Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

Nigéria : Le ministre des Finances donne des précisions sur l’allocation des 800 M USD reçus de la Banque mondiale pour atténuer les effets de la suppression des subventions à l'essence ; Le FMI et la Banque mondiale conseillent au Nigeria de renforcer les financements ciblés pour les PME ; Le taux de chômage dépassera les 40 % en 2023 d’après le cabinet KPMG ; Le lancement de la 5G a attiré 457 M USD d’IDE dans le secteur des TIC en 2022.

 

Ghana : L’inflation recule à 45 % au mois de mars mais le FMI revoit à la hausse ses prévisions d’inflation sur 2023 ; Le cédi efface une partie de ses pertes grâce à des avancées sur la restructuration de la dette publique.

Le chiffre à retenir:

+3,2 % : C’est la croissance économique du Nigéria en 2023 telle que projetée par le FMI ce lundi ; la croissance estimée pour 2024 gagne 10 points de base par rapport aux dernières projections : elle s’établirait désormais à +3,0 %.

 

Nigéria

Le ministre des Finances donne des précisions sur l’allocation des 800 M USD reçus de la Banque mondiale pour atténuer les effets de la suppression des subventions à l'essence

Le ministère fédéral des Finances, du Budget et de la Planification nationale a annoncé que 747 M USD, soit 93,4 % de la somme totale, seraient versés aux bénéficiaires, tandis que le reste serait affecté à la gestion et à la logistique par le gouvernement fédéral et les États fédérés. Selon l'accord, l’ensemble de ces dépenses vise à étendre et à renforcer « les filets de sécurité grâce à une intégration accrue et à l'utilisation des technologies numériques ». Il apparaît en effet nécessaire que les bénéficiaires soient bien identifiés, avec une traçabilité claire. L’instrument pourrait à cette condition constituer un moyen efficace pour soutenir les personnes vulnérables. L'Indonésie, par exemple, a su déployer des efforts considérables en matière de restrictions budgétaires grâce à l’identification des personnes véritablement vulnérables, pour cibler les transferts d'argent liquide vers l’atténuation des coûts d’adaptation des populations les plus pauvres. Jakarta s’était ensuite engagée à utiliser les économies réalisées pour soutenir le développement d’infrastructures.

Le FMI et la Banque mondiale conseillent au Nigeria de renforcer les financements ciblés pour les PME

Le président de la Banque mondiale, David Malpass, et la directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva, ont souligné la nécessité pour les décideurs politiques nigérians de créer des financements ciblés pour les petites et moyennes entreprises du Nigéria. D’après les institutions basées à Washington, une telle intervention contribuerait en effet à renforcer la croissance inclusive et à lutter contre l'inflation et les taux d'intérêt élevés. M. Malpass a ainsi souligné : « En ce qui concerne les éléments de la croissance future, il est important d'investir davantage dans les petites entreprises et dans les nouvelles entreprises ». Cela implique néanmoins une arrivée de flux de capitaux nouveaux, alors même que l'une des préoccupations des pays en développement est aujourd’hui la possibilité d’un « sudden stop », soit une fuite des capitaux dans un contexte de taux directeurs élevés dans les pays développés.

Le taux de chômage dépassera les 40 % en 2023 d’après KPMG

D’après une récente analyse du cabinet d’audit KPMG, le taux de chômage devrait atteindre 40,6 % en 2023. Selon les données du Bureau national de Statistiques (NBS), ce taux était de 23,1 % en 2018, 33,3 % en 2020 et 37,7% en 2022. Cette dégradation est due au faible niveau d’industrialisation de l’économie et d’investissement dans le secteur privé. D’après les prévisions du FMI, Ie ralentissement de la croissance devrait se poursuivre en 2023, avec 3 % contre 3,1 % en 2022, compliquant davantage l’insertion des cinq millions de personnes qui entrent chaque année sur le marché du travail. Le Nigéria est le pays qui affiche le taux de chômage le plus élevé du continent, les jeunes étant particulièrement touchés.

Le lancement de la 5G a attiré 457 M USD d’IDE dans le secteur des TIC en 2022

Alors que les IDE ont chuté de 20 %, de 6,7 Md USD à 5,3 Md USD entre 2021 et 2022, le secteur des TIC est le seul à afficher une croissance positive. Depuis la pandémie, la pénétration internet et la télé densité (connexion téléphoniques actives pour 1000 habitants), ont progressé respectivement de 38,5 % à 48,5 % et de 97,5 % à 119 %. En 2022, les leaders du secteurs, MTN Nigeria et Airtel, ont investi 613 Md NGN (1,3 Md USD) dans l’élargissement du réseau 4G, le déploiement de la 5G et l’amélioration du réseau en zone rurales, un montant en augmentation de 14,2 %. MTN aurait déployé près de 600 antennes 5G et connecté 780 zones reculées au réseau. Ces investissements dans les infrastructures et le dynamisme du secteur rassurent les investisseurs étrangers, qui ont investi 456,8 MUSD en 2022 contre 107,5 MUSD en 2021, soit une progression de 325 %.

Ghana

L’inflation recule à 45 % au mois de mars mais le FMI revoit à la hausse ses prévisions d’inflation sur l’année 2023

Au mois de mars, l’inflation a ralenti pour le troisième mois consécutif en s’établissant à 45,0 % sur un an, après 52,8 % en février, en raison d’un nouveau ralentissement de l’inflation tant alimentaire que non alimentaire, à respectivement 50,8 % et 40,6 %. Par ailleurs, les prix à la consommation des biens importés et produits sur le marché domestique ont également reculé à respectivement 51,6 % et 41,9 %. Par rapport à février, les prix des biens et services ont ainsi diminué de 1,2 %. Malgré ce constat favorable, l’inflation globale annuelle reste plus de 4 fois supérieure à la cible de moyen terme fixée par la Bank of Ghana à 8±2 %. D’après le dernier rapport publié par le Fonds monétaire International sur les perspectives de l’économie mondiale du mois d’avril, l’inflation globale moyenne sur 2023 a été révisée à la hausse. Précédemment anticipée à 20,9 % en octobre, elle devrait maintenant s’établir à 45,4 %, contre 14,0 % pour l’ensemble des pays d’Afrique subsaharienne, avant de décélérer et s’établir en moyenne à 22,2 % en 2024.

Le cédi efface une partie de ses pertes grâce à des avancées sur la restructuration de la dette publique 

Cette semaine, le cédi ghanéen a continué de s’apprécier face aux principales devises négociées sur les marchés des changes, en raison des avancées réalisées en matière de restructuration de la dette extérieure ghanéenne. Sur le marché des changes interbancaire, le cédi a ainsi progressé de 0,77 % contre le dollar sur la semaine, pour clôturer à 10,93 USD, tandis que l’euro et la livre sterling ont perdu 0,19 % de leur valeur face au cédi. Sur le marché international des changes, il s’est apprécié de 5,99 % face au dollar sur la semaine, pour s’échanger à 10,85 USD, permettant de réduire les pertes accumulées depuis le début de l’année. Les gains observés ces deux dernières semaines ont été permis par les interventions de la Banque centrale du Ghana (BoG). Cette semaine, la tenue d’une nouvelle vente de devises aux entreprises de distribution de carburant, à hauteur de 20 M USD, dans le cadre du soutien aux importations, ainsi que les réunions à venir des créanciers du Ghana, devraient apporter un soutien supplémentaire à la devise.