Bulletin d'analyse économique Chine T1 2023
Le Bulletin se compose des productions récentes du Service économique régional de Pékin au sujet de l’économie chinoise.
Après 2022, la fin du 0-Covid suffira-t-elle à doper la croissance en 2023 ?
La Chine enregistre en 2022 une croissance du PIB de 3 %, soit une performance historiquement faible, loin de la cible fixée en début d’année (5,5 %), et surtout probablement inférieure à la croissance de l’ASEAN (attendue à 4% par le FMI) et du monde (3,2 %). Ce résultat est largement imputable à la politique 0-Covid, dont l’abandon laisse présager d’une reprise en 2023 (évaluée entre +5 et +6 %). Cependant, les perspectives économiques demeurent incertaines, car obscurcies par des facteurs conjoncturels (secteur immobilier, commerce extérieur, réduction des marges de manœuvre budgétaire et monétaire) et structurels (insuffisance de la consommation, endettement massif, vieillissement démographique, etc.).
Assemblées parlementaires : un objectif de croissance du PIB 2023 fixé « autour de » 5 %
Les Lianghui (réunion des deux assemblées parlementaires), ont débuté le 4 mars. Comme chaque année, les rapports annuels du gouvernement et des ministères sont publiés à cette occasion. A ce titre, la cible de croissance pour 2023 reste prudente (« autour de 5 % » du PIB), témoignant des incertitudes économiques. Les politiques macroéconomiques et structurelles devraient rester stables et orientées vers les objectifs stratégiques d’autosuffisance et de sécurité (alimentaire, technologique, etc.). Au-delà, l’édition 2023, la première depuis le XXème Congrès du PCC, est aussi marquée par une révision institutionnelle et des nominations aux postes-clés de l’Etat (ces dernières n’étant pas encore publiées). Parmi les réformes, 10 sur 13 concernent le secteur économique et la finance en particulier.
Croissance du PIB de 4,5 % au premier trimestre 2023
Au T1, le PIB chinois progresse de 4,5 % en g.a., en hausse après 2,9 % au T4 2022. La reprise est principalement portée par le rebond de la consommation, permis par l’abandon des restrictions sanitaires fin 2022. La stabilisation du marché immobilier à un point bas se poursuit. Le premier trimestre présentait la base la moins favorable pour le PIB chinois en 2023. Le rebond devrait donc mécaniquement s’amplifier ces prochains mois compte tenu de l’effet de base favorable du T2 2022, les autorités maintenant par ailleurs leurs mesures de soutien à l’économie. La cible de croissance (« autour de 5 % ») devrait donc être atteinte.
Accroissement du déficit commercial de la France
En 2022, nos exportations ont baissé (-1,3 % à 24,1 Md€; +38,6 % en 2021) du fait de la stagnation des ventes aéronautiques et à la mauvaise performance du secteur agroalimentaire. Les importations ont quant à elles fortement progressé (+20,7 % à 77,7 Md€ ; +14,0 % en 2021) dans l’ensemble des secteurs à cause de la reprise de la consommation des ménages en France. Notre déficit commercial vis-à-vis de la Chine a par conséquent subi une dégradation sans précédent : -53,6 Md€, contre 39,6 Md€ en 2021 et 32,3 Md€ en 2019. Notre exposition commerciale à la Chine a baissé (7,5 % des échanges totaux, contre 8,2 % en 2021, à cause de la hausse des dépenses énergétiques), mais reste supérieure à son niveau de 2019 (6,9 %).
Le commerce extérieur chinois affiche un excédent record du fait de la stagnation des importations
Alors que le commerce mondial des biens a connu une hausse importante en 2022 (+10 % en valeur selon UNCTAD ; +22 % en 2021), le commerce extérieur chinois a enregistré des résultats mitigés : +7,0 % pour les exportations ; +1,4 % pour les importations (comprenant l’augmentation du prix des matières premières). Ce nonobstant, la Chine affiche un excédent commercial record (+29,0 % à 889,0 Md$ ; +107,0 % par rapport à 2019).
Les « petits géants », atouts pour le rattrapage technologique chinois ?
Le programme des « petits géants » (小巨人), initié par le ministère de l’Industrie et des Technologies de l’Information (MIIT) en 2018, vise à faire émerger des chefs de file industriels, hautement spécialisés et innovants (专精特新) sur des segments de niche. S’inscrivant dans la quête chinoise d’autosuffisance technologique, le programme mobilise des moyens financiers et institutionnels pour soutenir des PME jugées prometteuses. La réussite des « petits géants » reste empreinte d’incertitudes, mais conduit néanmoins à s’intéresser à ce programme portant sur des technologies matures en Occident.
La stratégie de résilience de Huawei face au test de nouvelles restrictions américaines
Face aux restrictions d’exportations mises en place par les Etats-Unis depuis 2019, Huawei a résisté mais a été contraint d’adapter sa stratégie. Si le groupe a dégringolé dans la hiérarchie mondiale des marques de smartphones, son chiffre d’affaires s’est finalement stabilisé en 2022. Ces dernières années, la stratégie du groupe a consisté à (1) se concentrer sur son marché national, notamment pour les infrastructures de réseaux (5G), (2) capitaliser sur sa rente technologique en monétisant sa propriété intellectuelle et (3) se positionner comme intégrateurs de technologies pour alimenter l’industrie chinoise dans des domaines tels que l’internet industriel, les semi-conducteurs ou encore les véhicules électriques et connectés.
Kuaishou, l’autre TikTok
Vers une reconfiguration de l’approvisionnement énergétique ?
Historiquement très dépendante de l’extérieure pour ses approvisionnements en énergie fossile, la Chine semble opérer une diversification sensible de ses approvisionnements. Les déplacements du président Xi depuis l’automne 2022 ont d’ailleurs en commun une dimension énergétique importante ; mis bout à bout, ils révèlent les efforts chinois pour sécuriser l’approvisionnement énergétique du pays à long terme, soutenir la Russie et réduire la dépendance aux fournisseurs anglo-saxons (États-Unis, Australie).
Retour sur les récoltes chinoises fin 2022
Au vu des surfaces ensemencées et des conditions météorologiques de l’année 2022, l’USDA et d’autres institutions ont publié une série de prévisions de la production agricole chinoise pour la campagne de commercialisation 2022-2023. Au-delà des quantités impressionnantes produites, les autorités chinoises gardent l’œil sur le viseur des rendements et des quantités produites afin d’assurer la sécurité alimentaire pour les denrées de base alimentaires. Les autorités provinciales mettent ainsi en place des politiques ciblées pour encourager les agriculteurs à semer telle ou telle production afin d’atteindre leurs objectifs de production.
Les bateaux chinois repérés en situation de pêche illégale dans les eaux internationales
Alors que la Chine a mis en place des politiques strictes de limitation de la pêche dans ses eaux fluviales et maritimes, ses bâtiments de pêche hauturière continuent d’être identifiés en situation de pêche illégale dans les eaux internationales ou parfois dans les zones économiques exclusives d’autres pays. Les politiques publiques chinoises accordent même des subventions aux entreprises de pêche hauturière, ce qui est contradictoire aux engagements pris par la Chine dans le cadre des initiatives internationales de préservation des ressources maritimes.
La dépendance économique et commerciale du Brésil à la Chine s’accroît
Le Brésil, affecté par des crises économiques internes et la dévaluation du real, se recentre sur l’exportation de matières premières, notamment à destination de la Chine. Un mouvement de « reprimarisation » de l’économie du Brésil et de son appareil exportateur, influencé par la Chine, est à l’œuvre.
Situation économique et financière de la Mongolie
En 2022, la situation économique de la Mongolie a été caractérisée par une forte poussée inflationniste, un endettement des finances publiques toujours important et des fragilités dans le secteur financier. Ces trois pressions continueront à se matérialiser en 2023, même si la croissance mongole devrait être forte (+5-6 % d’après le FMI, après + 4.8 % en 2022), du fait d’une reprise des exportations en lien avec la réouverture progressive de la frontière avec la Chine.