UNE PUBLICATION DU SERVICE ECONOMIQUE REGIONAL DE BEYROUTH En collaboration avec les services économiques de la circonscription (Amman, Bagdad, Jérusalem, Le Caire, Téhéran, Tel Aviv)

Dans les brèves économiques cette semaine

Zoom : Les défis économiques du Kurdistan irakien face au ralentissement de l'activité pétrolière.

Egypte : L’Union Européenne signe un accord de partenariat de 7,4 Mds € avec l’Égypte.

Irak : Coopération avec l’AIEA.

Iran : Vers une augmentation des pénuries de médicaments.

Israel : Les banques israéliennes affichent des résultats enviables.

Jordanie : Signature d’un accord de financement entre Miyahuna et l’USAID.

Liban : Risques économiques liés au changement climatique au Liban.

Palestine : Pertes du secteur bancaire depuis la guerre à Gaza.

Syrie : Restructuration des entreprises d’État syriennes dans le secteur du textile.

 

Bonne lecture.

 

Titre BPO 11-2024

zoom 11-2024

chiffre 11-2024Le modèle économique kurde repose traditionnellement sur les exportations de pétrole, notamment vers la Turquie, le GRK (Gouvernement Régional du Kurdistan) disposant d’environ 20% du total des réserves pétrolières d’Irak. Les années 2022 et 2023 ont été portées par la hausse des cours du baril et un flux d’exportation de l’ordre de 450 000 b/j, avant une première diminution du volume exporté de 6% observée sur les 6 premiers mois de 2022.

Le Kurdistan irakien connait un affaiblissement financier relatif depuis la décision d’arbitrage donnant raison à Bagdad sur son monopole des exportations d’hydrocarbures. La chute de production pétrolière kurde de 2022 fait écho à la décision de la Cour Fédérale Suprême d'Irak en février 2022, déclarant inconstitutionnelle la loi kurde sur les activités pétrolières et gazières au Kurdistan. Cette diminution, momentanément compensée par l’évolution du cours du baril, a été accentuée depuis la décision de la Cour Fédérale Suprême en mars 2023. Le GRK doit ainsi interrompre ses exportations et se voit privé de ses revenus du pétrole et doit négocier avec Bagdad. Deux accords préliminaires ont été trouvés au printemps 2023, portant sur un mécanisme de partage du budget fédéral et des revenus liés aux hydrocarbures.

Ce nouveau paradigme intervient alors que le Kurdistan connait une situation économique et budgétaire très dégradée depuis 2014, les transferts de Bagdad étant régulièrement suspendus depuis dix ans. Les transferts financiers au GRK sont en effet suspendus tant que le pétrole n’est pas envoyé à Bagdad, ce qui fragilise la position budgétaire du GRK. Les dépenses récurrentes du GRK sont élevées, avec 800 M USD de salaires par mois, ce qui représente 90% des recettes publiques. Alors que le PIB kurde est estimé entre 25 et 30 Mds USD, son niveau de dette publique se situe entre 30 et 31 Mds USD au début de l’année 2024. La trajectoire d’endettement est par ailleurs très dynamique, avec un stock supplémentaire de 2 Mds USD chaque année. Cette trajectoire insoutenable est due à une masse salariale disproportionnée du secteur public : les agents publics, les retraités et les peshmergas représentent 1,3 million de personnes, sur 6 millions d’habitants du Kurdistan.

Des réformes seraient nécessaires pour assurer la résilience économique face aux chocs externes et internes. La modernisation du système financier est une des urgences affichées par le gouvernement. En effet, il existe une cash economy issue d’une économie informelle très importante. Le système bancaire est vétuste, ne sert qu’aux opérations de dépôts, tandis que la bancarisation de la population demeure très faible. Pour cela, des démarches et des initiatives de numérisation des paiements ont été entreprises, notamment en partenariat avec les grandes banques privées. Ces initiatives concernent également le versement des salaires sur les comptes bancaires, en anticipant un surplus d’épargne qui pourrait en résulter. Par ailleurs, des investissements publics en infrastructures sont nécessaires et une rationalisation des services publics est indispensable, notamment dans le domaine de l’électricité. Au Kurdistan, 3,4 Gw d’électricité sont distribués sur 7 Gw d’électricité produite : énormément de pertes sont dues à des réseaux défaillants ainsi qu’à des pertes non techniques.

Service Économique Régional de Beyrouth