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Région

Les panneaux photovoltaïques produits dans la région dans le viseur des Etats-Unis

Après l’introduction de droits de douane visant les importations de panneaux photovoltaïques venus de Chine, les Etats-Unis se sont tournés de manière croissante vers l’Asie du Sud-Est pour s’approvisionner. Le Cambodge, la Malaisie, la Thaïlande et le Vietnam représentent désormais 75% des importations totales de panneaux solaires des États-Unis (Center on Global Energy Policy, University of Columbia). Or, ces pays sont dépendants des intrants chinois pour leur production et certains producteurs sont même soupçonnés par les Etats-Unis de faire office d’intermédiaire afin de contourner les droits appliqués aux panneaux solaires chinois. Une enquête menée en 2022 sur huit fabricants de pièces de panneaux solaires au Cambodge, en Malaisie, en Thaïlande et au Vietnam en a reconnu cinq coupables de violation des lois américaines. En juillet 2024, ces cinq entreprises seront soumises aux mêmes droits de douane que ceux auxquels sont confrontés les fabricants chinois, entre 50 et 250% de la valeur des importations.

ps

L’indice PMI de l’ASEAN au plus haut depuis 13 mois à 51,7

En mai, le secteur manufacturier de l'ASEAN a connu de solides améliorations, avec une expansion plus rapide de la production et des commandes. La croissance des besoins de production a entraîné une augmentation de la demande des industriels qui a mécaniquement contribué à l’augmentation des stocks de préproduction. Cependant, la hausse de la demande a également intensifié les pressions inflationnistes, atteignant leur plus haut niveau depuis trois mois. Tirées par la demande intérieure, les commandes d’industriels ont augmenté à leur rythme le plus rapide depuis 13 mois, tandis que la contraction des ventes à l'exportation s'est atténuée. Les volumes de production ont considérablement augmenté, les achats d'intrants ayant atteint leur deuxième rythme le plus élevé depuis novembre 2023. L'emploi a reculé pour le deuxième mois consécutif et les retards ont augmenté, signalant des pressions croissantes sur les capacités. Malgré ces difficultés, les fabricants sont restés optimistes quant à la production future, les niveaux de confiance se renforçant après une légère baisse en avril.

pmi

Réunion ministérielle des pays participants à l’IPEF

Le 6 juin, le vice-Premier ministre et ministre du Commerce et de l'Industrie de Singapour Gan Kim Yong a présidé la réunion ministérielle de l’Indo-Pacific Economic Framework for Prosperity (IPEF). Il s'agissait de la deuxième réunion ministérielle de l'IPEF cette année et de la première à se tenir en personne en dehors des États-Unis depuis le lancement de l'IPEF en mai 2022. En parallèle, le Clean Economy Investor Forum s’est tenu les 5 et 6 juin, en présence de Gina Raimondo, Secrétaire au Commerce des Etats-Unis et d’autres représentants officiels des pays impliqués dans l’IPEF, venus participer à la ministérielle.

Indonésie

Incertitudes autour de la nouvelle capitale indonésienne après la démission de deux dirigeants

Le projet de la nouvelle capitale indonésienne, Nusantara, est en proie à des incertitudes après la démission des dirigeants de son autorité de développement, le chef de l’autorité de la nouvelle capitale (OIKN), Bambang Susantono, et de son adjoint, Dhony Rahajoe, remplacés en intérim par le ministre des Travaux publics et du Logement, Basuki Hadimuljono, et le vice-ministre des Affaires foncières, Raja Juli Antoni. Ces démissions ont suscité une vague d’inquiétudes chez les investisseurs, en particulier étrangers, rapportées par la presse. Les entrepreneurs s'inquiètent en effet des questions foncières et de la continuité des projets, malgré l'annonce par le président d'un gros investissement des Émirats Arabes Unis pour rassurer les parties prenantes. Actuellement, seuls 47 500 Mds d’IDR (soit 2,9 Mds USD) sur les 100 000 Mds d’IDR (6,2 Mds USD) à mobiliser d’ici fin 2024 ont été investis, d’après OIKN. Néanmoins, le gouvernement reste optimiste quant à la tenue de la fête nationale sur le site en août.

Nouvelle loi sur les droits des femmes et des enfants : vers un congé maternité prolongé

Une nouvelle loi, adoptée à l'unanimité par la Chambre des représentants, renforce les droits des femmes et des enfants durant les 1 000 premiers jours de vie. Elle offre aux travailleuses un congé maternité de trois mois minimum, extensible à six mois pour raisons médicales, avec salaire complet les quatre premiers mois, puis 75% les deux suivants. La loi protège les mères contre le licenciement pendant ce congé et prévoit une assistance juridique en cas de non-respect de leurs droits. Les pères bénéficient de deux à cinq jours de congé de paternité. Initiée en 2022, cette législation vise à réduire les taux de mortalité maternelle et infantile, soulignant l'importance de cette période cruciale.

La préparation du budget 2025 divise le gouvernement indonésien

Le débat sur la posture macro-fiscale du projet de budget de l'État indonésien pour 2025 est marqué par des divergences au sein du gouvernement. L'Agence nationale de planification du développement (Bappenas) a proposé de réduire drastiquement le déficit fiscal à 1,5-1,8% du PIB (contre 2,3% dans le budget voté pour 2024), en diminuant les subventions et en augmentant les recettes fiscales, pour offrir plus de marge de manœuvre à l'administration future de Prabowo Subianto, estimant qu’il serait possible de réduire certaines dépenses à hauteur de 1% du PIB soit 230 000 Mds IDR (soit 14,2 Mds USD). Cependant, le ministère des Finances a fixé le déficit à 2,45-2,82%, proche de la limite légale de 3% du PIB. Cette proposition vise à alléger la pression budgétaire sur le futur gouvernement, malgré des préoccupations concernant l'efficacité de la gestion de la dette et la réaction des marchés financiers. Le coût de la promesse de déjeuners gratuits formulée dans le cadre de la campagne a été évalué à 400 000 Mds IDR (soit 24,7 Mds USD). La décision de l’intégrer dans la proposition de budget n’a pas été tranchée et dépendra de l’espace budgétaire disponible dans le budget 2025.

Malaisie

Perspectives d’expansion économique avec le retour de l’indice PMI au-dessus de 50

Signe positif d’expansion de l’activité, l’indice PMI manufacturier de S&P pour la Malaisie repasse au-dessus de la barre des 50 en mai (50,2 après 49,0 en avril) pour la première fois depuis août 2022. L’amélioration des conditions d’affaires des entreprises manufacturières malaisiennes s’explique principalement par la relance des exportations en avril. Ces dernières augmentent de 9,1% en g.a. après deux mois consécutifs de léger recul (‑0,8% en février et ‑0,9% en mars), en particulier vers Singapour (+9,0%), la Chine (+2,1%) et les Etats Unis (+17,3%), premiers partenaires commerciaux de la Malaisie. Cette croissance a été principalement portée par les secteurs de l’huile de palme (7,9% des exportations ; +13,3%), de l’extraction d’hydrocarbures (5,9% ; +27,6%) et de la chimie (5,1% des exportations ; +22,3%), les produits électriques et de l’électroniques (38,8% des exportations) n’enregistrant encore qu’une hausse de 0,6% en glissement annuel. L’érosion de l’excédent commercial ralentit en conséquence (‑39,0% en avril en g.a. contre ‑52,3% en mars) bien que les importations aient continué à augmenter (+15,6% en g.a. en avril après +12,5%).

Google annonce 2 Mds USD d’investissement pour son premier centre de données en Malaisie

Google vient d’annoncer un investissement de 2 Mds USD pour la construction d’un centre de données dans la région de Kuala Lumpur. Destinée aux activités en nuage, il s’agira de la 25ème infrastructure informatique que compte le géant américain dans le monde et de la 4ème en Asie, après celles déjà installées au Japon, à Taiwan et à Singapour. La Malaisie héberge actuellement 34 centres de données dont la grande majorité relève de la catégorie 3 et dont deux sont classés dans la catégorie 4 (le plus haut niveau de fiabilité et de redondance). Avec cette annonce et les projets actuellement en cours, le pays devrait voir la mise en service d’une dizaine de centres de données supplémentaires en 2025.

Assouplissement de la règlementation pour la pose de câbles sous-marins

Près de 4 ans après l’interdiction de cabotage des navires étrangers spécialisés dans l’installation, la maintenance et la réparation de câbles sous-marins de télécommunication, le gouvernement malaisien vient de faire marche arrière et autorise à nouveau cette activité à compter du 1er juin. Il répond ainsi aux critiques des investisseurs et des professionnels du secteur du numérique qui font état d’un manque de compétence et de moyens des opérateurs malaisiens, mettant en risque leurs projets de développement.

Singapour

NXP et Vanguard s’associent pour la construction d’une usine de semi-conducteurs à 7,4 Mds USD

NXP Semiconductors et Vanguard International Semiconductor Corporation, partiellement détenue par Taiwan Semiconductor Manufacturing Co (TSMC), vont collaborer pour construire une usine de puces à Singapour pour un montant total de 10 Mds SGD (7,4 Mds USD). La construction devrait débuter en fin d'année et la production d'ici 2027. Vanguard détiendra une participation de 60% dans la coentreprise, tandis que NXP détiendra les 40% restants. Cette décision reflète la volonté des entreprises technologiques mondiales de diversifier leurs bases de production, afin de réduire leur dépendance à l’égard de Taiwan et de la Chine. La nouvelle usine produira des plaques de silicium de 12 pouces, répondant à la demande de puces utilisées dans les produits automobiles, industriels, grand public et de téléphonie mobile. Vanguard apportera 2,4 Mds USD et NXP 1,6 Md USD à la coentreprise, avec 1,9 Md USD supplémentaires réservés à des investissements futurs. Le projet devrait créer 1 500 emplois à Singapour.

 

Singapour poursuit le développement de complexes hôteliers-casinos à hauteur de 7,4 Mds USD

Les complexes hôteliers-casinos développés à Singapour à partir de 2010 ont considérablement stimulé le tourisme et contribué à la croissance du PIB à hauteur de 1 à 2% par an. La deuxième phase de leur développement vient d’être enclenchée pour un montant total de 10 Mds SGD (7,4 Mds USD). Le promoteur Genting prévoit la construction de deux hôtels de 700 chambres au Resorts World Sentosa, tandis que Marina Bay Sands développera une quatrième tour d'hôtel, une arène de 15 000 places et agrandira la surface de son casino. Malgré les retards dus au COVID-19, les deux projets avancent dans un contexte de hausse des coûts. Singapour reste un marché clé pour ces opérateurs, la cité-État générant des revenus substantiels pour les deux sociétés.

Vietnam

Décaissement de 7,4 Mds USD d’investissements publics au cours des cinq premiers mois de 2024

Selon le département des Statistiques (GSO), le taux de décaissement des investissements publics du pays aurait atteint 26,6% du plan prévu pour l’année, en hausse de 5% en glissement annuel. Les ministères des Ressources naturelles et de l’Environnement, des Transports, de la Santé et de l’Education enregistrent pourtant une baisse en des montants décaissés depuis le début de l’année, respectivement de 34,8%, 19,1%, 1,5% et 1,1%.

35,2 Mds USD collectés pour le budget de l’État au cours des cinq premiers mois de 2024

Ce montant, en hausse de 15% en un an, représente 52,8% de l’objectif pour l’année. Les revenus du pétrole brut ont atteint 1 Md USD, tandis que les recettes intérieures ont atteint 30,4 Mds USD, soit une hausse de 16,8% en un an. Les taxes et redevances immobilières ont rapporté 3,5 Mds USD, en hausse de 78,2%. Le ministère des Finances prévoit de continuer à améliorer la gestion et l'inspection des recettes, en mettant l'accent sur la transformation numérique et la modernisation de la collecte des impôts.  

Prêt de 1,8 Md USD pour le financement de l’aéroport international de Long Thanh (HCMV)

Le Premier ministre, Pham Minh Chinh, a assisté à la cérémonie de signature qui porte sur la composante 3 du projet d'investissement et de construction de l'aéroport international de Long Thanh. Selon le calendrier actuel, la première phase de construction devrait s’achever en 2026, et permettre le transit de 25 millions de passagers par an. Cette capacité sera portée à 100 millions de passagers une fois l’aéroport terminé, pour une facture totale de 13,3 Mds USD.  Infrastructure stratégique pour le pays, il doit prendre le relai de l’aéroport actuel (Tan Son Nhat) qui accueille près d’une fois et demie sa capacité théorique (41 millions contre 28 millions). Il est intéressant de noter que cette phase du projet est entièrement financée par des banques vietnamiennes publiques (Vietcombank, VietinBank, BIDV), à des conditions plus favorables que des institutions internationales, comme l’a souligné le directeur général de Vietcombank. 

Thaïlande

L’endettement des ménages affecte le secteur automobile

La Thaïlande fait face à un problème majeur d’endettement des ménages, avec un ratio dette sur PIB du pays d’environ 91%, contre 60% en moyenne pour les pays émergents, poussant la banque centrale à adopter des nouvelles mesures prudentielles visant notamment à promouvoir des « prêts responsables » de la part des créditeurs. Dans ce contexte, combinant surendettement des ménages et mesures plus restrictives d’octroi des crédits, le taux de rejet des prêts pour l’achat/location de véhicules devrait atteindre 30 et 40% des demandes en 2024, en particulier pour les acheteurs de camionnettes (pick up). Cette situation affecte le secteur automobile : en avril, la production de véhicules a ainsi diminué pour le 9e mois consécutif (-11% g.a. en avril ; -45,9% pour les camionnettes) tandis que les ventes ont baissé de 23,9% entre janvier et avril.

Mesures de taxation pour augmenter les recettes fiscales de la Thaïlande

Alors que les rentrées fiscales entre octobre 2023 et avril 2024 sont inférieures aux objectifs fixés (de 3% environ), du fait notamment de dispositifs d’allègement de taxes (sur les carburants) en vue d’alléger le coût de la vie ou de stimuler le tourisme, le gouvernement a décidé de mettre en place plusieurs mesures visant à réhausser ses recettes budgétaires. Ces dispositifs se focalisent essentiellement sur la taxation des activités en provenance de l’étranger pour compenser les aides fiscales octroyées sur le plan domestique : (i) mise en place prochaine de la TVA sur les produits importés d’une valeur inférieure à 1500 THB (41 USD), jusque-là exemptés ; (ii) depuis janvier, imposition des revenus tirés de l’étranger dès leur transfert en Thaïlande (auparavant imposables uniquement s’ils étaient transférés dans l’année où ils ont été gagnés), le ministère des Finances étudiant désormais la possibilité de taxer ces mêmes revenus même s’ils ne sont pas transférés dans le pays. Enfin, la Thaïlande finalise actuellement la mise en œuvre de l’accord BEPS, qui prévoit un taux minimum d’imposition de 15% pour les groupes d’entreprises multinationales et les groupes nationaux de grande envergure. En anticipation, le Board of Investment (BoI) avait néanmoins déjà annoncé en mai 2023 des mesures visant à alléger l’impact de cette nouvelle règle fiscale sur les investisseurs bénéficiant d’exemptions ou réductions d’impôts.

Philippines

Deux affaires portent atteinte à la réputation de la banque centrale des Philippines

Dans une annonce officielle du 28 mai dernier, la Banque centrale des philippines (BSP) a annoncé qu’une enquête interne avait révélé l'implication de deux membres du Monetary Board dans une affaire d'emplois fictifs, entraînant la démission de quatre employés et de Bruce Tolentino, un des deux membres du board impliqués. Simultanément, la justice a reconnu coupable d’outrage l’ancien gouverneur Felipe Medalla et deux membres actuels du board dont Bruce Tolentino, pour avoir ignoré une ordonnance judiciaire requérant la réouverture et la restitution des actifs de l'AMA Rural Bank. Malgré la transparence de la banque centrale et de son gouverneur, Eli M. Remolona, Jr.​ dans ces affaires, ces révélations portent atteinte à la réputation de l’institution, reconnue, depuis les années 1990, pour son indépendance et son professionnalisme.

Augmentation de 2% de la valeur des réserves des ressources minières métalliques : l'or, le cuivre, le nickel et la chromite

En 2023, la valeur totale des réserves d’or, de cuivre, de nickel et de chromite de classe « A » aux Philippines s'élevait à 474 Mds PHP (8 Mds USD), soit une augmentation de +2%. La rente générée par ces quatre ressources a contribué 0,2% de la croissance du PIB en 2023. Cela résulte principalement de la hausse de 11% des réserves d’or, évaluées à 181,6 Mds PHP (3,1 Mds USD), ainsi que +33% des réserves de chromite, atteignant 645,9 M PHP (11 M USD). Dans ce contexte, le pays envisage – via la nouvelle feuille de route du ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles (DENR) – d’intensifier ses activités minières notamment par l’exploration de nouveau gisements de nickel, de cuivre et d’or dans les régions des Cordilleras, de Surigao et de Davao.

Cambodge

Progrès du commerce extérieur

Les analystes économiques tout comme la Banque mondiale voient la croissance économique soutenue en 2024 par les secteurs du tourisme et du textile. Les chiffres du commerce des 5 premiers mois de 2024 semblent leur donner raison, avec une hausse de 12% par rapport à la même période de 2023 (21,6 Mds USD contre 19,2 Mds USD). Ces bons résultats se traduisent par un manque de conteneurs face au développement des exportations vers les marchés européens et américains ; voire à un manque de capacité des bateaux. Dans le même temps, le déficit du Cambodge progresse de 13,6%. Face à 11,4 Mds USD d’importations, les exportations représentent 10,2 Mds USD. Sans grande surprise, le textile reste en tête des exportations et d’abord à destination du marché américain (3,4 Mds USD) alors que le Vietnam ravit à l’Union européenne sa deuxième place traditionnelle (1,9 Md USD). Le marché européen reste en effet marqué par une situation économique atone et la spécialisation sectorielle de l’industrie cambodgienne est, dans ce contexte, assez défavorable.

Un canal au cœur d’un système maritime et fluvial

Le canal Funan Techo, en plus d’un nom, a déjà un tracé ; il reliera le Mékong à la mer en passant par le Bassac, en cheminant via quatre provinces pour se déverser dans le golfe de Siam à proximité de Kampot. Long de 140 km et large de 80 à 100 m, pour une profondeur de 5,4 m (tirant d’eau opérationnel à 4,7 m), il accommodera des navires jaugeant jusqu’à 3 000 t. Il vise à garantir l’autonomie économique du Royaume en n’ayant plus nécessairement à passer par les ports vietnamiens. Ce projet, digne des bâtisseurs d’Angkor, a désormais une date de lancement, le 5 août, selon l’annonce faite par le Premier ministre cambodgien. En plus du canal, c’est tout un réseau de ports fluviaux qui sera valorisé ; et le nouveau port en eau profonde de Kampot, dont l’achèvement est prévu en 2030. Ce port, sur une emprise de 678 hectares, pourra accueillir des navires jaugeant 100 000 t. Il complètera le port en eau profonde de Sihanoukville, en cours d’extension (nouveau terminal conteneurs, pouvant accueillir des porte-conteneurs de 4 000 EVP, soit jaugeant environ 70 000 t. L’ensemble de ces projets représentera un investissement d’environ 9 Mds USD.

L’agriculture doublement à l’honneur

Semaine chargée pour l’agriculture cambodgienne avec le déroulement des forums « Khmer Agriculture Village » et « Discuss the Taste of Khmer Agricultural Products », les 1er et 2 juin. Les deux étaient destinés à promouvoir produits et cuisine locale. Pour mémoire, bien que se réduisant au fur et à mesure du développement économique, le secteur agricole cambodgien représente encore 22 % du PIB (contre 43 % en 1996) et environ 75% de l’emploi ; il joue ainsi un rôle socio-économique notable. Il est marqué par une faible productivité dû à un manque d’investissements et d’infrastructures (principalement de systèmes d’irrigations) ; l’absence de diffusion des techniques modernes tout comme une logistique défaillante expliquent cette situation. Le Royaume dépend ainsi des importations pour la viande, les fruits et la pêche afin de combler la demande nationale. Ce qui n’a pas empêché la ministre de l’agriculture, Tina Dith, de rappeler qu’il convenait de consommer local. Le produit agricole le plus exporté est le riz, avec 656 000 t de riz décortiqué exportées en 2023, d’abord vers l’UE (264 683 t) et vers la Chine (212 756 t). La ministre du Commerce aimerait que les exportations se développent vers les Etats-Unis, aujourd’hui marché négligeable (et protectionniste de sa propre production).

Laos

L’inflation s’entête

En mai, l’inflation a progressé légèrement pour s’établir à 25,8%, contre 24,92% en avril. A causes égales, conséquences égales serait-on tenté de dire. L’inflation affecte particulièrement le secteur de la santé (38,5%), celui de l’hôtellerie-restauration (36,6%) ou encore celui de l’habillement (31,3%). Pour deux de ces trois secteurs, le coût des importations pèse alors que la valeur du kip continue de se dégrader, certes plus lentement, face au dollar. Et, parmi ces importations, les prix du carburant n’arrangent rien, le brut restant durablement proche des 80 USD le baril. Le gouvernement et la Banque du Laos font tout ce qui est en leur pouvoir pour lutter contre cette dérive des prix. Et ce ne sont pas les derniers efforts annoncés par les ministères de l’Agriculture et de la Forêt, et du Commerce qui y changeront. De fait, de nombreux facteurs qui expliquent l’inflation leur échappe. Pas tous, pour autant, et les autorités pourraient agir sur le cours de la monnaie en faisant la transparence sur la gestion de l’importante dette du pays.

Un pas en avant ?

On entend parler, depuis 2023, des projets pour exporter de l’énergie verte – surtout de l’hydroélectricité – du Laos vers Singapour. La cité-Etat a effectivement pris des engagements de décarbonation qu’elle ne pourra tenir que via des importations d’énergie verte, compte tenu de l’exiguïté de son territoire ; la sobriété énergétique, quelle qu’en soit le niveau, ne suffira pas. Laos, Cambodge et Singapour viennent d’annoncer la création d’un groupe de travail conjoint pour travailler à ce projet d’échanges transfrontaliers d’électricité. Cela pourrait contribuer également à la construction de l’ASEAN Power Grid (APG), projet d’interconnexion des réseaux de transport de l’électricité… lancé en 1997. Depuis lors, l’APG n’a guère progressé, pour de nombreuses raisons. Elles sont d’abord géographiques, l’ASEAN compte deux archipels et la péninsule malaisienne n’est pas connecté à l’île de Bornéo. Elles sont en quelque sorte techniques, les réseaux nationaux de nombreux pays ne sont ni complétement unifiés, ni téléconduits. Elles sont politiques encore, tant ces différents pays gèrent encore leurs intérêts énergétiques de manière nationale. Elles sont financières enfin, car les investissements à réaliser sont colossaux et hors d’atteinte dans des logiques nationales juxtaposées. Sans parler des difficultés environnementales.

Et pendant ce temps, l’eau manque

Les experts de l’environnement le répètent à l’envi : les atteintes au Mékong rendent les problèmes d’usage de l’eau de plus en plus sévères. La générosité du fleuve atteindrait déjà ses limites, ses bassins versants au Laos (mais aussi au Cambodge) étant de plus en plus soumis à des sécheresses. L’utilisation intensive du fleuve pour la production d’énergie, en Chine et au Laos, accroît des difficultés provoquées par la déforestation. Selon la Banque mondiale, le Laos recevait en moyenne 3 000 mm de précipitations avant 2019. En 2020-2022, la moyenne est tombée à 1 900 mm, tendance se poursuivant en 2023 et 2024. Certes, la situation relève aussi de causes plus complexes, comme des variations climatiques d’une année sur l’autre (impact des années El Niño par exemple). En attendant, les activités de maraîchage souffrent cette année, les terres durcies et le manque d’eau affectant la production agricole. Le manque d’eau dans les barrages renforce également la saisonnalité de la production hydroélectrique. Construire de nouveaux barrages sur les Mékong ou ses affluents ne fera pas plus pleuvoir. C’est assurément un facteur qu’il faudra prendre en compte à moyen terme. A défaut, la batterie de l’Asie pourrait connaître des faiblesses.

Birmanie

Hausse de l’indice PMI en mai

L'indice PMI de S&P Global Myanmar est passé de 49,9 en avril à 52,1 en mai 2024, le dépassement de la barre des 50 indiquant une expansion industrielle pour la première fois depuis septembre. La croissance du secteur manufacturier a été portée par de nouvelles commandes, la demande de biens de consommation ayant connu sa plus forte hausse depuis août 2023, entraînant une hausse de la production manufacturière. Dans le même temps, cette dernière s’est néanmoins vue contrainte par la baisse continue des effectifs en raison de démissions qui sont restées massives, poussant aussi les entreprises à écouler plus rapidement leurs stocks. La pression sur les prix s’est intensifiée en mai, les prix à la production ayant augmenté à leur rythme le plus rapide depuis huit mois du fait de la hausse des prix des matières premières et du coût des transports, ainsi que de l'évolution défavorable du kyat. Au final, l’optimisme des industriels, malgré une relative embellie économique en mai, demeure historiquement faible, affectée par les difficultés tant sécuritaires, économiques que politiques du pays.

 

 

bp