Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

Nigéria : La suppression de la subvention à l’essence actée par Bola Tinubu et mise en œuvre à la hâte par la NNPC ; La Secrétaire d’Etat Chrysoula Zacharopoulou signe un MoU avec l’Etat de Kwara pour la modernisation de l'élevage ; Labellisation de la Communauté French Tech de Lagos ; Lancement du French Desk d’Access Bank à Lagos.

 

Ghana : Les bons du Trésor de court terme pourraient menacer les efforts de restructuration de la dette ghanéenne ; Le taux de croissance du crédit au secteur privé ralentit.

Le chiffre à retenir:

48 % : C’est le taux de connectivité à haut débit au Nigéria en mars 2023, contre 6 % en 2015.

 

Nigéria

La suppression de la subvention à l’essence actée par Bola Tinubu et mise en œuvre à la hâte par la NNPC

Deux jours après l’annonce faite par le Président élu Bola Tinubu, à l’occasion de son discours inaugural le 29 mai, la subvention à l’essence a subitement cessé d’être appliquée par la compagnie pétrolière nationale NNPC. Ladite subvention avait fait l’objet d’une ultime provision dans le budget 2023 : elle devait atteindre, pour les six premiers mois de l’année, le montant record de 3 360 Md NGN (7,4 Md USD) – soit le tiers des recettes publiques de l’année complète (9 730 Md NGN ; 21,4 Md USD). La suppression de cette subvention devrait dès lors entraîner des économies dans les mêmes proportions. Plusieurs mesures de compensation sont prévues pour accompagner les populations les plus vulnérables, face à un prix à la pompe multiplié par près de trois, comme le versement de 5 000 NGN (11 USD) mensuels à 10 millions de foyers, pendant six mois. Ces mesures compensatoires seront en partie financées par un prêt concessionnel de 800 M USD de la Banque mondiale. La suppression de la subvention à l’essence devrait avoir à l’avenir un effet favorable sur la croissance, en assainissant les comptes publics et favorisant les investissements productifs.

La Secrétaire d’Etat Chrysoula Zacharopoulou signe un MoU avec l’Etat de Kwara pour la modernisation de l'élevage

La secrétaire d'État chargée du Développement, de la Francophonie et des Partenariats internationaux, Mme Chrysoula Zacharopoulou, accompagnée de l’Ambassadrice de France au Nigéria, S.E. Emmanuelle Blatmann, s'est rendue à Ilorin le 30 mai, pour marquer la coopération croissante de la France avec l'État de Kwara dans le domaines de l'agriculture et de la culture. Cette visite officielle est la première d'un ministre étranger dans l'État de Kwara, où Mme Zacharopoulou a félicité le Gouverneur Abdulrahman Abdulrazaq pour sa réélection et sa nomination en tant que président du Forum des gouverneurs du Nigeria. La visite a été marquée par la signature de deux accords importants, dont un MoU entre l'État de Kwara et la société française BRL Ingénierie, chargée de réaliser une étude de faisabilité de 500 000 EUR, financée grâce à une subvention FASEP de la Direction générale de Trésor, sur la modernisation de la réserve de pâturage de Lata. La secrétaire d’Etat a ensuite visité l'Institut de formation en gestion agricole et rurale (ARMTI), choisi comme centre de formation pilote pour la mise en œuvre d’un programme FSPI consacré au développement de l'enseignement technique des femmes dans l'agriculture. Mme Chrysoula Zacharopoulou a enfin terminé sa visite avec l’exposition de produits agricoles locaux présentés par ces femmes entrepreneurs. La secrétaire d'État a déclaré que ces projets illustrent le potentiel de la coopération entre la France et le Nigeria dans le secteur de l'agriculture et de l'agro-industrie, et qu'ils contribueront à l’émancipation des femmes dans la région.

Labellisation de la Communauté French Tech de Lagos

En déplacement à Lagos, la Secrétaire d'État Chrysoula Zacharopoulou a officialisé ce 31 mai la labellisation de la Communauté French Tech de la ville, lors d'une rencontre à propos des partenariats franco-nigérians dans les domaines de la technologie, de la culture et des industries créatives, qui a rassemblé une centaine de jeunes entrepreneurs et professionnels nigérians. La French Tech Lagos est un groupe de startups et d'entrepreneurs français, dont l'objectif est de rapprocher des startups françaises et nigérianes désireuses de renforcer les collaborations entre les écosystèmes tech des deux pays. Dans le cadre de cet événement, la secrétaire d’Etat a notamment pu échanger avec Steve Dayaki Kamga, fondateur de BetaStore et président du board de la French Tech Lagos, Romain Poirot-Lellig, fondateur de Kwik Delivery, et les startupers nigérians Chibuzo Opara, cofondateur de la healthtech DrugStoc, et Jane Ekeh, cofondatrice Gas360, cleantech implantée en France depuis 2022. Ceux-ci ont fait état de leur attentes quant aux partenariats et collaborations futurs dans le secteur de tech, et évoqué les opportunités et les défis rencontrés dans les écosystèmes français et nigérian.

Lancement du French Desk d’Access Bank à Lagos

Mme Zacharopoulou a également pris part, le 31 mai, au lancement par Access Bank d’un « French Business Desk » à Lagos. Ce bureau doit constituer à terme un guichet unique pour les entreprises françaises désireuses de développer leurs activités au Nigeria, et les entreprises nigérianes souhaitant commercer avec la France. Il vise à répondre à trois préoccupations majeures des entreprises : l'identification de partenaires locaux fiables pour les entreprises françaises souhaitant s'implanter au Nigéria, l’accès au financement (avec la création de produits dédiés), et l'accès aux devises étrangères et le soutien aux entreprises françaises dans le rapatriement de leurs bénéfices. Une cinquantaine d’entreprises françaises et nigérianes ont pris part à cet événement. La secrétaire d’Etat s’est par ailleurs entretenue avec Herbert Wigwe, président du groupe Access Bank et nouveau président du Conseil d’Affaires France-Nigéria, sur l’approfondissement des relations entre les acteurs privés des deux pays.

Ghana

Le Comité de politique monétaire maintient son taux directeur à 29,5 %

Cette décision a été justifiée par une baisse significative de l’inflation globale de plus de 12 points depuis le début de l’année, selon Ernest Addison, Gouverneur de la Banque du Ghana. Toujours selon M. Addison, la part des produits du panier de l’indice des prix à la consommation dont l’inflation est supérieure à 50 % depuis le début de l’année est également en diminution. Cette décision s’inscrit aussi dans le cadre de l’appel du FMI en faveur du maintien d’une politique monétaire restrictive au Ghana tant que l’inflation n’est pas significativement engagée sur une pente descendante, et pour l’élimination du financement du budget de l’Etat par le canal monétaire. Le niveau record du taux directeur à 29,5 % avait été atteint en mars 2023, avec une augmentation totale de 1 600 points de base depuis septembre 2021, afin de contrôler l’inflation et favoriser le ré-ancrage des anticipations d’inflation sur une cible de moyen terme à 8±2 %.

Le Ghana a sécurisé un premier prêt direct étranger à la suite de l’accord FMI-Ghana 

Dans le prolongement de la facilité de crédit de 3 Md USD accordé au Ghana par le FMI la semaine dernière, le pays a sécurisé son premier prêt direct étranger pour l’installation d’un centre de données de classe mondiale de 10 MW, extensible à 35 MW. Il sera situé dans la municipalité de La Dade Kotopon (région du Grand Accra). Ce « data center » repose sur un prêt de 300 M USD que la Société américaine de financement du développement international (IDFC) avait accordé à Africa Data Centers (ADC), le plus grand réseau d’installations de données interconnectées d’Afrique. Cet investissement permettra de favoriser l’accès aux technologies basées sur le « cloud », de réduire le coût de la connexion à l’Internet et d’améliorer la compétitivité du continent africain, alors que l’Afrique représente 17 % de la population mondiale mais à peine 1 % de la capacité mondiale de stockage de données.