la production industrielle (IPI) a enregistré une hausse de 8,6 % sur les 8 premiers mois de l’année en glissement annuel (g.a.) et les ventes au détail de marchandises et de services de 8,5 %. Sur les 8 premiers mois, les échanges commerciaux du Vietnam ont atteint 511,1 Md USD, en hausse de 16,7 % en g.a. La balance commerciale a été excédentaire de 19,1 Md USD avec 265 Md USD d’exportations, en hausse de 15,8 % en g.a. et 246 Md USD d’importations, en hausse de 17,7 %. Le taux d’inflation a augmenté en août pour atteindre 3,5 % en g.a., soit +4,1% sur les 8 mois. Le total des entrées d’IDE a atteint 20,5 Md USD sur les 8 premiers mois, en hausse de 7 % en g.a. Les IDE décaissés ont atteint 14,2 Md USD, soit une hausse de 8 % en g.a.
Typhon Yagi : premier bilan dévastateur pour le plus puissant typhon depuis 30 ans
À la suite du passage du typhon Yagi sur le Vietnam le 7 septembre et de ses suites, les dégâts continuent de s’accumuler alors que de fortes crues et inondations touchent encore les provinces du nord. Bien qu’il soit encore trop tôt pour évaluer les effets économiques finaux, ceux-ci s’annoncent déjà désastreux pour l’agriculture, les zones touchées produisant 18 % du riz, 26 % des légumes et 20 % de l’aquaculture du pays. Un impact immédiat a été observé sur les prix alimentaires avec une augmentation de 5 à 30 % du prix des légumes dans les marchés de Hanoi et dans le nord Vietnam. De nombreuses zones industrielles (Bac Giang, Thai Nguyen) ont été touchées, sans que soient encore communiquée l’ampleur des dommages pour les groupes internationaux établis (Samsung, Apple). Le 11 septembre, bien que la majorité des dégâts sur les lignes à haute tension aient été réparés, 1,1 million de clients restait encore sans électricité selon la compagnie nationale EVN. Le ministère des Finances a appelé les compagnies d’assurance à rembourser promptement les dégâts causés par le typhon, qui ont touché des habitations ainsi que de nombreuses infrastructures publiques.
Hausse des recettes budgétaires provenant de l’import-export
Selon les Douanes vietnamiennes, au cours des 8 premiers mois de 2024, ces recettes budgétaires (droits de douanes, taxes à l’exportation sur certains produits…) ont atteint 11,1 Md USD, en hausse de 13,1 % en glissement annuel grâce notamment à la croissance des importations (+17,7 % en g.a.). Ce montant représente 73,1 % de l’objectif annuel fixé par le Gouvernement.
Thaïlande
Déclaration de politique générale du nouveau gouvernement : continuité des priorités et des politiques économiques
Le 12 septembre 2024, la nouvelle Première ministre (PM) Paetongtarn Shinawatra a présenté sa déclaration de politique générale, soulignant les principaux défis économiques et sociaux de la Thaïlande. Parmi les défis urgents à relever, ont été mentionnés : l'endettement des ménages, atteignant plus de 90 % du PIB ; le vieillissement rapide de la population ; les difficultés rencontrées par les PME. Pour répondre à ces défis, la PM souhaite poursuivre dans la lignée du gouvernement précédent en matière économique. Le gouvernement se concentrera ainsi à court terme sur la restructuration des dettes des ménages et des PME, la réduction des coûts énergétiques, le soutien aux industries traditionnelles et à l'économie numérique. En matière de transformation industrielle, le souhait d’accélérer la transition vers des véhicules électriques est confirmé, en attirant des investissements étrangers dans ce secteur. La modernisation des infrastructures de transport et numériques sera également une priorité, et la PM a confirmé les projets de modernisation des aéroports provinciaux ainsi que le mégaprojet du Land Bridge. La réforme fiscale entend permettre l’intégration du secteur informel dans le système fiscal, la redistribution des revenus notamment via la mise en place d’un crédit d’impôt pour les bas revenus non imposables (negative income tax) et une meilleure gestion de la dette publique. Le gouvernement mettra aussi en place des mesures pour soutenir l’innovation dans les secteurs de l’économie verte, du numérique, et du bien-être. En matière de politique environnementale, la modernisation de l'agriculture et la lutte contre le changement climatique seront également au programme. À l’annonce des membres du nouveau gouvernement, les actions thaïlandaises ont enregistré leur plus forte hausse depuis mars 2024, l'indice de la Bourse de Thaïlande (SET) grimpant de 2,8 % pour clôturer à 1 404,3 points, porté par un volume de transactions élevé de 2,4 Mds USD (81,7 Mds THB). Le baht a également connu une hausse de 1,5 % face au dollar, atteignant son plus haut niveau depuis mai 2023, à 33,7 THB pour 1 USD. Les investisseurs semblent ainsi optimistes suite à la nomination de Paetongtarn Shinawatra et à l’annonce d’un cabinet dans la continuité du précédent, avec notamment peu de changements pour les portefeuilles économiques et sectoriels.
Secteur des logiciels : croissance de 12,8% en 2023, propulsée par les investissements dans les technologies de pointe
Selon une étude conjointe de la Digital Economy Promotion Agency (Depa) et de l'IMC Institute, le secteur des logiciels thaïlandais a enregistré une croissance de 12,8 %, en 2023, atteignant une valeur de 6,4 Mds USD (215 Mds THB). Cette expansion est principalement due à l'investissement dans les technologies avancées telles que l'intelligence artificielle (IA), l'analyse de données, le cloud computing et la cybersécurité. L’étude estime que le secteur devrait croître en Thaïlande de 9 à 10 % entre 2024 et 2026. En 2023, le secteur des services numériques a également progressé de 9,3 % pour atteindre 9,1 Mds USD (308 Mds THB), tandis que le secteur du matériel et des appareils intelligents a connu une légère hausse de 1,8 % à 45 M USD (1,5 Md THB). En 2023, la valeur des logiciels produits en Thaïlande s’élevait à 4,7 Mds USD (159 Mds THB), témoignant ainsi d’une hausse de 14,9% par rapport à l’année précédente. Les exportations de logiciels ont baissé de 1,6 % (72 M USD soit 2,4 Mds THB), tandis que les importations ont augmenté de 7,5 % à (1,6 Md USD soit 53,3 Mds THB). Par ailleurs, les importations de matériel et d'appareils intelligents ont crû de 5,9 % (13,8 Mds USD, soit 464 Mds THB), tandis que les exportations pour ce secteur ont légèrement diminué de 0,07 % (29,5 Mds USD, soit 993 Mds THB).
Philippines
Air France relance sa ligne directe Paris - Manille
Air France a annoncé l'ouverture d'une ligne directe entre Paris et Manille à partir du 7 décembre 2024, opérant trois vols par semaine. Cette ligne va permettre de reconnecter les Philippines et la France vingt ans après le dernier vol direct, tout en mettant fin à une anomalie qui fait des Philippines le seul grand pays de l’ASEAN sans connexion directe avec l’Union européenne. Elle permet à la France de se positionner comme une porte d’entrée sur les Philippines dont le rôle de hub aérien régional devrait se consolider dans les prochaines années avec la construction de deux nouveaux aéroports à Manille pour une capacité supplémentaire de 150 millions de passagers d’ici dix ans. Cette nouvelle ligne pourrait bénéficier du potentiel de croissance attendue des flux philippins vers ou depuis l’Europe estimés annuellement à +4,1 % d’ici 2042, soit 3 millions de voyageurs supplémentaires. Cette connexion devrait ainsi renforcer les échanges économiques, touristiques, et commerciaux entre l’Europe et les Philippines au moment où les négociations pour un accord de libre-échange reprennent.
Renforcement des investissements des entreprises chinoises dans les ZES philippines avec 80 M USD de nouveaux engagements
La Philippine Economic Zone Authority (PEZA) a annoncé que six entreprises chinoises déjà implantées dans ses zones économiques spéciales (ZES) se sont engagées à investir 4,5 Md PHP (80,1 M USD) d'ici fin 2024 pour développer et moderniser leurs sites de production. Parmi ces engagements, C&U, le plus grand producteur de roulements chinois, investira 48,4 M USD ; Huading, fabricant de quartz et de pierre artificielle, 17,8 M USD ; et Bocheng, spécialisé dans le plastique, 12,4 M USD. Pour rappel, les investissements directs étrangers chinois ont atteint 48 M USD au premier semestre 2024, soit le triple des montants investis durant la même période en 2023. Par ailleurs, ces nouveaux engagements représentent 65 % des 122,9 M USD investis par la Chine au second semestre 2023. À ce jour, 189 entreprises chinoises opèrent dans les ZES de la PEZA, avec des investissements cumulés de 842,3 Md USD et générant 46 500 emplois.
Cambodge
De l’électricité, encore de l’électricité, toujours de l’électricité
Cette semaine, de passage en Chine, SUN Chanthol, vice-premier ministre cambodgien, a fait savoir aux investisseurs chinois les besoins énergétiques croissants du Cambodge. Pour rappel, le Cambodge a drastiquement amélioré son réseau électrique depuis le début des années 2000, au point que maintenant la presque totalité des villages sont électrifiés (99 %), alors que ce chiffre n’était que de 25,3 % en 2004. Cet effort, a été en partie possible grâce à l’expertise de nombreuses entreprises françaises, dont EDF, qui a contribué à la modernisation du contrôle/pilotage du réseau cambodgien. Aujourd’hui, le Cambodge a une capacité de production de 4 GW. Avec ses projets d’électrification des transports et de neutralité carbone, la demande d’électricité pour 2040 nécessitera environ 10 GW de capacités. De ce fait, le pays fait de plus en plus appel à des investisseurs étrangers. Pour mémoire, Electricité du Cambodge n’assure aucune production, qui est déléguée à 28 producteurs indépendants. C’est ainsi que, le 6 septembre, le Japon a approuvé un prêt très bonifié de 55 M USD au Cambodge pour l’entretien et l’amélioration du réseau électrique de Phnom Penh.
À huit mois, rien de nouveau
Les échanges extérieurs du Cambodge ont atteint 36,5 Md USD entre janvier et août 2024 - soit une hausse de 16,5 % par rapport à la même période en 2023, d’après les dernières données de la douane cambodgienne. Les exportations cambodgiennes ont augmenté de 16,7 % à 17,6 Md USD et les importations de 16,2 % à 18,9 Md USD. La balance commerciale s’est dégradée à -1,3 Md USD contre -588 M USD pour la même période de 2023. Comme pour 2023, la majorité des exportations est destinée aux Etats-Unis, à l’UE et au Vietnam (12,1 Md USD), à noter que parmi les 3, ce sont les ventes vers le Vietnam ont connu la plus forte croissance (+39 % comparé à 2023 ou 2,5 Md USD). Les produits exportés sont essentiellement composés de vêtements (+25 %, 7,6 Md USD), d’équipements électriques (-38 %, 1,4 Md USD) et d’articles en cuir (+27 %, 1,4 Md USD), même tendance qu’en 2023. Les importations cambodgiennes proviennent toujours essentiellement de Chine, du Vietnam et de Thaïlande (14 Md USD). À noter que les importations envers la Chine ont augmenté plus rapidement que pour celles de ses autres voisins (+25 %, 9 Md USD). Comme pour 2023, le Cambodge importe majoritairement des hydrocarbures (+17 %, 2,7 Md USD), des intrants textiles (+17 %, 2,1 Md USD) et des équipements électriques (+30 %, 1,3 Md USD). Le déficit commercial pourrait donc s’aggraver en 2024, dans une dynamique classique où les exportations sont tournées vers l’Amérique ainsi que l’UE, et les importations dominées par la Chine.
Plus de manufacturiers pneumatiques, plus de demande de caoutchouc local ?
Deux nouvelles usines chinoises de pneumatiques seront implantées au Cambodge, pour un investissement total de près de 700 M USD. Elles seront situées dans les provinces de Kratie (au nord-est du Cambodge) et de Svay Rieng (à la frontière avec le Vietnam). Le pays espère que ces deux projets créeront 35 000 emplois, mais aussi contribueront à soutenir la production locale. Actuellement, trois usines de pneumatiques sont en activité dans le pays. Elles importent du caoutchouc naturel de pays voisins pour alimenter leurs chaînes de production. En effet, les qualités locales ne correspondent pas toujours aux besoins des manufacturiers installés au Cambodge. Le défi posé à la filière du caoutchouc est simple : produire du caoutchouc d’une qualité stable et le valoriser, plutôt que de l’exporter brut vers le Vietnam, en particulier, pour le réimporter transformé. Selon la douane cambodgienne, les exportations cambodgiennes de produits en caoutchouc ont atteint 919 M USD en 2023, dont 528 M USD de caoutchouc naturel et 380,7 M USD de pneumatiques.
Laos
Forte inflation et bas salaire, moteurs de l’émigration
Selon la dernière enquête sur les ménages conduite par la Banque mondiale au Laos (mai-juin 2024), ce sont d’abord les niveaux bas des salaires et élevés de l’inflation qui poussent de nombreux Laotiens à quitter le Laos pour de meilleurs rivages. Il faut dire que les salaires n’ont guère progressé (+8 % en 2024) et que l’inflation, même en très légère baisse en août, est toujours supérieure à 24 %. Et il y aurait aujourd’hui plus d’émigrés économiques laotiens en Thaïlande qu’avant la pandémie ; c’était alors 400 000 personnes qui avaient traversé le Mékong. Au Laos même, les travailleurs quittent le secteur des services – tourisme compris –, pour l’agriculture, l’industrie voire la création de leur propre emploi. Dans le même temps, les ménages accroissent leur production domestique et nombre d’entre eux bénéficient des transferts reçus de ceux qui ont passé les frontières.
Tirer la croissance par le tourisme ?
Le tourisme, important moteur de la croissance laotienne avant la pandémie, peine à revenir à ses niveaux d’avant crise. Toutefois, la reprise se poursuit : au cours des 7 premiers mois de l’année, ce sont 2,3 millions de touristes internationaux qui ont visité le Laos. C’est une progression de 18 % par rapport à 2023. Et ces touristes ont rapporté 700 M USD de recettes. Pour mémoire, en 2019, le Laos en avait accueilli 4,8 millions pour près de 1 Md USD. Le compte n’y est donc pas totalement. Alors que les autorités favorisent autant qu’elles le peuvent la reprise de vols, comme vis-à-vis de la Corée dernièrement, le secteur continue de souffrir de graves problèmes de ressources humaines. Outre les difficultés à trouver du personnel, ces derniers sont bien souvent insuffisamment formés. Et si l’exemption de visas pour un certain nombre de nationalités – prolongée jusqu’en fin d’année –, dont la France, est utile, la mesure ne suffira sans doute pas à corriger ces difficultés.
Birmanie
Sortie de groupes thaïlandais sortent du pays face aux difficultés grandissantes de l’économie birmane
En raison de la détérioration de la situation économique et des conflits persistants en Birmanie, l’entreprise thaïlandaise Siam Cement Group (SCG) a suspendu les opérations de deux usines dans lesquelles elle avait investi plus de 240 M USD, et a mis un terme à tout projet d'expansion pour les deux prochaines années. De même, le géant des boissons Osotspa Plc (OSP), dans sa stratégie visant à renforcer son activité principale, a vendu ses investissements dans deux filiales, Myanmar Golden Eagle et Myanmar Golden Glass, pour un montant de 4 M USD. Les analystes estiment cependant que Osotspa perdra environ 24 M USD de revenus en raison de la vente de ces deux sociétés, qui fabriquent des bouteilles en verre. TPBI Public Co Ltd, fabricant de produits d'emballage en plastique, a décidé de clôturer les comptes liés à sa filiale TPBI & Myanmar Star Co Ltd et avait interrompu ses activités en raison de l'incertitude économique dans le pays. Cependant, certaines entreprises thaïlandaises ne se retirent pas du pays et ont même annoncé une croissance de leurs revenus, comme Thai Beverage Plc, qui a acheté 75 % des parts du groupe birman Grand Royal, le plus grand fabricant de whisky en Birmanie, et qui a également investi près de 15 M THB dans une usine de fabrication de bière.
Poursuite de la coopération russo-birmane dans le domaine de la production d’engrais
Lors du Forum économique oriental en Russie, un protocole de coopération (MOC) a été signé entre la Birmanie et la Fondation Roscongress de Russie. Cette signature, dans une première étape, vise à la production d’engrais pour pulvérisation foliaire par 2 ministères birmans, le ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de l’Irrigation et le ministère des Coopératives et du Développement rural, et la fondation RC-Investment de Russie. La deuxième étape implique un accord entre les deux gouvernements pour construire une usine d’engrais naturels dans la zone de Nay Pyi Taw (capitale administrative, centre du pays). Pour rappel, les deux signataires ont discuté en novembre 2023 pour sélectionner 5 sites pour la construction d’usines d’engrais dans le pays. Cette première initiative devrait permettre de réduire la dépendance de la Birmanie vis-à-vis de ses voisins pour ses approvisionnements en engrais (80% de l’engrais consommé est importé de Chine, de Thaïlande et de Malaisie). Le dernier rapport « Myanmar Economic Monitor » de la Banque mondiale en juin dernier, soulignait la forte dépendance de la productivité du secteur agricole birman et du revenu des agriculteurs vis-à-vis des engrais chimiques importés.