Le programme de renforcement des capacités commerciales (PRCC) est mobilisé pour la première fois au Mexique pour financer un projet de 900 000 € sur 3 ans destiné à soutenir des organisations de petits producteurs de café dans l’Etat du Chiapas.

Lancement du projet PRCC sur le café au Chiapas

Le programme de renforcement des capacités commerciales (PRCC) est mobilisé pour la première fois au Mexique pour financer un projet de 900 000 € sur 3 ans destiné à soutenir des organisations de petits producteurs de café dans l’Etat du Chiapas. Lors de son inauguration les autorités mexicaines ont mis en avant le caractère emblématique du projet dans un contexte international qui nécessite de « décomoditiser » le café. Le projet associera à la fois les entreprises et l’expertise française, en particulier en matière de génétique. 

1. Les autorités mexicaines voient dans ce projet un potentiel de démonstration de l’intérêt de « décomoditiser » le café

Le projet identifié par le SER et l’AFD a pour objectif de renforcer la filière café du Chiapas dans un modèle d’agroforesterie et de valorisation sur le marché de cafés de haute qualité issus de petits producteurs. Il bénéficiera à 7 organisations de petits producteurs regroupant près de 3 800 producteurs sur 9 000 ha situées dans des zones riches en biodiversité.

Les actions envisagées visent à renforcer les capacités de ces coopératives (gouvernance, gestion financière, égalité de genre), à faciliter l’accès différencié à des marchés rémunérateurs (traçabilité, qualité, certification) et à promouvoir des pratiques agroécologiques adaptées aux divers contextes locaux.

L’inauguration du projet s’est tenue à San Fernando, Chiapas, siège de l’une des 7 coopératives bénéficiaires, en présence de M. l’Ambassadeur, Jean-Pierre Asvazadourian, de la Ministre de l’agriculture et de la pêche du Chiapas, Andrea Gil, et du délégué dans cet Etat du Ministre de l’agriculture du Mexique.

La séquence a mis en évidence l’intérêt que les autorités mexicaines accordent à ce projet. Le Ministre de l’agriculture du Mexique, Victor Villalobos, a adressé, par la voix de son délégué, un message dans lequel il a rappelé la cohérence de ce projet avec la politique défendue par le Mexique à l’Organisation Internationale du Café (OIC) et qui vise à « décomoditiser » le café, en misant sur les cafés de haute qualité gustative et environnementale, dans le but de mieux rémunérer les producteurs et de mieux répondre aux enjeux globaux du climat et de la biodiversité.

Le soutien du Ministère de l’agriculture fédéral au projet s’est matérialisé par un apport de 400 000 € visant à financer l’investissement dans du matériel destiné à améliorer la qualité au champ.

 

Lancement du projet café Chiapas

 

 

2. Le projet soutient une filière emblématique des enjeux environnementaux et sociaux du Mexique, en lien avec l’expertise et les entreprises françaises

Le Chiapas est l’Etat du Mexique à la fois le plus rural, le plus indigène, et le plus pauvre où la culture du café est emblématique et centrale. Au plan économique, le Chiapas concentre plus d’un tiers de la production de café du Mexique, et réunit les conditions pour produire des cafés de très haute qualité. Au plan social, près d’un million de personnes vivent de cette culture, les zones caféières regroupant la majorité de la population indigène et marginalisée. Au plan environnemental, la production dans les hauts du Chiapas se fonde sur des systèmes traditionnels sous ombre riches en biodiversité, souvent en culture biologique, à l’opposé des modèles de plantations de monoculture qui caractérisent certains grands pays producteurs comme le Brésil.  

La filière café du Chiapas doit cependant affronter d’importants défis depuis plusieurs décennies, et bien qu’elle réunisse toutes les conditions pour constituer un moteur du développement rural, elle accuse un important retard de développement. Le secteur fait face (i) à des prix internationaux du café très volatils dans un contexte de dérégulation, (ii) à de graves menaces sanitaires avec un risque que la rouille affecte durablement les récoltes, (iii) à une pénurie de main-d’œuvre en raison de la migration des jeunes ruraux vers les Etats-Unis, et (iv) à une répartition de la valeur défavorable aux petits producteurs.

Le projet associera les entreprises françaises actives dans la commercialisation du café équitable d’origine mexicaine et qui ont pour certaines des partenariats anciens avec les organisations bénéficiaires du projet. L’expertise française sera également mobilisée, l’intervention du CIRAD en matière de génétique et d’adaptation au changement climatique étant envisagée. La coordination sera assurée par SPP Global (Symbole des petits producteurs), association créée en 2006 représentant un réseau international d’organisations de petits producteurs et à l’origine d’un label de commerce équitable dédié pour lequel la France représente le principal marché.

Désormais lancé officiellement, le projet sera mis en avant le 25 mai à l’occasion du Festival du Café du Chiapas au cours duquel il sera présenté par le Conseiller aux affaires agricoles de l’Ambassade de France au Mexique ainsi qu’une représentante de l’AFD, auprès d’un public d’experts et d’acteurs du secteur. Les premières actions seront ensuite initiées. Le comité de suivi qui sera mis en place, associera utilement les autorités locales, les entreprises françaises ainsi que les experts du CIRAD.

 

Projet café Chiapas