La Corée est en 2023 le 2e constructeur naval au monde, derrière la Chine et devant le Japon, et est de loin le leader mondial des navires à haute valeur ajoutée, notamment des méthaniers. Le contexte international favorable à la construction navale depuis 2020, a permis au secteur de sortir d’une décennie de crise, fortement soutenu par le gouvernement coréen et alors que le secteur doit faire face à des défis technologiques et environnementaux et à une pénurie d’ouvriers.

La Corée du Sud, leader mondial sur le segment des navires à haute valeur ajoutée

L’industrie navale coréenne (2 % du PIB national) est incarnée par trois conglomérats (HD Hyundai, Samsung Heavy Industries et Hanwha Ocean), représentant 70 à 80 % du marché national. Les chantiers navals, situés dans le Sud-Est du pays, créent 137 000 emplois directs.

Après avoir longtemps dominé le marché mondial, la Corée du Sud de classe depuis 2020 à la 2e place, derrière la Chine. En 2022, le pays a reçu 38 % du volume total des commandes de navires, contre 49 % pour la Chine, et a pour objectif de reprendre sa place de leader dès 2023, avec une cible de chiffre d’affaires de 32 Md $ pour les trois entreprises principales, dans un marché mondial de 145 Md $ (2022). La presse évoque le nombre de 169 navires livrés toutes tailles confondues par les chantiers navals coréens en 2022, soit plus de 3 navires livrés par semaine.

La Corée du Sud se maintient à la 1ère place sur le segment des navires à haute valeur ajoutée, en particulier des méthaniers (navires de transport de gaz naturel ou pétrole naturel liquéfié) et les porte-conteneurs de grande capacité. La Corée représente 70 % des commandes de navires à haute valeur ajoutée et 90 % des commandes de méthaniers, technologiquement plus exigeants.

 

Un secteur aujourd’hui assaini et porté par un contexte mondial favorable

 

Le secteur naval coréen a connu une décennie de crise due à la surcapacité de production, la baisse des prix de l'énergie et du fret, ainsi que la montée en puissance de la concurrence chinoise. Certains chantiers navals, comme DSME, ont enregistré des pertes annuelles dépassant 1 Md $. Après avoir évité de peu la faillite grâce à l'intervention de la banque publique KDB, et après une première fusion avortée avec Hyundai, DSME a été racheté par Hanwha en mai 2023, devenant Hanwha Ocean.

A partir de 2020, la construction navale a connu un rebond au niveau mondial, du fait de la crise du Covid. Le ralentissement de l’activité des chantiers navals, dû aux mesures sanitaires prises à travers le monde, a provoqué des tensions sur le marché conduisant à une hausse des prix de 15 % sur l’année 2020. La reprise économique mondiale a ensuite engendré une augmentation du trafic maritime et des commandes de navires. La guerre en Ukraine a également stimulé la demande de méthaniers, comme alternative à l’approvisionnement par gazoduc. Le prix des méthaniers a augmenté de 30 % en deux ans, atteignant plus de 250 M$ en comparaison à 190 M$ en 2020.

 

Les défis à moyen-long-terme des chantiers navals coréens

 

La Corée cherche à maintenir son avance dans la course technologique et dans les navires « verts ». Le plan d’aide à l’innovation annoncé en 2023 prévoit une extension des garanties publiques et un soutien à la R&D pour les navires autonomes et intelligents. En outre, dans un contexte de renforcement des normes environnementales, la demande des armateurs pour des navires plus propres est en forte hausse. Le plan “2030 Greenship-K Promotion Strategy” prévoit une réduction de 70 % des émissions de carbone et la conversion de 15 % de la flotte en navires propres d'ici 2030.

Confrontées à une pénurie de main-d’œuvre locale, les entreprises coréennes ont recours à davantage de travailleurs étrangers. Les chantiers coréens cherchent à recruter 14 000 ouvriers supplémentaires, pour faire face à l’augmentation des commandes. Le gouvernement a donc assoupli les restrictions à l’immigration et soutient la formation des travailleurs coréens spécialisés.