Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

Nigéria : Les parlementaires nigérians approuvent la restructuration de 23 700 Md NGN (52 Md USD) de prêts de la Banque centrale ; L'activité manufacturière du Nigeria rebondit en avril grâce à l'atténuation de la crise de liquidités ; La fintech nigériane Nomba lève 30 M USD en pré-série B ; L’Etat de Lagos dédiera 216 M USD pour soutenir les opérations de la rizerie d’Imota.

 

Ghana : Le chômage au Ghana, miroir de la crise économique ; D’après les nouvelles prévisions de l’Economist Intelligence Unit, le Cédi ghanéen devrait atteindre 12,5 GHS pour 1 USD fin 2023.

Le chiffre à retenir:

1,4 M : C’est le nombre de transactions qui ont transité par la plateforme eNaira depuis sa création.

 

Nigéria

Les parlementaires nigérians approuvent la restructuration de 23 700 Md NGN (52 Md USD) de prêts de la Banque centrale

La chambre basse du parlement nigérian a approuvé jeudi un plan visant à restructurer 23 700 Md NGN (52 Md USD) de prêts à court terme dus à la Banque centrale du Nigéria en dette à long terme, un jour après que le Sénat a donné son accord. Les recettes du gouvernement nigérian sont en effet sous pression en raison de la baisse de la production de pétrole, ce qui oblige les autorités à solliciter des découverts auprès de la Banque centrale pour combler leurs déficits croissants. En décembre, le Président Muhammadu Buhari avait demandé au parlement de restructurer les prêts de la banque centrale (« ways and means » ou avances). L'approbation par les deux chambres permettra au président de signer le projet de loi avant qu'il ne quitte son poste à la fin du mois. L’usage fait des sommes prêtés ayant été un sujet de discussion entre la majorité et l’opposition, un rapport sénatorial a indiqué mercredi comment l'argent avait été utilisé, notamment pour soutenir les gouvernements des États fédérés et financer les opérations du gouvernement fédéral. L’approbation des parlementaires ouvre la voie à la conversion des avances à court terme en titres de dette d’une maturité de 40 ans à un taux d'intérêt de 9 %. Les données officielles montrent que le Nigéria a consacré plus de 90 % de ses revenus au service de la dette l'année dernière.

L'activité manufacturière du Nigeria rebondit en avril grâce à l'atténuation de la crise de liquidités

L'activité manufacturière du Nigeria a enregistré une forte croissance le mois dernier, laissant ainsi derrière elle les contractions successives de février et mars. L'indice des directeurs d'achat (PMI) du pays s'est ainsi établi à 53,8 pour le mois, grâce à l'augmentation du niveau de production et à l’apparition de nouvelles opportunités d’affaires. Pour rappel, un indice supérieur à 50 dénote des anticipations de croissance de l’activité. « L'atténuation de la pénurie de liquidités en avril a entraîné une amélioration de la production et de la demande des consommateurs », a notamment déclaré Muyiwa Oni, responsable de la recherche sur les actions pour l'Afrique de l'Ouest à la Stanbic IBTC Bank, qui s’associe chaque mois avec S&P Global et le Bureau des statistiques du Nigéria pour fournir l’indice PMI. Toutefois, alors que l'accès plus facile à l'argent liquide a permis aux activités commerciales de se développer dans les secteurs clés (agriculture, fabrication, services, commerce de gros et de détail), les entreprises ont tout de même continué à faire preuve de prudence en n’augmentant que très légèrement leurs effectifs. Les embauches ont en effet été limitées, les entreprises étant toujours confrontées à d’importantes incertitudes à la suite de la crise.

La fintech nigériane Nomba lève 30 M USD en pré-série B

L’application de services de paiements Nomba a levé 30 M USD, portant sa valorisation totale à 150 M USD selon l’accélérateur YCombinator. L’opération a été dirigée par le fonds de venture-capital américain Base 10. Partech Partners, basé à Paris, et Khosla Ventures, qui avaient participé à la levée de 5 M USD en série A en 2019, ont renouvelé leur soutien à Nomba pour cette seconde levée de fonds. Le succès de la startup nigériane a de plus attiré de nouveaux investisseurs, notamment Shopify (Canada) qui réalise ainsi sa première opération en Afrique. Nomba, autrefois nommée Kudi, fournit des terminaux de paiement et des solutions logicielles pour les entreprises réalisant un chiffre d’affaires compris entre 100 000 USD et 1 M USD. Près de 300 000 entreprises ont déjà recours aux services de Nomba, qui traite 1 Md USD de transactions par mois. Avec 41 millions de micro-entreprises et 73 000 petites et moyennes entreprises recensées au Nigéria, le potentiel de croissance est considérable. Les revenus de startups croîtraient de 150 % chaque année depuis 2020. Grâce à cette levée de 30 M USD, Nomba entend encore élargir son offre de services, notamment pour le secteur agroalimentaire et des transports, et étendre son activité à d’autres marchés africains.

L’Etat de Lagos dédiera 216 M USD pour soutenir les opérations de la rizerie d’Imota

Le gouvernement de l’Etat de Lagos a signé un accord avec la Bourses des matières premières de Lagos pour mobiliser 216 M USD auprès des investisseurs au profit de la rizerie d’Imota, d’ici la fin de l’année. Les financements permettront d’approvisionner l’usine en riz paddy et ainsi couvrir le besoin annuel de 240 000 tonnes pour son fonctionnement à pleine capacité. Pour rappel, la rizerie d’Imota est la plus grande usine de transformation de riz d’Afrique. Elle a été inaugurée en janvier 2023 par le Président Buhari. Le site est exploité par Waco Rice Limited, filiale du groupe TGI (Tropical Food Investment). Une fois pleinement opérationnelle, l’usine devrait produire 2,5 millions de sac de 50 kg de riz par an sous la marque Eko Rice.

Ghana

Le chômage au Ghana, miroir de la crise économique

Selon le rapport trimestriel de l’emploi publié par l’Institut de statistiques national du Ghana, le taux de chômage entre le premier et le troisième trimestre de 2022 était compris entre 13,4 et 19,9 % de la population active (personnes de plus de 15 ans occupant un emploi ou étant en recherche d’emploi). Sur cette période, 157 000 personnes sont restées au chômage tandis que 7,5 millions de personnes occupaient un emploi, sur un total de 11 millions de personnes employées en moyenne. Ainsi, 3,5 millions d’entrées et sorties de l’emploi ont été enregistrées sur la période. Le passage de l’emploi informel au chômage a été en moyenne cinq fois plus fréquent que le passage de l’emploi formel au chômage. Au troisième trimestre de 2022, environ 1,76 millions de personnes étaient ainsi en recherche d’emploi, dont 2/3 de femmes. Le nombre de personnes étant à la fois inscrites parmi les demandeurs d’emploi, en risque d’insécurité alimentaire et en situation de pauvreté multidimensionnelle est passé de 560 000 au deuxième trimestre à 615 000 personnes au troisième trimestre.

D’après les nouvelles prévisions de l’Economist Intelligence Unit, le Cédi ghanéen devrait atteindre 12,5 GHS pour 1 USD fin 2023

D’après les nouvelles prévisions du think tank Economist Intelligence Unit (EIU), le cédi ghanéen devrait se déprécier de 30 % contre le dollars américain en 2023, pour atteindre 12,5 GHS pour 1 USD à la fin de l’année. Cette nouvelle dépréciation de la monnaie ghanéenne – la devise s’était dépréciée de 44 % en 2022 – serait d’après les experts liée à une hausse de la demande pour les devises fortes face à des pressions inflationnistes persistantes, à une balance commerciale déficitaire, ainsi qu’à une confiance des investisseurs dégradée. Entre janvier et avril, le cédi s’était déjà déprécié de 17 % contre le dollar sur le marché de détail (transactions entre les banques et leurs clients) et de 21,7 % sur le marché des changes interbancaire. Au deuxième semestre de l’année, l’approbation de l’octroi d’une facilité de crédit à hauteur de 3 Md USD par le FMI devrait permettre de limiter la chute de la devise.