UNE PUBLICATION DU SERVICE ECONOMIQUE REGIONAL DE BEYROUTH En collaboration avec les services économiques de la circonscription (Amman, Bagdad, Jérusalem, Le Caire, Téhéran, Tel Aviv)

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La série d’attaques houthies contre des navires en mer Rouge depuis le début du conflit Israël/Hamas a entrainé la perturbation du trafic sur le canal de Suez, directement affecté par les désordres dans le détroit de Bab-el-Mandeb qui constitue la porte d’entrée sud des navires vers la mer Rouge. Le canal représentait en 2021 plus de 10 % du trafic maritime et 22 % du transport de conteneurs ainsi que 10 % du commerce total du pétrole par voie maritime et 8 % du commerce mondial du GNL. Environ 65 navires l’empruntent en moyenne chaque mois.

Le contournement du canal a été annoncé par les principaux armateurs internationaux et certains pétroliers dès le 16 décembre 2023. Ce contournement demeure toutefois partiel et une partie des flottes reste immobile, dans l’attente d’une amélioration sécuritaire. La moyenne du nombre de navires sur la période courant du 22 décembre 2023 au 8 janvier 2023 a connu une chute de l’ordre de 25 %, tombant à 54 navires/jour.

Les décisions des armateurs sont tributaires de l’évolution de la situation sécuritaire. Le surcoût des primes d’assurance pourrait également alimenter de potentiels arbitrages en faveur de la suspension du passage sur le canal. La préférence des armateurs restant en partie conditionnée à l’optimisation de leurs frais, l’Autorité du canal de Suez a ainsi annoncé une baisse partielle et temporaire des droits de passage allant de 30 à 75 %.

Les perturbations du trafic sur le canal de Suez contribuent à assombrir les perspectives d’une économie égyptienne déjà en crise. Pour l’économie égyptienne, le canal revêt une importance cruciale. Troisième rente en devises étrangères du pays, ses recettes s’élèvent à 8,8 Mds USD en 2022/23 soit 2,2 % du PIB. Pressions supplémentaires donc, dans un pays déjà confronté à des tensions croissantes sur ses deux principales rentes en devises, le tourisme et les transferts de la diaspora. Si le trafic chute de 25 % pendant un mois entier, ces perturbations en mer Rouge pourraient représenter un manque à gagner d’environ 300 M USD. De surcroit, ces instabilités viennent renforcer l’attentisme d’investisseurs étrangers, déjà inquiets des fragilités de l’économie égyptienne, y compris sur les marchés des capitaux. Si la situation venait à perdurer, ses conséquences contrarieraient aussi les efforts de l’Egypte visant à renforcer son positionnement de hub logistique, industriel et énergétique.


Service Économique du Caire