Lettre AGRO Japon – Corée

 N° 70 - mai-juin 2023

 

  drapeau Japon

Sommaire

 

Japon
  • Les exportations agricoles et agroalimentaires françaises vers le Japon rebondissent en avril, après un 1er trimestre en léger recul.
  • Les exportations agroalimentaires japonaises progressent, tirées par la faiblesse du yen.
  • Le recul de la production de la pêche et de l'aquaculture japonaise se poursuit en 2022, sous les effets du changement climatique et de la surpêche.
  • Le Japon expérimente l'affichage de l'impact carbone sur les produits agricoles. 
Corée
  • Les groupes agroalimentaires sud-coréens ont enregistré des résultats record en Russie en 2022, profitant du départ de nombreux industriels occidentaux.
  • Les mesures de prévention des épizooties ont été renforcées en Corée.
  • La Corée va faciliter l'importation de huit produits alimentaires en tension en mettant en place des quotas tarifaires préférentiels temporaires.
  • Les conditions de séjour des travailleurs migrants saisonniers seront assouplies pour faire face aux pénuries de main-d'oeuvre.
  • Le revenu annuel moyen des ménages agricoles diminue en 2022 par rapport à l'année précédente. 

 

Le chiffre du mois : 3,85 MT

Production de la pêche et de l'aquaculture japonaise en 2022, en recul de 7,5% par rapport à 2021

 

Japon

Les exportations agricoles et agroalimentaires françaises vers le Japon rebondissent en avril, après un 1er trimestre en léger recul.

Les exportations françaises progressent de 17% en valeur en avril en glissement annuel, et dépassent de 2% le niveau de 2022 sur les quatre premiers mois de l’année (436 M EUR). Les exportations de champagnes restent très dynamiques (+22%), celles de vins tranquilles reculant de 5%. Les produits laitiers augmentent de 16% en valeur grâce aux bons résultats du beurre (+70% en valeur et +52% en volume), les fromages restant quasiment stables (-5% en volume, +4% en valeur).

Les produits à base de céréales (boulangerie en particulier), qui avaient progressé de 60% entre 2019 et 2022, reculent de 27% en valeur. Les exportations de malt progressent en revanche de 60% sur janvier-avril en glissement annuel, pour atteindre 18 M EUR. Les viandes diminuent également de 16% en valeur, en raison de la quasi-interruption des exportations de volailles liée à l’épizootie d’influenza aviaire, et d’un recul de 40% en valeur sur les langues de bœuf dont les prix avaient fortement augmenté en 2022. Douanes françaises

Les exportations agroalimentaires japonaises progressent, tirées par la faiblesse du yen.

Les exportations agricoles et agroalimentaires japonaises augmentent de 9% sur les 4 premiers mois de l’année, à 389 Mds JPY (environ 2,7 Mds€), mais cette progression repose uniquement sur l’effet de change lié à la faiblesse du yen : en dollar, les exportations japonaises reculent ainsi de 2% sur la période. Les exportations de bœuf, qui avaient diminué de 4% en 2022 en raison notamment des contingents tarifaires américains et des restrictions chinoises à l’importation, repartent néanmoins à la hausse entre janvier et avril, avec +26% en volume en glissement annuel et un gain en parts de marché en particulier aux Etats-Unis (+47% en volume). Les quotas à tarif préférentiel accordés par les Etats-Unis pour le bœuf ont toutefois déjà été épuisés pour l’année 2023 en raison d’une forte hausse des exportations brésiliennes et les exportateurs japonais seront donc soumis au taux de base de 26,4% pour les prochains mois. Les produits de la mer progressent de 6% en valeur, tirés par les marchés chinois, de Hong-Kong et de la Corée, et les boissons de 9%

Avec la France, le Japon ne profite pas d’un effet de change bien que l’euro se soit apprécié face au yen au 1er trimestre par rapport au T1 2022 : les exportations de produits agri/agro japonaises diminuent de 5% en yen et de 12% en euros en glissement annuel sur les 4 premiers mois et le solde commercial bilatéral se creuse de 39 M€, à +579 M€ en faveur de la France.

Le ministre de l’agriculture Nomura a toutefois réaffirmé les objectifs volontaristes de développement des exportations agroalimentaires japonaises, avec une cible de 2 000 Mds JPY en 2025 et 5 000 Mds JPY en 2030 pour 1,4 Mds JPY en 2022.

Sources : douanes japonaises, Nikkei Asia

Le recul de la production de la pêche et de l’aquaculture japonaise se poursuit en 2022, sous les effets du changement climatique et de la surpêche.

La production de la pêche et de l’aquaculture du Japon s’établit à 3,85 millions de tonnes en 2022, en baisse de 7,5% sur un an et au niveau le plus bas depuis le début du recensement en 1956. Alors que le Japon occupait le premier rang mondial en 1990 avec environ 10 millions de tonnes récoltées (pêche et aquaculture comprise), la production piscicole japonaise et sa flotte de pêche ont décliné de façon continue. Selon le ministère japonais de l’agriculture (MAFF), cette diminution s’explique à la fois par les effets du changement climatique et ceux de la surpêche, en dépit des efforts pour réglementer les totaux de capture. La production halieutique a diminué de 9 % à environ 2,89 millions de tonnes, avec en particulier une forte baisse des prises de maquereau et de bonite ont diminué (-28 %) et de poulpe (-19 %). Les produits de l'aquaculture marine ont diminué de 1,7 %, en partie à cause des marées rouges dans la mer d'Ariake qui ont engendré de mauvaises récoltes d’algues – la production de nori, algue utilisée dans de nombreux aliments japonais (dont les boules de riz onigiri), est ainsi passée sous la barre des 5 milliards de feuilles pour la première fois depuis 1951, alors que la consommation intérieure est de 7,5 milliards de feuilles. Les captures de saumon ont en revanche augmenté de 55 % pour atteindre 87 900 tonnes et celles d'anchois ont augmenté de 13 % pour atteindre 135 100 tonnes.

Cette faiblesse de la production s’accompagne d’une hausse des importations de produits de la mer en valeur en 2022 (+21 % en glissement annuel). Les principaux fournisseurs du Japon sont le Chili, les Etats-Unis et la Russie – cette dernière profitant de la diminution de production aux Etats-Unis ont d'oursins, de saumon et de truite pour atteindre 155 Mds JPY (1 Md EUR), leur niveau le plus élevé depuis 1992.

Source : NHK, Japan Times, Nikkei Asia

Le Japon expérimente l’affichage de l’impact carbone sur les produits agricoles.

Cette expérimentation permet aux producteurs volontaires d’apposer un affichage indiquant la performance de leur exploitation en matière de réduction des émissions de GES (une étoile jusqu’à 5% de réduction, deux étoiles à partir de 10%, 3 étoiles pour 20% et plus). Après un premier essai initié en 2022 pour les tomates, concombres et le riz, ce système sera étendu à 23 fruits et légumes. Il reste encore déployé à une échelle limitée, les produits concernés n’étant disponibles que dans une quarantaine de points de vente à travers le Japon.

Source : MAFF

 

Corée du Sud

 

Les groupes agroalimentaires sud-coréens ont enregistré des résultats record en Russie en 2022, profitant du départ de nombreux industriels occidentaux.

Les revenus du fabricant de produits alimentaires Orion, basé à Séoul et connu pour ses Choco pie, ont ainsi augmenté de 83% par rapport à 2021 pour atteindre 182,6 Mds KRW (125 M EUR) et le cours de l’action d’Orion a augmenté de 53% au cours de l’année écoulée. Le bénéfice net de l’unité russe de Paldo, un autre fabricant de produits alimentaires, a augmenté de 170 % par rapport à 2021 et l'unité alimentaire du conglomérat Lotte Group a déclaré que les recettes en Russie ont atteint 80 Mds KRW (55 M EUR) par rapport à l'année précédente (+53%). Bien que l’opinion publique coréenne soit largement favorable au soutien apporté par la Corée à l’Ukraine, le maintien de ces activités industrielles n’a pas soulevé de protestations notables à ce jour en Corée.  

Les exportations de produits agroalimentaires ont également augmenté de 43% en 2022 pour atteindre 106 Mds KRW (environ 76 M€, principalement composées de préparations alimentaires), tandis que les importations coréennes de produits alimentaires russes (produits de la pêche essentiellement) diminuaient de 25%.

Source : Nikkei, Douanes coréennes

 

Les mesures de prévention des épizooties ont été renforcées en Corée.

Le ministère coréen de l’agriculture et des affaires rurales (MAFRA) encourage les mesures de prévention précoce, la vaccination d'urgence à l'échelle nationale, l'inspection et la surveillance, ainsi que la désinfection intensive afin de prévenir la propagation de la fièvre aphteuse. La vaccination d'urgence de 520 000 bovins dans la zone touchée par le foyer et les comtés voisins a commencé le 11 mai et, au 21 mai, 10,6 millions de bovins avaient été vaccinés dans l'ensemble du pays. Le niveau d'alerte à la crise a été relevé à sévère (fermeture des marchés aux bestiaux jusqu'à nouvel ordre et renforcement de la désinfection des véhicules entrant et sortant des fermes d'élevage) pour neuf villes et comtés, dont la ville de Cheongju, le comté de Jeungpyeong et les villes et comtés voisins. En outre, comme il a été constaté que la plupart des exploitations où des foyers de fièvre aphteuse ont été déclarés ne respectaient pas les mesures de biosécurité, une inspection à l’échelle nationale a été déployée dans les exploitations laitières et l'éducation et la promotion des mesures de biosécurité ont été renforcées.

Huit cas de peste porcine africaine ont été enregistrés cette année, principalement dans des zones frontalières telles que Pocheon et Cheorwon. Le gouvernement a préparé et mis en œuvre des mesures visant à renforcer la prévention et le contrôle de l'épidémie de peste porcine africaine dans 10 villes et comtés, y compris dans les zones frontalières.

Aucun autre foyer d'influenza aviaire hautement pathogène n'est apparu depuis les deux cas survenus le 14 avril de cette année dans des élevages de canards de chair des comtés de Yeongam et de Jangheung, et aucun autre foyer n'est apparu chez les oiseaux sauvages depuis le 7 mars. L'inspection récente des élevages de volailles situés dans un rayon de 10 kilomètres autour des élevages touchés par les foyers de Yeongam et de Jangheung n'ayant révélé aucune anomalie, le MAFRA a rabaissé le 22 mai le niveau d'alerte de crise, qui est passé de "prudence" à "préoccupation". En prévision de la saison hivernale de cette année, le ministère prévoit d'améliorer les lacunes identifiées au cours du processus de prévention de l'épidémie 2022/2023 et de continuer à promouvoir l'inspection et l'éducation des exploitations agricoles. En outre, pour promouvoir les exportations de produits avicoles et d'aliments pour animaux de compagnie, le pays prévoit de se déclarer exempt d’influenza aviaire hautement pathogène, conformément aux exigences de l'Organisation mondiale de la santé animale (WOAH).

Le MAFRA a également renforcé les inspections par échantillonnage effectuées sur le bœuf américain de 3 % à 10 % après détection aux Etats-Unis d’un cas d’ESB atypique. Le volume et la part de marché des importations de bœuf américain ont atteint leur niveau le plus élevé depuis que la Corée a ouvert son marché au bœuf américain en 2008 et les États-Unis étaient en 2022 le principal exportateur de bœuf en Corée (54 % des importations totales de bœuf, représentant 470 000 tonnes).

Source : MAFRA

La Corée va faciliter l’importation de huit produits alimentaires en tension en mettant en place des quotas tarifaires préférentiels temporaires.

La hausse des prix à la consommation s'est quelque peu ralentie depuis le début de 2023 : l’indice des prix à la consommation est retombé à 3,3% en glissement annuel en mai, loin du niveau atteint à l’été 2022, et les produits agricoles et piscicoles, qui avaient augmenté jusqu’à +7,1% en juillet 2022, ont fait une contribution négative en mai (-0,3%). L’inflation reste néanmoins très soutenue sur les produits frais (+3,5% en glissement annuel) et en particulier sur les légumes (+7%) et les produits de la pêche (+6,3%).

Les prix de certains produits agricoles, de la pêche et de l'élevage restent sous forte tension en raison des effets conjugués de récoltes en baisse, de difficultés d'approvisionnement et de l'augmentation des prix mondiaux. Pour limiter l’impact sur les consommateurs, le ministère coréen des finances a annoncé l’ouverture de quotas tarifaires temporaires à droits réduits ou nuls sur l’importation de 8 produits alimentaires, dont le porc (45 000 tonnes), le maquereau (10 000 tonnes), le sucre (105 000 tonnes) et le gingembre (3 360 tonnes).

Source : Korea Times, KOSIS

Les conditions de séjour des travailleurs migrants saisonniers seront assouplies pour faire face aux pénuries de main-d'œuvre.

Le programme d’accueil des travailleurs saisonniers, introduit en 2015, permet aux autorités locales coréennes d'inviter des étrangers à travailler légalement dans les villages de pêcheurs et d'agriculteurs. La règle révisée autorisera des séjours de 8 mois maximum au lieu de 5 actuellement et sera appliquée aux travailleurs saisonniers déjà sur place ainsi qu'aux nouveaux arrivants. Le gouvernement envisage également d’accorder un traitement privilégié aux travailleurs migrants souhaitant obtenir un visa de longue durée lorsqu’ils ont effectué au moins 5 séjours en tant que saisonniers. 24 418 personnes ont travaillé dans le secteur agricole au cours du premier semestre de l'année. Au cours du second semestre, 10 196 travailleurs supplémentaires ont été invités, soit une augmentation de 105 % par rapport au nombre total de travailleurs saisonniers arrivés en 2022.

Source : Yonhap, Korea JoongAng, MAFRA

Le revenu annuel moyen des ménages agricoles a diminué en 2022.

Le revenu annuel moyen des ménages agricoles s’élevait à 46 M KRW (environ 32 000 EUR) en 2022, contre 48 M KRW (env. 33 400 EUR) l'année précédente, soit une diminution de 3,4%. L’impact négatif de la baisse des prix de vente et de l'augmentation des coûts d'exploitation a été atténué par une hausse des revenus de transfert et des revenus non agricoles. Les bénéfices ont chuté de 27 % en un an pour atteindre 9,5 M KRW (env. 6 000 EUR). Le revenu annuel des ménages de l'industrie de la pêche, quant à lui, a augmenté de 1 % en un an pour atteindre 53 M KRW (env. 37 000 EUR), grâce à l'augmentation des revenus de la production de poisson et d'algues.

Source : MAFRA

 

 

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