Toute l'actualité économique et financière hebdomadaire de l'Arabie Saoudite, du Bahreïn, des Emirats arabes unis, du Koweït, d'Oman, du Qatar et du Yémen....

Tech-Tonique du Golfe : secousse ou séisme?

Ce mardi 21 mai, Bruno Le Maire a ouvert la seconde édition de l’Investors Meetup à Abou Dabi, après une première séquence au Qatar. Le Ministre était accompagné par une délégation d’entreprises spécialisées dans l’intelligence artificielle, sujet stratégique pour les deux pays.

A cette occasion, le ministre a signé un Memorandum of Understanding sur l’intelligence artificielle avec Khaldoon Al Mubarak, CEO de Mubadala Investment Company et membre de l’Abu Dhabi Artificial Intelligence and Advanced Technology Council. L’objectif est d’intensifier la coopération sur toute la chaîne de valeur de l’IA.

Ce déplacement est d’autant plus important à l’heure où investir dans la tech est un axe prioritaire pour les fonds souverains de la région. 

En effet, depuis plusieurs semaines, le sismogramme s’affole dans la région. Le Golfe se fait l’épicentre mondial du financement des technologies d’avenir. Simple secousse ou séisme, quelle en sera la magnitude ?

Les fonds souverains du Golfe et leurs filiales jouent en effet un rôle de plus en plus affirmé dans le développement et le déploiement de l'IA ainsi que d'autres technologies de pointe. Ainsi, le secteur fait l’actualité avec le 15 avril dernier, l’annonce de Microsoft d’un investissement stratégique de 1,5 Md USD dans G42 pour une participation minoritaire et un siège au board de la société émiratie pour le président de Microsoft, Brad Smith. Lors de la conférence annuelle LEAP, organisée en Arabie saoudite et axée sur la technologie, Amazon Web Services a annoncé son intention de consacrer 5,3 Mds USD à la création de datacenters en Arabie Saoudite. DataVolt, une société saoudienne spécialisée dans les centres de données, investira également 5 Mds USD dans le développement de centres de données d'une capacité de plus de 300 mégawatts. Aussi, IBM Corp. prévoit d'allouer 250 M USD à un centre de développement de logiciels, tandis que la société de logiciels ServiceNow consacre 500 M USD à la localisation de ses services en Arabie saoudite.

On observe assiste ainsi à une accélération des projets de construction de centres de données dans les pays du Golfe. Et cette intensification de l'intérêt des fonds souverains de la région pour la tech n'est pas tout-à-fait nouvelle. Les gouvernements régionaux ont en effet fait progresser les efforts de numérisation depuis de nombreuses années, en se concentrant plus récemment sur numérisation de l'économie. La pandémie de coronavirus a accéléré les efforts visant à intégrer la technologie dans les processus d'élaboration des politiques afin d'améliorer l'efficacité et la résilience des économies.

La technologie est également au cœur des différents axes stratégiques des fonds souverains dans la région : obtenir des rendements élevés, soutenir les efforts de diversification économique et, pour certains d’entre eux, donner la priorité aux initiatives de développement national ou investir dans des actifs internationaux ayant des retombées nationales évidentes.

Mais l'enjeu pour ces fonds souverains n'est plus seulement de générer des rendements financiers dans un secteur en forte croissance.Il s'agit de soutenir des plans ambitieux visant à repositionner les pays du Golfe en tant que centres technologiques mondiaux. Ne plus seulement financer ailleurs, mais construire ici. Build and not only Buy. Réinvestir localement les capitaux vers des secteurs stratégiques plutôt que générer passivement du rendement. 

L’Arabie saoudite serait « bien placée pour devenir un centre d'intelligence artificielle en dehors des États-Unis » selon Yasir Al-Rumayyan, Gouverneur du Public Investment Fund (PIF), lors d’un déplacement aux Etats-Unis en février dernier. Le PIF, déjà principal moteur financier de Saudi Vision 2030, joue à présent un rôle plus affirmé, axé sur la technologie, afin de stimuler la transition vers une économie de la connaissance.

Dans ce contexte, début 2024, le prince héritier Mohammed bin Salman a lancé Alat, une société détenue par le PIF, pour faire de l'Arabie saoudite un centre mondial pour les technologies de pointe. La nouvelle entreprise a rapidement annoncé des accords avec la société japonaise SoftBank Group et le fabricant chinois d'équipements de surveillance Dahua Technology pour aider à construire une industrie manufacturière alimentée par l'IA.

Le fonds souverain saoudien s'implique de plus en plus dans les infrastructures et les chaînes d'approvisionnement nécessaires pour soutenir les secteurs et les industries axés sur la technologie. En avril, le PIF a pris une participation de 51 % dans Telecommunication Towers Company Limited à stc Group dans le cadre d'un accord visant à créer une entité fusionnée qui fonctionnera comme l'une des plus grandes sociétés de tours au monde. Le capital investi du fonds souverain saoudien a dépassé les 30 Mds USD en 2023, ce qui le classe en tête des fonds souverains en termes de déploiement de capital, mais ses ressources ne sont pas infinies. Mais dans un contexte financier de plus en plus contraint, quels seront les arbitrages du Royaume ? 

De leur côté, les Emirats Arabes Unis ont développé la société de portefeuille technologique G42, basée à Abou Dabi. Cette holding émiratie est soutenue par le fonds souverain Mubadala et se concentre sur le développement de l’IA dans divers secteurs. Dans son rapport annuel paru mi-mai, Mubadala communique sur l’importance stratégique des investissements dans les technologies et l’intelligence artificielle. Ainsi, ses filiales Bayanat et Yahsat ont fusionné pour créer Space42, dont la valeur est estimée à 4,1 Mds USD, marquant ainsi le début de la première entreprise de technologie spatiale alimentée par l'IA au sein du MENA. Cette fusion stratégique entend améliorer les capacités d'observation de la Terre en élargissant la flotte de satellites, conformément à la stratégie actuelle des Émirats de diversification des investissements dans le secteur spatial. Mubadala estime que la croissance du secteur spatial devrait augmenter de 41 % au cours des cinq prochaines années pour atteindre 546 Mds USD, et souhaite voir Space42 être en première ligne pour exploiter ce potentiel. 

Plus modestes, les fonds souverains du sultanat d’Oman et du Bahreïn cherchent également à exploiter le potentiel national des investissements dans des secteurs stratégiques tels que la technologie, souvent en partenariat avec des fonds souverains voisins plus importants.

À la suite d'une visite d'État du sultan omanais Haitham bin Tariq aux Émirats arabes unis en avril, l'Oman Investment Authority et l'ADQ ont lancé un fonds technologique, Jasoor Fund, de 180 M USD. Oman possède un fonds de taille comparable (150 M USD), l'Oman Technology Fund, lancé en 2016 et qui vise à « faire d'Oman la destination privilégiée des entreprises technologiques émergentes de la région ».

Le fonds bahreïni Mumtalakat soutient les startups locales et son portefeuille comprend Beyon - la société mère de Batelco - qui prévoit de passer d'une « société centrée sur les télécommunications à une puissance technologique », d'après le rapport annuel 2022 du fonds souverain. En mars, Mumtalakat et le PIF ont signé un accord de coopération en matière d'investissement dans des secteurs stratégiques.

De leur côté, le Qatar et le Koweït partagent un bilan mitigé dans cette course à l'investissement technologique.

L'Autorité d'investissement du Qatar a annoncé en début d’année un programme d'investissement de plus d’1 Md USD dans des fonds de capital-risque internationaux et régionaux, avec une priorité donnée aux technologies émergentes. Cette stratégie se reflète également avec l’investissement de QIA dans Ardian Semiconductor, visant à renforcer la position du Fonds en tant que partenaire financier de choix dans les sous-secteurs technologiques clés. Quant au Koweït, il dispose d'un fonds souverain d'envergure considérable, et des rapports indiquent que des responsables envisagent de lancer des fonds subsidiaires davantage axés sur le développement national, ce qui pourrait impliquer un rôle plus actif dans le secteur mondial de la technologie. Cependant, cela reste une perspective lointaine alors que les contraintes politiques pèsent sur la prise de décision et empêcheront probablement des changements majeurs dans la stratégie d'investissement à court terme.

Adèle Grenaille, Adjointe au Chef du service économique régional

Luidgy Belair, Attaché macroéconomique et financier

 

Pétrole et gaz

Brent : 24/05/2024 à 12h00 GST : 81,3 USD/Bbl

Brent

 

Le prix du Brent a continué à chuter cette semaine pour atteindre son plus bas niveau depuis février. La prime de risque liée à la montée des tensions au printemps est désormais totalement effacée, et le marché s’est rallié à la crainte d’un maintien des taux d’intérêts élevés de la FED qui affaiblirait la demande en pétrole. La décision de l’OPEP le 1er juin sera donc cruciale pour estimer le cours du baril, même si une prolongation des quotas de restriction apparaît de plus en plus probable au vu du très haut breakeven fiscal de l’Arabie Saoudite, tête de file du groupe.

Cette semaine, le Brent a chuté de 3%, annulant tous les gains réalisés depuis mars sous fond de tensions géopolitiques entre Israël et l’Iran. Même la mort du président Iranien Ebrahim Raïssi dans un accident d’hélicoptère ce dimanche n’a pas significativement affecté les cours : les investisseurs ne croient plus en la thèse d’un embrasement régional, et se désintéressent avec un certain cynisme du conflit à Gaza qui ne devrait plus affecter l’approvisionnement pétrolier à court terme.

Les traders ont en effet les yeux rivés sur un nouveau feuilleton, diffusé directement par la Réserve Fédérale. Le taux directeur : baissera, baissera pas ? La publication mercredi des minutes de la dernière réunion de la FED du 1er mai a laissé les spectateurs cois : « Certains participants seraient prêts à resserrer la politique monétaire [si l’inflation devenait inquiétante] ». Analysant chaque mot pour obtenir le moindre indice de la direction adoptée, les observateurs ont relevé que ce « certains » n’était pas dans le vocabulaire usuel de la FED (« quelques », « beaucoup », « la plupart »), et Jerome Powell s’est alors empressé de clarifier qu’une hausse des taux était très peu probable. Trop peu, trop tard ? Beaucoup ont en tout cas relevé que le ton adopté par la FED est de moins en moins assuré. Si une diminution des taux directeurs reste le scénario privilégié, elle ne s’opérerait probablement pas avant septembre, et pourrait se faire plus graduellement qu’initialement espéré, avec une seule diminution attendue pour 2024. Il faut dire que les données économiques n’y sont pas très propices.

Si l’inflation a effectivement diminué en avril, ce n’est que de 0,1% (3,4% en g.a. contre 3,5% en mars), pas suffisamment pour justifier « une grande confiance en ce que l’inflation se dirige durablement vers 2% » comme l’exige la FED avant de réduire le taux directeur. Surtout, les chiffres de l’emploi ou encore du PMI ne sont pas aussi mauvais qu’attendu avec une politique monétaire aussi stricte, rendant plus acceptable aux yeux de la FED un maintien des taux élevés. Dans ces conditions, il risque de falloir attendre quelques mois avant de voir un environnement propice à stimuler la demande en pétrole. Pour les pays du Golfe, c’est une double peine : non seulement la demande américaine et de tous les pays qui en dépendent risque d’en pâtir, mais l’indexation de toutes les monnaies du CCEAG (hors Koweït) sur le dollar implique que ces pays doivent composer avec une politique monétaire restrictive qui ne correspond pas à leur situation.

Du point de vue de la demande pétrolière, les signaux positifs sont ambigus, et ne parviennent pas à enrayer la chute des prix, quoiqu’il soit possible que l’attention excessive apportée à la FED fasse sous-estimer les bonnes nouvelles. La demande globale est généralement moins bonne qu’espérée, l’IEA annonçant dans son dernier rapport 140 000 barils par jours de moins pour 2024 qu’au mois d’avril, et, affectant disproportionnellement les variétés du Moyen-Orient qui sont plus chères, les marges des raffineries asiatiques s’effritent. Mais la demande chinoise en pétrole continue de surprendre par son dynamisme, et les derniers chiffres de consommation de produits transformés aux USA sont plutôt bons, à la veille de l’ouverture de la « driving season » où les vacanciers boostent la consommation d’hydrocarbures.

Les fondamentaux de demande sont donc probablement moins mauvais que ne l’expriment les cours, mais cela est obfusqué par les inquiétudes autour de la FED et surtout par le relâchement de la tension à court terme sur les stocks. S’ils s’établissent toujours en dessous de la moyenne saisonnière, les stocks américains sont remontés de 1,8 millions de barils la semaine dernière. Si les stocks terrestres sont à leur plus bas niveaux depuis des années, l’immense quantité d’ « oil on water » stockée sur les conteneurs est elle à des niveaux records, ce qui réduit les risques d’approvisionnement et entraîne les prix à court terme à la baisse. Cet allègement de la tension explique en grande partie la chute de cette semaine, et il suffit de regarder l’état de la backwardation du marché à terme pour s’en convaincre.

En mars 2024, lorsque les tensions au Moyen-Orient mettaient en danger l’approvisionnement et exposaient au risque d’un épuisement des stocks à court terme, l’écart entre les contrats de juillet 2024 et ceux de mars 2025 étaient de 6,7 $. Ils sont aujourd’hui retombés à 3,2 $ : le prix spot du Brent se rapproche de son prix de long terme, et se recentre davantage sur les fondamentaux d’offre et de demande.

A moins d'une suprise, ni les taux directeurs ni les perspectives de demande ne devraient changer significativement dans les prochaines semaines. Une dimension reste à explorer : celle de la production. Si la demande demeure assez atone et que les tensions d'approvisionnement se calment, la seule pression qui puisse faire remonter les prix est celle d'une baisse de la production. Or cette production n'est pas partie pour diminuer au niveau mondial : les pays non-OPEC+, notamment les Etats-Unis, le Canada et le Brésil, devraient ajouter 1,4 millions de barils par jour de production. Les yeux se tournent désormais sur la réunion de l'OPEC+ le 1er juin à Vienne. Alors même que la Russie a annoncé avoir dépassé ses quotas "pour raisons techniques" en avril, quelle sera la position adoptée par l'organisation pour le maintien ou non des quotas supplémentaires de 2,2 millions de barils par jour, qui arrivent à échance en juin? Difficile d'imaginer que l'Arabie Saoudite accepte un baril à 80 $ ou en-dessous, elle qui dépend tellement d'un prix du baril élevé (breakeven fiscal au delà de 90$) pour financer ses giga-projets et souffre déjà de devoir revoir certaines de ses ambitions à la baisse comme avec le quasi-abandon de the Line. Mais les intérêts divergents d'autres pays du groupe pourraient causer des remous, et remettre en question l'unité d'un groupe dont les objectifs convergent chaque année un peu moins. 

Leith PIC, Analyste macroéconomie et finance

 

Brèves économiques 

Péninsule Arabique

La valeur cumulée du marché de la dette des pays du CCEAG approche des 1000 Mds USD. L'Arabie Saoudite et les EAU représentent 73% des 940 Mds USD d'émissions de la région, dont 40% prennent la forme de sukuks et le reste celle d'obligations classiques. Seule une infime partie de cette dette correspond à une dette souveraine, contractée par un gouvernement : dans les 5 premiers mois de 2024, on ne comptabilise que 12 milliards pour l’Arabie Saoudite, 5 milliards pour l’émirat d’Abu Dhabi, 2,5 milliards au Qatar, et 2 milliards au Bahreïn, seul pays par ailleurs a avoir émis des sukuks souverains cette année. Mais la dette comptabilisée comme privée peut être trompeuse : en Arabie Saoudite, le PIF émet de plus en plus d’obligations (+7 milliards sur les trois premiers mois de 2023) pour atteindre l’objectif de 2 000 milliards d’actifs sous gestion fixé par Riyadh pour pouvoir financer la vision du royaume et ses méga-projets. Les Emirats, eux, développent leur marché obligataire principalement pour approfondir et développer leur système financier, tandis que la Qatar et Oman semblent plutôt le délaisser cette année.

Arabie saoudite

Macroéconomie & Finance

Les exportations non pétrolières (réexportations exclues) de l’Arabie saoudite ont diminué de 5,2 % en glissement annuel (g.a.) au T1 2024. En comptabilisant les réexportations qui ont augmenté de 31,5 % en g.a. sur le trimestre, les exportations non pétrolières ont augmenté de 3,3 % sur la période. La part des exportations pétrolières, qui ont baissé de 8,3% en g.a., dans les exportations saoudiennes s’établit à 76,1 % (contre 78,2 % au T1 2023). Dans le même temps, les importations saoudiennes ont augmenté de 6,4 % en g.a. et l’excédent de sa balance commerciale a diminué de 24,8 % en g.a. sur la période.

Les exportations de produits chimiques, qui ont formé le premier poste des exportations non pétrolières à 25,1 % du total, ont diminué de 18,3 %. La Chine est toujours le premier client de l’Arabie saoudite et a représenté 14,9 % des exportations saoudiennes. La Corée du Sud arrive en deuxième position (9,8 %), suivie par l’Inde (9,5 %). La Chine est également le premier fournisseur du royaume (20,9 % du total des importations saoudiennes au T1 2024), suivi par les Etats-Unis (8,1 %) et les EAU (6,8 %).

L’indice de la production industrielle (IPI) a diminué de 8,7 % en g.a. en mars 2024 En mars 2024, l’IPI a diminué de 8,7% en g.a., tiré notamment par la baisse de l'activité minière et extractive dont le sous-indice a diminué de 14,2% en g.a.. Pour rappel, l'Arabie Saoudite a réduit sa production de pétrole à 9 millions de barils par jour.

Energie, Industrie & Services

Le groupe Saudia passe une commande historique de 105 avions à Airbus. La compagnie nationale Saudia Airlines a annoncé la signature de son plus gros contrat, en termes de nombre, avec le groupe Airbus lors de la première journée du Future Aviation Forum ce lundi 20 mai 2024. Cet accord historique porte sur la fourniture de 105 aéronefs. En effet, la compagnie Saudia va acquérir 54 avions A321neo, tandis que sa filiale low-cost Flyadeal acquerra 12 A320neo et 39 A321neo. Le carnet de commande d’Airbus du groupe Saudia passe ainsi à 144 appareils de la famille A320neo. Les livraisons pour cette commande commenceront au premier trimestre 2026 et se poursuivront jusqu’en 2032. La cérémonie de signature s’est notamment déroulée en présence du ministre saoudien des Transports, Saleh Al Jasser.

Aramco signe un accord avec Pasqal pour déployer le premier ordinateur quantique en Arabie saoudite. La société pétrolière nationale a signé un accord avec l’entreprise française Pasqal, leader de l’informatique quantique, pour installer le premier ordinateur quantique en Arabie saoudite. L’accord prévoit l’installation, la maintenance et l’exploitation par Pasqal d’un ordinateur quantique du 200 qubits, dont le déploiement est prévu pour le second semestre 2025.

Marubeni signe deux projets éoliens de 1 100 MW en Arabie saoudite. Le consortium dirigé par l’entreprise japonaise Marubeni, et en partenariat avec Ajlan & Bros (KSA), a remporté deux contrats pour des projets éoliens dans le cadre du Programme National pour les Energies Renouvelables (NREP) mis en œuvre par le Ministère saoudien de l’Energie et la Saudi Power Procurement Company (SPPC). Les deux projets sont : Al Ghat (600 MW) et Waad Al Shamal (500 MW). Les accords ont été signés lors du Saudi-Japan Vision 2030 Business Forum ce mardi 21 mai. Ces projets avaient par ailleurs été lancés dans le cadre de la phase 4 du NREP qui vise à développer 130 GW d’énergies renouvelables dans le pays d’ici 2030 répartis entre 70 % de solaire et 30 % d’éolien. La société française EDF avait également remporté un projet éolien de 400 MW, Dumat Al Jandal, en consortium avec Masdar et Nesma en 2019.

Émirats arabes unis

Macroéconomie & Finance

La croissance des Emirats au dernier trimestre de 2023 a atteint 4,3%, en rebond par rapport aux premiers mois de 2023. Le PIB hors-hydrocarbure a conservé une bonne dynamique (+6,7%), porté par les efforts de diversification dans des secteurs d'innovation (services financiers, IA, santé etc.), compensant les mauvais résultats pétroliers dont le poids dans l'économie est désormais inférieur à 30%. Les estimations des perspectives de croissance pour 2024 de la CBUAE et du FMI au printemps 2024 s'établissent dans la même direction, à 4,2% et 4% respectivement.

La seconde édition du France-UAE Investors Meetup s’est tenue mardi à ADGM. Organisé par le Service Economique Régional pour la Péninsule Arabique dans le cadre de la visite du ministre de l’économie aux EAU, cet évènement a été inauguré par les discours de Bruno Le Maire et de Khaldoon Al Mubarak, PDG de Mubadala et président de l’autorité des affaires exécutives. Au cours de la rencontre, plus de soixante entretiens ont été organisés entre les trente fonds de Private Equity français et les quinze investisseurs émiriens présents. 

La First Abu Dhabi Bank envisage d’acquérir la banque turque Yapi Kredi. Après plusieurs mois de négociations, une source confidentielle a dévoilé à Reuters que les discussions sont à un stade avancé pour l’acquisition, estimée à 8 Mds USD, de 61,2% de la quatrième plus grande banque du pays. Si elle est signée, une telle opération confirmera le rapprochement économique opéré entre la Turquie et les UAE depuis la signature d’un CEPA et l’annonce de plus de 50 milliards d’accords effectuée en juillet 2023.

Les Emirats Arabes Unis se sont engagés à investir 10 milliards de dollars dans des secteurs économiques prometteurs au Pakistan. Au cours d’une visite du premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif, le président des EAU a assuré le Pakistan de son support alors que le pays, affecté par une inflation galopante et un endettement inquiétant, multiplie les difficiles réformes imposées par le FMI pour négocier de nouveaux plans de sauvetage.

Energie, Industrie & Services

Microsoft et G42 vont investir conjointement 1 milliards de dollars pour construire un data center au Kenya. L’annonce suit la signature il y a quelques semaines d’un partenariat significatif, à travers lequel Microsoft avait décidé d’investir 1,5 milliards dans G42 en échange d’une utilisation exclusive de ses services par l’entreprise émirienne. Au-delà des implications géopolitiques de cet accord, qui visait à rapprocher les EAU des Etats-Unis dans le domaine stratégique de l’intelligence artificielle, l’intérêt pour les deux parties était d’accéder à des marchés émergents sur lesquels ils n’auraient pas pu opérer seuls. C’est chose faite, puisque le nouveau data center, qui sera construit par G42 et hébergera la solution de cloud computing Microsoft Azure, couvrira à terme toute la région d’Afrique de l’Est.

ADNOC a investi dans des projets clés de production de gaz naturel liquéfié (GNL) aux États-Unis et au Mozambique, donnant ainsi le coup d'envoi d'une expansion significative de son activité GNL à l'étranger. L’entreprise a acquis une participation de 11,7 % dans la première phase du projet d'exportation Rio Grande LNG (RGLNG) de NextDecade au Texas, ce qui constitue son premier investissement aux États-Unis.

Le Conseil de l'intelligence artificielle et des technologies avancées d'Abu Dhabi (AIATC) et le ministère français de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique ont signé conjointement un MoU sur l'intelligence artificielle. Cet accord vise à développer les écosystèmes d'intelligence artificielle des deux pays à travers une combinaison de programmes d'investissement et de collaborations. L'accord a été signé par Khaldoon Khalifa Al Mubarak, PDG du fonds souverain Mubadala et président de l’autorité des affaires exécutives et Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, lors de sa visite à Abu Dhabi mardi 21 mai.

Qatar

Macroéconomie & Finance

Portées par l’investissement dans les capacités de LNG, les perspectives de croissance annuelle à moyen-terme (post-2025) du Qatar passent aux environs de 4,5% en moyenne. C’est en tout cas ce que conclu la mission du Fonds monétaire international présente à Doha entre le 30 avril et le 9 mai. Selon le FMI, cette période de haute croissance portée par le développement puis la mise en service des projets North Field East, South et West, ferait suite à une année 2023 marquée par une croissance atone d’1,3% et une période 2024-2025 caractérisée par une reprise plus soutenue de l’activité économique, avec une croissance d’1,75%. En parallèle, l’inflation ralentirait à 2,5% en 2024 avant de converger graduellement vers 2% à moyen-terme.

Malgré une diminution substantielle des recettes, le Qatar enregistre un excédent budgétaire de 566,8M USD (-90% en g.a.) en conclusion du premier trimestre de l’exercice budgétaire 2024. Selon les chiffres du ministère des Finances (MoF), les recettes totales du Qatar ont diminué de 22,1% en g.a. à 14,7Mds USD au premier trimestre de l’année 2024, principalement sous l’effet de la baisse des revenus tirés des hydrocarbures (-25,4% en g.a.). Toujours selon le MoF, l’excédent du premier trimestre 2024 a été alloué au remboursement de la dette publique, qui est passée sous la barre des 40% du PIB à la fin de l’année 2024.

Avec l’aide d’un consortium de banques, le Qatar émet des obligations souveraines vertes pour la première fois de son histoire.  Cette émission, d’un montant total de 2,5Mds USD, se divise en deux tranches d’obligations : une première tranche d’1Mds USD d’obligations à 5 ans avec un rendement de 4,74% (spread de 30 bps par rapport aux bons du Trésor américain), et une seconde tranche d’1,5Mds USD d’obligations à 10 ans avec un rendement de 4,82% (spread de 40bps par rapport aux bons du Trésor américain). Arrangée par un consortium de banques dont Crédit Agricole, HSBC, JPMorgan Chase et Qatar National Bank, cette émission d’obligations qatariennes est également la première libellée en dollars en quatre ans. Elle conclut également un processus dont les discussions ont été lancées par le ministère des Finances du Qatar en janvier 2021. Selon le MoF, l’émission a vu une sursouscription de l’ordre de 14Mds USD, soit 5,6 fois le montant de l’émission initiale.

Energie Industrie & Services

Le Qatar espère tripler sa capacité en centres de données lors des cinq à six prochaines années. C’est l’annonce réalisée par le ministre des Communications et Technologies de l’Information Mohammed Al Mannai au Qatar Economic Forum (QEF). L’édition 2024 du QEF a également été l’occasion pour l’Émirat de multiplier les annonces relatives à sa Stratégie nationale en matière d’IA, lancée en 2019. Ainsi, le Qatar a annoncé le lancement du projet « Fanar », une IA générative arabophone de type grand modèle de langage (LLM) émanant du Qatar Computing Reasearch Institute (QCRI).

Visit Qatar, bras promotionnel de l’agence de tourisme Qatar Tourism, entre en partenariat avec Huawei pour développer le tourisme de ressortissants chinois. Dans le cadre de ce partenariat, Huawei promouvra le Qatar comme destination touristique de choix auprès de ses clients en utilisant sa solution Petal Ads et verra ses solutions SkyTone (roaming), Huawei Wallet et Petal Maps intégrées aux infrastructures touristiques de l’Émirat pour faciliter le tourisme de ressortissants de chinois et autres clients de la compagnie. Pour mémoire, le Qatar nourrit l’ambition d’accueillir 6 à 7 millions de touristes par an et d’accroître à 12% la contribution du secteur touristique au PIB d’ici 2030. A cette fin, Qatar Tourism s’est employée à nouer des partenariats avec les grandes entreprises de télécommunications, comme Vodafone en 2020, afin d’attirer les vacanciers en alliant campagnes marketing et big data analytics.

Le Qatar fournira 200MW d’électricité au Koweït via le réseau intégré de l’Autorité du Golfe pour l’interconnexion électrique, selon les termes du contrat d’achat signé par le Koweït, qui couvre la période allant du 1er juin au 31 août 2024.

 

Koweït

Moody's a confirmé la note de crédit souveraine du Koweït à « A1 » (ce qui est investment grade) avec une perspective stable. L’agence souligne les actifs financiers importants (400% du PIB), un niveau de dette extrêmement faible et des réserves d’actifs étrangers conséquentes. Les perspectives évolueront en fonction de la capacité du Koweït à diversifier ses sources de revenu, par l’intermédiaire de réformes économiques et financières qui ne sont pas mises en œuvre, faute de stabilité politique.

La cour constitutionnelle a formellement accepté d’étudier l’appel du Président Mohammad Al-Sager. Ce dernier vise à invalider une loi du parlement qui a enlevé le statut spécial dont bénéficiait la chambre de commerce et de l’industrie koweïtienne (KCCI) depuis sa création, la passant sous tutelle du ministère du commerce et de l’industrie. La cour étudiera le cas le 10 juillet prochain

 

Oman

Ooredoo Fintech et QNB Group annoncent un partenariat pour révolutionner les services fintech à Oman. En effet, QNB remplira le rôle de banque de règlement pour le lancement d’un porte-monnaie digital par Ooredoo, afin d’accélérer la digitalisation des paiements et autres opérations bancaires dans le sultanat.L’objectif annoncé de cette modernisation, au-delà de son intérêt pratique pour les consommateurs, est une augmentation de l’inclusion financière pour l’ensemble de la population omanaise.

Lors du forum économique des gouvernorats qui s’est tenu mercredi 22 mai, le gouvernement omanais a annoncé la mise en place d’un index de la compétitivité des gouvernorats. Mascate souhaite ainsi réaffirmer l’importance de la décentralisation et d’un développement économique diversifié au niveau des gouvernorats pour réaliser la Vision Oman 2040. Le nouvel index mis en place évaluera les performances des gouvernorats pour identifier les besoins en financement ou en développement, et faire valoir les avantages compétitifs de chaque région sans négliger leur diversification. La première annonce concrète liée à ce dispositif est un investissement de 39 millions de dollars est prévu pour les plus prometteurs des projets de développement touristique décidés directement par les gouvernorats.

 

Bahreïn

EWA reçoit deux offres pour un projet solaire de 100 MW à Bahreïn – L’autorité nationale de l’eau et de l’électricité (EWA) a annoncé avoir reçu deux offres pour un contrat portant sur la conception et la construction d’une centrale solaire dans la région d’Al Dur, dans le Sud du pays. Le projet devrait avoir une capacité de 90 à 100 MW. Les soumissionnaires sont la société locale Alpha Energy Generations et la société chinoise TBEA Xinjiang Sun Oasis Company. Le projet devrait être opérationnel 18 mois après son attribution.