UNE PUBLICATION DU SERVICE ECONOMIQUE REGIONAL DE BEYROUTH En collaboration avec les services économiques de la circonscription (Amman, Bagdad, Jérusalem, Le Caire, Téhéran, Tel Aviv)

Dans les brèves économiques cette semaine :

Zoom : Iran - Un développement sous contraintes

Egypte : Moody’s abaisse sa perspective sur l’Égypte.

Irak : La compagnie aérienne Fly Baghdad sanctionnée par le Trésor américain.

Iran : La production gazière devrait baisser à partir de 2026.

Israel : L’endettement public repart légèrement à la hausse.

Jordanie : Signature d’un MoU sur l’approvisionnement en électricité des foyers à faible revenu.

Liban : Maintien de l’inflation moyenne à un niveau élevé en 2023 (+221%).

Palestine : À Jérusalem Est, le tourisme, moteur de l’économie, traverse une crise majeure.

Syrie : Nouvelles sanctions européennes.

 

Bonne lecture.

 

Brèves PO 03-2034

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ZOOM CHIIFRE 03-2024Au 7ème rang du Moyen-Orient par son PIB (346,5 Mds$ en 2022 selon le FMI ; +3,8% en g.a) et au 2ème par sa population (85 M d’habitants) et sa superficie (1,65 M de km²), l’Iran est un acteur économique majeur de la région. L’économie iranienne souffre néanmoins d’une faible ouverture aux échanges internationaux, depuis la révolution islamique de 1979 et les vagues successives de sanctions économiques internationales. L’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, mis en œuvre en 2016 et dont les effets ont de facto cessé de se produire à partir de 2018 suite au retrait unilatéral des Etats-Unis, n’aura à cet égard constitué qu’un intermède.

L’industrie iranienne est l’une des plus diversifiées de la région, mais l’insuffisant renouvellement des équipements en limite le développement. Ce tissu industriel varié (pétrochimie ; automobile ; pharmaceutique ; etc.) résulte de lisolement du pays dans les échanges internationaux. Cependant, les nombreux freins à l’importation - produits interdits à l’importation par les autorités locales ; produits sanctionnés ; canaux bancaires fortement limités, y compris pour les produits non sanctionnés ; allocations de devises aux importateurs insuffisantes limitent lapprovisionnement en équipements et technologies nécessaires au maintien et au développement de lindustrie, en particulier dans lamont pétrolier et gazier. Aussi la production nationale de gaz suffit-elle à peine à répondre à la demande interne, alors que le pays dispose des deuxièmes réserves mondiales prouvées de gaz naturel, derrière la Russie, dans un contexte de déficit énergétique structurel (12 GW en 2022).

Afin de combler ces besoins et faute de pouvoir s’approvisionner en produits occidentaux, l’Iran renforce ses partenariats avec les pays frontaliers et l’Asie – la Chine au premier plan – dans le cadre de la « politique des voisins » promue par le président Ebrahim Raïssi. Ainsi, la Chine, les E.A.U, la Turquie, l’Inde et l’Irak représentaient les trois-quarts du total des échanges hors pétrole de l’Iran en 2020 contre moins des deux-tiers en 2017. À elle seule, la Chine représente 29% du total des échanges hors pétrole sur l’exercice iranien en cours (2023/2024). Cette dépendance du pays vis-à-vis de son partenaire chinois est plus visible encore dans le secteur pétrolier, la Chine absorbant près de 90% des exportations de brut iranien (1,3 MB/j en 2023). Ces exportations permettent de combler le déficit commercial hors pétrole qui s’élève à 10 Mds$ sur les huit premiers mois de l’année 2023/2024.

L’économie iranienne se caractérise également par la prépondérance des secteurs public et semi-public, rendue possible par un policy-mix expansionniste. Par construction, le droit iranien n’accorde qu’une place marginale au secteur privé. L’article 44 de la Constitution dispose en effet que « le secteur privé comprend les activités […] complémentaires des sphères économiques étatique et coopérative ».  Ainsi, en 2021, parmi les 100 premières sociétés cotées du pays par la valeur de la capitalisation boursière, 5 seulement avaient une ou plusieurs personnes privées comme actionnaire majoritaire. Les acteurs publics et semi-publics bénéficient d’aides substantielles de l’État, pour partie financées par emprunt bancaire, favorisant l’augmentation de la masse monétaire et de l’inflation (inflation annuelle officielle à plus de 40% pour la cinquième année consécutive).

S’il entend tirer le meilleur parti du potentiel économique du pays, le gouvernement iranien devra relever plusieurs défis :

(i) développer le secteur privé, au sein d’un marché largement dominé par les acteurs économiques publics et semi-publics ; (ii) assainir les finances publiques, dans un contexte de recours à l’augmentation de la masse monétaire pour financer le déficit ; (iii) diversifier les partenaires commerciaux en dépit des sanctions internationales ; (iv) endiguer la fuite des cerveaux.

Service Économique de Téhéran