L’Asie du Sud est l’une des principales région d’émigration au monde, avec 41 millions de ressortissants résidant hors de la zone en 2019 ; les économies de la région alimentent des flux migratoires réguliers de travailleurs vers l’étranger, à l’exception des Maldives, dont le PIB par tête supérieur à 10 000 USD et les besoins de main-d’œuvre contribuent à faire de l’archipel un pays importateur de facteur travail et exportateur de capitaux.

Les flux migratoires sont à l’origine de transferts de capitaux des travailleurs migrants depuis leur pays de résidence vers leur pays d’origine. Dans un contexte où la région enregistre des déficits courants structurels et doit ainsi importer des capitaux, les transferts de migrants jouent un rôle essentiel dans la réduction des besoins de financement externes de l’économie. Ces transferts s’établissent à 3% du PIB en Inde, 5% au Bangladesh, 8% au Pakistan et au Sri Lanka, 21% au Népal. Selon les données de la Banque mondiale publiées pour 2022, l’Inde se taille la part du lion, avec des transferts de l’ordre de 100 Mds USD en 2022, devant le Pakistan (29 Mds USD), le Bangladesh (21 Mds USD), le Népal (8 Mds USD) et le Sri Lanka (4 Mds USD), loin devant l’Afghanistan (400 M USD), le Bhoutan (100 M USD) et bien sûr les Maldives, pays exportateur de capitaux en raison des travailleurs étrangers installés dans l’archipel.

Au-delà des déséquilibres externes qu’ils contribuent à réduire, en fournissant une source indispensable de réserves en devises, les transferts de migrants jouent également un rôle dans l’équilibre interne de l’économie, en stimulant la consommation et l’investissement et en jouant un rôle contracyclique, que l’on a pu observer au cours de la période « covid » 2020-2021 notamment, en l’absence de « filets de sécurité sociale » suffisamment étoffés. Les gouvernements s’efforcent donc de réduire le coût des transferts pour les migrants, encore relativement élevés pour ceux qui empruntent les canaux formels, de manière à réduire la part d’informalité qui leur est rattachée et à en accroître le volume. La volonté de réduire la part des transferts informels répond également au souci de prévenir et réduire les risques de blanchiment d’argent sale et le financement du terrorisme, alimentés par l’opacité des circuits d’acheminement de ces transferts.       

Sur le long terme, on peut s’interroger, s’agissant de certains pays d’Asie du Sud, sur la pérennité d’un modèle qui vise à encourager les flux migratoires comme une solution palliative à l’incapacité à créer les emplois nécessaires pour absorber le dividende démographique et à fournir une formation de qualité. Dans le cas de certains pays en crise, on peut également craindre une fuite des cerveaux, déjà à l’œuvre, de nature à affaiblir durablement le potentiel de développement à moyen et long termes.