Pakistan - Veille hebdomadaire 23/08/2024
FMI - L’approbation du nouveau programme (Facilité élargie de crédit de 7 Mds USD) pas à l'ordre du jour du prochain Conseil d'administration du 28 août.
La presse émet plusieurs hypothèses possibles pour ce report :
- Le gouvernement pakistanais doit d’abord présenter au FMI une approche plus crédible de la capacité de remboursement des différents prêts qui arriveront à échéance au cours de l’année budgétaire 2025 (pour mémoire, 1er juillet au 30 juin), qui intègre notamment la dette vis-à-vis des IPP (sociétés indépendantes de production électrique) chinoises évaluée entre 9,5 et 14,5 Mds USD).
- Il faut que le Pakistan sécurise le « financing gap » de 3,5 Mds sur les dépôts que les EAU, l’Arabie saoudite et la Chine doivent effectuer auprès de la Banque centrale (State Bank of Pakistan -SBP).
- Les pratiques de blanchiment dénoncées par l’administration fiscale qui impliquent 5 banques établies au Pakistan (Askari Bank, Meezan bank, Faysal Bank, JS Bank et Dubai Islamic bank), mais aussi des opérations de blanchiment liées à l’achat de panneaux solaires doivent être abordées par le ministère des finances.
En 2023/2024, augmentation de 13% de la dette publique pakistanaise
A l’issue de l’exercice budgétaire 2024, la dette publique pakistanaise s’est élevée à 68 900 Mds PKR (source Banque centrale du Pakistan, State Bank of Pakistan -SBP-). La dette publique s’établissait à 130 Mds USD, dont 86 Mds USD de dette domestique et 44 Mds de dette externe. La dette avait augmenté de 1,7 % entre le mois de mai et le mois de juin 2024.
Le ratio de la dette externe du Pakistan par rapport au PIB est tombé à 26 % à la fin de l'exercice 2024, son plus bas niveau en six ans. La dette et le passif extérieurs ont atteint 130 Mds USD.
Baisse des emprunts du Trésor en juillet 2024
Le montant des bons du Trésor émis en juillet 2025 auprès des banques pakistanaises est en baisse de 78,37 % par rapport à juillet 2023 (145,34 Mds PKR contre 671 Mds PKR en juillet 2023). Cette baisse est en partie due à une raison technique (hausse des émissions d’emprunts en juin 2024 par rapport à juin 2023). Elle est attribuée par la SBP à la réduction des remboursements de la dette, à l'augmentation des emprunts en juin et à l’annonce d’une forte augmentation de collecte des impôts, associés à des dépenses plus prudentes sur l’année budgétaire 2025.
Dans ce contexte favorable, les réserves de change atteignent 9,27 Mds USD (un peu moins de trois mois d’importations), le cours de la roupie est stabilisé (277,27 PKR 70 = 1USD au 20/08/2024 ; 277,40 PKR = 1 USD au 20 juin 2024).
Diminution de 78% du déficit du compte courant en g.a. en juillet 2024, liée à l’augmentation des transferts de fonds des Pakistanais de l’étranger et des IDE.
La diminution de 78% du déficit du compte courant en juillet 2024 s’explique (i) par la forte progression des transferts de fonds des Pakistanais de l’étranger qui ont atteint 3 Mds USD en juillet 2024 (contre 2 Mds USD en juillet 2023). Les IDE ont augmenté de 64 % en g.a. en juillet 2024 pour atteindre 136,3 M USD. En revanche la situation est moins probante en matière de déficit de la balance commerciale : si les exportations augmentaient de 13 % en g.a pour atteindre 3 Mds, les importations pakistanaises augmentaient dans le même temps de 16 % pour s’établir à 4,8 Mds USD.
Progression modeste (+0,92%) de l’indice de la production des grandes industries sur l’exercice budgétaire 2024
La croissance globale de 0,92 % du LSMI (Large Scale Manufacturing Index) a été tirée par l’industrie pharmaceutique (+15,72 %), l’industrie des meubles (+ 14,96 %), les engrais (+11,58 %), le raffinage pétroliers (+9,81 %), la fabrication des produits en cuir (+5,66 %), l’industrie chimiques -hors engrais- (+5,26 %), les industries agro-alimentaires (+1,73 %),
À l'inverse, la baisse de l’indice de production textile (-5,23 %) est préoccupante - le secteur est l’activité économique majeure du pays-, il générait 8,5% du PIB en 2021/2022, rassemblait 35% de la main d’œuvre industrielle déclarée et représentait 75% des exportations du pays. Hors industries textiles, les principales baisses sectorielles de l’index étaient : l’assemblage des automobiles en CKD (-25,03 %), l’industrie du tabac (-23,01 %), les secteurs de l’électroniques et de l’optiques (-12,44 %), la production d’équipements électriques (-9,47 %), l’extraction de produits minéraux non métalliques (-5,31 %), la fabrication de boissons (-2,10 %), l’industrie du papier et du carton (-0,43 %).
On notera que l’index LSMI, publié tous les quatre mois par le bureau pakistanais des statistiques (PBS) pour l’année budgétaire 2024 a connu une croissance de +2,5% d’avril à juin 2024 (en février, le LSMI était en baisse de 0,51% en g.a. sur les huit premiers mois de l’année budgétaire).
Mouvements de protestation liés à la nouvelle politique fiscale
Les deux principales fédérations pakistanaises de commerçants (Central Organization of Traders et All Pakistan Anjuman-e-Tajiran) appellent au retrait de la généralisation de la TVA (GST) pakistanaise. La Chambre d'agriculture du Sindh a demandé au Premier ministre Shehbaz Sharif de revoir le doublement de la TVA (GST) sur les tracteurs qui est passée à 14% depuis le début de l’année fiscale 2025 (elle était à 10% depuis l’année budgétaire 2023 et à 5 % au cours de l’année budgétaire 2022.
Dégradation du réseau internet liée à l’installation d’un pare-feu national.
Depuis la fin du mois de juillet, la navigation sur internet a été jusqu'à 40% plus lente que la normale, les envois de documents, images et messages vocaux ont été perturbés pour des dizaines de millions d'utilisateurs de la messagerie WhatsApp. Le gouvernement a admis qu’il était en train d’installer un système de sécurité informatique qui permet de réguler le trafic internet et peut aussi être utilisé pour contrôler l'activité en ligne, notamment au niveau des réseaux sociaux. Le chef d’état-major de l’armée de terre indique à propos de la mise en place du pare-feu qu’il incombait à l'État de protéger le public des implications négatives des réseaux sociaux.
Un responsable du dossier au sein de l’administration indique que l’utilisation de VPN de la part de nombreux utilisateurs d’internet a pour effet de ralentir le trafic. Selon P@SHA, l'Association pakistanaise des entreprises de software, qui représente les compagnies de l'IT la dégradation de la bande passante au niveau national a entraîné en un mois pour 300 MUSD de pertes des sociétés de la tech.