Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions de l'antenne de Lagos et du SE d’Accra.

Nous rappelons à notre cher lectorat que le Service économique régional d’Abuja publie régulièrement sur l’actualité économique franco-nigériane et sur ses activités dans le pays à travers sa page LinkedIn et son compte Twitter. Il en est de même pour le Service économique d’Accra, sur LinkedIn.

Faits saillants :

Nigéria : La NNPC obtient un prêt de 3 Md USD de l’Afreximbank, afin de stabiliser la naira ; Malgré les inquiétudes sur le rythme des réformes et le montant des réserves de change nettes, JPMorgan reste « prudemment optimiste » ; Les forages effectués pour recherche de lithium au Nigéria ont révélé une présence « significative » de pegmatites minéralisées.

Ghana : Le gouvernement du Ghana a payé les premiers coupons issus du programme d’échange de la dette intérieure (DDEP) ; Le Ghana souhaite produire de l’énergie nucléaire d’ici 2030.

Le chiffre à retenir :

455 M GHS (40 M USD) : C’est le montant qui devrait être collecté d’ici fin 2023 grâce aux produits soumis aux droits d’accises nouvellement introduits au Ghana.

 

Nigéria

La NNPC obtient un prêt de 3 Md USD de l’Afreximbank, afin de stabiliser la naira

La NNPC a annoncé qu’un prêt d’urgence de 3 Md USD lui avait été octroyé par la Banque africaine d’export-import (Afreximbank). D’après la société pétrolière, le financement devait permettre d’améliorer ses opérations et ainsi fluidifier la chaîne de valeur de l’industrie pétrolière. Ce prêt a également une visée monétaire alors que le naira connait une dévaluation constante depuis l’unification des taux de change. Le dollar s’échange désormais à 780 NGN sur le marché officiel contre 465 NGN à la mi-mai, avant la réforme. Les 3 Md USD seront déboursés directement à la Banque centrale du Nigéria (CBN), consolidant ainsi les réserves de change. D’après la CBN, ces dernières s’élevaient à 34 Md USD au début du mois d’août, soit 7 à 8 mois d’importations. Un audit récent financier de la CBN, le premier depuis 2015, a toutefois révélé que 40 % des 34 Md USD de réserves déclarés étaient des créances détenues par des banques d’affaires internationales.

Malgré les inquiétudes sur le rythme des réformes et le montant des réserves de change nettes, JPMorgan reste « prudemment optimiste »

La nouvelle administration nigériane a adopté dès le mois de juin des réformes essentielles, notamment la suppression des subventions aux carburants, suivies d'ajustements significatifs sur le marché des changes. Depuis lors, les prix de l'essence ont plus que doublé et la naira s'est dépréciée d'environ 40 % par rapport au dollar sur le marché officiel. Cependant, ces derniers jours, l'écart entre le marché parallèle et les taux de change interbancaires s'est creusé, alors que le Président nigérian a annoncé cette semaine qu'il n'y aurait pas de nouvelle augmentation des prix de l'essence. JPMorgan reste néanmoins « prudemment optimiste ». Tout d’abord, selon la banque américaine, le gel des prix de l'essence ne doit pas pour le moment être interprété comme un renversement de la réforme des subventions, étant donné les prix à la pompe actuels et ceux du pétrole brut, et considérant le taux de change du marché parallèle. Ensuite, si JPMorgan considère que l'inflation globale atteindra 28 % d'ici la fin de l'année, la banque estime que la CBN peut encore à l’avenir se concentrer sur l'utilisation d'autres outils de resserrement – plutôt que de relever son taux directeur. Enfin, les réserves nettes de change seraient certes nettement inférieures aux estimations précédentes – la banque américaine estime que les réserves de change nettes de la CBN étaient d'environ 3,7 Md USD à la fin de l'année dernière, contre 14,0 Md USD à la fin de l'année 2021. Toutefois, JPMorgan considère que la CBN a toujours la capacité de s'approvisionner en devises. En outre, les autorités commencent à identifier les actifs à vendre, ce qui pourrait apporter un certain soulagement à moyen terme. Par exemple, le Conseil consultatif présidentiel a recommandé au gouvernement de vendre sa participation dans la plupart des joint-ventures pétrolières et gazières, une proposition qui devrait rapporter jusqu'à 17 Md USD. Par ailleurs, le prêt de 3 Md USD récemment annoncé à la NNPC pourrait contribuer à améliorer en partie les conditions de liquidité du marché des changes. Cela étant, les importants besoins de financement externe du secteur privé maintiendront la pression sur le marché des changes : il sera impératif de poursuivre les réformes pour apaiser les inquiétudes sur le plan extérieur.

Les forages effectués pour recherche de lithium au Nigéria ont révélé une présence « significative » de pegmatites minéralisées

Selon les résultats des forages de Thor Explorations Ltd, le Nigéria pourrait ainsi accéder au marché mondial du lithium, évalué à plus de 37 Md USD. « Nous sommes extrêmement encouragés par les premiers résultats de notre campagne de forage initiale, qui visait à confirmer la présence de minéraux lithinifères dans les pegmatites présentes dans nos zones de permis », a déclaré Segun Lawson, président-directeur général de l’entreprise canadienne d'exploration minière, engagée dans l'acquisition, l'exploration et le développement de propriétés minières situées au Nigeria, au Sénégal et au Burkina Faso. Celle-ci a obtenu plus de 600 km² de concessions au Nigeria, qui forment les zones de projet lithium des États d'Oyo, de Kwara et d'Ekiti. La zone de projet de l'État d'Oyo englobe ce que Thor Explorations considère comme le plus important gisement de pegmatite à lithium du Nigeria, qui est actuellement exploité par de petites exploitations minières artisanales. La demande d'énergie à base de lithium devrait rapidement augmenter avec la croissance du marché des véhicules électriques : selon les prévisions de Tesla, l'entreprise aura besoin d'environ 1 000 kilotonnes d'équivalent de carbonate de lithium par an d'ici 2030, soit 16 fois ses besoins de 2022 et 30 % de plus que la production mondiale actuelle. L'ambition du gouvernement nigérian est que la production de minéraux pour batteries réduise de manière significative la dépendance actuelle à l'égard de la production de pétrole.

Ghana

Le gouvernement du Ghana a payé les premiers coupons issus du programme d’échange de la dette intérieure (DDEP)

Le 22 août 2023, le gouvernement ghanéen a effectué le premier paiement de 2,4 Md GHS (211 M USD) des coupons des nouvelles obligations résultant du programme d’échange de la dette intérieure (DDEP). Dans un communiqué de presse, le Ministère des Finances a affirmé l’engagement du gouvernement à « honorer toutes les obligations de paiement futures, conformément aux termes des nouveaux arrangements ». Cette annonce participera à renforcer la confiance des marchés, alors que les négociations sur la dette extérieure sont en cours et que la deuxième phase du DDEP a été lancée en juillet 2023. Cette deuxième phase porte notamment sur l’échange des obligations domestiques libellées en dollars américains (soit 809 M GHS ; 71 M USD) contre de nouvelles obligations à des taux plus bas et à des échéances plus longues, ainsi que les coupons détenus par les fonds de pensions (31 Md GHS ; 264 M USD). Afin de permettre à tous les détenteurs de participer, le calendrier des échéances a été révisé et la date butoir est désormais fixée au vendredi 25 août 2023, tandis que la date d’annonce devrait être le lundi 28 août 2023. De son côté, l'office national du cacao (COCOBOD) a lancé le programme d'échange de 7,9 Md GHS (698 M USD) de titres de créance en juillet 2023. Les détenteurs sont invités à échanger leurs bons de cacao contre des titres de créance à plus long terme avec un rendement de 13 % (contre 32,2 % auparavant).

Le Ghana souhaite produire de l’énergie nucléaire d’ici 2030

L’énergie nucléaire devrait arriver au Ghana en 2030, ce qui permettrait au pays d’être autosuffisant en énergie. Nuclear Power Ghana (NPG), en charge du projet nucléaire, a indiqué avoir identifié un site privilégié ainsi qu’un site de secours pour l’installation de la première centrale nucléaire du Ghana. La deuxième phase du projet se poursuit avec la réalisation d’études détaillées du site, la sélection du partenaire et la mobilisation des communautés. Lors d’une conférence de presse, le Dr Yamoah, Directeur exécutif de Nuclear Power Ghana, a déclaré que le programme d’énergie nucléaire devrait « prendre forme » avec la sélection d’un partenaire et d’une technologie d’ici la fin de l’année 2023, en dialogue avec le ministère de l’Énergie et le gouvernement. Il a ajouté que « la désirabilité nucléaire se justifie en matière de fiabilité, de sécurité d’approvisionnement et du fait qu’elle galvanise la croissance industrielle ». Dans un contexte de nouvelle augmentation des prix de l’électricité pour les utilisateurs résidentiels (+4,3 % au 1er septembre 2023), le Dr Yamoah a donné l’assurance qu’une fois la centrale achevée, les tarifs de l’énergie nucléaire devraient significativement diminuer.