Brèves de l'ASEAN semaine 4 (2024)
Région
Confit en mer rouge: le coût du transport de carburant vers l'Asie grimpe de 182%
Depuis les récentes frappes aériennes des États-Unis et du Royaume-Uni contre les rebelles Houthis au Yémen, les tarifs des pétroliers transportant du carburant du Moyen-Orient vers l'Asie ont presque triplé, passant de 30 000 $ à 83 000 $ par jour, soit une augmentation de 182% depuis le 12 janvier. La situation sécuritaire dans la mer Rouge a incité plusieurs compagnies de transport d’hydrocarbures à contourner l'Afrique par le cap de Bonne-Espérance, réduisant ainsi l'offre sur le marché spot. Cette tendance impacte également les gains sur d'autres itinéraires, notamment de l'Europe vers les États-Unis et du Moyen-Orient vers l'Afrique de l'Est, ainsi que le fret de certains carburants de la Corée du Sud vers Singapour, atteignant des sommets depuis juin 2022. Le trafic maritime sur la route de navigation de la mer Rouge entre l’Asie et l’UE a chuté de 22% en un mois d’après la Commission européenne. La mer Rouge représente jusqu'à 15% du trafic maritime mondial. Après les frappes américaines et britanniques, l'UE envisage de lancer sa propre mission navale en mer Rouge pour protéger le transport maritime international. La finalisation du plan est prévue pour le 19 février lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE.
Les Rencontres économiques de l’Indopacifique se sont tenues les 25 et 26 janvier à Singapour
Pendant deux jours d’échanges (25-26 janvier 2024) sur le campus de l’INSEAD à Singapour, 30 panélistes de 7 nationalités différentes ont débattu des grands enjeux de la région. Organisée par le Cercle des Economistes avec le soutien de l’Ambassade de France à Singapour, cette conférence a réuni des représentants des gouvernements (Senior Minister en charge des affaires étrangères et du développement de Singapour, vice-Ministre de l’investissement, du commerce et de l’industrie de Malaisie), des ONG, des chercheurs, des investisseurs (GIC, Tikehau Capital) et des banques de développement (Banque asiatique de développement, AFD). Les 5 tables rondes ont permis un dialogue approfondi autour des thématiques suivantes : (i) is Indo-Pacific a reality or a necessity ? Le concept d’Indopacifique est-il politique, géopolitique ou économique ? ; (ii) The Indo-Pacific’s role in value chain reconfiguration : au-delà de la guerre commerciale et technologique sino-américaine, la reconfiguration des chaînes de valeur est-elle temporaire ou définitive ? ; (iii) Identifying key players in the Indo-Pacific : la place respective de l’Inde et de la Chine comme puissances dans la région ; (iv) Challenges of climate change and energy transition : identifier les barrières à la transition énergétique, et les enjeux d’adaptation et d’efficacité énergétique ; (v) A dynamic employment area under pressure : enjeux du vieillissement des populations dans des pays dont le modèle est très éloigné de celui de l’Etat-providence. Modérées par des économistes français de renom (Philippe Trainar, El Mouhoub Mouhoud, Emmanuelle Auriol, Patrice Geoffron, Alexandra Roulet), ces tables rondes ont donné lieu à des échanges de très haut niveau. Le succès de ces Rencontres de l’Indopacifique a convaincu le Cercle des Economistes de revenir très prochainement à Singapour pour une nouvelle édition.
Scorpio Electric s'associe à BYD pour électrifier les deux-roues en Asie du Sud-Est
La start-up singapourienne Scorpio Electric, spécialisée dans les motos électriques, s'associe au géant chinois BYD pour lancer ses deux-roues électriques dans toute la région de l'Asie du Sud-Est. Scorpio Electric prévoit de lancer son premier modèle cet été dans des pays tels que la Thaïlande, l'Indonésie, le Vietnam et les Philippines, utilisant les capacités de fabrication de BYD. Scorpio envisage également d'intégrer la technologie de batterie de BYD dans ses motos électriques.
Indonésie
Hausse des IDE entrants en 2023
L’Indonésie a attiré 47 Mds USD de flux entrants d’investissements directs étrangers (hors secteur pétrolier) en 2023, selon le ministère de l’Investissement, en hausse de 13,7% par rapport à l’année 2022. Plus de la moitié (57%) de ces investissements sont à destination du secteur manufacturier, et notamment de l’industrie métallurgique (25% des IDE) et du secteur minier (10%). Singapour est le premier investisseur étranger dans le pays, avec 15,4 Mds USD investis, suivi de la Chine (y compris Hong Kong), avec 13,9 Mds USD, et du Japon, à 4,6 Mds USD. Les investissements domestiques connaissent une hausse encore plus rapide, atteignant 42,6 Mds USD (+22,1%). Ils sont principalement à destination des infrastructures et des services (52%). Pour 2024, le ministère de l’Investissement se fixe l’objectif d’atteindre la cible de 104,2 Mds USD (investissements étrangers et domestiques), soit une progression de 16,3%.
L’Indonésie révise à la baisse ses ambitions en matière d’énergies renouvelables
Le Conseil national de l’énergie a proposé d’abaisser la cible pour la part des renouvelables dans le mix indonésien à 17-19% à horizon 2025, contre 23% initialement. Le ministre de l’Energie et des Ressources minérales, Arifin Tasrif, a admis mi-janvier que l’adoption des énergies renouvelables s’effectuait plus lentement que prévu. Celles-ci représentent 13,1% du mix énergétique indonésien en 2023, alors qu’elles auraient dû s’élever à 17,9% pour atteindre l’objectif de 23% l’année prochaine. Pour certains experts, la nouvelle cible de 17% pourrait elle-aussi être difficile à atteindre, la part des renouvelables n’ayant progressé en moyenne que de 0,5 pp par an au cours des cinq dernières années.
Malaisie
Baisse des exportations et érosion de l’excédent commercial en 2023
Dans un contexte mondial de ralentissement de la demande, d’orientation à la baisse du marché des semiconducteurs et de diminution du prix des matières premières, les exportations malaisiennes (303,5 Mds USD) se sont contractées de 7,8% en 2023, conduisant à une forte érosion de l’excédent commercial à 45,4 Mds USD (-16,4%), selon les premières informations publiées par le Département des statistiques malaisien (DOSM). La baisse a été particulièrement marquée pour les filières huile de palme (-26,0%) et pétrole et gaz (-11,1%), le secteur électrique et électronique (40,4% des exportations) enregistrant un recul de 3%. Les importations (257,3 Mds USD) ont également diminué (-6,4%), en particulier pour les produits électriques et électroniques (29,4% des importations ; - 9,5%), pétroliers (17,1% ; -1,1%) et chimiques (8,6% ; -9,6%). La Chine reste le premier partenaire commercial du pays (21,1% du total des échanges), devant Singapour (13,8%) et les États-Unis (9,5%). Avec une croissance des importations de 4,4% (19,9 Mds USD), l’Union européenne (4ème partenaire commercial ; 43,9 Mds USD) devient le 3ème fournisseur de la Malaisie avec une part de marché de 7,7% (+0,7 pt par rapport à 2022), devant les Etats-Unis (7,0%) mais loin derrière la Chine (22,6%) et Singapour (11,9%). Pour l’année en cours, le gouvernement maintient ses prévisions d’une croissance de 5,1% pour les exportations et de 4,9% pour les importations, sous-jacentes au budget 2024, et se veut rassurant sur les conséquences de la crise en mer rouge.
2023 : l’inflation sous-jacente se maintient à 3,0%
Avec une stabilisation de la hausse de l’indice des prix à la consommation (IPC) en décembre à 1,5%, l’inflation se réduit à 2,5% pour l’année 2023 (contre 3,3% en 2022), niveau qui reste toutefois supérieur à celui des années 2018 et 2019 (0,9% en moyenne), avant la crise sanitaire. L’inflation sous-jacente se maintient quant à elle au même niveau qu’en 2022 (3,0% contre 1,1% sur 2018-2019) en raison de prix à la hausse dans l’hôtellerie et la restauration (+5,6%), portés par la reprise du tourisme, et dans l’alimentaire (+5,8% contre +3,2% fin 2023). Pour 2024, les prévisions anticipent une croissance de l’IPC entre 2,5% et 3,3% avec des interrogations sur l’impact de la crise en mer Rouge, de la hausse des tarifs de l’eau au 1er février et de la révision des subventions sur les carburants au 2ème semestre. S’y ajoutent depuis le 1er janvier la hausse de la taxe sur les ventes (de 6% à 8% pour les services) et son élargissement à d’autres secteurs ainsi qu’une nouvelle taxe de 10% sur les biens vendus en ligne d’un montant inférieur à 500 MYR (140,4 EUR).
Création d’une commission pour la décarbonation de l’industrie sidérurgique
Après l’instauration le 15 août 2023 d’un moratoire de 2 ans sur les nouveaux investissements dans le secteur sidérurgique, le ministère de l'Investissement, du Commerce et de l'Industrie (MITI) a annoncé la création d'une commission indépendante chargée de présenter d’ici 6 mois des propositions pour répondre aux problèmes de surcapacité de l'industrie sidérurgique et encourager la décarbonation du secteur et la production d'acier vert. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de l’engagement de la Malaisie à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 45% d'ici 2030 (par rapport à 2005) et atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 mais aussi dans le contexte de la Nouvelle politique industrielle (NIMP 2030) lancée début septembre 2023, qui ambitionne une montée en gamme du secteur manufacturier au sein des chaînes de valeur mondiales. La commission sera présidée par Omar Siddiq, PDG de HSBC Bank Malaysia, et composée de 4 membres, chercheurs et acteurs de l'industrie.
Singapour
MAS : maintien des prévisions d'inflation pour 2024
L’Autorité monétaire de Singapour (MAS) maintient ses prévisions pour 2024, malgré une accélération inattendue de l'inflation sous-jacente en décembre. Elle a atteint 3,3% en glissement annuel le mois dernier, dépassant toutes les estimations. Bien que l'inflation puisse connaître une certaine volatilité au début de 2024, les autorités estiment qu'elle devrait ralentir à nouveau au fil de l'année. La MAS maintient ainsi sa prévision pour l'inflation sous-jacente en 2024, entre 2,5% et 3,5%, avec une fourchette inférieure de 1,5% à 2,5% en excluant les effets de la hausse de 1 pp de la GST début 2024.
Le trafic aérien atteint 86% des niveaux pré-Covid-19
L’aéroport de Changi a accueilli 58,9 millions de passagers en 2023, atteignant 86% du trafic d'avant la pandémie. Cela représente une augmentation de 83% par rapport aux 32,2 millions de passagers de 2022 et est proche des 68,3 millions de mouvements de passagers de 2019. Entre octobre et décembre 2023, l'aéroport a enregistré 16,1 millions de mouvements de passagers, dépassant 90% des niveaux pré-pandémiques. Décembre a été le mois le plus fréquenté, avec 5,8 millions de passagers, soit 91% du trafic de décembre 2019. La région de l'Amérique du Nord a enregistré la plus forte croissance, dépassant de plus de 25% les niveaux de 2019. Le Nord-Est de l'Asie a été la région la plus performante en 2023, avec une augmentation du trafic passager de plus de quatre fois par rapport à 2022, principalement en raison de la reprise des voyages entre la Chine et Singapour.
ComfortDelGro remporte un contrat pour exploiter le métro de Stockholm
Le groupe ComfortDelGro, en coentreprise avec le groupe britannique Go-Ahead, a obtenu un contrat de 11 ans pour exploiter et entretenir le métro de Stockholm, remportant ainsi son premier contrat ferroviaire en Suède et sa plus grande opération ferroviaire de passagers en dehors de Singapour. Le contrat, qui débutera en mai 2025, couvrira les sept lignes du métro de Stockholm, comprenant 100 stations, six dépôts et 107 km de voies. La coentreprise, Connecting Stockholm, détiendra une participation de 45% dans le projet et fournira des services allant de l'entretien des installations à la planification des services ferroviaires. Cela renforce la stratégie de ComfortDelGro d'étendre ses activités de transport public à l’international. C’est le groupe MTR (Hong Kong) qui opérait le métro de Stockholm depuis 2009.
Vietnam
Le ministère vietnamien de l’Industrie et du Commerce (MOIT) collecte les commentaires sur le projet de stratégie de développement du secteur de la logistique
Selon ce projet, le secteur de la logistique contribuera à hauteur de 6 à 8% au PIB du Vietnam en 2030 et de 12 à 15% en 2050. Des mesures visant le développement du secteur, notamment le renforcement du cadre réglementaire, l’amélioration de l’environnement des affaires et de l’investissement, la promotion de l’investissement dans des infrastructures logistiques y sont proposées. A l’heure actuelle, le secteur affiche une croissance annuelle de 14 à 16%, avec environ 34 000 entreprises actives. Selon la Banque mondiale, le Vietnam s’est classé au 43ème rang mondial pour sa performance logistique en 2023.
Le Vietnam publie sa stratégie de développement de la filière charbon
Approuvée le 16 janvier 2024 par le vice Premier ministre, Tran Hong Ha, chargé notamment des sujets environnementaux, la stratégie du Vietnam pour l’industrie du charbon pour 2030 avec horizon 2045 vient d’être rendue publique. Pour atteindre son objectif d’une production annuelle comprise entre 45 et 50 Mt jusqu’à 2030 et entre 38 et 40 Mt sur la période 2031-2045, le Vietnam prévoit d’exploiter à titre exploratoire les gisements du bassin du fleuve Rouge avant 2040 en vue d’une exploitation industrielle d’ici 2050 en cas de succès. Pour ce faire, le pays doit « rechercher activement des partenaires domestiques et étrangers » susceptibles de fournir les technologies et les méthodes d’exploration nécessaires. Le document prévoit aussi la restructuration des entreprises publiques du secteur opérant inefficacement (cette orientation ne devrait pas affecter Vinacomin et l’entreprise du Nord-Est / Tổng công ty Đông Bắc, qui appartient au ministère de la Défense, toutes deux citées comme fers de lance de la filière et de sa modernisation) ainsi que la mise en place d’un marché concurrentiel conforme aux pratiques internationales.
D’ici 2025, le Vietnam projette la construction de deux à quatre nouveaux câbles sous-marins
Datée du 11 janvier 2024, la décision no. 36/QD-TTg du Premier ministre, qui fixe les orientations du développement des infrastructures d’information et de télécommunications pour la période 2021-2030, projette de voir le Vietnam se doter de deux à quatre nouveaux câbles sous-marins internationaux d’ici 2025 et de quatre à six nouveaux câbles d’ici 2030. Ces objectifs sont cohérents avec ceux du ministère de l’Information et de la communication, dont le ministre avait déclaré en février 2023 qu’« au moins 10 câbles sous-marins » devraient relier le Vietnam au reste du monde d’ici 2025. Pour rappel : le Vietnam est actuellement principalement relié au réseau internet international par cinq câbles sous-marins (dont un doit être retiré du service en 2025), par lesquels transitent plus de 95% de ses flux de données. Entre décembre 2022 et janvier 2023, tous ont été partiellement indisponibles, contraignant le Vietnam à ponctuellement rediriger vers la Chine une large partie de ses flux internationaux. La pose de nouveaux câbles n’émancipera toutefois pas forcément le Vietnam de cette dépendance puisque la Chine refuse depuis 2020 de délivrer des autorisations pour la pose de câbles non-chinois dans la zone de Mer de Chine du sud qu’elle revendique. Ces nouveaux câbles pourraient donc être fournis par le chinois HMN. Par ailleurs, signe de possibles contraintes à venir en matière d’accès au marché pour les fournisseurs étrangers, le texte, qui mentionne le terme « sécurité » à plus de 100 reprises, précise que, d’ici 2025, 70% des entreprises vietnamiennes devront utiliser les services de cloud de fournisseurs locaux.
Hanoi pourrait confier deux infrastructures clefs à China Pacific Construction Group
Selon les termes de du protocole d’entente signé le 18 janvier 2024 entre China Pacific Construction Group, Vinaconex et le département des Transports de la ville de Hanoi, les trois parties doivent mener des études conjointes portant sur plusieurs infrastructures clefs de la capitale vietnamienne, dont en particulier le projet de pont de Tu Lien (investissement estimé à 750 M EUR) et le projet de ligne 5 du métro de Hanoi devant relier Van Cao et le parc de hautes technologies de Hoa Lac (38 km ; investissement estimé à près de 2,5 Mds EUR). Spécialisé dans la construction d’infrastructures de transport (routes, ponts, ports, etc.) et de parcs industriels, China Pacific Construction Group est un groupe privé sis à Urumqi, au Xinjiang. Particulièrement actif en Asie du Sud-Est (et notamment en Malaisie, où le groupe a fait l’acquisition d’une compagnie de construction locale) depuis quelques années, le groupe envisagerait d’implanter son siège régional à Hanoi. L’accord de janvier 2024 intervient après une série d’entretiens entre le président du groupe chinois, Yan Jiehe, et le Premier ministre vietnamien (janvier 2023), le secrétaire du Parti de Hanoi (septembre 2023) et le vice-président du comité populaire de la même ville (octobre 2023).
Thaïlande
Projet de libéralisation accrue des services
Le ministère du Commerce a pour projet d’accélérer la libéralisation des services, en visant une ouverture accrue à la concurrence étrangère de 10 secteurs, dont les télécommunications. Auramon Supthaweethum, ancienne directrice du département des négociations commerciales et responsable actuelle au sein du département du développement des entreprises du ministère du Commerce de la loi sur les entreprises étrangères (« Foreign Business Act »), a indiqué que ces propositions sont en cours de finalisation et doivent encore faire l’objet d’une approbation du cabinet du Ministre. Les services concernés figurent pour l’instant dans la liste 3 du « Foreign Business Act », comprenant les activités pour lesquelles les autorités considèrent que les entreprises locales ne sont pas prêtes à affronter la concurrence étrangère. Selon la réglementation actuelle, toute participation étrangère égale ou supérieure à 50% pour ces activités est conditionnée à l’obtention d'une autorisation spécifique (une licence d’exploitation étrangère), qui n'est accordée qu'au cas par cas par le gouvernement (le Comité des affaires étrangères), après consultation des associations professionnelles thaïlandaises concernées. Le projet de libéralisation, qui prévoit de supprimer cette autorisation préalable, témoigne ainsi d’une ambition de mise en conformité progressive de la réglementation thaïlandaise aux standards européens dans le cadre des négociations en cours de l’accord de libre-échange avec l’UE.
Jugement favorable de la Cour constitutionnelle à l’égard de l’ancien Président du parti Move Forward
Le 24 janvier, la Cour constitutionnelle a estimé que la détention de parts dans la société de media iTV par Pita Limjaroenrat, ancien président du Move Forward (MFP), premier parti d’opposition (et vainqueur écarté des dernières élections générales), était compatible avec la députation. Il s’agit d’une victoire importante pour Pita qui lui permet de retrouver son mandat de député, dont il avait été suspendu depuis juillet 2023. Cette décision a été bien accueillie par les observateurs tant politiques qu’économiques qui la perçoivent comme un facteur d’apaisement politique. Une autre décision déterminante pour l’avenir du MFP est néanmoins attendue le 31 janvier, la Cour devant statuer sur l’intention ou non du parti de renverser la monarchie à travers sa volonté de réformer l’article 112 du Code pénal sur le crime de lèse-majesté. Un jugement défavorable pourrait entraîner la dissolution du Move Forward.
Philippines
Excédent de la balance des paiements de 3,7 Mds USD en 2023
Au mois de décembre 2023, la balance des paiements des Philippines a enregistré un surplus de 642 M USD, portant le solde annuel à un excédent de 3,7 Mds USD. Cette amélioration a été permise par le redressement du déficit de la balance commerciale, une hausse du niveau des transferts de fonds et du commerce de services, et par les opérations de change menées par la banque centrale. Le niveau des réserves internationales brutes a également augmenté pour atteindre 103,8 Mds USD fin décembre (contre 102,7 Mds USD fin novembre), soit l’équivalent de 7,8 mois d’importation de biens et de services et des revenus primaires. Ces réserves permettent de garantir la disponibilité de devises pour répondre aux besoins en financement extérieur, dont le paiement des importations et du service de la dette (les réserves représentent près de 6 fois la dette extérieure à court terme du pays sur sa maturité initiale).
Les emprunts étrangers pour le secteur public domestique ont atteint 14,5 Mds USD en 2023
Au cours de l’année 2023, la banque centrale a enregistré un total de de 14,5 Mds USD d’emprunts étrangers pour le secteur public domestique, après deux années de baisse consécutives. Cette dette extérieure se compose de 24 emprunts étrangers à moyen-long terme prenant la forme de 2 émissions obligataires (4 Mds USD), 12 prêts-projets (5,7 Mds USD) et 10 prêts-programmes (4,8 Mds USD). Si l’émission obligataire était moindre par rapport à 2022, les deux autres postes d’endettement ont largement compensé cette diminution. L’endettement concerne principalement le financement de projets d’infrastructures, notamment dans le secteur des transports (4.,1 Mds USD), de financement du fonctionnement général de l’Etat (4 Mds USD) mais aussi des projets dans le secteur de l’éducation, l’agriculture, la résilience climatique et la protection de l’environnement.
Cambodge
2023 : le tourisme atteint 82% des niveaux pré-covid
Le Cambodge a accueilli 5,43 millions de touristes étrangers en 2023, en hausse spectaculaire mais relative de 139% par rapport aux 2,27 millions en 2022, selon le ministère du Tourisme. Les visiteurs de Thaïlande arrivent en première place avec 1,8 million (+113%), suivis du Vietnam (1 million, +120%), de la Chine (0,5 million, +412,5%), du Laos (372 285, +302%) et des États-Unis (184 780, +98%). Le nombre de touristes arrivés par les 3 aéroports internationaux a atteint 1,86 million, en hausse de 135% par rapport à 2022 (791 603). Pour mémoire, le nombre de touristes internationaux au Cambodge était de 6,6 millions en 2019, dont 2,3 millions de touristes chinois, et 4,4 millions touristes arrivés par voie aérienne. Les recettes du secteur étaient de 4,9 Mds USD en 2019. Bien que les chiffres actuels demeurent inférieurs à ceux en 2019, le secteur du tourisme poursuit sa reprise. Le Cambodge espère accueillir 7 millions de touristes d’ici 2025. La croissance des prochaines années serait notamment soutenue par un essor du tourisme chinois.
Croissance continue de la filière des machines et équipements électriques
Le Cambodge a exporté pour 3,1 Mds USD de machines et équipements électriques et de produits connexes en 2023, en augmentation de 56,6% par rapport à 2022, selon les données de la douane cambodgienne. Cette filière représente près de 14% de la valeur totale des exportations du Cambodge de 22,6 Mds USD l’année dernière. En 2022, elle ne représentait que 9% des exportations totales (22,2 Mds USD). Cette évolution continue est sans doute en partie le résultat de la politique de développement industrielle menée par le pays pour diversifier davantage la production industrielle. En tout cas, le secteur fait partie des priorités affichées de la loi sur les investissements d’octobre 2021. Selon la note budgétaire pour 2024 du ministère de l'Économie et des Finances (MEF), l'économie du Cambodge devrait croître de 6,6% cette année, avec une croissance du secteur industriel de 8,5%. Pour autant, la décision des Etats-Unis d'imposer des droits anti-dumping aux panneaux photovoltaïques fabriqués au Cambodge et dans 3 autres pays de la région (Malaisie, Thaïlande et Vietnam) à partir de juin 2024 devraient affecter les exportations cambodgiennes.
Laos
2024, année du tourisme au Laos
Alors que le Laos assume la présidence de l’ASEAN, le pays en profite pour faire de 2024 une année du tourisme (Visit Laos Year). Face à un retour des touristes plus lent que prévu, les autorités sonnent la mobilisation générale. Il faut dire que seuls 3,4 millions de touristes ont visité le pays en 2023, contre 4,7 millions en 2019. En plus de l’ASEAN Tourism Forum 2024, le Laos a accueilli le selon TRADEX, rassemblant des entreprises du tourisme du monde entier. 70 acheteurs – dont des français et de nombreux européens – sont venus à la rencontre des professionnels laotiens du tourisme. Le Laos vise notamment les pays de l’ASEAN, dont les touristes sont désormais plus nombreux au Laos, compensant pour partie le manque durable de touristes chinois. Les autorités espèrent accueillir 4,6 millions de touristes en 2024, objectif raisonnablement ambitieux, sous réserve de mettre en place les actions nécessaires.
Fort développement du tourisme possible selon la Banque mondiale
Alors que le tourisme représente aujourd’hui 5% du PIB, la Banque mondiale estime qu’il pourrait atteindre jusqu’à 10% d’ici 10 ans. Les touristes ne sont toutefois pas revenus aux mêmes niveaux qu’en 2019, ni n’ont rapporté le même niveau de recettes. La Banque mondiale précise que ce fort développement économique ne peut se faire que sous certaines conditions. Il faut améliorer la connaissance du secteur en produisant plus de données sur l’évolution du tourisme. Sur cette base, la Banque suggère de mettre en place des politiques commerciales dynamiques ainsi que de développer l’offre et le niveau de services. Cela passe encore par une amélioration de la formation des employés du secteur. Enfin, la Banque recommande d’exploiter les atouts naturels du pays, en visant un tourisme plus durable, en écho aux priorités affichées du gouvernement laotien.
Des paiements électroniques facilités pour les touristes
La Banque pour le commerce extérieur du Laos (BCEL), première banque du pays, lance une nouvelle application de paiement électronique. EZYkip permettra à des touristes, ne disposant pas d’un compte bancaire au Laos, d’alimenter l’application sur leur téléphone portable à partir d’une carte bancaire (Visa, Mastercard, Union Pay, JCB, Alipay et WeChat). Ceci fait, les utilisateurs pourront régler leurs achats en payant directement avec l’application chez les commerçants (système de QR code BCEL et BCEL One). Ils pourront également retirer du numéraire dans l’un des 400 distributeurs automatiques de billets de la BCEL partout au Laos. De fait, le système de paiement par QR code est dominant dans les commerces au Laos. A la fin de leur séjour, les utilisateurs pourront recréditer leur carte de crédit du solde non dépensé. Sans être totalement nouveau sur le principe, LOCA – l’équivalent de Grab au Laos – permettant d’alimenter son compte utilisateur à partir de sa carte de crédit, c’est une innovation bienvenue car EZYkip est très simple d’utilisation. Naturellement, les touristes en provenance du Cambodge ou du Laos pourront continuer d’utiliser leur propre système de paiement par QR code, ces trois pays ayant des accords de compensation entre systèmes nationaux.
Birmanie
Points forts à l’exportation
Sur les 9 premiers mois de l’exercice 2023-24 (avril-décembre), l’industrie textile et le gaz naturel sont les deux principaux secteurs d’exportation : respectivement 3,3 Mds USD et 2,5 Mds USD, soit plus de la moitié du montant total des exportations (11 Mds USD). Les ventes de produits agricoles atteignent, quant à elles, 2,2 Mds USD. Les dix principaux pays d’exportation sont la Thaïlande, la Chine, le Japon, l’Inde, les Etats-Unis, l’Allemagne, la Pologne, l’Espagne, la Corée du Sud et l’Italie.
Ouverture aux investisseurs étrangers d’un projet de modernisation du système d’immatriculation
Afin de moderniser la gestion des immatriculations de véhicules, le ministère des Transports et des Communications a invité les investisseurs nationaux et étrangers à mettre en œuvre le système d'identification par radiofréquence (RFID) en soumettant des demandes de préqualification (du 22 janvier au 5 février).