FMI – mission des services au Pakistan.

La mission des services du FMI dirigée par Nathan Porter, chef de la mission du FMI pour le Pakistan, visait à échanger avec la partie pakistanaise en vue de l’établissement d’un nouvel EFF (Extended Fond Facility, Facilité étendue de crédits). Les échanges se sont terminés au bout de deux semaines le 23 Mai. Ni l’ampleur du nouveau programme du FMI, ni le nombre d’années sur lequel il porterait n’ont été révélé.  

Les journaux pakistanais rapportent que les discussions ont essentiellement porté sur les points suivants :

(i) sur les mesures fiscales : mise en place d’un véritable impôt sur le revenu, réduction du nombre de tranches pour les salariés, la nécessité de considérer les revenus agricoles comme les revenus industriels ou commerciaux, actions et sanctions à l’encontre des non-déclarants, augmentation de la fiscalité sur la vente des immeubles et des biens industriels ;

(ii) sur la mise en place d’un système de financement des retraites indépendant alors qu’elles sont actuellement financées sur le budget de l’Etat ;

(iii) sur les 24 sociétés publiques qui doivent être privatisées ou mises en concession, mais la question délicate de l’opportunité à privatiser le secteur audiovisuel publique a été reportée ;

(iv) sur les réformes dans le secteur de l’énergie : le FMI a insisté sur le fait qu’un mécanisme devrait mieux notamment coordonner le coût moyen pondéré du gaz avec le prix du gaz importé. En moyenne, les prix du gaz devraient augmenter entre 20 et 30 % à partir de la nouvelle loi de finance 2024/2025.

La question spécifique de la dette liée aux engagements pakistanais en matière de garantie du prix du gaz par rapport aux investissements des sociétés électriques indépendantes (IPP) chinoises a également été abordée. Le gouvernement pakistanais enverra régulièrement des rapports au FMI concernant l’impact budgétaire de ces accords avec les IPP chinoises.

Budget 2025 - présentation d’un premier projet de budget par le ministre des Finances.

Le ministre des Finances a proposé un budget de près de 18 000 Mds PKR (64,7 Mds USD) au Premier ministre en augmentation de 25% par rapport au budget voté pour l’année en cours. Une allocation record de 9 700 Mds PKR (en augmentation de 33% par rapport à la loi de finances de l’année 2023/2024) au titre de la charge de la dette est inscrite au budget prévisionnel.  Le budget de la Défense pourrait se porter à 2 152 Mds (7,7 Mds USD), en augmentation d’environ 16 % par rapport à l’exercice budgétaire 2023/2024. Les retraites devraient représenter 960 Mds PKR soit 3,4 Mds USD (en augmentation de 20% par rapport à l’allocation budgétaire de cette année). En l’état actuel du projet de budget, 9600 Mds PKR du budget ne sont pas financés.

Avant que le projet de loi de finance puisse être présenté au parlement, le Premier ministre demande de réviser à la hausse de l’objectif de perceptions fiscales de plus d’un Md PKR afin notamment d’augmenter le Programme de développement du secteur public (PSDP).

L'investissement total (interne et externe) a atteint en 2023/2024 son niveau le plus bas depuis 1972-73.

Selon le quotidien « International News », le ratio investissement/PIB devrait s'établir à 13,1 % du PIB au cours de l'exercice 2023-24. En 2021-22, il s’établissait à 15,6% et en 2001-2002, il avait atteint le sommet de 26,2 %. L'investissement du secteur privé se montait à 8,7% du PIB au cours de l'exercice budgétaire 2023/2024. Le faible taux d’investissement et d’épargne en pourcentage du PIB a contribué à la faible croissance (le taux de croissance provisoire défini par le PBS, le bureau des statistiques pakistanais ne dépasserait pas 2,38 % pour l’exercice en cours). Le faible investissement privé constaté au cours des dernières années a également entraîné une perte de compétitivité du secteur textile.

En avril, les dépôts bancaires se portaient à 102 Mds USD augmentant de 21,3% en g.a

Les dépôts bancaires ont progressé de 21,3 % en g.a. en avril sous l'effet du taux directeur élevés (+22% depuis juin 2023), de la répression contre les agents de change et de l'expansion des réseaux d'agences. On notera en revanche une baisse de 5% des envois de fonds des Pakistanais de l’étranger (2,8 Mds USD). Les crédits octroyés par le secteur bancaire aux particuliers et aux entreprises sont en baisse de 0,7 % en g.a. à 12 Mds PKR (43 M USD) du fait d’un coût d’emprunt très élevé (jusqu’à 28/29%). En revanche, les investissements du secteur bancaire (essentiellement en bons du Trésor) ont représenté 27 282 Mds PKR (97,9 Mds USD) en avril, soit une augmentation de 38,5 % en g.a. Le ratio avances/dépôts s'élevait à 42 % en avril 2024 (contre 52 % un an plus tôt). Le ratio investissement/dépôts s’est établi quant à lui à 96 % en avril 2024 (contre 84 % un an plus tôt).

Le Premier ministre fait un pas supplémentaire vers la privatisation des sociétés de distribution d’électricité (les « DISCO »)

Le gouvernement a nommé un administrateur indépendant comme président du conseil d’administration de trois DISCO devant être privatisées en priorité, afin d’accélérer leurs privatisations qui pourraient prendre jusqu’à quatre années.

Le gouvernement fédéral a nommé 5 administrateurs indépendants pour 5 autres Discos à un niveau de vice-président des conseils d’administration pour organiser des stratégies de privatisations (dont la société de distribution de Quetta qui est celle qui a le plus de problèmes de dette circulaire).

En revanche, le Premier ministre bloque le processus de privatisation des deux sociétés de distribution du Sind qui sont les plus déficitaires du Pakistan : celles de Sukkur et d’Hyderabad (SEPCO et HESCO). La presse indique que l’exception faite pour le Sindh par le Premier ministre répond aux demandes du PPP (allié politique du parti de la PML-N du Premier ministre) qui préfère des contrats de concession de 20 à 25 ans à des privatisations.