Le Bulletin est composé d'une sélection de productions récentes du Service économique régional de Pékin au sujet de l’économie chinoise.

 Elargissement de la campagne anti-espionnage

Le comité permanent de l’assemblée nationale populaire (ANP) a adopté le 26 avril 2023 une nouvelle version de la loi sur le contre-espionnage qui entre en vigueur le 1er juillet. Dans la continuité de la tendance observée ces dernières années, cette nouvelle mouture élargit la définition des « actes d’espionnage ». Cette mise à jour réglementaire s’inscrit dans la continuité des efforts déployés depuis l’introduction de la première version de cette loi (2014), et plus généralement des initiatives menées ces dernières années pour élargir la définition du concept de « sécurité nationale ». Ce nouveau texte intervient dans un contexte de répression contre les entreprises d’audit étrangères et de restriction de l’accès à de nombreuses bases de données économiques, commerciales et académiques depuis l’étranger.

 

Accélération des efforts de maîtrise des chaines de valeurs mondiales

Les efforts de la Chine pour maîtriser les chaines de valeur (国产化) se sont renforcés ces trois dernières années. Plusieurs éléments témoignent de mesures prises par différentes administrations, chargées de mobiliser différents leviers pour (1) accélérer la localisation en Chine de certaines chaines de valeur stratégiques et (2) consolider la place de l’industrie chinoise dans les chaines de valeurs mondiales.

 

La décarbonation de l’industrie lourde, un chantier prioritaire

L’industrie est à l’origine de 36 % des émissions de CO2 chinoises et en représente la seconde source, derrière la production d’électricité (AIE, 2021). L’importance de l’industrie lourde, particulièrement énergivore et émettrice, explique cette situation dans une large mesure. Pour rappel, la Chine produit près de 60 % du ciment et de l’acier brut à l’échelle mondiale, entre 55 % et 65 % de l’acier primaire et de l’aluminium, ainsi que 30 % des produits chimiques primaires utilisés pour fabriquer des plastiques et des engrais. Les émissions de CO2 des secteurs de l’acier et du ciment en Chine sont supérieures aux émissions totales de CO2 de l’Union européenne (UE). A ce titre, la décarbonation de l’industrie lourde s’avère cruciale pour atteindre le pic d’émissions de CO2 avant 2030 et la neutralité carbone avant 2060, objectifs annoncés par le président Xi Jinping en septembre 2020. Si l’intention de réduire les émissions était antérieure à cet engagement, comme en témoignent les efforts de lutte contre la pollution des années 2010, une nouvelle ambition a été fixée avec la publication du plan d’atteinte du pic d’émissions pour le secteur industriel en 2022.



Pénurie de talents dans le secteur des semi-conducteurs

L’industrie des semi-conducteurs repose sur des talents spécialisés, reposant largement sur l’excellence académique et l’expérience professionnelle. Pour la Chine, le recrutement à l’étranger est une étape nécessaire pour réaliser ses objectifs de substitution des importations de circuits intégrés, dont la production nationale devait atteindre 80% à l’horizon 2030 . Or les mesures américaines, mais aussi la concurrence désormais mondiale pour l’attraction de talents de haut niveau, pourraient remettre en cause la capacité du pays à atteindre ses objectifs de rattrapage technologique et d’auto-suffisance. 

 

Quelles actions pour réduire la pollution plastique ?

La Chine est le premier producteur, consommateur et exportateur de plastique au monde. Son économie est largement dépendante de ce matériau. La très forte pollution issue des déchets a poussé le pays à développer son système de collecte et de recyclage, qui reste pour partie informel. La Chine affiche un discours volontariste en faveur de l’économie circulaire et de la réduction de la pollution plastique, par nécessité environnementale (pollutions), sociétale (santé), économique (industrie) et stratégique (sauvegarde des ressources), mais ces mesures n’ont pas encore pris leur plein effet.

La France a accueilli du 29 mai au 2 juin 2023 la deuxième session du Comité intergouvernemental de négociation (CIN-2) chargé d’élaborer un instrument international juridiquement contraignant sur la pollution plastique. Un compromis a pu être trouvé pour avancer sur les débats de fond (objectifs, mesures et architecture institutionnelle) et faire émerger de premiers éléments de convergence. Le CIN a donné mandat à son président de rédiger une version préliminaire du traité en amont de la troisième session de négociation qui se déroulera en novembre à Nairobi, permettant ainsi au processus de suivre son cours.

La Chine n’a pas participé à niveau ministériel mais a tout de même envoyé une importante délégation menée par deux Directeurs généraux adjoints. Alors que le pays est en pleine relance post-covid, la Chine a adopté lors de ces négociations une position prudente mais constructive.

 

Des finances publiques sous tension

Les finances publiques chinoises ont un fonctionnement complexe et difficilement lisible. Des déséquilibres structurels et la dépendance de la croissance à l’investissement public ont favorisé un fort endettement des collectivités locales, en particulier en dehors des comptes officiels. Le ralentissement économique et l’affaiblissement des comptes publics (sous le double effet de la pandémie et de la crise du secteur immobilier) met sous pression cet équilibre structurellement fragile. Au premier trimestre 2023, le déficit public chinois est en hausse, alors que le soutien budgétaire à l’activité est maintenu. La situation des finances publiques devient de plus en plus un enjeu de stabilité financière, alors que l’intrication financière des structures publiques (banques, LGFV, etc.), notamment dans les provinces les plus pauvres, est forte.

 

En 2022, des progrès inégaux pour la finance verte en Chine

La Chine s’est donnée pour objectif d’atteindre son pic d’émission avant 2030, et la neutralité carbone à l’horizon 2060. Pour y parvenir, elle aura besoin d’investir dans la transition au moins 140 000 Mds RMB (20 000 Mds USD, montant supérieur à son PIB total pour 2022) d’après la PBoC. Les capitaux publics ne pouvant être suffisants, le secteur privé de la « finance verte » a un rôle essentiel à jouer. Les dispositifs de finance verte désignent, au sens restreint, les « actifs verts » bancaires et financiers. Leur développement en Chine se structure progressivement sous l’impulsion des autorités, avec des progrès réglementaires notables en 2022. La mobilisation du capital privé reste cependant insuffisante.

 
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La Chine et la légine : un marché gourmand pour un poisson qu’elle ne pêche pas

La légine profite sur le marché chinois d’une image de poisson raffiné et sain. La Chine n’ayant pas de quota de pêche pour ce poisson recherché, elle est devenue une importatrice de premier rang. Entre 2017 et 2022, la Chine était ainsi destinataire de 20 % des légines congelées exportées par la France, en deuxième place derrière les États-Unis. Cependant, rien ne garantit que la Chine ne se tourne pas à l’avenir vers d’autres fournisseurs.