Toute l'actualité économique et financière hebdomadaire de l'Arabie Saoudite, du Bahreïn, des Emirats arabes unis, du Koweït, d'Oman, du Qatar et du Yémen....

 

Crues et décrues dans l'économie du Golfe

 

Chaque année, le 21 juin, l'astre du Grand chien, Sirius, se dessine dans son lever héliaque quelques minutes à l'horizon avant que le jour ne le fasse disparaître. Les Egyptiens savaient alors qu'au quatrième jour, le Nil entrerait en crue. A Akhet, saison de l’inondation des berges du Nil, se succédaient Peret, celle de la germination, puis Chemou, saison des récoltes et de leur taxation.

 

De la première cataracte au delta, le fleuve est jalonné de nilomètres, indiquant la hauteur de l’eau. Ces graduations permettaient aux prêtres et scribes de prédire avec précision la quantité de céréales qui serait cultivés. Un calcul variable en raison de la volatilité du volume de l’inondation annuelle, qui permettait aux surintendants agricoles du pharaon de faire varier le quantum des taxes attendues par le Trésor et des réserves à constituer dans les greniers. Ainsi, les Égyptiens avaient adopté une politique budgétaire contracyclique puisqu’elle contribuait à amortir les effets des fluctuations du cycle du Nil sur leur économie.

 

Aujourd’hui, la contribution déterminante des fluctuations du prix du pétrole aux économies du CCEAG n’est pas sans analogie avec le rôle qu’occupaient les variations des crues du Nil, d’une année à l’autre, tant les céréales étaient les commodités agricoles sur lesquelles reposaient l’économie tout entière de l’Egypte, grenier à blé du monde antique. Aussi, l’adaptation des politiques budgétaires des pays du Golfe à la cyclicité des prix du pétrole est-elle tout aussi importante, afin de soutenir l’activité économique et dessiner un chemin vers une économie diversifiée. 

 

Ceci est d'une importance cruciale pour les pays du CCEAG, car l’une des deux variables de leur policy mix, la politique monétaire, est principalement dictée par la Réserve fédérale américaine en raison de l'ancrage de leurs monnaies au dollar US. Ainsi, en cas de décalage entre les cycles économiques, si d’aventure les États du Golfe devaient fixer les taux d’intérêt à un niveau ne correspondant pas à leur position dans le cycle économique (appliquant automatiquement les hausses ou baisses de taux de la FED), ils pourraient être amenés à devoir compenser l'impact négatif de ces mouvements de taux par la politique fiscale. Par exemple, une politique fiscale expansionniste pour compenser un taux trop élevé. Les pays du Golfe ont donc besoin d'une marge de manœuvre budgétaire importante, c'est-à-dire d'une épargne accumulée en période de prospérité.

 

Or, jusqu’à récemment, les États du CCEAG avaient essentiellement maintenu des politiques procycliques traditionnelles, qui amplifiaient les fluctuations du cycle économique. Depuis des décennies, les dépenses étatiques augmentent et diminuent en fonction des crues et décrues du prix du baril. Ainsi, la hausse des prix du pétrole avait systématiquement entraîné une augmentation des dépenses publiques avec une hausse des salaires et des embauches dans le secteur public, un élargissement des filets de sécurité sociale et une accélération des dépenses d'investissement. Cette multiplication des dépenses, par cinq dans la plupart des pays du CCEAG entre 2000 et 2019 (avant la crise pétrolière) et même jusqu’à dix au Qatar, a contribué à la corrélation statistique entre indicateurs macroéconomiques et prix du pétrole et du gaz. 

 

En outre, le peg au dollar américain a exacerbé l'impact négatif des politiques budgétaires procycliques. Bien qu’il offre de la crédibilité aux monnaies locales, il a empêché la dépréciation du taux de change réel et ne reflète pas les profonds changements structurels des liens économiques et financiers au cours des trois dernières décennies - en particulier l'éloignement des États-Unis et de l'Europe au profit de la Chine et de l'Asie.

 

Un effort concerté d'assainissement budgétaire a toutefois été entrepris depuis, au cours des dernières années, l'élément le plus marquant étant la diversification des recettes non pétrolières avec l'introduction de taxes sur la valeur ajoutée et de droits d'accise. Aux Émirats arabes unis, l'introduction d'un impôt fédéral sur les sociétés de 9 % en juillet 2023 devrait accroître la part des recettes non pétrolières, ce qui, associé à des recettes pétrolières plus importantes, permettra de maintenir l'excédent budgétaire à 5,1 % du PIB, soit le niveau le plus élevé parmi les autres pays du CCG en 2024. Au Bahreïn, un programme budgétaire a été lancé en 2018 pour atteindre l'équilibre budgétaire en 2022. Au Koweït, une norme consistant à transférer 10 % des recettes publiques, à l'exclusion des revenus d'investissement, au Reserve Fund for Future Génération a permis de constituer d'importants buffers financiers. De même, au Qatar, un cadre budgétaire 2022-24 a été adopté pour l'assainissement budgétaire. A Oman, un plan budgétaire à moyen terme a été lancé en 2020 pour atteindre l'équilibre budgétaire, y compris une TVA de 5 % et une déconnexion des dépenses de la volatilité des prix du pétrole.

 

En 2022, malgré la hausse exceptionnelle des prix du pétrole, les États du CCEAG ont globalement évité une politique budgétaire procyclique ; des mesures d'assainissement ont continué à être mises en œuvre, après la dégradation très rapide des comptes publics au moment de la crise du Covid. Plus généralement, la manne pétrolière durant cette période extraordinaire a permis de constituer d’importants buffers dans les greniers des États du CCEAG, ce qui offre de la résilience en période baissière du cycle. En outre, le développement des marchés de dette libellées en monnaie locale ajoute aux options de financement disponibles ; emprunter pour faire face aux obligations financières réduisant la procyclicité de la politique budgétaire.

 

Surtout, la diversification de l’économie est un enjeu majeur pour réduire l'exposition à la volatilité et à l'incertitude du marché mondial du pétrole et aux cycles d'expansion et de ralentissement qui y sont liés. Les excédents budgétaires dans le CCEAG devraient se réduire en 2024, mais se redresser à moyen terme, soutenus par la poursuite des réformes budgétaires. Les besoins de financement budgétaire augmenteront en Arabie saoudite en 2024, le ratio de la dette au PIB devrait atteindre 27,7 %, avant de se modérer à 25,8 % à moyen terme. À Bahreïn, le ratio dette/PIB devrait légèrement diminuer en 2024, mais rester élevé (supérieur à 100 %) à moyen terme, ce qui nécessitera des mesures d'assainissement budgétaire plus importantes.

 

Les pays du CCEAG ont accumulé d'importantes réserves budgétaires en période faste, ce qui leur permet de résister aux futurs chocs extérieurs. L'élargissement des systèmes fiscaux du CCEAG se poursuit. Les outils de décorrélation de la politique budgétaire aux cycles du marché des hydrocarbures progressent à mesure que l’économie, fertile, se diversifie. Bientôt le temps des récoltes ?

 

Adèle Grenaille, Adjointe au Chef du service économique régional

Luidgy Belair, Attaché macroéconomique et financier

 

Pétrole et gaz

Pétrole

Brent 31/05/2024 à 12h00 GST : 81,892 USD/Bbl

Les prix du baril restent globalement stables, les investisseurs attendant les chiffres de l'inflation américaine pour disposer d'indices sur les perspectives de la demande avant de se tourner vers la réunion de l'OPEP+ de dimanche à Vienne qui déterminera les conditions de l'offre pour l'année prochaine. Le groupe de producteurs travaille actuellement sur un accord complexe qui lui permettrait de prolonger jusqu'en 2025 ses réductions importantes de la production de pétrole.

 

Les contrats à terme sur le Brent sont sur la voie d'une perte mensuelle de près de 7 % après avoir chuté de 2 % au cours de la session précédente en raison d'une augmentation surprise des stocks de carburant aux États-Unis. L'augmentation de l'utilisation des raffineries a entraîné une réduction plus importante que prévu des stocks de pétrole brut, selon les données de l’EIA.

 

Le pétrole termine la semaine sans grand changement après avoir été secoué par des facteurs haussiers - y compris des attaques sur un navire en mer Rouge - et des sentiments baissiers provenant de marchés financiers plus larges et des signaux d'un ralentissement de la demande chinoise. La chute de ce mois-ci a ramené les gains du Brent à moins de 10 % cette année, et l'OPEP+ devrait prolonger les réductions de production, avec la possibilité de maintenir certaines restrictions jusqu'en 2025. Toutefois, les négociations pourraient s'avérer difficiles, des tensions se faisant jour quant au respect des quotas. L'Irak et le Kazakhstan ont déjà été contraints de publier des plans de compensation prévoyant des réductions supplémentaires pour compenser la surproduction au début de l'année 2024. Ces deux pays ont réduit leur production d'un mois sur l'autre en avril, mais ont continué à produire au-delà de leurs plafonds.

 

Un exercice connexe de l'OPEP+ se déroulera après la réunion de juin : il s'agira de déterminer la capacité de production des pays en 2025, qui sera utilisée pour les niveaux de production de référence de 2025. La plupart des grands producteurs de l'OPEP+ prévoient une augmentation de leur capacité de production en 2025. Cela pourrait entraîner une augmentation de la production cette année et en 2025, étant donné que la production pétrolière américaine continue d'augmenter.

 

Gaz Naturel

Henry Hub 31/05/2024 à 12h00 GST : 2,5343 USD/MMBtu

Le gas naturel cette semaine a rechuté à 2,53 USD/MMBtu, en recul par rapport au sommet de six mois de 2,84 $/MMBtu atteint le 22 mai, en raison de nouveaux signes d'une offre importante. Les données compilées par l'EIA ont montré que le stockage de gaz naturel aux Etats-Unis a augmenté de 84 milliards de pieds cubes au cours de la semaine se terminant le 24 mai, dépassant les attentes du marché d'une augmentation de 77 milliards de pieds cubes pour porter les stocks à 15% au-dessus de la période correspondante de l'année précédente, et à 26% au-dessus de la moyenne des cinq dernières années. Dans le même temps, un autre rapport de l'EIA a fait état d'une augmentation de 0,4 milliard de pieds cubes de l'offre de gaz naturel aux États-Unis au cours de la semaine du 22 mai, en raison d'une augmentation des importations en provenance du Canada. À l'inverse, la consommation a baissé de 0,6 milliard de pieds cubes malgré une augmentation marginale des livraisons de GNL par gazoduc.

 

Les prix à terme internationaux du gaz naturel ont augmenté cette semaine. Selon Bloomberg Finance, L.P., les prix hebdomadaires moyens des cargaisons de gaz naturel liquéfié (GNL) en Asie de l'Est ont augmenté de 49 cents pour atteindre une moyenne hebdomadaire de 12,00 $/MMBtu. Les prix à terme du gaz naturel pour livraison à l'installation de transfert de titres (TTF) aux Pays-Bas ont augmenté de 66 cents pour atteindre une moyenne hebdomadaire de 10,86 $/MMBtu. Au cours de la même semaine de l'année dernière (semaine se terminant le 31 mai 2023), les prix étaient de 9,31 $/MMBtu en Asie de l'Est et de 7,98 $/MMBtu au TTF.

 

Pour l’année 2024, le PDG de QatarEnergy et ministre de l'énergie, Saad-al-Kabbi, a déclaré début mai qu'il était confiant dans ses perspectives de signature d'autres contrats dans le courant de l'année. Le plan d'expansion du Qatar prévoit une augmentation des volumes de production de gaz naturel liquéfié de 85 % par rapport aux niveaux actuels, pour atteindre 142 millions de tonnes d'ici à 2030 grâce aux projets d'expansion du champ nord.

 

Selon les prévisions de l'Institute for Energy Economic and Financial Analysis, la capacité de production mondiale de GNL devrait augmenter d'environ 193 millions de tonnes entre 2024 et 2028, soit une hausse de 40 %. L'augmentation de l'offre devrait provenir de projets GNL en Afrique, en Australie, au Moyen-Orient et aux États-Unis au cours de la prochaine décennie. Le volume de l'offre de GNL qui devrait arriver sur le marché et la possibilité d'une offre excédentaire pourraient inquiéter le Qatar, compte tenu de l'importance de ses projets pour les perspectives de l'économie nationale.

 

Luidgy Belair, Attaché macroéconomique et financier

 

Brèves économiques 

Arabie saoudite

Macroéconomie & Finance

Selon Bloomberg, le gouvernement saoudien, principal actionnaire du géant pétrolier Aramco, prépare une offre d’actions sur le marché secondaire pour ce dimanche 2 juin. Celle-ci pourrait permettre de lever 10 Md USD auprès dinvestisseurs internationaux. L'offre sera probablement proposée avec une décote supplémentaire pouvant atteindre 10 % par rapport au prix de négociation, même si cette décote pourrait être réduite en fonction de la demande des investisseurs. Le gouvernement détient 82 % des parts de l'entreprise dont la capitalisation boursière atteint 1 900 Md USD. L'opération interviendra quelques jours après que les actions d'Aramco soient tombées à leur plus bas niveau depuis plus d'un an (29,0 SAR le 26 mai) et coïncidera avec la prochaine réunion de l’OPEP+ qui se tiendra le 1er juin. Pour rappel, l’introduction en bourse d’Aramco en 2019 avait permis de lever 29,4 Md USD.

Cette opération souligne le besoin de financement du royaume pour poursuivre ses ambitieux programmes d’investissement. Le gouvernement central a besoin de financer les déficits fiscaux qu'il prévoit d'enregistrer au cours des trois prochaines années. Outre cette nouvelle vente d’actions d’Aramco, on relève deux autres options de financement utilisée par le royaume. Premièrement, le PIF a liquidé une large partie de son portefeuille d'actions américaines. La dernière déclaration du PIF à la Securities and Exchange Commission des États-Unis a montré que la valeur de ses avoirs en actions américaines a diminué de 41 %, passant de 35,2 Md USD au T3 2023 à 20,6 Md USD au T4 2023. Bien qu'une partie de cette baisse soit imputable aux pertes de Lucid Motors, le PIF a fermé des positions qu'il détenait précédemment dans plus de 20 entreprises. Ces ventes auraient rapporté plus de 14 Md USD. Deuxièmement, le gouvernement central, via le National Debt Management Centre (NDMC), a émis hier un nouveau sukuk international (obligation islamique), libellé en dollars et d'une valeur de 5 Md USD, après avoir levé 12 Md USD sur le marché de la dette en janvier.

Fonds souverain : Alat et Lenovo établissent un partenariat pour louverture dune usine en Arabie saoudite et un investissement de 2 Md USD La filiale du PIF et Lenovo ont annoncé la signature d’un partenariat pour l’installation d’un centre de production durable et un investissement à hauteur de 2 Md USD par le biais d’obligations convertibles à coupon zéro. Dans le cadre de cet accord également, l'entreprise établira à Riyad son siège régional (RHQ) pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (MENA). Pour rappel, le lancement d’Alat avait été annoncé le 1er février dernier par le prince héritier. La nouvelle filiale du PIF doit contribuer à faire du royaume un hub mondial de l’électronique et des industries de pointe. L’entreprise devra contribuer à hauteur de 9,3 Md USD au PIB non pétrolier d’ici 2030 et créer 39 000 emplois directs. Elle se concentre sur la fabrication de produits destinés aux marchés locaux et internationaux à travers 7 verticales : industries de pointe, semi-conducteurs, appareils intelligents, santé intelligente, bâtiments intelligents et infrastructures de nouvelle génération.

Marché de la dette : L’Arabie saoudite a émis un nouveau sukuk d’une valeur de 17,1 Md USD Le National Debt Management Centre (NDMC) a annoncé ce jour l’émission d’un nouveau sukuk (obligation islamique) libellé en dollars en 3 tranches pour une valeur de 63 Md SAR (17,1 Md USD), en même temps que le rachat pour 16,8 Md USD de dette en circulation. La première tranche, d'une valeur de 4,3 Md USD, arrivera à échéance en 2031, la deuxième d'une valeur de 7,8 Md USD, arrivera à échéance en 2034, et enfin la troisième, d’une valeur de 5,0 Md USD, arrivera à échéance en 2039. Hier, le NDMC avait également annoncé l’émission d’un sukuk libellé en dollars et d’une valeur de 5 Md USD.

Energie, Industrie & Services

Gigaprojets : Riyad freine ses dépenses Bien que l’Arabie saoudite continue à lancer de nouveaux projets à l’image de Jaumur, dernière destination touristique annoncée à NEOM,  le marché des projets du royaume est en plein recalibrage avec une limitation des dépenses principalement sur les gigaprojets. Le premier signe de changement remonte à décembre 2023 lorsque le ministre des Finances, Mohammed Al Jadaan, a déclaré à l’occasion de la présentation du budget 2024 que certains des projets inclus de la Vision 2030 pourraient être retardés pour éviter une trop grande pression sur l’économie nationale. Au niveau des gigaprojets, cela se traduit par une réduction des budgets globaux de 25 % en moyenne pour l’année 2024. Ces annonces de coupes budgétaires ont coïncidé avec une baisse des attributions de contrats. Ainsi, en avril 2024, 166 M USD de contrats ont été attribués dans le cadre des gigaprojets, contre 271 M USD en mars et 509 M USD en février. En janvier toutefois, le montant total attribué s’élevait à 5,6 Md USD, principalement grâce au contrat de 5 Md USD pour la construction des barrages dans la station de Trojena.

Le défi pour Riyad au cours des prochaines années est alors de trouver le bon équilibre entre ses ambitions et la réalité de ses capacités financières. Les sociétés en charge de la réalisation des gigaprojets cherchent par ailleurs à attirer davantage d’investissements étrangers et en avril 2024, NEOM avait annoncé avoir obtenu une facilité de crédit de 2,7 Md USD auprès de neuf banques locales pour répondre aux besoins de financement à court terme du projet. Nadhmi Nasser, PDG de NEOM, avait également déclaré explorer d’autres sources de financement.

Industrie : Sabic obtient lautorisation de céder sa filiale Hadeed au PIF Saudi Basic Industries Corporation (SABIC) a obtenu les approbations nécessaires de la part des autorités saoudiennes pour céder sa filiale Saudi Iron & Steel Company (Hadeed) au Fonds souverain (PIF). La transaction devrait être finalisée au cours du second semestre 2024. Pour mémoire, les deux entités avaient signé en septembre 2023 un accord pour le transfert de 100 % des actions de Hadeed. La valeur de la société est estimée à 3,3 Md USD. Cette acquisition a pour objectif de renforcer la filière industrielle du royaume et plus particulièrement celle de l’acier. En plus de ce transfert, Hadeed acquerra également une participation à 100 % dans Al Rajhi Steel Industries Company, ce qui lui permettrait d’obtenir un potentiel de production combiné de près de 8 M de tonnes d’acier par an. Pour développer son industrie sidérurgique, l’Arabie saoudite a augmenté les investissements dans le secteur et favorisé l’attraction de capitaux étrangers. C’est notamment le cas avec le conglomérat industriel indien Essar Group qui développe un complexe sidérurgique à Ras Al Khair, dans l’Est du pays. Ce complexe, estimé à 4 Md USD, aura une capacité de production de 4 M de tonnes an ainsi qu’une capacité de laminage de 1 M de tonnes par an. Une autre usine est en cours de construction au sein du King Salman Energy Park (SPARK) par une JV entre les entreprises saoudiennes Aramco et Dussur et l’industriel coréen SeAH Group. Son entrée en service est prévue pour 2025 avec une production de 20 000 tonnes par an de tuyaux.

 

Infrastructure (1/2) : Retal obtient un contrat de 773 M USD pour le projet Aldanah de ROSHN – La filiale construction du groupe saoudien Retal, Building Construction Company (BCC), a annoncé avoir signé un contrat pour développer 1 962 unités résidentielles sur le site du projet Aldanah mené par ROSHN. Le contrat est évalué à 773 M USD et s’étend sur une période de 45 mois. Dans le cadre de ce contrat, BCC développera un plan directeur détaillé, concevra et construira l’infrastructure, l’aménagement paysager et les travaux de construction. Le projet Aldanah, situé à Dhahran sur la côte Est, a été dévoilé en avril par ROSHN, gigaprojet détenu par le PIF. Ce projet vise à développer des communautés résidentielles en Arabie saoudite et a notamment pour mandat de porter le taux de propriétaires à 70 % d’ici 2030. Dans le dernier rapport sur l’état d’avancement de la Vision 2030, il a été annoncé que le taux de propriétaires était passé de 47 % en 2016 à près de 64 % en 2023.

 

Infrastructure (2/2) : le ministère des Transports lance un nouveau Code de la Route saoudien Le ministère des Transports saoudien a lancé un nouveau Code de la Route à Riyad en présence du ministre Saleh Al Jasser. Ce code devrait faire office de seule référence technique pour toutes les agences chargées de la mise en œuvre des routes dans le pays. En 2023, l’Arabie saoudite avait inauguré 2 400 km de routes et depuis le début de l’année plusieurs centaines de kilomètres ont aussi été inaugurés. Le code vise à réglementer les routes en fixant un niveau spécifique de sûreté et de sécurité, d’efficacité et de durabilité. Parmi les mesures prises, on retrouve le changement de la couleur de l’asphalte pour passer du noir au bleu et blanc afin de refroidir les surfaces. Cette initiative a déjà été menée dans les lieux saints de Mina, Arafat et Muzdalifah. Ce nouveau code s’inscrit dans le cadre de la réalisation des objectifs de la Vision 2030 et des efforts du pays pour rendre ses routes plus sûres d’une part et participer à la lutte globale contre le changement climatique d’autre part.

 

Émirats arabes unis

Macroéconomie & Finance

L'enquête sur le climat du crédit aux Émirats arabes unis pour le premier trimestre 2024 indique une demande saine et une volonté croissante des banques de prêter. Les prêts accordés au secteur commercial et industriel des EAU représentent ~50% du total du crédit domestique en janvier 2024.L'enquête sur le sentiment de crédit de la banque centrale des EAU au T1 2024 montre une forte demande et offre de crédit (le crédit domestique a augmenté de 5,3 % en glissement annuel en janvier 2024 contre 2 % en janvier 2023). La demande de prêts aux entreprises a augmenté au T1 2024 : la croissance trimestrielle a été la plus élevée depuis plus d'un an. Les perspectives économiques positives semblent avoir partiellement compensé l'impact de la hausse des taux d'intérêt.

Par industrie, un fort sentiment a été observé dans le commerce de détail et de gros, la construction, le développement immobilier et l'industrie manufacturière. Les banques se sont montrées plus disposées à offrir des prêts personnels. La demande a été forte dans tous les segments (le niveau le plus élevé jamais enregistré). Les prêts personnels et les prêts sur cartes de crédit ainsi que les prêts au logement (propriétaires occupants) ont connu une hausse. L'appétit pour le crédit devrait rester élevé au deuxième trimestre.

 

Energie, Industrie & Services

EAU / Corée du Sud : Les EAU et la Corée du Sud ont annoncé la signature d'un accord de partenariat économique global (CEPA), qui vise à libéraliser les échanges entre les deux pays et à promouvoir les investissements bilatéraux dans des secteurs clés. Ce programme vise à propulser le commerce extérieur non pétrolier à plus de 4 000 Mds AED d'ici 2031. La visite a également donné lieu à la signature de 19 accords commerciaux.

 

EAU / Chine : Le Président des EAU est en visite officielle en Chine pour deux jours. Au cours du 10e Forum de coopération Chine-Etats arabes, le Président émirien a rappelé l’importance de la coopération sino-arabe, notamment dans le cadre des discussions internationales pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza.

 

EDB : La Emirates Development Bank a annoncé un engagement de financement d’une valeur de 5 Mds AED pour 2024, visant à accélérer la croissance du secteur industriel du pays. L’objectif de l’EDB est de fournir un soutien financier de 30 Mds AED à 13 500 entreprises dans ses cinq secteurs prioritaires - énergies renouvelables, fabrication, technologies de pointe, soins de santé et sécurité alimentaire - d'ici à 2026.

 

Acier : Abu Dhabi prévoit la création d'un centre de production d'acier à grande échelle d'une capacité finale de 15 millions de tonnes par an. Cette capacité s'ajoutera aux usines existantes d'Emirates Steel Arkan, d'une capacité de 3,5 millions de tonnes par an.

 

ENEC : ENEC a signé un MoU avec la société sud-coréenne KEPCO afin de stimuler la recherche dans le domaine de l'énergie nucléaire et de collaborer pour des potentiels investissements dans des projets nucléaires à l'échelle mondiale.

 

G42 / Microsoft : Microsoft et G42 ont annoncé un investissement initial de 1 Md USD pour la construction d'une infrastructure numérique au Kenya. Cette décision d'investissement fait suite à un investissement de 1,5 Mds USD de Microsoft dans G42, qui a permis à Brad Smith, président de Microsoft, de rejoindre le conseil d'administration de G42.

 

Qatar

Le commerce bilatéral entre le Qatar et la Chine atteint 6,8Mds USD au premier trimestre 2024, en hausse de 3,7% en glissement annuel selon le ministre qatarien du Commerce et de l’Industrie, Cheikh Mohammed bin Hamad bin Qassim Âl Thani, en marge de la première édition du Forum sur la coopération industrielle et en matière d’investissement entre les États du CCEAG et la Chine (Xiamen, 23 et 24 mai 2024). Pour mémoire, avec un commerce bilatéral qui s’est établi à 23,7Mds USD en 2023, la Chine est le premier partenaire commercial de l’Émirat.  

 

Sous le poids de la détérioration des performances des banques, l’indice de la Bourse du Qatar (QEI) connaît une chute de 13% depuis le début de l’année 2024. Pressées par l’augmentation du nombre de prêts non-performants, notamment ceux accordés aux secteurs de la construction et du développement immobilier, les banques qatariennes fortement exposées à ces secteurs – Qatar National Bank, Commercial Bank of Qatar, Qatar Islamic Bank, Doha Bank – sont les principales contributrices à la chute de l’indice QEI. En effet, face à la diminution importante des prix de l’immobilier (-25% par rapport à 2015) et aux retards de paiements sur les projets liés à la Coupe du Monde, le secteur de la construction peine à rembourser ses dettes vis-à-vis des banques, qui voient leurs investisseurs se désengager afin de diminuer leur exposition. Si les banques qatariennes ont assuré satisfaire encore les exigences requises en termes de ratios de fonds propres et si les cotations des secteurs de la logistique et des commodities se sont distinguées par des performances remarquables, ces annonces n’ont pas enrayé la chute importante de l’indice QEI. Selon Bloomberg, cette mauvaise performance de l’indice QEI est la pire des 92 indices mondiaux suivis sur la même période. Si cette tendance ne remet pas en cause la stabilité du système financier du Qatar, elle confirme que l’activité économique qatarienne, deux ans après la Coupe du Monde de football, manque d’un dynamisme jusqu’alors porteur de croissance.

 

Qatar Investment Authority (QIA) exprime son intérêt pour acquérir avec la société de gestion de placements Neuberger Berman jusqu’à 225M USD de parts dans l’entreprise Waystar Holding. Cette annonce intervient dans le cadre de l’introduction en bourse de Waystar Holding, entreprise américaine proposant des solutions de paiement dans le secteur de la santé, qui a pour objectif annoncé de lever jusqu’à 1,04Md USD. Par ailleurs, cette annonce confirme la réorientation de QIA vers davantage d’exposition financière à des secteurs technologiques-clés tels que la fintech, notamment en Amérique du Nord.

 

QatarEnergy (QE) et TotalEnergies poursuivent la seconde phase de développement du champ d’hydrocarbures de Sépia, au large du Brésil. L’annonce de cette décision finale d’investissement (FID) a été actée par la signature d’un contrat entre le consortium de majors détenant la joint-venture Sepia d’une part et Seatrium O&G Americas d’autre part, pour la construction d’une unité flottante de production, de stockage et de déchargement (FPSO) qui opérera dans le champ de Sépia. Construite par des chantiers navals brésiliens, chinois et singapouriens, l’unité FPSO, d’une capacité de production de 225 000 barils de pétrole/jour et de 10 millions de m3 de gaz/jour, réduira de 30% l’intensité en gaz à effet de serre par baril de pétrole. A cette fin, elle disposera d’une configuration entièrement électrique, de technologies de capture des émissions en eaux profondes, de récupération de chaleur fatale et d’un système de torchage fermé. La joint-venture Sepia est née du partenariat des entreprises QatarEnergy, TotalEnergies, Petronas, Petrogal Brazill et Petrobras. En effet, depuis 2017 QE a accéléré son développement à l’international, notamment en acquérant des participations dans des blocs d’exploration et de production en Amérique Latine (Mexique, Suriname, Brésil, Guyana).

 

Qatar Free Zones Authority (QFZ) et Qantiphi, développeur de services et logiciels de science des données et IA appliquée, signent un accord de partenariat stratégique. Cet accord prévoit l’installation d’un centre technologique et d’ingénierie numérique dans les zones franches du Qatar (QFZ), destiné à répondre à la demande qatarienne et régionale croissante en solutions d’entreprises fondées sur l’IA et l’IA générative. Cette annonce est dans le sillage de la stratégie nationale qatarienne pour l’IA, qui prévoit de porter le marché local de l’IA à 60M USD à horizon 2026 et qui a vu l’Émirat s’associer à des géants du numérique (Google, Microsoft) pour monter en compétence et en capacité dans ce secteur.  

 

Koweït

Le gouvernement a publié un projet de décret pour nommer un nouveau conseil d’administration à la Central Agency for Public Tenders (CAPT), l’agence en charge des appels d’offres publics. Le conseil d’administration était vacant depuis 5 mois et cette décision pourrait confirmer l'intention du gouvernement d'accélérer la mise en œuvre de projets de développement clés.

 

L’Union of Investment Companies, plus importante association professionnelle du secteur de l’investissement, a élu son nouveau conseil d’administration. Abdullah Hamad AlTerkait est élu à sa tête, en complément de ses fonctions de président du conseil d’administration d’Al Safat Investment.

 

Bahreïn

 

S&P Global Ratings a confirmé les notes de crédit souverain à long terme et à court terme en devises étrangères et en monnaie locale de Bahreïn (B+/B) et note que les perspectives du royaume restent stables. Cela indique que S&P s'attend à ce que le gouvernement continue à mettre en œuvre des mesures pour réduire le déficit budgétaire, tout en bénéficiant d'un soutien supplémentaire de la part d'autres pays souverains du Conseil de coopération du Golfe (CCG), si nécessaire. Entre-temps, les pressions sur les dépenses et la baisse des recettes pétrolières ont entraîné une forte augmentation du déficit budgétaire de Bahreïn, qui a atteint 5 % du PIB en 2023. « Néanmoins, sur la période allant jusqu'à 2027, nous nous attendons à ce que le gouvernement mette en œuvre des réformes pour consolider sa position budgétaire, en grande partie grâce à l'augmentation des recettes non pétrolières », a déclaré S&P dans un communiqué.

 

Oman

 

L’agence de notation Fitch a confirmé la note souveraine « BB+ » du Sultanat d’Oman, associée à une perspective « stable ». L’agence justifie la décision par la poursuite de l’assainissement des finances publiques. Fitch prévoit une croissance  du PIB de +1,8% en 2024, principalement portée par la consommation domestique, les IDE et le dynamisme de l’aval pétrolier. L’agence estime également que la dette atteindra 32,4% du PIB en 2024, du fait de remboursements anticipés suite au surplus budgétaire attendu fin 2024 (+2,2% du PIB). Fitch prévoit que le pays rembourse 2,9 Md USD à la fin du premier semestre 2024, ce qui semble trop optimiste. Pour rappel, les autorités omanaises ont remboursé au 1T 2024, seulement, 500 M USD.  A noter que l’agence souligne la politique de « domestiquation » de la dette des autorités omanaises (dette externe libellée en OMR et augmentation de la  part de la dette domestique).

 

Selon l’Organisation mondiale du tourisme, le Sultanat d’Oman aurait attiré plus de 1,8 Md USD d’investissements sur la période 2018-2023 dans le tourisme. Le pays serait donc la cinquième destination des IDE « tourisme » dans la zone.  Les investissements ont porté sur treize projets ex nihilo avec pour principaux investisseurs les Etats-Unis (522 M USD), la Chine (348 M USD), les Emirats Arabes Unis (348 M USD) et la France et Chypre (174 M USD). Pour rappel, le tourisme représente un des cinq secteurs clés de la diversification – 3% du PIB d’ici 2025 contre 2,5% actuellement.