La Belgique réduit son empreinte énergétique en 2023
En 2023, la consommation finale d’énergie en Belgique s’est élevée à 36,4 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep), en diminution de 1,2 % par rapport à 2022, selon le Belgian Energy Data Overview du ministère de l’économie et de l’énergie (juillet 2024). Cela établit un plus bas depuis 1995, en partie du fait des conséquences de la guerre en Ukraine sur les habitudes de consommation des ménages et de l’industrie.
La consommation énergétique de la Belgique est au plus bas depuis 1995.
La consommation finale d’énergie[1] a encore légèrement baissé en Belgique en 2023, confirmant une tendance déjà observée en 2022. En 2023, selon le dernier Belgian Energy Data Overview (BEDO), les utilisateurs finaux belges – ménages, clients industriels et agriculteurs – ont consommé 36,4 Mtep[2] contre 36,8 Mtep en 2022 (-1,2%), soit le plus bas niveau enregistré depuis 1995. Cela reflète en partie les conséquences de la guerre en Ukraine sur les habitudes de consommation, à la baisse, en particulier de gaz naturel (9 Mtep, -2,0%) et d’électricité (6,3 Mtep, -2,9%), dont les prix sont restés élevés en 2023 (en moyenne, 10,7 c€/kWh pour le gaz naturel et 40,6 c€/kWh pour l’électricité) – cf. annexe 1
Sur le plan sectoriel, la consommation finale du secteur des transports a égalé pour la première fois celle de l’industrie. En 2023, la consommation finale d’énergie du secteur des transports s’est établie en hausse de 2,4% par rapport à 2022, à 8,9 Mtep (24,5% du total), principalement du fait du transport de marchandises (30,9% de la consommation) et du transport de voyageurs (52,8%), toujours fortement dépendants des produits pétroliers (87,4%), même si la part des énergies renouvelables[1] (11,8%) augmente progressivement. Le secteur des transports fait jeu égal avec l’industrie, dont la consommation d’énergie (8,9 Mtep) a continué de baisser en 2023 (-5,6% ; -15,5% depuis 2021), signalant à la fois l’impact des mesures prises pour améliorer l’efficacité énergétique et les conséquences de l’environnement international. La consommation industrielle repose sur le gaz naturel (37,4% des besoins), l’électricité (32,8%) et les produits pétroliers (13,1%). Les consommations dans les autres secteurs, notamment le secteur résidentiel (où le chauffage représente plus de 70% de la consommation), sont restées globalement stables – cf. annexe 4.
Avec l’arrêt de deux réacteurs nucléaires, la production d’énergie primaire et d’électricité se contractent, même si la capacité de production d’électricité augmente, portée par les ENR.
La production d’énergie primaire de la Belgique affiche une forte baisse de -15% en 2023, conséquence de l’arrêt de deux réacteurs nucléaires. La production totale d’énergie primaire de la Belgique s’est établie à 13,5 Mtep en 2023 (soit 27,5% de la demande d’énergie primaire, contre 30,4% en 2022) contre 15,9 Mtep en 2022, en baisse de 15,1%. Cette dernière s’explique par la chute de la production d’énergie nucléaire (‑25%), du fait de l’arrêt définitif des réacteurs de Doel 3 (septembre 2022) et Tihange 2 (janvier 2023), pour une capacité installée de 2,0 GW (sur un parc initial de 5,9 GW). Toutefois, la production d’énergie primaire à partir d’énergies et de combustibles renouvelables a augmenté, passant de 3,0 Mtep en 2014 (part de 24,7%) à 4,6 Mtep en 2023 (part de 33,9%) – cf. annexe 5. Cette augmentation est principalement due aux nouvelles installations de parcs éoliens et de panneaux solaires. Entre 2022 et 2023, la production éolienne, en particulier offshore, a fortement augmenté (+26,6 %) grâce à une hausse de la capacité de production installée (5,5 GW, contre 5,3 GW en 2022) combinée à des vitesses de vent élevées.
En 2023, la production brute d’électricité chute (-13,5 TWh), à hauteur de 82,5 TWh (-14%), en conséquence de la diminution de la production des installations nucléaires (-11,0 TWh), non compensée par la hausse de celle des installations d’énergies renouvelables (+2,6 TWh). Avec 27,4 TWh produits en 2023 (dont 15,6 TWh éolien et 7,3 TWh solaire), les ENR ont assuré le tiers (32,7%) de la production d’électricité contre 39,9% pour le nucléaire (45,7% en 2022). Par ailleurs, l’utilisation des produits pétroliers et des combustibles fossiles solides a fortement diminué (respectivement -47,7 % et -56,5 % depuis 2014), la dernière centrale électrique fonctionnant aux combustibles fossiles solides[2] ayant fermé ses portes en 2016. Toutefois, le gaz naturel représentait 21,4% des sources d’énergie de production d’électricité - cf. annexe 6.
En 2023, la capacité électrique installée de la Belgique s’établit à 27,6 GW, en hausse de 3,9%[3], malgré la réduction du parc nucléaire (3,9 GW en moyenne en 2023) – cf. annexe 7. Les capacités de production d’électricité à partir d’énergie solaire et d’énergie éolienne ont considérablement augmenté. Elles représentent aujourd’hui 14,2 GW, soit 51,3 % de la capacité électrique installée totale. La capacité éolienne en mer (offshore) s’élève à 2,3 GW et la nouvelle zone Princesse Elisabeth au large d’Ostende devrait accueillir entre 3,1 et 3,5 GW, à partir de 2027-2028. Enfin, environ 65% de la capacité solaire provient de petits panneaux solaires photovoltaïques de moins de 30 KW, installés principalement chez les ménages.
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La Belgique est le 7ème pays européen sur le plan de la consommation finale d’énergie, le consommateur belge comptant parmi les plus énergivores au sein de l’Union européenne. Les résultats de 2023 révèlent toutefois un retour à une certaine frugalité, qui pourrait dessiner une trajectoire pour les années à venir. C’est le sens du rapport du Bureau Fédéral du Plan sur les perspectives énergétiques de la Belgique à politique annoncée (mai 2024), même si ce dernier souligne que la réduction de la consommation ne sera pas suffisante pour permettre à la Belgique d’atteindre ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre à l’horizon 2050.
[1] Cela inclut l’énergie consommée à des fins non énergétiques (ex : la consommation de produits pétroliers pour la production de plastique), mais exclut l’énergie consommée par le secteur énergétique lui-même et l’énergie fournie pour les transports maritime et aérien internationaux.
[2] La consommation totale d’énergie primaire – qui mesure la demande totale en énergie du pays – s’est établie à 49,1 Mtep en 2023, en baisse de 6,2% par rapport à 2022, soit le plus bas niveau depuis 1990.
[3] Elles proviennent principalement des biocarburants mélangés dans les carburants (essence et diesel). Une part limitée d’électricité renouvelable est également utilisée dans les transports, majoritairement dans le transport ferroviaire et, de manière croissante, dans le transport routier.
[4] L’électricité encore produite à partir de ce groupe de combustibles provient de gaz manufacturés dans la sidérurgie et de petites centrales de cogénération multi-combustibles.