37ème réunion ministérielle de l’OPEP+, prolongement de la réduction de production de pétrole et nouvelles perspectives

Ce dimanche 2 juin, les pays de l’OPEP+ se sont réunis par visioconférence pour la 37ème réunion ministérielle de l’organisation. A l’issue de la session, les pays membres ont décidé de poursuivre la réduction de la production pétrolière de 2 millions de barils par jour (M b/j) initialement prévue jusqu’à la fin de l’année 2024, jusqu’à la fin de l’année 2025. Le niveau de production requis pour 2025 s’établit désormais à 39, 725 M b/j, soit 39 % de la production actuelle. Les réductions volontaires annoncées en avril 2023 par 9 des pays membres de l’organisation ont également été prolongées jusqu’à la fin de l’année 2025 et représentent un total de 1,66 M b/j.

En marge de cet évènement, l’Arabie saoudite, la Russie, l’Iraq, les Emirats Arabes Unis, le Koweït, le Kazakhstan, l’Algérie et Oman se sont réunis à Riyad. Ils ont collectivement convenu de prolonger leurs réductions volontaires supplémentaires de 2,2 M b/j, annoncées initialement en septembre 2023, jusqu’à la fin du mois de septembre 2024. Cependant, à la différence des annonces précédentes, les pays ont fait état d’une sortie progressive et d’un potentiel retour à la normale. En effet, le communiqué indique que ces coupes de production unilatérale devraient être progressivement retirées, sur une base mensuelle, à partir du T4 2024 et ce jusqu’à la fin du T3 2025. Ces augmentations pourraient être toutefois révisées en fonction des évolutions du marché.

Quelques jours après cette réunion, le ministre saoudien de l’Energie, le Prince Abdulaziz bin Salman, a annoncé, lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg, que l’Arabie saoudite reviendra à un niveau de production de 12,3 M b/j en 2028. Pour mémoire, le ministère de l’Energie avait demandé à la compagnie nationale pétrolière, Saudi Aramco, de maintenir sa capacité maximale durable (MSC) de production à 12 M b/j alors qu’un plan d’expansion des principaux champs pétroliers était en cours pour atteindre une capacité de production de 13 M b/j d’ici 2027. A ce sujet, le ministre a déclaré que le pays connaîtra une nouvelle augmentation en 2025, suivie d’une plus importante en 2026 ainsi qu’en 2027. Pour le moment, le royaume produit environ 9 M b/j de pétrole brut, et en exporte en moyenne 6 M b/j, soit 3 M b/j de moins que sa capacité de production.

La stratégie saoudienne de reports successifs de sa baisse de production semble donc arriver à sa fin. Celle-ci avait pour objectif de soutenir les cours du baril de pétrole et avait été particulièrement efficace lors de sa mise en vigueur en avril 2023. Toutefois, le cours de baril de Brent a chuté suite à l’annonce début juin, passant de 81,3 USD à la fermeture le vendredi 31/05 à 78,4 USD le lundi 03/06. Depuis le début de l’année, le cours du baril de Brent a connu une hausse (cf. Annexe 1) guidée par les tensions géopolitiques et en particulier l’escalade entre Israël et l’Iran en avril, mois durant lequel le baril s’échangeait en moyenne à 90,05 USD. Au mois de mai, le cours a attesté d’une légère baisse et s’échangeait en moyenne à 82,0 USD. Ces prix restent toutefois insuffisants pour l’Arabie saoudite car d’après les estimations du FMI actualisées en avril 2024, le royaume aurait désormais besoin d’un baril à 96,2 USD pour maintenir son équilibre budgétaire, en tenant compte de la réduction de production. Il est donc nécessaire pour l’Arabie saoudite de maintenir des revenus élevés pour la mise en œuvre de ses programmes de diversification économique et d’investissements massifs dans les énergies, aussi bien fossiles que bas carbone, ainsi que ses mégaprojets.

 

Commentaires

La décision de l’Arabie saoudite de prolonger sa réduction volontaire d’1 M b/j jusqu’au mois de septembre 2024 confirme sa volonté de soutenir le prix du baril. Le pays a besoin de revenus abondants pour financer ses grands projets et la diversification de son économie, alors que les investissements directs étrangers entrants sont encore très insuffisants. Cependant, le Ministère de l’Energie évoque cette fois-ci un retour à la normale, signe que le Royaume souhaite revenir à un niveau de production plus élevé, et tirer davantage de revenus de ses activités pétrolières, à condition de garder un prix relativement élevé du baril de Brent.

En mars dernier, le Prince Abdulaziz bin Salman avait déclaré que l’Arabie saoudite était lassée de son rôle de « garant » de la sécurité énergétique pétrolière mondiale, et que le pays ne recevait aucune reconnaissance de la part de la communauté internationale pour les efforts faits en ce sens.

Enfin, l’Arabie semble se fier davantage aux prévisions de l’OPEP qui attend une augmentation de la demande mondiale de pétrole de 2,25 M b/j en 2024 et de 1,85 M b/j en 2025. Ces estimations contrastent par ailleurs avec celles de l’AIE qui, plus modérée, table sur une hausse de 1,1 M b/j de la demande mondiale de pétrole en 2024. La suppression progressive des coupes de production permettrait donc d’alimenter efficacement le marché et ainsi éviter toutes tensions liées à des problèmes d’approvisionnement.

La prochaine réunion de l’OPEP+ se tiendra le 1er décembre 2024 mais de nouvelles annonces des pays ayant consenti à des coupes volontaires de production sont attendues dans le courant de l’année.

 

Annexe 1 : Cours du baril de Brent (Janvier 2024 – Mai 2024)

pétrole

Source : Trading Economics