Toute l'actualité économique et financière hebdomadaire de l'Arabie Saoudite, du Bahreïn, des Emirats arabes unis, du Koweït, d'Oman, du Qatar et du Yémen....

Je suis (oil) addict, mais je me soigne...

Fin mai, le dernier Gulf Economic Update actualise les prévisions de la Banque Mondiale quant à la croissance de la région du Conseil de Coopération du Golfe. Contre les 3,7 % du rapport de janvier dernier, l’institution financière internationale réduit sa prévision de croissance pour 2024 à 2,8 %, après les 0,7 % enregistrés en 2023.  La croissance économique de la région devrait ensuite rebondir à 4,7 % en 2025.


Ce regain d'optimisme régional ne découle pas uniquement de la prévision de reprise de la production pétrolière, avec l'assouplissement progressif des quotas de production par l'OPEP+ au second semestre 2024. Ainsi, le PIB pétrolier devrait croître de 1,7 % cette année avant de s'accélérer de manière agressive en 2025 pour atteindre 6,9 %. En effet, la réunion du 2 juin a tablé sur la prolongation de baisse de production, mais le retrait progressif des coupes unilatérales après le T3 2024.

Cette décision intervient après une année 2023 où les pays du CCG ont mis en œuvre d'importantes réductions de la production de pétrole dans le cadre de l’alliance OPEP+, échouant à stabiliser le prix moyen du bail en raison d’une demande mondiale plus faible. Ces réductions de production ont d’ailleurs conduit les pétromonarchies, et en particulier l’Arabie Saoudite, à perdre des parts de marché au profit d'autres exportateurs de pétrole tels que les États-Unis et l'Angola (ce dernier ayant quitté l'OPEP, en raison de différends sur les quotas).

 

Cette prévision d’un rebond de la croissance repose également sur la vigueur persistante de l'économie non pétrolière, qui devrait maintenir son rythme de croissance soutenu à moyen terme. En effet, malgré un resserrement des conditions monétaires mondiales et des tensions géopolitiques persistantes, ajoutant des couches d'incertitude au paysage économique, les secteurs non pétroliers du CCG ont fait preuve de résilience, enregistrant une croissance de 3,9 % en 2023. Et celui-ci devrait augmenter de 3,6 % en 2024 et de 3,5 % à moyen-terme.

Cette divergence entre les performances des secteurs pétrolier et non pétrolier illustre clairement l’entreprise de diversification au moyen de réformes structurelles solides et d’investissements soutenus.

 

Perspectives des pays du CCG

Croissance du PIB

Croissance du PIB non-pétrolier

2024

2025

2024

2025

Arabie Saoudite

2,5%

5,9%

5,0%

4,1%

Bahreïn

3,5%

3,3%

3,9%

4,3%

Emirats arabes unis

3,9%

4,1%

3,2%

3,0%

Koweït

2,8%

3,1%

2,1%

2,6%

Oman

1,5%

2,8%

2,5%

3,2%

Qatar

2,1%

3,2%

2,4%

2,8%

 

Quelques initiatives récentes favorables à l'investissement, mises en oeuvre par les économies du CCG (T4 2023 – T1 2024) :

 

En Arabie saoudite, le PIF a lancé la société Dan, laquelle vise à développer le secteur du tourisme. Des projets nationaux sont également à l’ordre du jour dont l'expansion des services de visas électroniques et le lancement d'entreprises innovantes dans le projet de ville nouvelle NEOM, telles que Topian pour la production alimentaire durable et Utamo pour les arts et les divertissements. Ces efforts sont complétés par des investissements, notamment un complexe pétrochimique de 6,4 Mds USD en Chine. Aussi, la saoudisation se poursuit, visant à accroitre l'emploi local dans des secteurs stratégiques.

Aux Émirats Arabes Unis, on peut citer l'investissement de 10 Mds USD d'Abu Dhabi dans l'infrastructure touristique et le plan d’expansion de 13 Mds USD d'ADNOC Gas sur les cinq prochaines années. À Dubaï, un important portefeuille de partenariats public-privé de 10,9 Mds USD a été approuvé et une taxe de 20% a été imposée sur le revenu annuel imposable des banques étrangères opérant dans l'émirat, à l'exception de celles autorisées à exercer dans DIFC. En outre, la stratégie d'émiratisation des EAU est soutenue par un nouveau budget de 1,7 Md USD visant à intégrer 36 000 citoyens dans le secteur privé d'ici 2024.

Au Qatar, l'Autorité d'investissement (QIA) a annoncé la création d'un fonds de capital-risque d’1 Md USD destiné à soutenir les entreprises locales et régionales en phase de démarrage. En outre, le pays s'apprête à développer son champ North Field, dans le but d'augmenter sa production de gaz naturel liquéfié de 77 M de tonnes par an à 142 M de tonnes d'ici à la fin de 2030, renforçant ainsi sa position sur la scène énergétique mondiale.

Au Koweït, si les progrès en matière de réforme sont encore limités, le gouvernement a approuvé un montant de 614 M USD pour le développement du port Mubarak Al-Kabeer sur l'île de Bubiyan afin d'améliorer l'infrastructure maritime. De plus, la Banque centrale du pays a émis 792 M USD en obligations à trois mois et en Tawarruq, un instrument de financement islamique, destiné à renforcer la liquidité du marché financier.

A Oman, l’Autorité d’investissement (OIA) a lancé le Future Fund Oman, une initiative de 5,2 Mds de USD visant à soutenir les PME locales et attirer les investissements étrangers.

Au Bahreïn, aucune réforme structurelle significative n’a été observée par la Banque Mondiale au cours de cette période.

 

Mais, malgré les efforts de diversification, les recettes des hydrocarbures continueront de jouer un rôle crucial dans l'équilibre budgétaire et extérieur de la région à moyen terme. L’effet cumulé de la faiblesse persistante des prix du pétrole, associé à des niveaux de production réduits, a eu un impact substantiel en 2023.

Et avec un ralentissement économique mondial prévu pour la troisième année consécutive, le rapport anticipe que la réduction de l'excédent budgétaire du CCG en 2023, à 0,5 % du PIB en 2023 (contre 5,5 % du PIB en 2022) se poursuive en 2024 pour atteindre 0,1 % du PIB.

De même, l’excédent du compte courant devrait représenter 7,5 % du PIB, après les 8,4 % du PIB enregistrés en 2023 et surtout les 15,7 % du PIB de 2022.

En effet, si les gouvernements de la région poursuivent leurs efforts de diversification des recettes non pétrolières par le biais de taxes et de redevances, celles-ci ne parviennent pas à compenser les baisses de revenus pétroliers.

Perspectives des pays du CCG

Compte budgétaire (% du PIB)

Compte courant (% du PIB)

2024

2025

2024

2025

Arabie Saoudite

-2,4%

-0,6%

4,2%

6,6%

Bahreïn

-3,2%

-6,6%

7,3%

6,6%

Emirats arabes unis

5,1%

4,8%

8,4%

8,3%

Koweït

-6,3%

-8,0%

22,7%

21,9%

Oman

3,8%

4,3%

2,9%

2,6%

Qatar

4,9%

4,1%

13,3%

12,3%

Avec l’ambition que les pays du CCG puissent pleinement tirer parti de leur dynamique de diversification, le rapport souligne l'importance de la qualité de l'éducation pour stimuler la croissance économique à long terme dans la région. A revenu par habitant égal, ces économies enregistrent des résultats d’apprentissage bien en-deçà de ce qu'on devrait attendre, malgré une récente amélioration. Selon les recherches de la Banque mondiale, les pays du CCG perdent en moyenne 4 années d’apprentissage en raison de l'insuffisante qualité d’enseignement dispensé. Avec un apprentissage réel évalué à 8,6 années, un enfant né dans cette région n’atteindra ainsi que 62 % de son potentiel de productivité. A titre comparatif, l’apprentissage réel d’un enfant à Singapour est de 12,8 ans, avec une perte réduite à 1 an.

Relever le défi du capital humain permettra aux pétromonarchies de réaliser des bénéfices économiques substantiels et réaliser, à leur échelle, leur potentiel maximal.

 

Adèle Grenaille, Adjointe au Chef du service économique régional

 

Pétrole et gaz

Brent : 31/05/2024 à 12h00 GST : 79,8 USD/Bbl

Brent

 

Le maintien partiel des restrictions de productions par l’OPEP+ n’a pas suffi à empêcher une baisse des prix du pétrole pour la 8ème semaine consécutive. Les marchés ont cependant tempéré ce vendredi leurs prévisions, reconnaissant un peu tard que les annonces de l’OPEP n’étaient pas aussi baissières qu’ils ne l’avaient interprété, et portés par l’espoir de voir une reprise de la demande si la FED imitait la BCE en réduisant les taux directeurs plus tôt que prévu.

La réunion des pays producteurs de pétrole ce dimanche a dominé la réflexion sur les marchés pétroliers cette semaine. La question était simple : l’OPEP a-t-elle les moyens, et la volonté, de maintenir des cours élevés en restreignant la production ?

A l’issue de la réunion, il a semblé pour beaucoup d’observateurs que l’organisation abandonnait tacitement l’espoir de conserver un baril haut. Si les quotas de productions de 3,66 millions de barils/jours ont bien été prolongés jusqu’en juin 2025, 8 pays ont annoncé que leurs restrictions volontaires de 2,2 millions de barils/jours ne se poursuivraient que jusqu’en Octobre 2024, proposant même un plan graduel de reprise de la production. De plus, les quotas de base des Emirats Arabes Unis ont été revus à la hausse de 300 000 barils/jours face à l’augmentation des capacités annoncée par ADNOC, apportant encore plus de barils sur le marché mondial et menaçant de faire alors chuter les prix.

Dans un contexte de hausse de la production des états non-OPEP (USA, Canada, Brésil, Guyana en tête) et de faible dynamisme de la croissance mondiale, la crainte d’un excès d’offre a donc pris le dessus, amplifiée par de nombreuses positions spéculatives adoptées par les traders, et a fait chuter le baril jusqu’à 77 USD/bl. Les investisseurs multiplient les positions short, et réduisent toujours plus la backwardation du marché à terme en observant que les stocks de gasoline continuent à se remplir.

Cette réaction semble cependant disproportionnée. L’OPEP+ a précisé que la fin des restrictions volontaires n’interviendrait que si les conditions économiques étaient favorables, et même ainsi, l’augmentation d’ici le Q4 ne concernerait que 360 000 barils par jour. La Russie et l’Arabie Saoudite ont ainsi rappelé hier qu’ils pouvaient tout à fait conserver leurs restrictions si le marché ne s’avérait pas favorable. Cette augmentation pourrait même être contrebalancée par un meilleur respect des quotas par les pays membres : le Kazakhstan, l’Iraq et la Russie ont annoncé un plan de compensation de leur surproduction au S1, tandis que l’absence d’un tel plan envers les UAE laisse penser que leur niveau de compliance en mai sera meilleur qu’espéré. Les analyses du groupe Standard Chartered prédisent que les pays OPEP+ pourraient en réalité remettre jusqu’à 1 million de barils sur le marché sans distordre significativement les prix.

Dans le même temps, la baisse des taux directeurs par la banque centrale européenne ce jeudi laisse renaître l’espoir d’une baisse des taux américains par la FED plus tôt que prévu, qui pourrait voir remonter la demande. Sous l’effet de ces deux considérations, les cours du baril se sont stabilisés autour de 80 USD ce vendredi.

Sur le long terme cependant, les tendances sont plus difficiles à dégager. Les mauvaises données économique ne manquent pas, d’une baisse des importations chinoises ce mois-ci à une augmentation plus forte que prévu de l’emploi aux Etats-Unis qui réduit l’urgence pour la FED de procéder à des coupes des taux d’intérêts.

Plusieurs experts avancent tout de même que l’été pourrait s’avérer plus tendu que prévu, sous le coup d’une meilleure compliance des membres OPEP+ et d’une moindre flexibilité du bassin permien. Et le risque d'une reprise des tensions géopolitiques au Moyen-Orient est un peu trop vite écarté par les marchés, alors même que le processus de médiation sponsorisé par les Etats-Unis s'est retrouvé en fin de semaine dans une impasse.

Leith PIC, Analyste macroéconomie et finance

 

Brèves économiques 

Péninsule Arabique

Ce dimanche, les membres de l'OPEP+ ont décidé d'étendre leurs restrictions de production pour soutenir les prix du pétrole, tout en laissant la possibilité de réduire leurs restrictions volontaires. Les perspectives économiques mondiales contrastées, en particulier la persistance de l'inflation et du higher for longer des taux directeur de la FED, tirent en effet le baril vers le bas depuis plusieurs semaines. A l'issue de la réunion, les pays producteurs ont annoncé une prolongation d'un an des coupes obligatoires représentant 3,66 millions de barils, jusqu'à fin 2025.  Ils n'ont cependant conservé les 2,2 millions de barils de restrictions volontaires que jusqu'en octobre 2024, cédant aux intérêts de certains pays membres comme les EAU ou la Russie qui se satisfont de prix moins élevés pour débloquer des liquidités et défendre leur part de marché face aux nouveaux producteurs de pétroles venus des Amériques (Brésil, USA, Canada, Guyana).

Arabie saoudite

Macroéconomie & Finance

Le PIF lance une émission obligataire en livre sterling pour un montant de 829 USD. Le fonds souverain saoudien a fixé le prix de sa première émission d’obligations en livre sterling dans le cadre de son programme Euro Medium-Term Note. L’offre, qui a été sursouscrite plus de 6 fois, est structurée en 2 tranches : une première de 300 M GPB avec une maturité à 5 ans, et une deuxième de 350 M GPB à 15 ans. Cette émission s'inscrit dans le cadre de la stratégie de diversification des sources de financement du PIF. Les prêts et les instruments de dette forment l'une des quatre principales sources de financement du fonds souverain, avec les retours sur investissements, les injections de capitaux du gouvernement, et les transferts d’actifs publics. Pour rappel, le PIF avait déjà émis en janvier sur le marché obligataire et levé 5 Md USD.

Aramco a vendu pour 12 Md USD d’actions sur le marché secondaire. Le géant pétrolier a mis en vente dimanche dernier 1,545 milliard d’actions dans une fourchette de prix de 26,7 à 29 SAR par action (7,1 à 7,73 USD), soit 0,64 % du capital social total de l’entreprise. Cette offre d’actions a suscité une forte demande de la part d’investisseurs locaux et internationaux. Selon Bloomberg, les actions ont été achetées en intégralité dans les premières heures de négociation, au prix fort. Le taux de rendement annuel des actions serait de 6,6%. Cette opération intervient dans un contexte où le gouvernement accélère les levées de fonds pour le financement des projets de la Vision 2030.

Aramco a complété l’acquisition de 40% de Gas & Oil Pakistan. GO est un distributeur de carburants et lubrifiants, avec un réseau de plus de 1 200 stations-service au Pakistan. Le deal avait été annoncé en décembre 2023. Cette acquisition représente le premier investissement d'Aramco dans le secteur de la distribution en aval au Pakistan. En mars dernier, Aramco avait acquis une participation de 100 % dans Esmax Distribución SpA (« Esmax »), un détaillant de carburants et de lubrifiants de premier plan au Chili.

Energie, Industrie & Services

ACWA Power envisage un important projet d’hydrogène vert en Tunisie. L’entreprise saoudienne, leader national en matière d’hydrogène vert, a signé un protocole d’accord avec le Ministère tunisien de l’Industrie, des Mines et de l’Energie, afin d’explorer le potentiel d’un projet qui produirait jusqu’à 600 000 tonnes d’hydrogène vert par an en vue de l’exporter vers l’Europe. ACWA Power développera, exploitera et entretiendra des unités de production d’énergie renouvelable d’une capacité de 12 GW destinées à alimenter le projet ainsi que des systèmes de stockage par batterie. L’hydrogène vert produit est destiné à être exporté par le corridor SoutH2, une initiative de pipeline d’hydrogène identifiée comme projet d’intérêt commun par l’UE et permettant de relier la Tunisie à l’Italie, à l’Autriche et à l’Allemagne. Cet accord vise également à renforcer le positionnement de la société sur le continent africain, ACWA Power opérant déjà au Maroc, en Egypte et en Afrique du Sud. De plus, l’entreprise avait signé en mars dernier un accord de 800 M USD au Sénégal pour la construction d’une usine de dessalement d’eau d’une capacité de traitement de 400 000 m3/j à Dakar.

RCRC attribue un contrat d’1 Md USD pour la modernisation du pont de Wadi Laban à Riyad. Le contrat a été attribué à une joint-venture entre l’entreprise turque IC Ictas et la société saoudienne Al Rashid Trading & Contracting Company. Ce projet vise à décongestionner le trafic à l’Ouest de la ville dans la zone allant de la route Ibn-Hazm à la route de Djeddah. La construction initiale du pont s’était achevée en 1997. Le pont existant mesure 763 mètres de long et 35 mètres de large avec deux chaussées. En 2021, le prince héritier, Mohammed bin Salman, a déclaré que la population de Riyad attendrait les 15 à 20 M d’habitants d’ici 2030. Ce projet s’inscrit donc dans le cadre du développement de la ville aux côtés de projets emblématiques comme le métro de Riyad, Sports Boulevard, Green Riyadh, et King Salman Park. Toutes ces initiatives sont également destinées à favoriser l’accueil de l’Expo 2030 pour laquelle l’Arabie saoudite investira 7,8 Md USD. Ce chiffre avait été dévoilé le 20 juin 2023 à Paris lors de la 172ème assemblée générale du Bureau international des expositions.

Le projet touristique de Magna est officiellement lancé. La société NEOM, en charge du développement du gigaprojet situé sur le littoral du golfe d’Aqaba, estimé à 500 Md USD. La destination devrait comprendre 15 hôtels pour un total de 1 600 chambres et plus de 2 500 résidences. NEOM a d’ores et déjà entamé les travaux d’infrastructures avec une route qui s’étend du Nord au Sud pour relier aux autres destinations. En effet, NEOM a lancé plusieurs destinations et projets à l’image de Jaumur, Treyam, Utamo, Leyja, etc. Ces lancements de nouveaux projets en développement contrastent avec les récentes annonces de changement de calendrier pour l’emblématique projet The Line ainsi que l’annulation d’infrastructures comme l’usine de dessalement d’eau « zero liquid reject ».

Lors de la deuxième édition de Vision Golfe 2024, le Port de Marseille Fos a signé un protocole d’accord avec l’Autorité portuaire saoudienne (Mawani). L’évènement, qui s’est tenu à Paris les 4 et 5 juin au ministère de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, regroupait des entreprises et officiels français et saoudiens. Cet accord s’inscrit dans le cadre de l’engagement de la France et de l’Arabie saoudite en faveur du développement des secteurs du commerce et du transport maritime, et vise à renforcer les flux entre les deux pays ainsi que la collaboration dans les domaines de l’innovation et de la durabilité.

Émirats arabes unis

Macroéconomie & Finance

La version « Minimal Viable Product » du projet mBridge, une plateforme de paiements transfrontaliers utilisant les monnaies digitales de banque centrale (CBDC), vient d’être lancée par la CBUAE et ses partenaires. Le projet mBridge réunit depuis 2022 les EAU, la Chine, Hong-Kong, la Thaïlande et la Banque des Règlements Internationaux. Il s’agit du premier système de paiement international multi-CBDC à atteindre ce stade de développement qui permet dès à présent aux utilisateurs d’effectuer des transactions instantanées et à bas coût utilisant des monnaies de banques centrales digitalisées. Sa spécificité provient de la possibilité d’effectuer les transactions en utilisant directements les devises nationales respectives, sans nécessiter d’opérations de change.

Les EAU et la Malaisie devraient signer un accord (CEPA) pour approfondir leur relation commerciale d’ici la fin du mois de juin, alors que les échanges entre les deux pays ont atteint 4,7 milliards de dollars en 2023. Les émirats sont déjà présents en Malaisie dans plusieurs secteurs clefs, comme l’énergie, l’économie digitale ou les véhicules électriques, notamment à travers les investissements du fonds souverain stratégique Mubadala. Les EAU multiplient depuis quelques années les accords de libre-échange, principalement avec des pays en développement, privilégiant ces efforts bilatéraux aux négociations souvent laborieuses au niveau du CCEAG.

Le PMI aux Emirats Arabes Unis s’établit à son plus bas niveau depuis août 2023, à 55,3 comme au mois précédent. Le chiffre pointe vers une production qui n’accélère plus aussi vite (60,8 contre 63,2 en avril pour le sous-indice de production) malgré une reprise de la demande (58,7 contre 56,0 en avril pour le sous-indice de demande). Après les disruptions causées par les inondations d’avril, la stagnation de cette indice est inattendue mais pas encore inquiétante pour une économie émirienne qui reste en expansion nette, et devrait connaître une croissance du PIB non-hydrocarbures de 3,2% en 2023 d’après le dernier rapport de la Banque Mondiale.

Le secteur de l’assurance aux EAU devrait croître de 6% en 2024, pour atteindre 12,4 milliards de dollars. Les assurances personnelles, liées à l’immobilier et aux véhicules devraient représenter plus de 85% de ce marché, porté non seulement par une croissance économique solide (3,1% d’après le dernier rapport de la Banque Mondiale), mais également par une couverture renforcée. Des réformes ont été implémentées pour obliger depuis janvier 2024 tout résident d’Abu Dhabi et de Dubaï à détenir une assurance santé valide, tandis qu’en 2023, la Banque Centrale des UAE a modifié les règles d’attribution des premiums sur les assurances automobiles, faisant grimper les premiums dans ce domaine.

Energie, Industrie & Services

ADNOC Logistics and Services va acquérir l'opérateur de navires pétroliers et gaziers britannique Navig8 pour 1 milliard USD. L'entreprise émirienne, introduite en bourse fin 2023 dans la deuxième plus grande IPO de l'année pour la région MENA, a annoncé vouloir investir plus de 5 milliards USD dans la logistique maritime. L'acquisition de Navig8 augmentera l'EBITDA de l'entreprise de plus de 40%, et devrait améliorer les revenus par action de plus de 20%. Les Emirats, comme la plupart des pays de la région, investissent significativement dans le GNL dont la demande devrait augmenter dans la décennie à venir, portée par les besoins industriels asiatiques et les besoins de chauffage et de transition énergétique d’une Europe privée du gaz Russe.

TAQA, Vision Invest et Gulf Investment Corporation (GIC) ont obtenu un financement d’environ 1,5 Mds AED (408M USD) pour construire et exploiter le projet de réservoir d’eau de Juranah (ISWR-1). Le contrat d’exploitation leur sera accordé pendant 30 ans avant d'en transférer la propriété à la Saudi Water Partnership Company (SWPC). Le coût du projet, d'une valeur d'environ 1,5 milliard d'AED, a été assuré par un financement par emprunt d'environ 82 % auprès de banques locales et internationales, dont Alinma Bank, la Banque Saudi Fransi (BSF), la Saudi Investment Bank (SAIB) et la Commercial Bank of Dubai (CBD).

Mattar Al Tayer, Directeur général de l'Autorité des routes et des transports (RTA), a dévoilé les détails de la stratégie de transport terrestre commercial et logistique de Dubaï à l'horizon 2030. L'objectif de cette stratégie est de doubler la contribution directe du secteur des transports terrestres et de la logistique à l'économie de l'émirat pour atteindre 16,8 milliards d'AED, d'augmenter de 75 % le taux d'adoption des technologies dans l'infrastructure, de réduire de 30 % les émissions de carbone et d'améliorer de 10 % l'efficacité opérationnelle.

Etihad Airways et China Eastern ont convenu de former une coentreprise pour développer les liaisons entre les Émirats arabes unis et la Chine. Les compagnies aériennes géreront ensemble la capacité de vol sur les itinéraires choisis, coordonneront les horaires et partageront les revenus, mais cela n'impliquera pas d'investissement en capital ni de partage des coûts.

Qatar

Macroéconomie & Finance

Le QIA a proposé d’acquérir la participation de 10% (490M USD) du capital de ChinaAMC, le deuxième plus important fonds chinois de placement, avec 248Mds USD d’actifs sous gestion. Le régulateur des marchés financiers chinois China Securities Regulatory Commission a révélé la semaine dernière être parvenu à une décision quant à la demande de ChinaAMC relative au transfert d’une part de son capital supérieure à 5%, sans préciser l’acheteur ou le vendeur. Cette transaction, dont la finalisation ferait de QIA le troisième actionnaire de ChinaAMC, a été annoncée quelques jours suivant la tenue du forum de coopération Chine-États arabes, où le Qatar a été représenté par le ministre du Commerce et de l’Industrie, Cheikh Mohammed bin Qassim Al-Abdullah Âl-Thani.

L’État du Qatar signe des accords visant à éviter la double imposition et l’évasion fiscale en matière d’impôts sur le revenu avec le Royaume d’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis. Ces accords posent le cadre nécessaire à la signature de conventions fiscales visant à éliminer toutes les formes de double imposition entre le Qatar d’une part, et l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis d’autre part, tout en luttant contre l’évasion fiscale. Cette initiative permettra d’améliorer la perception des recettes fiscales par les états du CCEAG, étape cruciale pour réussir la diversification des économies du Golfe.

La Banque centrale du Qatar (QCB) annonce lancer un projet de développement d’une monnaie numérique de banque centrale (MNBC). Dans le cadre de cette annonce, QCB a détaillé les objectifs de ce projet, la première grande échéance attendue et a informé que l’infrastructure de la MNBC qatarienne a été complétée. Ainsi, ce projet, dont la phase d’expérimentation s’achèvera en octobre 2024, vise à améliorer la liquidité des marchés de capitaux et l’exécution des transactions, de même que faciliter l’accès aux capitaux pour les banques établies au Qatar.

Energie Industrie & Services

QatarEnergy (QE) et CPC Corporation Taiwan (CPC) signent un accord de partenariat dans le cadre du projet North Field East (NFE) ainsi qu’un accord de livraison de GNL. Ainsi, le partenariat QE-CPC verra le géant qatarien de l’énergie transférer une participation de 5% à CPC dans le projet d’expansion NFE, représentant huit millions de tonnes de GNL/an, soit l’équivalent de la capacité de production d’un train de liquéfaction. Par ailleurs, l’accord de livraison de GNL verra QatarEnergy fournir son nouveau partenaire en GNL, pour un volume de quatre millions de tonnes/an, et ce, pour 27ans. Pour mémoire, le projet North Field East permettra d’augmenter les capacités de liquéfaction de l’Émirat de 32 millions de tonnes/an à partir de 2026. Après avoir conclu des contrats d’approvisionnement avec ses partenaires historiques occidentaux (ConocoPhilipps, TotalEnergies, Eni) et chinois (CNPC), QatarEnergy se tourne désormais vers d’autres acheteurs asiatiques pour écouler ses volumes supplémentaires de GNL.

Le projet qatarien de production d’hydrogène vert à partir d’eaux usées et de lumière solaire « HyPEC » est un succès. Une collaboration de Qatar Shell Research and Technology Center (QSRTC), de l’Université Texas A&M au Qatar et du Laboratoire national chimique (NCL) indien financée par Qatar National Research Fund, HyPEC a abouti à l’installation au Qatar Science and Technology Park d’un prototype de réacteur chimique produisant de l’hydrogène vert.

 

Koweït

L’émir Cheikh Mechaal a nommé le Prince héritier par décret émiral le 1er juin : Cheikh Sabah Al-Khaled Al-Hamad Al-Mubarak Al-Sabah. Âgé de 71 ans, Cheikh Sabah a débuté sa carrière au sein du ministère des Affaires étrangères (notamment ambassadeur en Arabie saoudite), avant d’être de nombreuses fois ministre : de l’information, aux affaires sociales, aux affaires étrangères et aussi premier ministre. C’est le premier prince héritier issu de la branche Hamad de la famille Sabah.

L’excédent de la balance courante est resté élevé en 2023 à 15,8 Mds KD (47 Mds EUR), représentant 31% du PIB estimé. Le pétrole représente 93% des exports. Les revenus d’investissement liés au capital déployé à l’étranger sont en hausse de 25% pour atteindre 9,9 Mds KD (29,7 Mds EUR), soit 19,7% du PIB. Les IDE entrants au Koweït ont triplé en 2023 pour atteindre 649 M KWD (1,9 Mds EUR).

L’émir Cheikh Mechaal et le ministre du pétrole Al-Ateeqi ont inauguré la raffinerie d'Al-Zour. La raffinerie d’Al-Zour est l’un des plus grands projets de raffinage du monde, avec une capacité de 615 000 barils par jour. Les opérations ont commencé en novembre 2022, et la pleine capacité a été atteinte en février 2024. La raffinerie d'Al-Zour est l'un des projets les plus importants du plan de développement de l'État du Koweït, et l'un des principaux piliers du plan stratégique 2040 de la Kuwait Petroleum Corporation.

 

Oman

La Banque mondiale estime que la croissance réelle du Sultanat devrait atteindre + 1,5 % en 2024, notamment portée par l’augmentation de la production de gaz et les efforts de diversification. La Banque souligne le rôle accélérateur que peuvent avoir les réformes sur l’environnement des affaires, le soutien aux PME et la transition énergétique (ENR et hydrogène vert).

Présentant ses résultats pour l’année 2023, le fonds souverain omanais (OIA) a annoncé mardi qu’il gérait 19,2 Md OMR (49,9 Md USD), en hausse de +7,5% en g.a., soit 50,3% du PIB omanais. L’OIA a enregistré un retour sur investissement de quasiment 10%, contre 8,8 % en 2022. Le fonds continue de contribuer aux budgets de l’Etat omanais, ayant injecté 15,6 Md USD depuis 2016. L’OIA aurait également remboursé 2,4 Md OMR (6,2 Md USD) en 2023, améliorant sa pérennité financière. A noter que, selon le FMI, la dette des entreprises publiques, pour la majorité sous le contrôle de l’OIA, représente 30% du PIB en 2022, réduction de 10,8 points par rapport à 2021.

A l’occasion du salon « Tech » Comex Global 2024, plusieurs accords dans le domaine des TIC ont été signé pour un montant total de 60 M OMR (156 M USD). Dans le détail, les filiales du fonds souverain ont signé une trentaine d’accords pour 35 M OMR. Omantel établira par exemple un centre de service cloud computing avec Google (2 M OMR) ainsi qu’un centre de service cloud et une plateforme e-commerce avec Amazon (24 M OMR). Le MTCIT estime que, depuis le lancement du programme national de l’économie numérique en 2021, les investissements dans les TIC ont dépassé 2,6 Md USD. Dans le sillage de ces nombreuses annonces, le MTCIT a par ailleurs lancé un appel à investissements pour des entreprises locales et internationales afin de créer et exploiter des parcs technologiques. Cependant, l’annonce doit être relativisée, le parc technologique Knowledge Oasis Muscat peinant à attirer des entreprises étrangères innovantes depuis sa création en 2003, menacé par une concurrence régionale particulièrement intense dans le domaine des TIC.