Le ministre des Finances vise un accord sur le contour d’un nouveau programme du FMI d’ici mai 2024.

Le ministre des Finances, M. Muhammad Aurangzeb, a rencontré mercredi la Directrice générale du Fonds monétaire international, Mme. Kristalina Georgieva en marge des assemblées de printemps du FMI et de la Banque mondiale. Il a annoncé une visite des services du Fonds à la mi-mai pour « préparer un nouveau programme qui aidera le Pakistan à pérenniser sa stabilité macroéconomique ainsi qu'un cadre pour la mise en œuvre les réformes de ses réformes structurelles ». M. Aurangzeb n’a pas indiqué le montant du programme qui sera demandé par le Pakistan, mais Reuters indique qu’il pourrait se monter à 6 Mds USD. On rappellera que la ministre des Fnances du gouvernement de transition avait indiqué en février dernier que l’administration des finances travaillait à l’obtention d’un prêt de 4 Mds USD au titre de la facilité élargie de crédit (EFF), auquel s’ajouteraient 2 Mds USD de prêt facilitant la transition écologique.

M. Aurangzeb indique que « la majeure partie de notre dette bilatérale - y compris la dette chinoise – était en train d'être reconduite, donc en ce sens, je pense que l’économie pakistanaise se porte bien et je ne vois pas de difficultés majeures au cours de l’année 2023-24 (l’année budgétaire se termine le 30 juin) ni au cours du prochain exercice budgétaire ». Il rappelle toutefois que le Pakistan va devoir rembourser environ 25 Mds USD en 2024-25.

Le ministre espère que les réserves de change de la Banque centrale (SBP-State Bank of Pakistan) pourront atteindre 10 Mds USD – soit deux mois et demi d'importations – d'ici la fin juin. Il indique travailler au retour prochain du Pakistan sur les marchés de capitaux, éventuellement avec une obligation verte. Il considère que l’amélioration de la situation économique permettra progressivement une amélioration de la note du Pakistan par les agences de notation.

Le déficit budgétaire à 7,4% du PIB d’ici la fin de l’année 2023/2024 (FMI).

Le FMI estime que le déficit budgétaire du Pakistan en 2023/2024 (juillet 2023 à juin 2024) doit s’établir à 7,4 % du PIB en juin 2023 (et à 7,3 % du PIB en 2024/2025) -l’objectif fixé par le gouvernement fédéral était de 6,5% -. Selon le FMI, pour que le déficit budgétaire s’établisse à 6,5 % du PIB, il aurait fallu que les provinces augmentent les impôts directs et obtiennent un excédent cumulé de 600 Mds PKR (2,15 Mds USD) ce qui ne devrait pas être le cas. Le FMI considère que le solde primaire devrait rester positif entre 0,4 et 0,5% du PIB au cours des cinq prochaines années contre un solde primaire déficitaire à 0,9% du PIB en 2022/2023.

L’indice de production des grandes industries manufacturières (LSMI) en baisse de 0,51% en g.a. sur les huit premiers mois de l’année budgétaire.

Sur une base mensuelle, le LSMI augmente de 0,06% en février 2024 en g.a. et il connaît une diminution de 4,14% par rapport à janvier 2024. Le LSMI doit ce score négatif de 0,51% en g.a. au textile (-1,75%), à l’industrie automobiles (-1,14%), les ventes automobiles ont baissé de 38% sur la période, à l’industrie de transformation du tabac (-0,80%), à l’industrie des équipements électriques (-0,26%), à l’industrie du papier et du carton (-0,08%) et à l’industrie sidérurgique (-0,05%). Les secteurs de l’indice qui se sont améliorés au cours de la même période sont l’industrie pharmaceutiques (+1,21%), la confection des meubles (+0,72%), l’industrie chimiques (+ 0,55%), l'habillement (+0,46%).

Visite du ministre des Affaires Etrangères saoudien Faisal bin Farhan

La partie pakistanaise a présenté au ministre saoudien et à la délégation d’investisseurs potentiels qui l’accompagnait 25 projets susceptibles de drainer vers le Pakistan plus de 32 Mds USD d’investissements.

Les projets qui ont été présentés par le Special Investment Facilitation Council (SIFC) et les équipes du ministre des affaires étrangères sont les suivants :

-le projet de nouvelle raffinerie de 300 à 350 000 barils par jour (bpj) est de nouveau évoqué. Il s’agirait d’un investissement de 10 Mds USD, le projet bénéficierait d’une franchise d’impôt de 20 ans, d’une protection des marges et un rapatriement garanti des dividendes à 100 % ;

-les investissements pétrochimiques adjacents au projet évoqué plus haut pourraient représenter un investissement de 1,7 Md USD (capacité d’utilisation pétrochimique de 50 000 bpj à 100 000 bpj ;

-privatisation du barrage de Diamer Bhasha (participation de 1,2 Mds USD au capital de la nouvelle société ainsi formée) ;

-construction d’un nouvel hôtel de luxe 5 étoiles en coopération avec la Capital Development Authority (CDA) ;

-liaison ferroviaire reliant les principaux sites miniers du Baloutchistan et le port de Gwadar (investissement de 2 Mds USD) ;

-privatisation du capital de la Pakistan International Airlines (PIA) et vente de certains des biens immobiliers qu’elle contrôle ;

-gestion des trois aéroports internationaux du pays : Islamabad, Karachi et Lahore ;

-méga-projet d’élevage de 30 000 vaches dans le Cholistan (région semi-désertique du Pendjab) permettant la production de 6000 tonnes de viande ;

-projet de ferme laitière au Pendjab (investissement de 25,4 MUSD) ;

-usine de semiconducteurs saoudo-pakistanaise (270 MUSD) ;

-la discussion autour de la mine d’or/cuivre de Reko-Diq est évoquée sans rentrer dans les détails du règlement possible du contrat de concession par la société saoudienne Maaden ;

 -la partie pakistanaise propose des lots d’exploration-production concernant des terres rares situées dans le massif du Thetyan au Baloutchistan (investissements potentiel évoqués entre 50 et 70 MUSD sur deux ans à partir du débat de l’opération) ;

-d’autres projets moins précis ont été présentés en matière minière, de centrales électriques et de gestion de lignes électriques à haut-voltage.

Le ministre saoudien souhaite que les autorités pakistanaises éliminent les irritants bilatéraux en matière d’investissements.

Le ministre saoudien a indiqué que des discussions concernant un accord de protection des investissements bilatéral sont en cours parallèlement à celles concernant l’accord de libre-échange bilatéral entre le CCEAG et le Pakistan. Il indique qu’un tel accord devrait permettre d’éviter les irritants et les contentieux bilatéraux.

Trois irritants bilatéraux sont évoqués publiquement :

Al-Jomaih (actionnaire principal de la société de distribution électrique Karachi Electric (KE) des capitaux croissance dans le rapatriement des bénéfices à l’étranger) qui contrôle avec un partenaire koweitien le capital de KE à hauteur de 66,4% des actions de la société demande à avoir le droit à prendre les décisions finales dans KE et que la gouvernance du Conseil d’administration de la société de distribution électrique soit revue en ce sens.

 Makhdoom Logistics demande un traitement équitable par rapport à ses concurrents pakistanais au niveau du port de Karachi et souhaite obtenir le retour de 520 000 USD confisqués par l’autorité portuaire.

ACWA Power demande d’urgence que la convention de 2019 qu’elle a avec le ministère de l’Energie intègre le prix de sortie garanti par le gouvernement pour les centrales solaires qu’elle a construites. ACWA demande également une compensation financière pour le retard de la mise en production du site. Une réponse est annoncée par les autorités pakistanaises pour le mois de juin 2024. 

Par ailleurs, le ministre des Affaires Etrangères saoudien demande au Special Investment Facilitation Council (SIFC) la mise en place d’un canal financier au niveau de la Banque centrale pakistanaise (State Bank of Pakistan-SBP) permettant aux différents investissements saoudiens au Pakistan de pouvoir rapatrier ses capitaux.

Le ministre saoudien évoque également le départ de la société de distribution pharmaceutique saoudienne Servaid implantée au Pakistan en 2005 au Pakistan qui quitte le pays pour des raisons liées au traitement inéquitable dont souffre sa chaine de distribution (elle aurait payé plus d’impôts que ses concurrentes pakistanaises qui bénéficient d’une non-imposition de fait par l’administration fiscale) et elle ne pouvait pas rapatrier ses capitaux.

Secteur bancaire :

Hausse des dépôts de devises dans les banques pakistanaises en mars.

En mars 2024, les dépôts en devises dans les banques pakistanaises des expatriés pakistanais ont atteint 6,47 Mds USD, en hausse de 1,18 % par rapport à février et de 2,57 % en g.a.. Les dépôts des résidents ont atteint 5,64 Mds USD, en hausse de 1,23 % sur un mois et de 1,44 % sur un an.

Vers une baisse de la rentabilité des banques.

Selon Insight Securities, le premier trimestre de l’année 2024 (année calendaire) a vu une baisse des bénéfices bancaires qui pourrait être due à une baisse des rendements du marché secondaire due à l’anticipation d’une baisse du taux de référence, ce qui a entraîné une baisse des marges nettes des banque.

Bank Al Falah sur le point d’acheter la filiale pakistanaise d’une banque saoudienne et une banque du Bangladesh.

Le Conseil d’administration de la Bank Alfalah Ltd a donné son accord de principe au rachat  de la Bank Asia Limited incorporée au Bangladesh et à l’achat de  84,5% de la filiale pakistanaise de la Banque saoudienne Samba Bank Limited (Samba). La Bank Alfalah attend désormais l’approbation de la State Bank of Pakistan (banque centrale) pour que les deux opérations puissent être effectuées.