Les échanges de biens entre la France et le Qatar progressent fortement en 2022 pour s’établir à 4,6 Mds € (+181% en glissement annuel). Les importations françaises, essentiellement composées d’hydrocarbures, ont explosé l’année dernière (3,8 Mds €, +435% en g.a,). Nos exportations continuent de chuter à 867 M € (-8% en g.a.). En résulte un solde commercial déficitaire pour la première fois en 10 ans (-2,9 Mds € en 2022).

1) Nos exportations poursuivent leur baisse en 2022

Nos exportations s’établissent à 867 M € en 2022 à un niveau historiquement faible, enregistrant une baisse de 8% par rapport à 2021 (942M€) et loin du record des 3,84 Mds € en 2019. Cette mauvaise performance s’explique en grande partie par la structure de nos échanges avec le Qatar, fortement dépendants de deux secteurs : l’aéronautique et les hydrocarbures.

Les exportations aéronautiques constituaient de loin le premier poste avant la pandémie : 2 300 M€, soit 60 % de nos exportations en 2019, elles sont tombées à 81M€ en 2021 puis à 53M€ en 2022. Elles ont profondément été affectées du fait de du rééchelonnement des livraisons de 50 A321 et 27 A350 demandées par Qatar Airways à Airbus lors de la crise sanitaire et du différend en raison d'un problème de peinture sur les A350, qui a conduit Airbus à annuler les commandes de la compagnie qatarienne. L’accord entre Qatar Airways et Airbus annoncé en février 2023 prévoit la reprise en commande des aéronefs.

Nos exportations hors-aéronautiques restent modestes à près de 813 M €, soit une baisse de 6% (861 M € sur l’ensemble de 2021). Nos produits informatiques représentent désormais près du quart de nos exportations vers le Qatar (225 M €). Ce sont pour l’essentiel des instruments et appareils de mesure, d'essai et de navigation de mesure qui constituent désormais notre premier poste d’exportation à 137 M € sur la période (-40% en g.a.) suivi par des équipements de communications à hauteur de 31 M € en 2022(+6% en g.a.).  

La fin des grands projets d’infrastructures liés à la Coupe du Monde affecte plusieurs postes d’exportations qui avaient émergés durant les dernières années.  En 2022, les exportations de tubes et tuyaux se sont établis en 2022 à 3 M € soit une chute de 97% par rapport à 2021, où elles s’élevaient à 95 M € (essentiellement des tubes grand diamètre).

Nos exportations de produits agroalimentaires et de boissons ont quasiment doublé en 2022 et s’élèvent à 92 M EUR (+82% en g.a.), tirées notamment par l’organisation de la Coupe du Monde au Qatar.On peut citer notamment la bonne performance de nos exportations de vins de raisin (26 M€, +222%) et de produits laitiers et fromages (20 M€, +54%).

Par ailleurs, les exportations de produits de luxe continuent de croître, suite à la reprise post-covid et à l'augmentation de la fréquentation de l’aéroport international de Doha. En 2022, les « parfums et produits de toilette » sont le deuxième poste d'exportations avec une valeur de 83 millions d'euros (+26 % par rapport à 2021). Une tendance à la hausse que l’on enregistre également pour les articles de voyage, de maroquinerie, de sellerie et de bourrellerie, en hausse de 64% sur la période considérée (41M €).

Exportations françaises vers le Qatar

En 2022, la France est le 10ème fournisseur de l’Emirat, avec une part de marché qui s’élève à 2,7% (contre 2,8% en 2021). Sur cette période, la Chine (16,3%) et les Etats Unis (15,1%) sont les deux premiers fournisseurs du Qatar. Le Qatar est le 57ème client de la France dans le monde.

 

2) À l’inverse, nos importations en provenance du Qatar sont montées en flèche en 2022, dans un contexte de flambée des prix de l’énergie

Nos importations, portées par les hydrocarbures, s’accroissent très fortement en 2022, pour s’établir à 3 747 M € (700 M € en 2021), soit un hause de+435% en g.a. Les importations de GNL représentent 85% du total soit 3 167 M € (+826% par rapport à 2021). Cette explosion s’explique à la fois par la hausse importante des cours mais aussi par une forte progression des volumes livrés à la France (+233% en g.a sur les dix premiers mois de l’année 2022). Les importations de produits issus du raffinage du pétrole, deuxième poste d’importations, ont-elles plus que doublé, et s’élèvent à 446 M €, soit 12% de nos importations. Enfin, la France importe pour près de 111 M € de produits chimiques organiques de base, également issus des hydrocarbures (3% du total).

Importations françaises depuis le Qatar

En 2022, la France est le 6ème client de l’Emirat (17ème en 2021), et représente 3% des exportations qatariennes contre 1% en 2021. Le Qatar est le 38ème fournisseur de la France en 2022 (61ème en 2021).

En conséquence, la France enregistre son premier déficit commercial en 10 ans avec le Qatar, à hauteur de -2,9 Mds € en 2022.

Evolution de nos échanges

 

 3) Les performances de nos exportations de matériels militaires et de nos échanges de services avec le Qatar restent bonnes

Le Qatar est un client important pour nos exportations militaires (3 331 M € en 2019, 699 M € en 2020 et 1 261 M € en 2021). En l’absence de données 2022 et pour mémoire, l’excédent de la balance des services s’élevait à 1,1 Md € en 2019, près de 600 M EUR en 2020 et près de 500 M € en 2021.

 

4) La présence française au Qatar est diversifiée

Une centaine d’implantations françaises seraient recensées au Qatar ainsi que 89 franchises. Selon l’agence de promotion des investissements étrangers au Qatar (IPA), entre 2020 et 2022, la France est le principal investisseur européen (9 Mds USD de CAPEX et 7200 emplois crées).  Elles opèrent principalement dans l’énergie (TotalEnergies, TechnipEnergies, AirLiquide, Engie, EDF), dans la défense et l’aéronautique (Dassault Aviation, MBDA, Airbus, Thales), dans les infrastructures et la construction (Vinci, Saint-Gobain, Egis, Schneider Electric, Nexans), dans les transports (Alstom, RATP Dev, Keolis), dans l’environnement (Suez, Saur, Veolia), dans la finance (BNP, Crédit agricole, Société Générale), dans le numérique (Orange Business Services, Atos), dans l’hôtellerie (Accor), dans la distribution (Carrefour).