Actualités économiques Nigéria-Ghana | Semaine du 27 mai 2024
Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions de l'antenne de Lagos et du Service économique d’Accra.
Nous rappelons à notre cher lectorat que le Service économique régional d’Abuja publie régulièrement sur l’actualité économique franco-nigériane et sur ses activités dans le pays à travers sa page LinkedIn. Il en est de même pour le Service économique d’Accra, sur LinkedIn.
LE CHIFFRE A RETENIR
4,4 Md USD : C'est le flux d'investissement qu'ont capté les start-ups nigérianes depuis 2019, un tiers du total reçu par le continent africain sur la période.
FAITS SAILLANTS
Nigéria :
La Banque centrale relève son taux directeur de 150 points de base pour juguler l’inflation ; Le Nigeria et le Bénin souhaitent relancer le commerce transfrontalier ; TotalEnergies approvisionnera la raffinerie Dangote ; Les Banques Nigérianes enregistrent 392 Md NGN (271 M USD) en revenus de commerce électronique en 2023.
Ghana :
La production de pétrole brut du Ghana diminue pour la 4e année consécutive ; La Banque du Ghana annonce l’utilisation réussie de l’eCedi, la monnaie numérique du Ghana, dans le cadre d’une transaction transfrontalière du projet DESFT ; Le vice-président Dr Mahamudu Bawumia affirme que la prochaine étape du parcours de numérisation du Ghana est de devenir le premier gouvernement à utiliser la technologie blockchain en Afrique pour lutter contre la corruption.
Nigeria
La Banque centrale relève son taux directeur de 150 points de base pour juguler l’inflation
Dans un contexte de persistance d’une inflation élevée qui a atteint en avril son plus haut niveau depuis 28 ans, 33,7 % en g.a. selon les statistiques publiées par le Bureau nigérian des statistiques (NBS), la Banque centrale du Nigéria (CBN) a décidé d’une nouvelle hausse des taux de l’ordre de 150 pdb lors de sa réunion du mardi 21 mai. Le taux directeur atteint désormais 26,25 %, soit 750 pdb de hausses cumulées en 2024. Dans son communiqué, le comité de politique monétaire justifie sa politique par le niveau d’inflation alimentaire qui reste élevé, lié tant aux difficultés de l’agriculture locale qu’au renchérissement du prix des denrées d’importation sous l’effet de la dépréciation du naira, ainsi que par la nécessité d’ancrer la cible d’inflation visée par la CBN dans les anticipations des agents. Si cette hausse du taux directeur était largement attendue de la part de plusieurs banques, elle se situe pour autant dans la fourchette haute des prévisions et traduit donc un arbitrage de la CBN, qui privilégie la lutte contre l’inflation aux considérations sur la croissance.
La CBN a également publié le lundi 20 mai une circulaire révisée qui suspend la mise en place de la taxe de 0,5% sur la cybersécurité. Ladite taxe devait prendre effet ce jour-même après son annonce le 6 mai. Cela intervient après une demande d’annulation de cette directive formulée deux semaines auparavant par la Chambre des Représentants, qui craignait les retombées sociales de cette mesure. Cette taxe avait en effet suscité de vives réactions de mécontentement de la part de la population, qui subit déjà de plein fouet les réductions de subventions sur le pétrole et l’électricité. Sa suspension, et son éventuelle annulation, permettraient d’éviter les effets néfastes d’une fiscalité redondante sur le pouvoir d’achat des Nigérians.
Le Nigeria et le Bénin souhaitent relancer le commerce transfrontalier
A l’occasion d’une réunion interministérielle de haut niveau qui s’est tenue au poste-frontière de Segbana le mardi 21 mai, les délégations nigériane et béninoise, menées respectivement par le Ministre des Affaires étrangères Yusuf Maitama Tuggar et le Ministre d’Etat en charge de l’Economie et des Finances Romuald Wadagni, ont scellé plusieurs décisions destinées à renforcer les échanges commerciaux entre les deux pays. La première mesure phare à l’issue de cette réunion a été de raviver la commission permanente entre le Nigéria et le Bénin, dont la première session se tiendra mi-juin. Elle devrait permettre d’avoir des échanges périodiques entre les deux Etats sur des sujets de préoccupations communes et d’avancer dans le règlement des différends communautaires. De même, une commission bipartite a été créé afin de rendre opérationnel, dans les plus brefs délais, le poste frontière de Segbana, qui lie le Nord du Nigéria au Bénin, ayant pour but de faciliter les échanges via le port de Cotonou. En parallèle de ces travaux, les opérateurs économiques ont été notifiés qu’ils pourraient d’ores et déjà entamer leurs opérations commerciales par le port de Cotonou, troisième annonce clé suite à cette réunion.
Cette occasion marque l’entrée des rapports commerciaux entre le Nigéria et le Bénin dans une nouvelle ère. Les relations entre les deux états voisins ont connu des tensions ces dernières années, sous le mandat du président sortant Muhammadu Buhari, qui ont culminées avec la fermeture de la frontière en 2019. Cette décision instaurait de fait une interdiction du commerce entre les deux territoires, et avait été justifiée par la volonté de protéger la production nigériane contre le trafic transfrontalier informel et illégal. La donne semble avoir désormais changé sous l’impulsion du Président Bola Tinubu, qui a initié dès le début de son mandat un rapprochement avec le Bénin et son homologue Patrice Talon.
TotalEnergies approvisionnera la raffinerie Dangote
En marge de l’édition 2024 du CEO Africa Forum, Aliko Dangote et le directeur général de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, se sont mis d’accord pour que le géant pétrogazier français contribue à l’approvisionnement en pétrole brut de la raffinerie Dangote. Depuis le lancement récent de ses opérations, la raffinerie cherche à sécuriser son approvisionnement. En effet, pour s’imposer comme un fournisseur principal de produits pétroliers en Afrique de l’Ouest, la raffinerie doit s’assurer de sécuriser des livraisons de brut suffisantes pour atteindre ses pleines capacités de production, soit 650 000 mbj. Elle se fournit notamment en pétrole brut provenant des Etats-Unis.
En mai, la société a lancé un appel d'offres pour deux millions de barils de pétrole brut West Texas Intermediate (WTI) chaque mois pendant un an à partir de juillet. La raffinerie a commencé la production de carburant d’aviation et de diesel en avril dernier et devrait commencer à livrer de l’essence au mois de juin. L’entrée en production a d’ailleurs contribué à réduire le prix du diesel d’environ 1250 NGN/L à 940NGN/L, avant que celui-ci ne remonte à environ 1100 NGN/L ces dernières semaines à cause de la dépréciation du naira.
Les Banques nigérianes enregistrent 392 Md NGN (271 M USD) en revenus de commerce électronique en 2023
En 2023, les principales banques nigérianes ont généré 392 Md NGN (271 M USD) grâce au commerce électronique, reflétant une adoption croissante des transactions sans numéraire physique parmi les Nigérians. Ce montant englobe les gains des cinq plus grandes banques du pays : FBN Holdings, United Bank for Africa (UBA), GTCO Holdings, Access Holdings et Zenith Bank. Parmi elles, la United Bank for Africa (UBA) s'est distinguée en enregistrant 125,5 Md NGN (86,8 M USD) de revenus dans ce segment, soit une hausse de 59 % par rapport aux 78,9 Md NGN (54 M USD) de 2022.
Les revenus du commerce électronique englobent ceux générés par les canaux électroniques, les produits de cartes et les services associés. Ces canaux incluent les applications mobiles, les services USSD, les distributeurs automatiques de billets (DAB), les services bancaires en agence, les services bancaires en ligne et les paiements aux points de vente (POS).
Ghana
La production de pétrole brut du Ghana diminue pour la 4e année consécutive
La production de pétrole brut du Ghana a diminué de 6,78% en 2023, contribuant à une baisse annuelle moyenne de 9,2% entre 2019 et 2023, selon le rapport annuel 2023 du Comité sur la responsabilité de l’intérêt public (CDIP) sur la gestion et l’utilisation des revenus pétroliers.
En 2023, le Ghana a produit 48,25 M barils de pétrole en 2023, par rapport à 51,76 M en 2022 et un pic à 71,44 M en 2019.
Le pétrole brut du Ghana est produit à partir de trois champs : Jubilee, TEN et Sankofa Gye-Nyame (SGN). En 2023, Jubilee représentait 63% de la production totale de pétrole brut avec 30,44 M barils, tandis que le champ SGN représente 23% de la production et le champ TEN 14%.
Malgré la baisse de la production, le prix moyen du pétrole brut a été robuste à 78,067 USD par baril, générant des revenus totaux de 1 062 M USD versés au Fonds de détention pétrolière (PHF), soit une diminution de 25,65% par rapport à 2022. La baisse continue de la production de pétrole brut, combinée à l’absence de nouveaux accords pétroliers depuis 2018 et aux vieillissements des champs existants met en évidence le besoin d’investissements stratégiques dans le secteur pétrolier au Ghana.
En revanche, la production de gaz a légèrement augmenté, atteignant 255 172 millions de pieds cubes standard (MMSCF) en 2023, en hausse de 0,64% par rapport à 2022. Le champ SGN a produit le plus grand volume de gaz avec 127 203 MMSCF, suivi de Jubilee avec 77 900 MMSCF et TEN avec 50 069 MMSCF.
La Banque du Ghana annonce l’utilisation réussie de l’eCedi, la monnaie numérique du Ghana, dans le cadre d’une transaction transfrontalière du projet DESFT
La Banque centrale du Ghana a achevé avec succès la première preuve de concept (PoC) du projet Digital Economy Semi-Fungible Token (DESFT), marquant une avancée significative pour le commerce transfrontalier numérique. Annoncée par Kwame Oppong, directeur de la fintech et de l’innovation à la Banque centrale du Ghana, cette réussite inclut une transaction transfrontalière utilisant l’eCedi, la monnaie numérique du Ghana, et un stablecoin de Singapour.
Lancé en juin 2023 avec l'Autorité monétaire de Singapour (MAS), le projet vise à développer un système d'accréditation fiable permettant aux PME de transformer des informations clés telles que les informations d’identification de base, les licences, les certificats, en un système de registre sécurité, permettant aux partenaires commerciaux potentiels et aux institutions de vérifier l’authenticité de ces informations.
En avril 2024, la phase 2 du projet a permis de réaliser un commerce transfrontalier entre le Ghana et Singapour en utilisant la solution DESFT. Cette initiative promet d'améliorer l'écosystème de paiement du Ghana, démontrant son potentiel d'interopérabilité avec diverses plateformes d'identification et de paiement. Elle facilite les transactions internationales pour les PME, favorise une croissance inclusive et l'innovation, et permet d’établir une confiance avec les partenaires commerciaux.
Le vice-président Dr Mahamudu Bawumia affirme que la prochaine étape du parcours de numérisation du Ghana est de devenir le premier gouvernement à utiliser la technologie blockchain en Afrique pour lutter contre la corruption
Le vice-président Bawumia a annoncé cela lors de la 14e conférence régionale et de la réunion générale annuelle des chefs des agences de lutte contre la corruption du Commonwealth en Afrique. La blockchain serait capable d'identifier et de découvrir tout changement dans les données numériques et donc de tracer toutes les transactions dans l'espace de gouvernance. Selon lui, cela favoriserait la transparence et permettrait au gouvernement de lutter contre la corruption dans son intégralité. Le candidat à l'élection a rappelé ses avancées dans le domaine de la digitalisation, en particulier l'introduction d'une plateforme de collecte d'impôts en ligne et la numérisation des demandes de passeport, qui ont toutes deux eu un impact significatif sur l'économie. Il a appelé les agences de lutte contre la corruption en Afrique à investir dans les outils numériques afin de les aider à suivre, tracer et rompre les chaînes de corruption.
Enfin, le vice-président a déclaré que le Ghana pourrait lutter plus efficacement contre la corruption si la Banque centrale introduisait la monnaie numérique connue sous le nom d'eCedi. Selon lui, l'eCedi sera l'arme ultime dans la lutte contre la corruption, car il permettrait de suivre facilement les mouvements d'argent et d'identifier les activités suspectes. Il permettrait également à la Banque du Ghana d'assurer une transparence de haut niveau, de réduire les risques de fraude, d'évasion fiscale et de blanchiment d'argent.