Ainsi fonds, fonds, fonds... - Brèves Economiques de la Péninsule Arabique - Semaine du 22 au 26 juillet 2024
Toute l'actualité économique et financière hebdomadaire de l'Arabie Saoudite, du Bahreïn, des Emirats arabes unis, du Koweït, d'Oman, du Qatar et du Yémen....
Ainsi fonds, fonds, fonds
Pour beaucoup d'entre nous, l'été est déjà bien engagé et nous nous surprenons à faire le bilan, à mi-chemin, de nos réalisations. Soumettons les principaux acteurs financiers de la région à cet exercice : que retenir de l’activité des fonds souverains du CCEAG jusqu’ici ?
Au premier semestre 2024, le PIF, ADIA, Mubadala, QIA et ADQ ont investi 38,2 Mds USD dans 58 opérations différentes, parmi lesquelles on peut citer les suivantes :
Les engagements nationaux en matière de développement durable ont eu un impact significatif sur les priorités d'investissement. On observe ainsi une activité importante dans les investissements verts réalisés ce premier semestre. Et ces derniers comprennent notamment les investissements de Mubadala dans les énergies renouvelables australiennes, indiennes et japonaises.
En outre, les préoccupations géopolitiques continuent aussi largement de peser dans la balance. La plupart des fonds souverains du Golfe restent fortement investis aux États-Unis, tandis que la Chine représente une part beaucoup plus faible de leurs portefeuilles. Par exemple, 52 % des actifs d'ADIA se trouvent aux États-Unis, contre 5 % en Chine. Ces 5 % représentent l'allocation relative à la Chine la plus élevée parmi les fonds souverains du Golfe.
Certes, l’intérêt des fonds du Golfe pour l’Est est marqué : Mubadala a rouvert son bureau de Pékin en 2023 pour gérer sa joint-venture de 10 Mds USD avec SAFE et CDB, et ADQ a contribué à financer la participation de 3,3 Mds USD de CYVN (ADDoF) dans EV NIO. Toutefois, ils pourraient éviter de s’engager avec leurs partenaires chinois dans des secteurs sensibles et stratégiques avec tels que l'IA pour présenter des garanties à leurs alliés américains.
Allocations des fonds souverains du CCEAG
Adèle Grenaille, Adjointe au chef du service économique régional
Luidgy Gabriel Belair, Attaché macroéconomique et financier
Pétrole et gaz
Brent : 26/07/2024 à 12h00 GST : 82,4 USD/Bbl
Les prix ont chuté de plus de 3 dollars cette semaine, affaiblis par les mauvaises perspectives de demande en Chine, et l’espoir montant d’un cessez-le feu à Gaza au lendemain d’une rencontre urgente entre Joe Biden et Benjamin Netanyahou. De nouvelles données indiquant cependant une croissance plus importante qu’espérée (2,8% contre des projections de 2%) au premier semestre aux Etats-Unis ont permis un léger rebond vendredi.
Leith Pic, analyste macroéconomique et financier
Brèves économiques
Péninsule Arabique
Plus de 24 millions d’acquisitions ont été réalisées en Europe par des acheteurs du Moyen-Orient depuis le début de l’année. Cette somme record depuis 2008 s’élève 74% au-dessus de la moyenne des 10 dernières années, alors que le premier semestre 2023 n’avait donné que 4,9 milliards d’acquisition. Les investisseurs du Moyen-Orient sont attirés par des valuations inférieures aux côtes parfois surévaluées du marché américain, un environnement régulatoire plus lisible et accueillant, les instances régulatoires étatsuniennes s’opposant à de nombreuses acquisitions sur des secteurs stratégiques (la CFIUS ayant par exemple empêché en novembre l’achat par un consortium saoudien d’une startup spécialisée dans les puces électroniques). Les besoins massifs en capitaux étrangers pour des projets d’infrastructures, notamment liés aux défis de la transition énergétique, sont des opportunités attirantes pour les champions golfiques. Les restrictions à l’investissement sur certains secteurs cruciaux demeurent l’obstacle principal mentionné par les acteurs du secteur, mais ils tendent à alourdir les processus d’investissement plutôt que les empêcher complètement.
Arabie saoudite
Macroéconomie & Finance
Aramco officialise la conclusion d’une émission obligataire de 6 Md USD. L’émission se compose de trois tranches libellées en dollars américains dans le cadre du son programme Global Medium Term Note Program (GMTN). Cette nouvelle émission marque le retour d’Aramco sur le marché de la dette après une interruption de trois ans. La dernière fois que l’entreprise avait fait appel aux marchés mondiaux remonte à 2021 lorsqu’elle avait également levé 6 Md USD en trois tranches via des sukuk (obligations islamiques).
ACWA Power vend 35 % de ses filiales à China Southern Power Grid. Cette transaction est la première entre les deux entreprises et porte sur les différents projets d’énergie renouvelable menés par ACWA Power en Ouzbékistan. Cette acquisition fait suite aux accords-cadres signés en décembre 2022 entre ACWA Power et des entreprises chinoises qui préparent le terrain pour le financement, l’investissement et la construction des projets ENR en Arabie saoudite et dans les pays membres de la Belt and Road Initiative.
Energie, Industrie & Services
Les exportations de brut de l’Arabie saoudite ont atteint 6,12 M de barils par jour en mai 2024, en hausse de 2,5 % par rapport à avril. La production de brut du Royaume est stable à 9,0 M bpj. La production de brut des raffineries, qui représente le volume traité de pétrole brut donnant notamment de l’essence et du diesel, s’est élevée à 3,0 M bpj (+17 % par rapport au mois précédent), son plus haut niveau depuis près de six ans
La société saoudienne d’aérospatiale et de défense Saudi Arabian Military Industries (SAMI) a signé un accord Airbus Helicopters pour localiser les capacités MRO et améliorer ainsi les capacités en matière de giravions. Les services MRO comprennent notamment la réparation et la mise à neuf de composants et d’assemblages tels que les pièces rotatives. L’accord a été signé à l’occasion du Farnborough International Airshow qui se tient du 22 au 26 juillet. La SAMI a à cette occasion signé un autre accord avec l’américain Lockheed Martin pour ouvrir un centre de maintenance agréé pour les C-130 Hercules du monde entier.
La filiale du groupe français CMA CGM a signé un accord pour créer une coentreprise avec le saoudien Almajdouie logistics, basé à Dammam. Il s’agit de l’un des principaux prestataires logistiques du Royaume avec 1,2 M de m² d’entrepôts gérés. Ceva Logistics sera majoritaire dans la coentreprise qui marquera une étape importante dans les stratégies de croissance des deux sociétés. Almajdouie Logistics bénéficiera du réseau mondial de la société française et dans le même temps, Ceva Logistics continuera à établir une présence solide en Arabie Saoudite avec les opportunités portées par le pays dans le cadre de sa Vision 2030. Une fois achevée, la coentreprise comptera environ 2 000 employés en Arabie Saoudite et une flotte locale de plus de 2 000 équipements. Cet accord fait notamment suite à la visite du PDG de CMA CGM, Rodolphe Saadé, en début d’année 2024
Émirats arabes unis
Macroéconomie & Finance
Le fonds monétaire arabe publie des données économiques très optimistes aux Emirats Arabes Unis pour les deux prochaines années. Le rapport Arab Economic Outlook prévoit en effet une croissance de 3,9% en 2024 et de 6,2% en 2025, tirés par la dynamiques de secteurs non-hydrocarbures dans lesquels les émirats investissent massivement, comme le tourisme, l’immobilier et la logistique. Le dernier rapport du FMI prévoyait cependant 3,5% en 2024 et 4,1% en 2025, chiffre possiblement plus réalistes au vu du maintien des quotas de production de pétrole et de la relative décélération de la croissance du secteur non pétrolier ces dernières années.
Energie, Industrie & Services
La startup agricole américaine Plenty signe un accord de 680 millions de dollars avec l’émirien Mawarid pour développer des fermes en intérieur au Moyen-Orient. L’accord de joint-venture prévoit un investissement initial de 130 millions de dollars pour une ferme verticale à Abu Dhabi qui pourrait produire plus de 2 000 tonnes de fraises d’ici à 2026. Les fermes verticales sont une technologie intéressante aux Emirats Arabes Unis, puisqu’elles permettent de produire localement des aliments moins consommateurs en eau pendant leur croissance, et soutiennent donc la sécurité alimentaire du pays. Elles souffrent cependant d’un énorme besoin en investissement initial pour la construction des installations, alors même que les fonds dans le secteur se sont taris et n’atteignent plus que 20% des investissements engagés en 2021.
Masdar investit 817 millions d’euros pour acquérir 2,5 GW de projets d’énergie renouvelable en Espagne. La compagnie émirienne obtient une participation de 49,99% dans les 48 installations solaires (2GW au total) et un projet de 0,5GW de stockage d’énergie par batterie, et signe un MoU pour le développement de futur projets avec Endesa. L’accord est dans la continuité des plans de développement de la société émirienne en Europe, après plusieurs acquisitions en Espagne et en Grèce qui visent à développer un portfolio global de 100 GW d’ici à 2030.
Qatar
Macroéconomie & Finance
Le Qatar trace une nouvelle voie après la Coupe du monde, la diversification du secteur privé nécessite des réformes ambitieuses. La Coupe du monde a accéléré la diversification économique du Qatar dans les secteurs non liés aux hydrocarbures et les infrastructures nouvellement créées peuvent être exploitées pour tracer une nouvelle voie de diversification dans des secteurs au-delà des industries pétrolières et gazières afin de poursuivre la croissance économique, selon le FMI. Les réformes visant à attirer davantage de travailleurs étrangers qualifiés, à faciliter l'accès au financement pour les petites et moyennes entreprises et à encourager la concurrence et le commerce pourraient générer d’importants gains de croissance. Un ensemble complet de réformes du marché du travail et de l'environnement des affaires pourrait ainsi stimuler la croissance annuelle hors hydrocarbures de près de trois points de pourcentage à moyen terme.
Les dépenses publiques du Qatar pourraient augmenter cette année selon Oxford Economics. Grâce à la hausse du prix du Brent à plus de 85 dollars le baril (alors que le scénario choisi pour le projet de budget 2024 par les autorités qatariennes était de 60 USD/baril) le Qatar devrait disposer d’un excédent budgétaire qui dépassera en moyenne 5,5 % du PIB en 2024-2026. Une éventuelle augmentation de la production de pétrole de la part du Qatar (non membre de l’OPEP+) bénéficiant de prix hauts, ne manquerait pas d’avoir un impact positif sur les finances publiques. Les projets de doublement des capacités de production de GNL en cours, permettront de pérenniser les excédents budgétaires de l’Émirat sur la période post-2026.
Energie Industrie & Services
Qatar Airways (QA) annonce augmenter sa commande d’achat auprès de Boeing avec 20 777-9 supplémentaires. Cette extension, annoncée à l’occasion du Salon aéronautique de Farnborough, portera à 94 le nombre d’appareils commerciaux et cargo de la série Boeing 777X commandés par QA ; l’accord inclut également un engagement du transporteur qatarien portant sur 40 moteurs GE9X et des contrats de services aéronautiques. Lors d’un entretien accordé à Bloomberg, le PDG de QA, l’ingénieur Badr Al-Meer a évoqué les discussions avec Airbus et Boeing dans le cadre de la grande commande en cours portant sur des avions à fuselage large indiquant que la commande pourrait être lancée durant le 1e trimestre 2025, voire même fin 2024.
Le leader américain des solutions en cybersécurité Fortinet rejoint le projet de développement d’un cloud hybride de Qatar Airways. En effet, Fortinet rejoint le partenariat entre Ooredoo et Qatar Airways (QA) lancé le 1er avril dernier, qui verra le géant qatarien des télécommunications concevoir un écosystème multi-cloud hybride pour le transporteur aérien QA. En partenariat avec Ooredoo, Fortinet contribuera à la sécurisation du multi-cloud de la compagnie aérienne, y compris le développement des solutions de surveillance, de filtrage et de prévention des atteintes à la cybersécurité du système.
Koweït
Le Koweït affiche un déficit budgétaire de 5,2 milliards de dollars sur l’année 2023/2024. Les revenus pétroliers ont chuté de 19,4% par rapport à l’année précédente, à cause des restrictions de production décidées par l’OPEP et de prix de l’énergie relativement plus faibles. Les revenus non-pétroliers n’ont pas pu soutenir l’équilibre budgétaire, étant eudx-même en baisse de 1,3% et ne représentant de toute manière que moins de 10% des revenus totaux de l’état koweïtien. Le budget pour l’année fiscale 2024/2025 prévoit un déficit budgétaire de 19,1 milliards de dollars, avec des revenus pétroliers projetés en baisse de 14% que ne compensera pas une baisse de 6,6% des dépenses, composées en écrasante majorité de salaires et subventions (79,4%).
Oman
Le groupe de logistique omanais Asyad a acquis l’entreprise émirienne Skybridge Freight Solutions (SFS), spécialisée dans le transport de fret multimodal (terrestre, maritime et aérien). Première acquisition du groupe à l’international, cette décision lui permettra de renforcer sa présence internationale (Chine, États-Unis, Inde, etc.), son offre de services et sa capacité de transport. Il est attendu que l’acquisition accélère la contribution du secteur de la logistique au PIB omanais – objectif fixé dans le 10ème Plan quinquennal (2021-2025) pour la diversification économique du Sultanat à 7,5% du PIB d’ici 2025 contre 6% en 2023.
L’Autorité pour le développement des petites et moyennes entreprises (ASMED) a décidé de lancer un programme de financement d’urgence pour les PME en difficulté. Cette décision fait suite aux différents intempéries ayant touchés le Sultanat en particulier les inondations d’avril. Les PME éligibles devront posséder une carte d’entrepreneur (riyada card) et être situées dans une zone touchée par une crise (zone définie par les autorités compétentes) tout en remplissant une série de critères liés à leur situation financière. Le programme va permettre aux PME de renforcer leur capacité à répondre aux situations d’urgence tout en maintenant leurs activités. Les PME qui auront souscrit à des fonds pourront demander un délai de grâce de maximum 2 ans (après le dernier décaissement) et bénéficieront, après ce délai, d’une période de remboursement de maximum 5 ans. La mise en place du programme va permettre de constituer un filet de sécurité pour éviter les faillites.