Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants :

Nigéria : Le Président Tinubu élu à la tête de la CEDEAO ; Les investissements font progressivement leur retour dans le secteur pétrolier amont ; Le Nigeria rembourse 500 M USD d’eurobonds ; La consommation quotidienne d’essence chute de 28 %  à la suite de la suppression des subventions.

 

Ghana : Le Trésor du Ghana a dépassé son objectif de financement pour le premier semestre 2023 ; Les actifs sous gestion des fonds de pension atteignent 49,6 Md GHS
(4,3 Md USD) au premier trimestre 2023.

Le chiffre à retenir :

42,5 % : C’est le taux d’inflation du Ghana en juin 2023 (g.a.).

 

Nigéria

Le Président Tinubu élu à la tête de la CEDEAO

Lors de la 63ème conférence des chefs d’Etat de la CEDEAO, qui s’est tenue le 9 juillet dernier, Bola Tinubu a été élu président de l’organisation régionale, à l’unanimité. La CEDEAO a été fondée à Lagos et son siège se trouve à Abuja, mais les dernières années ont toutefois été marquées par un relatif isolement du Nigéria. Entre août 2019 et décembre 2020, le pays avait notamment unilatéralement fermé ses frontières terrestres avec le Bénin et le Niger, les accusant de ne pas respecter la réglementation douanière. L’élection de Bola Tinubu marque le retour diplomatique du Nigéria dans la région. Dans son discours, le Président a affirmé qu’il ferait de la consolidation de la démocratie dans l’espace CEDEAO sa priorité, accordant également une grande importance à la lutte contre le terrorisme. Sur le plan économique, Bola Tinubu entend œuvre en faveur du dynamisme de la croissance dans la région (4,8 % en 2022). Il a ainsi annoncé la tenue d’un sommet extraordinaire de la CEDEAO à Abuja pourtant sur le commerce et l'investissement en octobre 2023. Pour rappel, le Nigéria contribue à hauteur de 50 % au budget de l’organisation ouest-africaine.

Les investissements font progressivement leur retour dans le secteur pétrolier amont

La Commission de régulation du secteur pétrolier amont du Nigeria (NUPRC) a annoncé hier que le retour progressif des investissements dans le secteur amont avait conduit à l'augmentation du nombre d'appareils de forage du pays à 25, contre 20 en janvier 2023, et l'a attribué aux avantages de la loi sur l'industrie pétrolière (PIA). Le directeur général de la NUPRC,
Gbenga Komolafe, a ajouté qu'au cours d'une décennie et demie d'incertitude dans le secteur pétrolier, les flux d’investissement dans cette industrie ont diminué des trois quarts. Il a ainsi déclaré : « rien que l'année dernière, le pays a perdu 2,2 Md USD et, d'après l'audit judiciaire que nous avons réalisé, nous avons découvert qu'environ 40 % de ce chiffre était imputable à des erreurs de comptage ; c'est ce que cette réglementation vise à corriger ». M. Komolafe, qui s'exprimait lors d'une table ronde à la Semaine du pétrole et du gaz du Nigeria à Abuja, a également révélé que le processus d'appel d'offres pour la commercialisation des torches de gaz est désormais terminé et que les soumissionnaires retenus seront annoncés dans les jours à venir. Cette annonce intervient alors que la compagnie pétrolière nigériane NNPC a relevé que des investissements directs étrangers d'une valeur d'environ 20 Md USD étaient attendus dans le secteur amont de l'industrie pétrolière et gazière du pays d’ici 2024. Le directeur général de TotalEnergies EP Nigeria Ltd, Mike Sangster, a tout de même appelé à la création de conditions fiscales attrayantes et d'un environnement favorable pour permettre aux opérateurs d'entreprendre de grands projets et d'apporter de la valeur au pays.

Le Nigeria rembourse 500 M USD d’eurobonds

Le Nigeria a remboursé 500 M USD d’eurobonds, arrivés à échéance le 12 juillet 2023, selon le Bureau de gestion de la dette (DMO). Le communiqué du DMO indique notamment que « le Nigeria réitère son engagement à respecter ses obligations en matière de service de la dette ». « Le remboursement réussi par le Nigeria de ses eurobonds et des obligations de la diaspora au cours des six dernières années est une démonstration de la solidité de ses opérations de gestion de la dette et de sa planification », mentionnait-il en outre. Il a également été révélé que le Nigeria avait déjà remboursé des eurobonds pour un montant de 500 M USD en juillet 2018, puis 500 M USD en janvier 2021, et des « obligations de la diaspora » pour 300 M USD en juin 2022. Le montant total des titres emboursés par le Nigeria sur le marché international des capitaux à 1,8 Md USD au cours des dernières années. La faiblesse des recettes générées par le gouvernement fédéral suscite néanmoins de plus en plus d'inquiétudes.

La consommation quotidienne d’essence chute de 28 %  à la suite de la suppression des subventions

La fin des subventions a engendré un triplement du prix à la pompe et une chute de la consommation de carburant de 28 %. En juin, la consommation est ainsi passé de 66,9 millions de litres à 48,4 millions de litres. A la suite de suppression de la subvention au mois de juin, le prix du litre d’essence est passé de 180 NGN à 500 NGN en moyenne sur le territoire. Si cette réforme a entraîné de forts effets inflationnistes et de lourdes conséquences socio-économiques pour les entreprises et les ménages, il n’y a pour l’instant pas eu de mouvement de contestation significatif : les protestations les plus virulentes ont été enregistrées dans les pays frontaliers, que cette mesure prive de carburants de contrebande bon marché. Pour rappel, en 2022, le coût de ces subventions pour l’Etat nigérian a dépassé 10 Md USD. Selon la Banque mondiale, leur suppression permettra au pays d’économiser plus de 5 Md USD en 2023.

Ghana

Le Trésor du Ghana a dépassé son objectif de financement pour le premier semestre 2023

Trésor a émis pour 44,2 Md GHS (3,9 Md USD) au premier semestre 2023. La demande en bons du Trésor a connu une augmentation au premier trimestre, s’expliquant notamment par des niveaux de rendement élevés ainsi que par les incertitudes sur les marchés qui incitent à se tourner vers des investissements sûrs. Toutefois, elle a ensuite diminué au cours du deuxième trimestre. Les rendements des bons du Trésor ont repris une tendance haussière au deuxième trimestre, malgré la baisse démarrée au premier trimestre. Le 10 juillet 2023, les taux d’intérêts des bons à échéance à 91 jours, 6 mois et 1 an ont atteint respectivement 24,39 %, 26,03 % et  29,65 %. La capacité du Trésor à dépasser son objectif de financement – émission de nouvelles dettes et refinancement des dettes arrivant à échéance – est un signal positif de la relative confiance des investisseurs dans les perspectives économiques du pays et l'attractivité des titres à court terme. Cependant, il est essentiel de continuer à surveiller les conditions du marché pour évaluer les implications potentielles des futures émissions de dette.

Les actifs sous gestion des fonds de pension atteignent 49,6 Md GHS (4,3 Md USD) au premier trimestre 2023

Les actifs sous gestion des fonds de pension connaissent une croissance de 6,4 % par rapport à la fin 2022, selon l’Autorité nationale de réglementation des pensions (NPRA). Au cours des cinq dernières années, le taux de croissance annuel moyen des fonds de pension a été de 21 %. Pour rappel, le régime de pension de retraite ghanéen comprend trois niveaux, à savoir le régime de sécurité sociale de base obligatoire, le régime de retraite professionnel obligatoire, entièrement capitalisé et géré par le secteur privé, et le régime volontaire, financé par les membres et gérés par un fonds de prévoyance et un régime de retraite personnel privés. Les régimes obligatoires sont majoritaires et représentent 81 % du total des actifs – 26 % pour le niveau 1 et 55 % pour le niveau 2 – tandis que le régime volontaire en représente 19 %. Le Directeur « Corporate Affairs » de la NPRA a indiqué que « la croissance régulière des fonds de pension témoigne de la prise de conscience croissante des individus de l'importance de la planification de la retraite et de la confiance qu'ils ont dans le système de retraite », ajoutant : «  Nous sommes ravis de voir davantage de Ghanéens participer activement à la sécurisation de leur avenir financier ». Toutefois, des défis persistent et pourraient menacer la future gestion de ces actifs. En effet, les actifs ont connu une perte de leur valeur de 937 M GHS
(82 M USD) à la fin de 2022 (soit 2 % du total), ce qui exerce une pression sur les fonds disponibles nécessaires au versement des pensions de retraite dues.