Lettre AGRO Japon – Corée

  N°73-novembre-décembre 2023

 

  drapeau Japon

Sommaire

Japon
  • Les exportations japonaises de produits agricoles et agroalimentaires reculent de 7% en valeur sur les 10 premiers mois de l’année.
  • Après 11 années de décrue, les importations de Beaujolais nouveau annoncées en hausse au Japon en 2023.
  • Le vieillissement des infrastructures frigorifiques inquiète la filière agroalimentaire.
  • Le Japon assouplit sa législation sur la culture du chanvre.
  • Dans le domaine de la pêche, les relations entre le Japon et la Russie se poursuivent en dépit de la guerre en Ukraine.
  • Le premier bureau de lutte contre la contrefaçon des produits agricoles japonais ouvre en Thaïlande.
Corée
  • Les négociations pour la réouverture du marché coréen à la viande bovine française franchissent une étape décisive.
  • L’inflation alimentaire ralentit en novembre mais reste à un niveau élevé.
  • La Corée se mobilise pour éviter une nouvelle pénurie d’urée, utilisé dans la fabrication d’engrais.
  • Une baisse des taxes sur les alcools fabriqués en Corée annoncée pour 2024.

Japon-Corée

  • Les échanges bilatéraux entre le Japon et la Corée reprennent dans le domaine agricole.

Le chiffre à retenir : 52

Nombre de réunions du comité de coopération technique agricole Corée-Japon depuis 1968

Japon

Les exportations japonaises de produits agricoles et agroalimentaires reculent de 7% en valeur sur les 10 premiers mois de l’année.

A 6,63 Mds$, la valeur exportée recule de 7,5% en glissement annuel en raison de la fermeture depuis fin août du marché chinois aux produits de la pêche japonais, dont elle est habituellement le 1er débouché. Les exportations vers la Chine reculent de 20% en valeur et celles vers Hong Kong, 2e marché pour les produits japonais, sont quasi-stables (‑3%). La Corée, 6e débouché, progresse de 8%, le recul sur les produits de la mer étant largement compensé par l’essor des ventes d’alcool japonais, qui doublent par rapport aux 10 premiers mois de 2022. L’atteinte des objectifs ambitieux d’exportations alimentaires fixés par le ministère japonais de l’agriculture à horizon 2025 (2 000 Mds JPY, soit environ 12 Mds €) et 2030 (5 000 Mds JPY – environ 30 Mds €) parait peu vraisemblable au regard du potentiel de production et de la dynamique des exportations actuelle. Sur les 10 premiers mois de l’année, le déficit commercial agricole et agroalimentaire recule nettement, à -52 Mds $ contre -58 Mds $ sur la même période en 2022. Douanes japonaises

Après 11 années de décrue, les importations de Beaujolais nouveau annoncées en hausse au Japon en 2023.

La décrue des coûts de transport aérien a permis une diminution des prix du Beaujolais nouveau pour les consommateurs, la bouteille de 750 mL commercialisée par SUNTORY diminuant par exemple de 15%, à environ 20€. De son côté, le groupe de spiritueux Mercian a proposé cette année des formats en 500 mL en plastique, qui permettent selon le groupe une diminution de 4% des émissions de CO2 lors du transport. Autrefois 1er marché à l’export pour le Beaujolais avec plus de 10 millions de litres en 2005, le Japon a atteint son niveau plancher en 2022 avec moins de 2 millions de litres, sous les effets conjugués des hausses de prix, d’une concurrence croissante sur le marché des vins d’entrée de gamme au Japon et d’une diminution des efforts de communication des opérateurs français et japonais autour de cette fête. Nippon.comDouanes françaises

Le vieillissement des infrastructures de stockage frigorifique inquiète la filière agroalimentaire japonaise.

Alors que le secteur du stockage frigorifique est confronté à une demande soutenue par la consommation de produits frais, plus d’un tiers des installations de stockage frigorifiques du pays - près de la moitié à Tokyo - aurait plus de 40 ans. Les professionnels alertent sur un sous-investissement dans le renouvellement de ces infrastructures susceptible de conduire à une pénurie de capacités de stockage d’ici une décennie. Alors que la rentabilité des activités de stockage frigorifique est fortement affectée par la hausse des coûts de l’énergie et le manque de main-d’œuvre, les investissements nécessaires au renouvellement des infrastructures sont renchéris par la hausse des coûts de construction et les difficultés d’accès au foncier. Si les grands groupes, comme Nichirei et Yokorei, ont annoncé des plans de développement de leurs capacités (+25% pour Yokorei d’ici 2030), une partie des petites et moyennes entreprises du secteur pourrait être contrainte de cesser leur activité au cours des prochaines années. Le manque de capacités de stockage frigorifique pourrait affecter la sécurité d’approvisionnement alimentaire du pays, qui repose largement sur l’importation. Nikkei Asia

Le Japon assouplit sa législation sur la culture du chanvre.

La loi du 6 décembre révisée sur le contrôle du chanvre durcit les dispositions relatives à la consommation de cannabis mais ouvre dans le même temps la possibilité de cultiver le chanvre en tant que matière première, notamment pour la fabrication de médicaments. Précédemment interdite, la culture de chanvre sera désormais autorisée sur décision préfectorale pour les cultures respectant une teneur maximale en tétrahydrocannabinol (THC), qui doit être établie dans les deux ans suivant la promulgation de la loi. Au-delà de cette limite, et toujours dans le cadre de cultures à des fins médicinales, une licence délivrée par le ministère en charge de la santé japonais sera nécessaire. Cette décision, qui ouvre la voie au développement d’une filière japonaise, offre des opportunités pour les opérateurs français en matière de transfert de semences et d’expertise, notamment dans la transformation de produits dérivés du chanvre dans de nombreux domaines (alimentation, textile, bien-être, isolation etc.), sur lesquels plusieurs entreprises françaises sont positionnées - la France est l'un des 1ers producteurs mondiaux de chanvre. NHKNikkeiMHLW

Dans le domaine de la pêche, les relations entre le Japon et la Russie se poursuivent en dépit de la guerre en Ukraine.

Les exportations vers le Japon de produits de la mer russes n’ont pas été suspendues dans le cadre des sanctions adoptées en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie et ont même augmenté en 2022 (+6% en valeur en glissement annuel) avant de reculer sur les 10 premiers mois de 2023 (-33%). La fermeture du marché américain pour les crabes russes a en particulier entraîné un report sur le marché japonais, entraînant un surplus d’offre et une chute générale des prix : sur les 10 premiers mois de l’année, les exportations de crabes russes augmentent de 17% en volume mais diminuent de 38% en valeur par rapport à la même période en 2022. Les relations bilatérales dans le domaine de la pêche se poursuivent également : le Comité des pêches Japon-Russie, chargé de la mise en œuvre de l’accord sur la pêche hauturière conclu en 1984 entre le Japon et l’Union soviétique, s’est ainsi réuni pour la 40e fois et a abouti à un accord sur la pêche dans les zones économiques exclusives respectives des deux pays (200 milles marins) pour l’année à venir. Les volumes maximums sont toutefois en baisse, à 44 000 tonnes pour chaque pays contre 50 000 l’année précédente. MAFF

Le premier bureau de lutte contre la contrefaçon des produits agricoles japonais ouvre en Thaïlande.

Alors que l’attrait croissant pour les aliments japonais haut de gamme en Asie (bœuf wagyu, fruits, thé, fruits de mer, etc.) s’accompagne d’un développement important de contrefaçons, ce nouveau bureau a pour mission d’apporter des conseils aux producteurs, d'informer les consommateurs sur les produits alimentaires japonais et la façon de s’assurer de leur origine et d’assurer le lien avec les autorités locales en charge de la lutte contre la contrefaçon. Il s’inscrit dans le cadre de la politique de soutien aux exportations des produits agricoles et alimentaires du gouvernement japonais, qui a déjà conduit à l’ouverture de huit plateformes d’appui en Asie, aux Etats-Unis et en France. MAFF

 

Corée

Les négociations pour la réouverture du marché coréen à la viande bovine française franchissent une étape décisive.

Si la Corée maintient toujours une suspension des exportations de viande bovine depuis les pays de l’Union européenne, instaurée à la suite de l’épizootie d’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) survenue au début années 2000, la procédure de demande de levée de l’embargo entamée par la France en 2008, vient de connaître une avancée décisive : alors que le volet sanitaire (analyse des risques) était achevé depuis plus de deux ans, la procédure était depuis lors suspendue à l’avis consultatif du parlement coréen. Cet examen a enfin eu lieu le 20 décembre, ouvrant la voie à la finalisation des négociations.

Celles-ci vont désormais entrer dans une phase plus technique, afin de préparer les conditions et procédures d’application (conditions sanitaires, agrément des établissements exportateurs). Une fois achevées, la France rejoindra le Danemark et les Pays-Bas, seuls Etats membres de l’Union européenne ayant obtenu l’ouverture du marché pour la viande bovine en Corée.

L’inflation alimentaire ralentit en novembre mais reste à un niveau élevé.

Après un rebond en septembre et octobre lié aux mauvaises récoltes et au pic saisonnier de consommation lié aux fêtes d’automne, l’inflation alimentaire ralentit à 6,2% en glissement annuel en novembre après avoir culminé à +6,7% en octobre. Les prix des aliments frais restent en forte hausse (+12,7% en g.a.) mais la détente se poursuit sur le prix des aliments transformés et dans la restauration hors domicile (+4,6% en g.a.). L’inflation globale ralentit à +3,3% en g.a. mais continue de peser sur la demande de biens alimentaires par les consommateurs : si les ventes de produits alimentaires sont stables en valeur en octobre par rapport au même mois en 2022, elles reculent de 6% en volume. Enfin, la forte dynamique des ventes d’aliments en ligne observée depuis la pandémie de COVID ne semble pas fléchir : celles-ci atteignent en septembre le niveau record de 6 000 Mds KRW (environ 4,2 Mds €), soit le double du niveau observé en janvier 2020. KOSIS

La Corée se mobilise pour éviter une nouvelle pénurie d’urée, utilisé dans la fabrication d’engrais.

Les restrictions aux exportations mises en place par la Chine sur l’urée, utilisée à la fois dans les fluides de dépollution des moteurs diesel et la fabrication d’engrais, fait planer le risque d’une nouvelle pénurie de ce produit à faible valeur ajoutée, pour lequel la Corée est dépendante à plus de 90% des importations de Chine. Alors qu’en 2021, la suspension brutale des exportations chinoises avait conduit à des ruptures d’approvisionnement et une perturbation forte du secteur des transports, les autorités coréennes indiquent être mieux préparées : à court terme, les stocks (qui s’élèvent à plus de 5 mois de consommation pour les engrais) et les importations de fournisseurs alternatifs, comme le Vietnam, devraient permettre de faire face sans difficulté au risque de pénurie. Le ministre des finances a annoncé une prolongation en 2024 du quota temporaire à droits de douane réduits pour l’urée et le phosphate d’ammonium, qui devait expirer à la fin de l’année. Des mesures permettant de développer la production domestique de ce produit sont également à l’étude et devraient être mises en œuvre dans le cadre de la loi sur la stabilisation des chaînes d’approvisionnement, adoptée par le Parlement coréen le 8 décembre, qui prévoit également la mise en place d’un système d’alerte précoce pour 200 intrants critiques. Korea Times

Une baisse des taxes sur les alcools fabriqués en Corée annoncée pour 2024.

Le ministère de l’économie et des finances donne droit à une revendication des fabricants d’alcools coréens, qui dénoncent le caractère inéquitable du système actuel : alors que les alcools importés sont taxés sur la base du prix de production déclaré par l’importateur, l’assiette taxable des alcools coréens inclut les coûts de production et de distribution. Le ministère des finances va donc présenter un projet de loi excluant ces coûts de distribution de l’assiette. Une mesure similaire avait déjà été adoptée en juillet pour les automobiles. Le secteur des alcools traditionnels coréens fait par ailleurs l’objet de mesures dérogatoires en matière de vente en ligne régulièrement dénoncées par les autres acteurs du secteur des vins et spiritueux, et notamment les importateurs : alors que les alcools traditionnels peuvent être commandés en ligne et livrés, cette possibilité n’est ouverte pour les autres alcools qu’en accompagnement de repas livrés à domicile, ou avec retrait en magasin. JoongAng Daily

La Corée lance le premier marché de gros alimentaire en ligne.

Ce projet s’inscrit dans les efforts du ministère coréen de l’agriculture pour moderniser le secteur agricole et limiter les coûts de distribution alors que la Corée est confrontée à une inflation alimentaire persistante. Inauguré le 30 novembre, ce marché permet des transactions 24h/24, tous les jours de la semaine, et favorise la livraison directe du producteur à l’acheteur. Un montant de 3700 Mds KRW (2,6 Mds €) de transactions est attendu d’ici 2027, ainsi qu’une réduction des coûts logistiques de 700 Mds KRW (500 M€) ayant vocation à être répercutée aux producteurs. Une phase de tests sur un nombre limité de transactions conduites en octobre a conduit à une réduction de 7,4% des coûts d’expédition et une hausse du prix payé au producteur de 4,1%. L’accès au marché sera dans un premier temps limité aux vendeurs réalisant plus de 5 Mds KRW (2,8 M€) et un dispositif de règlement des litiges sur la qualité des produits est prévu. Après une période d’exemption initiale de trois ans, les utilisateurs devront s’acquitter de frais d’utilisation de la plateforme à hauteur de 0,3% du montant des transactions. MAFRA

La Corée poursuit ses efforts de promotion des exportations agricoles et agroalimentaires.

Cinq restaurants coréens à New York et Paris ont été désignés « exceptionnels » par le ministère coréen de l’agriculture et se verront confier un rôle de diplomatie culinaire et de promotion des ingrédients coréens spécifiques, comme les fruits de mer (ormeaux de Wando, crevettes de Sinan…), légumes et condiments. Huit restaurants avaient déjà été désignés « exceptionnels » en janvier dernier. Pour Paris, cinq établissements sont concernés : Soon Grill le Marais, Jong-no Samgyetang, Yido, Sambuja et Ma-shi-ta. Le ministère de l’agriculture coréen poursuit par ailleurs ses efforts de soutien à l’export : les autorités portuaires de Busan et de Rotterdam ont conclu dans ce cadre un accord pour la construction d’installation de stockage frigorifiques, afin de réduire les coûts logistiques pour les exportateurs de produits frais coréens. MAFRAKorea Herald 

 

Japon-Corée

Les échanges bilatéraux entre le Japon et la Corée reprennent dans le domaine agricole.

La politique de rapprochement avec le Japon initiée par le président Yoon se manifeste dans le domaine agricole : le comité de coopération technique agricole Corée-Japon, qui réunit les ministères de l’agriculture des deux pays, s’est réuni pour la première fois depuis 5 ans, en Corée. Il s’agissait de la 52e réunion de cette instance mise en place en 1968 et suspendue en 2019 en raison d’un regain de tensions. Les discussions ont porté sur l’amélioration de l’autosuffisance en blé, la réponse aux maladies animales, la neutralité carbone et les perspectives de recherche communes entre l’agence de développement rural coréenne et l’institut de recherche agronomique japonais NARO. Une visite de la Smart Farm Innovation Valley à Miryang a été organisée en marge du comité. Les secteurs agricoles japonais et coréens présentent des similarités et font face à des défis communs, tels que la dépendance croissante aux importations, les ressources foncières limitées, la population vieillissante, le déséquilibre structurel entre des productions encore tournées vers la riziculture et la demande des consommateurs de plus en plus occidentalisée et privilégiant la viande et les céréales. MAFRA

 

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 Rédigé par : Le pôle agriculture et alimentation du Service économique régional de Tokyo et le Service économique de Séoul.

 Contacts : Jérôme PERDREAU, Conseiller agricole, jerome.perdreau@dgtresor.gouv.fr 
Claudine GIRARDO, Conseillère agricole référente SPS claudine.girardo@dgtresor.gouv.fr
Ryoko ISODA, Attachée sectorielle au pôle agriculture et alimentation, ryoko.isoda@dgtresor.gouv.fr                                      
Jina AHN, Attachée économique, en charge des questions agricoles au sein du SE de Séoul jina.ahn@dgtresor.gouv.fr