L'actualité agricole et agroalimentaire du service économique régional de Tokyo et du service économique de Séoul

Lettre AGRO Japon – Corée

 N° 71 - juillet-août 2023

 

  drapeau Japon

Sommaire


Japon

  • Les exportations françaises de produits alimentaires vers le Japon progressent au 1er semestre 2023, en dépit d’un contexte économique peu porteur.
  • Le rejet en mer des eaux radioactives traitées de la centrale nucléaire de Fukushima pénalise fortement la filière pêche japonaise.
  • La certification carbone se développe dans le secteur agricole au Japon.

                                                   
Corée

  • Les exportations agricoles et agroalimentaires françaises vers la Corée se redressent au 2e trimestre 2023.
  • Avec la « K-Ricebelt », la Corée affiche ses ambitions en matière d’aide au développement en Afrique.
  • Le ministère coréen de l’agriculture présente un plan de développement de la filière des aliments pour animaux de compagnie (« pet food ») en Corée.

 

Le chiffre à retenir : 8 millions

Nombre d’animaux de compagnie en Corée en 2022

Japon

Les exportations françaises de produits agricoles et agroalimentaires vers le Japon progressent de +5% au 1er semestre 2023, en dépit d’un contexte économique peu porteur.

L’inflation alimentaire reste élevée (+8,8% en juillet en glissement annuel) et constitue depuis janvier le principal facteur d’augmentation de l’indice des prix à la consommation (IPC) au Japon, dont la hausse s’établit à 3,3% en juillet (g.a.). Si les prix des produits alimentaires importés en devises se sont légèrement détendus au cours du 1er semestre, la dépréciation du yen sur la période, actuellement à un niveau entre 150 et 160 yens pour un euro contre 130 en moyenne en 2021, dégrade la compétitivité prix des produits français et européens. Les exportations françaises de boissons progressent de 10% en valeur en glissement annuel sur les 6 premiers mois de l’année, tirés par les champagnes (+28% en valeur, +14% en volume) ; les vins tranquilles restent stables en valeur sur la période et reculent de 9% en volume. Les produits laitiers connaissent également une progression de 18% en valeur, tout comme les produits de la minoterie, qui bénéficient d’un fort effet prix (+ 54% en valeur, alors que les volumes reculent de 6%). A l’inverse, on observe une diminution des exportations de viande (-12% en valeur), en raison de la quasi-interruption des exportations de volailles sur le semestre qui fait suite à l’épizootie d’influenza aviaire en France, et des préparations à base de céréales (-23% en valeur, -39% en volume). Sur le 1er semestre, la France est le 10e fournisseur du Japon et le 1er européen, devant l’Italie et l’Espagne. Sur 12 mois, les exportations françaises atteignent le niveau record de 1,46 Md€ (+12% en glissement annuel). Douanes françaises, Douanes japonaises

Le rejet en mer des eaux radioactives traitées de la centrale nucléaire de Fukushima pénalise fortement la filière pêche japonaise.

La filière piscicole japonaise devrait être affectée fortement par les mesures de restriction mises en place par les pays voisins du Japon, et en premier lieu la Chine, suite au début des rejets des eaux traitées utilisées pour le refroidissement de la centrale nucléaire de Fukushima depuis 2011. Le plan de rejet du gouvernement japonais soulève depuis son origine des inquiétudes parmi les professionnels, qui craignent un effet réputationnel sur les exportations de produits de la mer vers les voisins du Japon. La Chine, la Corée, Hong-Kong, Taïwan, la Thaïlande et le Vietnam représentaient 68% de la valeur exportée par le Japon en produits de la mer en 2022, pour 1,8 Md€. Les préfectures proches de la centrale de Fukushima font toujours l’objet d’interdiction d’exporter vers plusieurs pays (Chine, Corée, Russie, Hong Kong notamment) et restent confrontées à une défiance persistante des consommateurs dans les pays ayant levé leurs restrictions (Taïwan, Thaïlande). Au-delà, c’est toutefois l’ensemble de la filière japonaise qui devrait être concernée : en dépit de la validation reçue le 4 juillet par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), dont l’évaluation conduit à un impact négligeable des rejets sur l’environnement marin, plusieurs pays voisins ont annoncé un renforcement des restrictions - notamment la Chine, 1er marché export du Japon (517 M€ en 2022) et qui maintenait une interdiction d’importation des produits agricoles et piscicoles des 10 préfectures touchées par la catastrophe de 2011. La réponse des autorités chinoises a été plus virulente que prévu : alors que des exigences de tests supplémentaires avaient été annoncées en juillet, c’est finalement une suspension des exportations depuis tout le Japon qui a été mise en œuvre à l’annonce du début des rejets. Hong Kong (145 M€ exportés par le Japon en 2022), qui avait maintenu depuis 2011 une ligne plus souple que la Chine continentale, a également annoncé suspendre les importations depuis les 10 préfectures concernées. Un risque d’image important est également redouté sur le marché coréen (161 M€ exportés en 2022) :  en dépit d’expressions du gouvernement Yoon visant à rassurer l’opinion publique, celle-ci reste marquée par une inquiétude volontiers exploitée par l’opposition politique. 

Pour atténuer l’impact prévisible sur la filière, trois fonds d’aide, d’un montant total de 100 Mds de yen (environ 630 M€), ont été annoncés par le gouvernement japonais afin d’indemniser les professionnels de la pêche touchés et de soutenir la recherche de débouchés alternatifs. L’Union européenne, qui est un client encore modeste (78 M€ exportés en 2022), devrait être ciblée par la filière japonaise en complément du marché américain, 2e débouché export (286 M€ en 2022). Nikkei Asia, Kyodo News, Yonhap

La certification carbone se développe dans le secteur agricole au Japon

Le ministère de l’agriculture japonais (MAFF) a validé une nouvelle méthode d’obtention de crédits carbone en riziculture, dans le cadre du dispositif de certification volontaire « J-Credit ». Ce système, proche du « Label Bas-carbone » français, permet de certifier des réductions d’émissions obtenues grâce à des techniques et méthodes validées dans divers secteurs, qui peuvent ensuite être vendues à des organismes souhaitant mettre en œuvre des plans de compensation volontaires de leurs propres émissions. La nouvelle méthode, qui repose sur l’allongement de la période d’assèchement des rizières en juillet de 2 à 3 jours, permet de réduire jusqu’à 7% des émissions de méthane, dans un secteur qui représente 4% des émissions totales du Japon pour ce gaz ; elle porte à 17 le nombre de méthodes validées dans le secteur agricole. L’équivalent de 8 MT d’émissions de tonnes équivalent Co2 ont été évitées au total depuis le lancement en 2013 de la certification carbone au Japon (système « J-Credit » et ses prédécesseurs, « Domestic CDM » et « J-VER »), mais les projets liés à la production agricole sont encore peu représentés, l’essentiel des réductions provenant de projets d’installations énergétiques et de sylviculture. Le développement de ce type de projets est pourtant un levier essentiel à la réalisation des objectifs japonais de décarbonation du secteur agricole. MAFF 

Corée du Sud

Les exportations agricoles et agroalimentaires françaises vers la Corée se redressent au 2e trimestre 2023.

Après un 1er trimestre en recul (-15% en valeur en glissement annuel), les exportations agroalimentaires françaises vers la Corée se redressent au 2e trimestre et progressent de 16% en valeur, conduisant à un résultat quasi-stable sur le 1er semestre (-1% en valeur). Ce rebond se réalise dans un contexte de détente progressive des prix alimentaires en Corée au cours du 2e trimestre, avec un indice des prix à la consommation redescendu à 2,3% en juin (g.a.) et une composante alimentaire également en recul (3,4% en juin, alors qu’elle atteignait encore 6,4% en mars). Sur le 1er semestre, les vins continuent de progresser en valeur, avec une hausse des vins pétillants (+34% en valeur, +12% en volume) qui compense la diminution des vins tranquilles (-5% en valeur, -11% en volume). Les produits laitiers diminuent de 4% en valeur, avec un recul important des volumes sur le lait (-37%), les fromages (-34%) et le beurre (-11%). Les viandes enregistrent également une baisse nette (-25% en valeur), tout comme les préparations à base de céréales (-6%). Les importations alimentaires coréennes diminuant de 2% sur le semestre par rapport à la même période en 2022, la France renforce ses parts de marché (2,1% contre 1,8% en 2022) et gagne trois places parmi les fournisseurs de la Corée (12e rang et 2e européen, derrière l’Espagne). Sur les 12 derniers mois, les exportations françaises atteignent 635 M€, en hausse de 10% en raison d’un bon 2e semestre 2022. Douanes françaises, douanes coréennes

Avec la « K-Ricebelt », la Corée affiche ses ambitions en matière d’aide au développement en Afrique.

Une réunion ministérielle de lancement du projet « K-ricebelt » s’est tenue le 10 juillet à Séoul. Ce projet de coopération phare du gouvernement coréen associe 8 pays africains (Ghana, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Sénégal, Uganda, Cameroun, Kenya) et propose le transfert d’expertise, de matériel agricole et de semences coréennes. Le projet entend augmenter la production annuelle totale de ces pays de 2 000 tonnes par an dès cette année et de 10 000 tonnes au total par an en 2027, permettant de répondre aux besoins alimentaires d’environ 30 millions de personnes. Il bénéficie d’un budget de 80 M$ d’ici 2027 et pourrait être étendu à d’autres pays volontaires. La Corée prévoit également de renforcer son aide alimentaire en nature et a annoncé qu’elle doublerait sa contribution au Programme alimentaire mondial à 100 000 tonnes par an. Cette ambition accrue en matière de coopération agricole fait par ailleurs écho à la volonté affichée par la Corée de s’imposer comme l’un des leaders mondiaux en fourniture d’agroéquipements et en particulier de solutions « d’agriculture intelligente ». MAFRA, Korea Times

Le ministère coréen de l’agriculture présente un plan de développement de la filière des aliments pour animaux de compagnie (« pet food ») en Corée.

La Corée connait un engouement important pour les animaux de compagnie, dont le nombre atteint 8 millions en 2022 contre 5,6 en 2012. Ce développement rapide s’accompagne d’une croissance forte du marché domestique de l’alimentation, des accessoires et des services aux animaux de compagnie (soins, assurance etc.), qui représente environ 5 Mds € en 2022, dont plus d’un milliard pour l’alimentation, avec une croissance annuelle estimée de près de 10% au cours de la prochaine décennie. Le marché, particulièrement compétitif, est tourné de façon croissante vers les produits premium du fait d’une tendance forte à l’humanisation des animaux, souvent perçus comme des membres du foyer et objets d’une attention importante (produits bio, riches en protéines, sans additifs artificiels etc.). Le gouvernement coréen souhaite donc encourager la production domestique d’accessoires et développer les exportations, notamment dans le secteur des aliments pour lequel la Corée est importatrice nette (la Corée a ainsi importé 330 M€ d’aliments pour chiens et chats en 2022, dont 13 M€ de la France, avec un solde négatif de 188 M€). Le développement rapide des animaux de compagnie s’accompagne de l’apparition dans l’espace public de débats sur le bien-être animal, en faveur duquel la première dame Kim Keon-hee s’est par exemple engagée publiquement en dénonçant le retard de la législation coréenne en la matière et la consommation persistante de viande de chien dans le pays. Lors de la dernière campagne présidentielle, le candidat Yoon, aujourd’hui président, avait exprimé son intention de mettre un terme à cette pratique traditionnelle, qui est en déclin marqué depuis plusieurs décennies mais qui bénéficie encore d’un soutien d’une partie de la population (estimée à 39% dans une étude de 2022 du ministère coréen de l’agriculture). MAFRA, Korea Times 

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Rédigé par : Le pôle agriculture et alimentation du Service économique régional de Tokyo et le Service économique de Séoul.

Contacts : Jérôme PERDREAU, Conseiller agricole, jerome.perdreau@dgtresor.gouv.fr
Claudine GIRARDO, Conseillère agricole référente SPS, claudine.girardo@dgtresor.gouv.fr
Ryoko ISODA, Attachée sectorielle au pôle agriculture et alimentation, ryoko.isoda@dgtresor.gouv.fr
Jina AHN, Attachée économique, en charge des questions agricoles au sein du SE de Séoul jina.ahn@dgtresor.gouv.fr