Lettre AGRO Japon – Corée

  N°76-mars/avril 2024

 

  drapeau Japon

IMAGE DU MOIS : Sakura à Tokyo

 

Sakura à Tokyo

Sommaire

Japon
  • Les alicaments sous surveillance renforcée après une série d’intoxications mortelles.
  • Le prix de gros de la viande de bœuf atteint un niveau historique au Japon. 
  • Le développement de l’éolien en mer confronté à l’opposition des pêcheurs dans la préfecture d’Akita.
Corée
  • Le déficit commercial agroalimentaire coréen se réduit au premier trimestre, les exportations de produits français et européens en net recul.
  • Le gouvernement coréen mise sur son marché de gros dématérialisé pour lutter contre l ’inflation alimentaire et soutenir les revenus des agriculteurs. 
  • Les « boulangeries à 1 000 wons » se multiplient en Corée, dans un contexte de forte inflation. 

Japon Corée

  • L’industrie des animaux de compagnie poursuit son expansion.

Le chiffre à retenir : 4,2Mds EUR

Montant des ventes de compléments alimentaires au Japon en 2023

Japon

Les alicaments sous surveillance renforcée après une série d’intoxications mortelles.

La mise sur le marché par Kobayashi Pharmaceutical de lots de compléments alimentaires à base de levure de riz rouge « Beni-Koji », censés diminuer le mauvais cholestérol, a entraîné cinq décès et plus de 200 hospitalisations en raison d’une contamination de ces lots par de l’acide pubérulique. Cette situation provoque une vague de défiance envers les compléments alimentaires, dont les ventes pourraient chuter de 20 à 30% selon les professionnels du secteur. La catégorie des « aliments présentant des allégations fonctionnelles » (kinosei hyoji shokuhin), dont relèvent ces produits, a été créée en 2015 pour créer une alternative aux aliments à usage diététique spécifique (tokuho), afin d’alléger les coûts de certification et favoriser le développement du secteur. Contrairement aux tokuho, soumis à un contrôle strict qui s’apparente à celui des médicaments, les alicaments n’exigent qu’un simple dépôt d’une preuve d’efficacité auprès de l’Agence des consommateurs. Les compléments alimentaires ont connu un développement rapide au cours des dernières années, avec une croissance de 19% en 2023 et un marché estimé à environ 4,2 Mds EUR ; en 2020, le Japon comptait 7 fois plus de produits de la catégorie des compléments alimentaires que de la catégorie tokuho. Cet encadrement minimal, qui contraste avec les standards plus stricts appliqués aux Etats-Unis et dans l’Union européenne, est aujourd’hui mis en cause et l’Agence des consommateurs, en charge de la sécurité sanitaire des aliments depuis le 1er avril dernier, a lancé une enquête en urgence auprès des fabricants du secteur pour s’enquérir des problèmes sanitaires rencontrés et des mesures d’autosurveillance éventuellement en place. Un groupe d’étude doit proposer des mesures d’encadrement du secteur d’ici à la fin du mois de mai, qui devraient porter à la fois sur le régime de preuve des allégations, l’étiquetage et les obligations des fabricants en cas d’alerte sanitaire.  Japan Times, Nikkei Asia

Le prix de gros de la viande de bœuf atteint un niveau historique au Japon.  

Les prix de gros du bœuf au Japon atteignent leur plus haut niveau depuis 1991, sous l’effet conjugué d’un yen faible et d’un déclin cyclique de la production bovine américaine :  60% du bœuf consommé au Japon est importé, dont 40% en provenance des Etats-Unis. La poitrine de bœuf américain est utilisée en particulier par les chaînes de fast-food japonaises servant du gyūdon (bol de riz au bœuf), et par les restaurants de viande grillée. Cette pièce de bœuf accuse une hausse de 38% par rapport à la même période l’année dernière, et approche les 1 200 JPY/kg (soit de l’ordre 7,30€/kg), sans compter la hausse des coûts de la main-d’œuvre. Les enseignes de restauration spécialisées choisissent ainsi de répercuter ces coûts, soit directement sur le gyūdon comme le fait la chaîne de restaurants Yoshinoya Holdings (+20%), soit sur d’autres éléments du menu comme le font ses concurrents Matsuya Foods Holdings et Zensho Holdings. De son côté, la maison de commerce Marubeni envisage d’augmenter les importations de bœuf depuis l’Australie. Nikkei 1, 2

Le développement de l’éolien en mer face à l’opposition des pêcheurs dans la préfecture d’Akita.

Le gouvernement central a identifié la baie de la préfecture d’Akita au nord du Japon comme région stratégique en raison de son exposition au vent, pour le projet d’installation du plus grand pôle éolien offshore japonais dans le cadre de la réalisation de ses engagements de zéro émission nette de carbone d’ici 2050. Mais les pêcheurs de la préfecture craignent que l’installation du réseau électrique de 160 turbines géantes sur 264 km à une distance d’un kilomètre des côtes ne mette en péril l’écosystème des poissons de sable hatahata, qui se reproduisent chaque hiver le long des côtes et qui est important pour l’économie locale. Les grands groupes en charge du projet soutenu par la maison de commerce Marubeni ont déclaré rechercher le consensus de toutes les coopératives de pêche, dont le désaccord d’une seule pourrait bloquer la construction débutée l’année dernière – et proposent des compensations financières qui apporteraient un soutien à une filière en difficulté. La production d’énergie éolienne constitue pour l’instant seulement 0,9% de la production d’énergie totale japonaise, et sa rentabilité économique est questionnée par les investisseurs. Nikkei Asia

Corée

Le déficit commercial agroalimentaire coréen se réduit au premier trimestre, les exportations de produits français et européens en net recul.

Selon les douanes coréennes, les importations de produits agricoles et agroalimentaires diminuent de plus de 7% en valeur en glissement annuel entre janvier et mars, à 9,4 Mds EUR, en raison de la détente des prix des céréales et des produits de la pêche (-16% chacun). La facture des importations de viande reste stable, alors que celle des fruits progresse de 22%. Les importations depuis la France connaissent un fort recul (142 M EUR, -37%), principalement en raison de la diminution des expéditions de vins (-29%), sur un marché confronté à niveau de stocks important, des produits laitiers (-20%), des produits de la mer (moins de 3M€ de filets de poisson importés de France, contre 43 M EUR au T1 2023) et de la viande de porc (-23% en volume, -38% en valeur). Les autres pays européens sont affectés de façon similaire par les évolutions du marché coréen : seule l’Allemagne maintient son niveau de 2023 (178 M EUR, +3%), les importations depuis l’Espagne (190 M EUR, -24%) et l’Italie (119 M EUR, -23%) connaissant également des reculs marqués. Les exportations de produits coréens restent stables sur la période, à 2,5 Mds EUR, permettant une diminution du déficit commercial, à 6,9 Mds EUR contre 7,7 Mds sur le 1er trimestre 2023. Douanes coréennes

Le gouvernement coréen mise sur son marché de gros dématérialisé pour lutter contre l’inflation alimentaire et soutenir les revenus des agriculteurs.  

Alors que l’inflation des produits alimentaires, et en particulier des fruits et légumes, reste élevée en Corée, le rôle des intermédiaires est dénoncé dans la presse : le système de distribution coréen, qui repose sur les enchères de 33 marchés de gros publics, favorise une majoration des prix liée à la multiplication des intermédiaires et contribue à la faible rémunération des agriculteurs, qui semble déconnectée des évolutions brutales des prix aux consommateurs observées sur le marché coréen (ainsi, le triplement du prix des pommes n’a pas eu d’effet notable sur le revenu des producteurs). Face aux critiques, le ministère en charge de l’agriculture promeut le rôle du marché de gros numérique, initié en novembre 2023 en partenariat avec la Korea Agro-Fisheries & Food Trade Corporation, qui doit permettre de limiter les intermédiaires et favoriser à la fois une modération des prix et une meilleure rémunération des producteurs. La plateforme affiche de premiers résultats prometteurs, avec un prix payé aux producteurs en hausse de 4,3 % et une diminution des coûts de transaction de 9,9 % depuis sa mise en œuvre. L’objectif fixé par les autorités serait d’atteindre 500 Mds KRW (soit 350 M EUR) de transactions en 2024, avec un développement axé sur certains produits comme le bœuf, le soja, ou les produits transformés. MAFRA 1, 2, Koran Joongang

Les « boulangeries à 1 000 wons » se multiplient en Corée, dans un contexte de forte inflation.

La persistance d’une inflation au-dessus de 3%, qui pèse sur le pouvoir d’achat et les pratiques de consommation des ménages coréens, favorise le développement des boulangeries « à moins de 1 000 wons » (avec des prix autour de 1 000 KRW soit 0,7 EUR), qui déclinent à la boulangerie-pâtisserie le modèle des one-dollar shops anglo-saxons ou des magasins à 100 yens japonais. Ces boulangeries bon marché, installées dans les stations de métro sous la forme de stands ou d’échoppes, proposent une large variété de produits, comprenant des pains cuits, des gâteaux et des pâtisseries fabriqués en usine. La cuisson sur place permet d’optimiser leur goût malgré le probable emploi d’ingrédients bon marché dans les préparations. Selon les professionnels du secteur, le prix compétitif atteint par ces boulangeries pourrait en outre s’expliquer par des coûts d’implantation et d'exploitation inférieurs à ceux des boulangeries-cafés franchisées ou indépendantes. Korea Times

Japon-Corée

L’industrie des animaux de compagnie poursuit son expansion

Alors qu’en Corée, les exportations d'aliments pour animaux de compagnie connaissent une croissance rapide (de 13 M USD en 2016 à 150 M USD en 2023) et que le ministère coréen en charge de l'agriculture (MAFRA) table sur un plan de soutien aux entreprises pour porter les transactions à 500 M USD, le Japon a accueilli début avril la 13e édition du salon Interpets Asia-Pacific, le plus grand du secteur avec 622 exposants - dont 100 exposants étrangers, principalement de Corée, Chine et Taïwan. Le marché des animaux de compagnie connaît une croissance soutenue au Japon et en Corée, où les dépenses moyennes des ménages pour leurs animaux de compagnie sont en augmentation régulière (+2,1% pour les chats et +7,5% pour les chiens en 2023). Cette tendance ouvre des opportunités pour de nouveaux secteurs, comme la pet tech, l’assurance, les produits haut de gamme, la santé et le bien-être, l’équipement pour bébé, l’hygiène, etc. En dépit de la baisse du marché de l’adoption des chiens et des chats après un boom pendant la pandémie, la hausse de l’espérance de vie des animaux de compagnie (désormais proche de 15 ans), avec des propriétaires de plus en plus attentifs à leur santé et leur bien-être matériel, contribue à soutenir la croissance du marché.  JPPMA, MAFRA

 

Copyright

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 Rédigé par : Le pôle agriculture et alimentation du Service économique régional de Tokyo et le Service économique de Séoul.

 Contacts : Jérôme PERDREAU, Conseiller agricole, jerome.perdreau@dgtresor.gouv.fr 
Claudine GIRARDO,Conseillère agricole référente SPS claudine.girardo@dgtresor.gouv.fr   
Ryoko ISODA, Attachée sectorielle au pôle agriculture et alimentation ryoko.isoda@dgtresor.gouv.fr                                      
Jina AHN, Attachée économique, SE de Séoul jina.ahn@dgtresor.gouv.fr
Charlotte HYGOUNENC, Chargée de mission, SER de Tokyo charlotte.hygounenc@dgtresor.gouv.fr

 

 Illustration : Jérôme Perdreau