Toute l'actualité économique et financière hebdomadaire de l'Arabie Saoudite, du Bahrein, des Emirats arabes unis, du Koweit, d'Oman, du Qatar et du Yémen.

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Edito - À vos marques, prêts… partez ! 

Le Qatar a publié ses taux de croissance pour le 4e trimestre 2022 : 8 % en glissement annuel, 3 % par rapport au T3 de cette même année. De bons chiffres agrégés (la croissance du voisin saoudien n’est « que » de 5,5 % au Q4 en ga) qui cachent de très importants taux de croissance pour certains segments non pétroliers, à commencer par l’hôtellerie et la restauration (+65 % en ga, +61 % en gt) ou les transports (+25 % en ga). Le dénominateur commun à ces secteurs ? Ils ont été fortement stimulés par la Coupe du monde de football, organisée par Doha en fin d’année. 

L’occasion de mettre en avant, cette semaine, le florissement des événements sportifs dans le CCEAG : de la Formule 1 (grands prix annuels organisés à Abou Dhabi, Djeddah, Lusail au Qatar, Sakhir à Bahreïn) au tennis (ATP500 à Dubaï, ATP250 à Doha, Mubadala World Tennis Championship d’Abou Dabi) en passant par le golf (European puis Asian Tour en Arabie saoudite), le basket (les tout premiers matchs de pré-saison NBA au Moyen-Orient en septembre 2022 à Abou Dhabi)… et même les Jeux olympiques d’hiver asiatiques 2029 en Arabie saoudite… Au-delà de ces évènements, le Golfe est aussi particulièrement présent dans l’écosystème sportif occidental à travers le sponsoring (par exemple Emirates, avec les clubs AC Milan, Arsenal et Real Madrid), la diffusion télévisée (le Qatar avec beIN), l’achat de clubs renommés (le PSG par Doha, Manchester City par Abou Dabi, Newcastle par Riyad). 

Cette dynamique se poursuit et s’amplifie : il y a quelques semaines, une offre qatarie a été émise afin de racheter le club Manchester United. Un récent article de Bloomberg a également fait état de l’intérêt de certains fonds souverains régionaux, aux poches récemment renflouées (+ de 3 800 Md USD sous gestion à fin 2022 selon Global SWF), pour des prises de participation dans le capital de franchises NBA, le basket américain. La NBA a récemment assoupli sa réglementation concernant les investissements et fait partie des ligues les plus rentables au monde. Les valorisations des clubs occidentaux sont d’ailleurs en hausse ici et là. Selon le FT, la valorisation de ManCity était ainsi de 360 M USD lorsqu’Abou Dabi avait acheté le club en 2008. L’émirat possède aujourd’hui environ 80 % de ce club, désormais évalué par Forbes à 4,25 Md USD. 

Concernant les investissements domestiques, il est difficile de mesurer les retombées commerciales précises des différents évènements organisés dans la région. L’exemple récent de la Coupe du monde 2022 à Doha va dans ce sens. Les revenus du tourisme directement imputables à la compétition ne seront pas à la hauteur des +200 Md de CAPEX qui ont permis au Qatar d’être le centre du monde sportif pendant un mois. Cependant, cet évènement contribue à la croissance via un effet multiplicateur et la création d’externalités positives par le réseau de transports urbains.

S’agissant des investissements extérieurs, si le ROI exact des investissements arabes dans le sport est difficilement quantifiable, le bénéfice stratégique voire politique, l’est encore moins. Mais il est majeur. C’est la principale motivation de ces investissements. L’idée n’est pas nouvelle : il s’agit de vendre un produit sous-jacent (l’investissement dans le Golfe, le tourisme dans la région, etc.) tout en améliorant l’image de marque des pays du CCEAG, qui demeure déficitaire en Occident. Le Qatar est placé sous embargo en juin 2017 par plusieurs de ses voisins du CCEAG ? Deux mois plus tard, le PSG acquiert le joueur brésilien Neymar pour 222 M EUR et Doha envoie un message d’indépendance clair. Le sport, un vecteur d’influence.

Cette exposition du CCEAG à l’industrie du sport s’intensifiera à l’avenir. Les pays du Golfe ont pris conscience de l’importance politico-économique du sport, désormais présent dans les différentes « Visions » domestiques, ces plans stratégiques voués à favoriser la diversification d’économies régionales encore très dépendantes des hydrocarbures. Quand la Vision 2040 d’Oman parle de créer un « écosystème propice à la contribution du sport à l'économie et à la concurrence mondiale », celle de Bahreïn 2030 souhaite construire "des installations plus modernes qui favorisent des activités culturelles et sportives régulières alors que l’Arabie saoudite entend « atteindre l’excellence dans plusieurs sports au niveau régional et international ». Il y a également fort à parier que la montée en puissance des pays du Golfe dans le E-sport va se poursuivre. Un segment qui fait sens en raison des stratégies politiques (à commencer par celle des Emirats !) de former un hub autour des nouvelles technologies numériques. 

Cette stratégie n’est pas sans défi. L’omniprésence des pays du Golfe au sein d’événements très médiatisés les place sous le feu des projecteurs et pourrait les exposer à des risques réputationnels. Il y a deux jours, Bloomberg titrait sur l’opération de due diligence réalisée par les Britanniques dans le cadre de l’offre qatarie pour l’achat de ManUnited et des potentielles réserves gouvernementales (selon le journal) à ce sujet. Se pose aussi la question de l’avenir des infrastructures construites pour les différents évènements au sein de la région du CCEAG qui, au total, n’est pas plus peuplée que la France. Enfin, une certaine compétition pourrait se renforcer entre les pays du Golfe qui partagent des objectifs similaires, visant à attirer des événements à médiatiser et les capitaux (financiers, politiques) associés. Et quand on voit les enjeux, pas sûr que l’important ne se limite ici à participer.

 

Graphique de la semaine - Taux de croissance du PIB qatari au T4 2022 (en ga) : un trimestre marqué par l’organisation de la Coupe du monde de football

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Source : PSA Qatar

 

Pétrole et gaz 

Brent à 15h GST, 06/04/2023 : 84,8 USD

Tendance haussière cette semaine

 

Les prix pétroliers sont en hausse cette semaine. Les prix à terme du Brent s’affichent actuellement, jeudi 6 avril 2022 à 15h GST, à 84,8 USD le baril, contre moins de 79 USD jeudi dernier.

Cette dynamique haussière est liée à la réduction surprise de la production de l’OPEP+ à partir de mai prochain, effective en théorie jusqu’à fin 2023. L’ampleur de cette baisse volontaire, justifiée par ses principaux acteurs comme « une mesure de précaution visant à soutenir la stabilité du marché pétrolier », est de 1,66 Mbj après prise en compte de la réduction russe de 500 000 bj le mois dernier. Parmi les participants à cette future baisse : l’Arabie saoudite (-500 000 bj), les Émirats arabes unis (-144 000 bj), le Koweït (-128 000 bj) et Oman (-40 000 bj). Pour mémoire, l’OPEP+ avait déjà réduit sa production de pétrole de 2Mbj depuis novembre 2022. Washington a réagi à cette nouvelle baisse et a critiqué une politique « non constructive » (Janet Yallen) mais dont l’impact sur les prix « ne devrait pas être aussi grave » que prévu (Joe Biden).

Du côté de la demande d’or noir, la faiblesse des données économiques américaines récemment publiées (ralentissement du secteur des services en mars, chute des offres d’emploi) a pu freiner la dynamique des prix, en faisant craindre un futur déclin de la consommation de pétrole outre-Atlantique. La dynamique haussière des prix devrait toutefois se poursuivre à court terme, l’Arabie saoudite ayant par exemple relevé pour le 3e mois consécutif les prix de son Arab Light à destination de l’Asie.

 

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Brèves économiques 

Région

Dans son dernier rapport, la Banque mondiale a révisé à la baisse ses prévisions de croissance économique pour 2023 pour les pays du CCG à 3,2%, contre 3,7% prévus en octobre, ce qui représente moins de la moitié de l’augmentation estimée dans les six pays membres en 2022 (7,3%). Cette croissance est stimulée par les différents plans de transformation économique entrepris dans les états du Golfe pour accélérer la diversification de leurs sources de revenus hors hydrocarbures. Les EAU sont sûrement l’économie la plus diversifiée de la région, Dubaï étant considérée comme un hub régional du tourisme et du commerce. Selon la Banque mondiale, l’économie émirienne connaîtra une croissance de 3,3% en 2023. En parallèle, ce rapport montre que l’économie omanaise devrait avoir la croissance la plus rapide des pays du CCG en 2023, avec une croissance prédite à 4,3%. Pour rappel, la semaine dernière, Standard and Poor’s a annoncé une révision à la hausse de la perspective associée à la note souveraine du Sultanat (« BB »), passant de neutre à positive. Enfin, les six pays du CCG devraient afficher un excédent budgétaire de 3,2% du PIB en 2023, contre 4,3% en 2022. La Banque mondiale ayant rédigé ce rapport avant la baisse surprise de la production pétrolière des pays membres de l’OPEP+, celui-ci ne prend pas en compte son impact dans ses prévisions 2023.

L’indice des directeurs d’achat (PMI) du mois de mars s’améliore aux Emirats arabes unis et au Qatar, mais baisse légèrement en Arabie saoudite. L'indice PMI saoudien, qui avait atteint son plus haut niveau depuis huit ans en février (59,8), a baissé à 58,7 en mars. La production du secteur privée non pétrolier a continué d’augmenter, soutenant la poursuite de la croissance de l’emploi et des achats, mais à un rythme plus lent qu’en février. D’autre part, les résultats de l’indice PMI émirien ont montré une expansion du secteur privé non pétrolier au T1 2023, atteignant 55,9 en mars, contre 54,3 en février. La production des EAU a connu une légère accélération par rapport aux chiffres de février, alors même que les coûts globaux des intrants ont augmenté pour le deuxième mois consécutif. Les entreprises émiriennes ont également accéléré leurs embauches ; la sous-composante atteignant 52,6, soit son niveau le plus élevé depuis 2016. Enfin, l'indice PMI du Qatar est passé à 53,8 en mars, contre 51,9 en février, porté par la hausse de la production et des embauches dans le secteur privé non pétrolier, tandis que l'inflation des coûts des consommations intermédiaires évolue à un rythme plus lent depuis janvier.

Selon le classement annuel du cabinet de conseil en stratégie Kearney, les EAU seraient le marché émergent le plus attractif de la région MENA et le 3ème marché émergent le plus attractif du monde pour les investissements directs à l’étranger (IDE). L’indice de confiance des IDE 2023 aux EAU se classe, parmi les marchés émergents, après la Chine et l’Inde mais avant le Qatar, la Thaïlande et l’Arabie saoudite. A l’échelle mondiale, la région MENA est représentée par trois marchés ; l’Arabie saoudite (24ème au classement mondial) rejoignant le Qatar (21ème) et les EAU (18ème). D’après Kearney, la réapparition de l’Arabie saoudite dans le classement de 2023 est dû à sa forte croissance (8,7% en 2022), combinée à des réformes en faveur des entreprises, une hausse des prix du pétrole et un rebond de sa production. D’autre part, le cabinet explique que le saut du Qatar du 24ème au 21ème rang reflète probablement l’optimisme généré après l’organisation de la Coupe du Monde de Football 2022 par Doha. Enfin, malgré une baisse de quatre rangs par rapport à 2022, les EAU restent attrayants pour les investisseurs, en particulier depuis janvier 2023, puisque l’émirat de Dubaï a annoncé un plan économique de 8,7 Md USD visant à stimuler le commerce et l’investissement.

Etihad Rail Company, le développeur et l’opérateur du réseau ferroviaire reliant le Sultanat d’Oman et les Émirats arabes unis, a réalisé plusieurs appels d’offres de travaux de génie civil, estimés à 3 Md USD. Plusieurs entreprises, principalement basées aux EAU, en Oman, en Turquie, en Grèce, en Inde et en Chine, se positionneraient déjà auprès de la coentreprise pour participer au développement de ce réseau.

 

Arabie saoudite

Dans le cadre d'une série d'ordonnances royales, le roi Salman bin Abdulaziz Al Saud a relevé Fahd Al-Rasheed de ses fonctions de directeur général de la Commission royale pour la ville de Riyad (RCRC), qui sera remplacé par Ibrahim Al-Sultan. Par ailleurs, M. Al-Rasheed a été nommé conseiller au Secrétariat général du Conseil des ministres.

Selon les estimations de l’Autorité générale des statistiques, le taux de chômage saoudien a atteint 8% au T4 2022, diminuant de 1,9 point de pourcentage (pp) par rapport au T3 2022. Le taux d'activité est resté inchangé (52,5%), tandis que le ratio emploi/population a augmenté de 1 pp pour atteindre 48,3%. Par rapport à l'année précédente, les principaux indicateurs du marché du travail se sont améliorés, avec des augmentations à la fois du taux d'activité (+1 pp) et du ratio emploi-population (+2,5 pp), tandis que le taux de chômage a diminué (-3 pp).

Le Fonds de l'OPEP pour le développement international a conclu deux accords de prêt d'une valeur de 20 M USD chacun avec ACWA Power, un développeur international d’installations de production d’électricité basé à Riyad. Les fonds seront utilisés pour soutenir la construction et l'exploitation de deux centrales éoliennes en Ouzbékistan. Le financement a été fourni par un consortium de prêteurs internationaux, comprenant d’ailleurs le français Proparco. Pour rappel, le Fonds de l’OPEP et ACWA Power ont déjà coopéré à des projets énergétiques en Jordanie, en Égypte et en Ouzbékistan. De plus, en décembre 2022, ACWA Power a annoncé participer au développement du plus grand parc éolien d’Asie centrale, qui sera basé au Karakalpakstan en Ouzbékistan, et dont la valeur d’investissement est estimée à 2,4 Md USD.

D’après le rapport trimestriel de l'Autorité des marchés financiers, le taux de saoudisation des institutions financières atteint 77% au T4 2022. D’autre part, le taux de saoudisation dans les entreprises de technologie financière a atteint 76%, contre 73% au T4 2021. Le ministère des Ressources humaines et du Développement social a indiqué qu'il étendra la campagne de saoudisation à de nouvelles professions et activités très bientôt.

Saudi Electricity a levé 2 Md USD par le biais d'un sukuk à double tranche. Cette émission comprend une tranche de sukuk verte de 10 ans de 1,2 Md USD et une tranche de sukuk conventionnelle de 30 ans de 800 M USD. Le prix de la tranche verte de 10 ans a été fixé à 4,6%, tandis que la tranche conventionnelle de 30 ans a été proposée à 5,7%.

 

Bahreïn

Bahreïn crée une « Golden Licence » pour stimuler la création d’emplois et attirer de nouveaux projets d’investissement dans le pays. Seules les entreprises dont la valeur d’investissement dépasse 50 M USD ou celles créant plus de 500 emplois à Bahreïn seront éligibles à cette licence. Celle-ci leurs offrira divers avantages. Par exemple, elle leur assurera un accès facilité aux services gouvernementaux, comprenant une coopération plus intégrée avec divers ministères, un gestionnaire de compte désigné du Bahrein Economic Development Board (EDB), ainsi que la révision éventuelle des réglementations existantes si besoin. Pour rappel, cette mesure intervient dans le cadre du plan de réforme économique bahreïnien lancé en 2021, visant à investir 30 Md USD dans des projets stratégiques pour stimuler la croissance post-coronavirus, stimuler le marché du travail et attirer des IDE. En 2022, l’économie de Bahreïn a progressé de 4,9%, son taux le plus élevé depuis 2013, soutenu par une solide performance dans les secteurs non pétroliers.

Bahreïn fait appel au marché de la dette publique pour la première fois depuis 2021, profitant d’une baisse de ses coûts d’emprunt et d’une hausse du prix du pétrole. Le royaume a annoncé l’émission d’un sukuk d’une échéance de sept ans et d’une obligation conventionnelle d’une maturité de douze ans, tous les deux libellés en USD. Cette offre fait suite à une baisse du risque de crédit du pays, dont S&P Global Ratings a relevé la perspective de la dette de Bahreïn à « positive » en novembre 2022.

 

EAU

Le 29 mars 2023, Le Président émirien Sheikh Mohammed bin Zayed Al Nahyan a nommé son fils aîné, Sheikh Khaled, en tant que prince héritier d'Abu Dhabi. Le Président a également nommé son frère, Sheikh Mansour, en tant que vice-président des EAU aux côtés du dirigeant de Dubaï. Enfin, le Président a nommé ses autres frères, Sheikh Tahnoon bin Zayed Al Nahyan et Sheikh Hazza bin Zayed Al Nahyan en tant que vice-souverains de l'émirat d'Abu Dhabi.

ADNOC Group prévoit l’introduction en bourse de sa filiale ADNOC Logistics & Services. Selon Bloomberg, ADNOC souhaiterait lever 1Md USD, un mois seulement après la vente de 5% du capitale d’ADNOC Gas, qui a levé 2,5Md USD. Les détails de l’offre, tels que la taille et le calendrier, sont toujours en discussion. En parallèle, la filiale logistique d’ADNOC continue d’étendre ses activités. Lançant sa nouvelle plateforme de services logistiques intégrés dédiée aux activités offshores, ADNOC L&S a signé un contrat de 2,6Md USD avec ADNOC Offshore pour fournir ses services sur une durée de 5 ans depuis la base de Mussafah (dans l'émirat d'Abu Dhabi).

AD Ports a levé 2Md USD auprès d’un consortium de 13 banques dans le cadre de l’accord « General Corporate Facility ». Celui-ci comprend trois tranches (respectivement 620M, 655M et 779M USD) pour une période allant jusqu’à deux ans et demi. Pour rappel, AD Ports Group est noté A+ par Fitch et S&P Global, qui ont récemment augmenté leurs notations. 

La Banque centrale des EAU a annulé la licence de la banque russe MTS en raison des risques de sanctions associés au prêteur. MTS Bank, qui avait reçu l’approbation de la Banque centrale en 2022, doit mettre fin à ses opérations dans les six prochains mois. Au cours de cette période, la succursale de la banque russe ne pourra pas effectuer de transaction ou ouvrir de nouveaux comptes. La liquidation forcée des opérations de MTS Bank à Abu Dhabi intervient après que celle-ci a été visée par une vague de sanctions à l’occasion du premier anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, en février dernier. Pour mémoire, en mars 2022, les EAU avaient été placés sur la « liste grise » du Groupe d’action financière (GAFI), l’organisme mondial de surveillance du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme, alors que le pays avait attiré un grand nombre d’hommes d’affaires russes, fuyant l’impact des sanctions occidentales.

Les autorités dubaïotes durcissent les réglementations auprès des demandeurs de licences cryptographiques, en leur demandant de communiquer des informations supplémentaires à propos de la structure de leur propriété, leur gouvernance et leurs procédures d’audit. Selon Bloomberg, cette demande intervient à la suite de la faillite de FTX, datant de novembre 2022, ayant surpris tout l'écosystème crypto. 

Faisant suite à l'achèvement de la construction du réseau ferroviaire sur l'ensemble du territoire émirien en février dernier, l'opérateur Etihad Rail a annoncé le début de ses opérations de fret ferroviaire. La flotte est composée de 38 locomotives permettant de faire circuler 60M de tonnes de marchandises par an, à une vitesse maximale de 120km/h.

La société d'énergie propre Masdar a annoncé la clôture financière de ses trois projets photovoltaïques situés en Ouzbékistan. D'une capacité totale de 900MW attendue en 2024, ce programme est le plus important s'agissant du développement solaire en Asie centrale. L'Ouzbékistan prévoit de répondre à 25% de ses besoins en électricité à partir de sources renouvelables d'ici 2030, grâce au développement du solaire et de l'éolien.

Faisant suite à une réorganisation interne chez Accor, la marque Fairmont Hotels and Resorts a déménagé son siège mondial de Paris à Dubaï, où les établissements Fairmont du monde entier seront désormais gérés. Mark Willis, ancien PDG d'Accor pour le Moyen-Orient, l'Afrique, l'Inde et la Turquie, est aujourd'hui PDG de Fairmont Hotels and Resorts.

 

Koweït

Les dernières statistiques du Central Statistical Bureau (CSB) montrent un élargissement de 8,2% du nombre de travailleurs actifs au Koweït, atteignant désormais plus de 2 M d’employés (hors employés de maison), contre 1,8 M à la fin 2021. Les résultats de l’étude du CSB montrent qu’il existe une différence de 42% entre les salaires moyens des hommes et des femmes au Koweït (6 226 USD, contre 4 358 USD). Par ailleurs, le nombre d'employés dans le secteur public est estimé à 371 000, en hausse de 3,6% en g.a (358 000 en 2021), alors que le nombre d'employés dans le secteur privé a augmenté, atteignant 718 000 personnes en 2022 (722 000 en 2021). Autrement dit, le nombre d’employés est en hausse dans le secteur public, mais diminue dans le secteur privé, ce qui est contraire aux objectifs déclarés par l'administration publique koweïtienne. Le rapport de CSB souligne toutefois une productivité faible du secteur public, causé en grande partie par un environnement de travail non-organisé et une mauvaise qualité de l'éducation, voire la diffusion de faux diplômes. Il est également important de rappeler qu’environ 25% des expatriés au Koweït sont des employés de maison (753 000 fin 2022 ; +26,9% en g.a).

Le nouveau président de l’Assemblée nationale, Marzouq Al-Ghanem, a invité les députés et le gouvernement à assister à une session ordinaire de l'Assemblée, la première depuis que la Cour constitutionnelle l’a rétabli il y a deux semaines. La priorité de cette séance sera l’étude d’un décret, visant à former un nouveau cabinet tout en permettant aux ministres non élus de prêter serment pour devenir membres de l'Assemblée, conformément à la constitution koweïtienne. En parallèle, le groupe juridique et législatif de l'Assemblée devait également voter un projet de loi prévoyant la création d'une haute commission électorale chargée de superviser le processus électoral et de garantir des élections libres et équitables. M Al Ghanem a finalement ajourné la session, jusqu'à une date ultérieure à l'Aïd Al-Fitr, parce qu'il n'y avait pas de quorum ni de décret pour la formation d'un nouveau gouvernement. 

 

Qatar

Le Qatar enregistre une croissance de 4,8% en 2022, soutenue par une activité économique robuste au quatrième trimestre. Le PIB réel qatari a augmenté de 8% en g.a au T4 2022. Selon S&P Global Market Intelligence, la croissance du PIB réel du Qatar devrait ralentir à 2,7% en 2023, puis rebondir légèrement à 3,4% en 2024.

QatarEnergy rejoint le consortium Gas Growth Integrated Project (GGIP) en Irak avec une participation de 25%. Le gouvernement irakien et TotalEnergies ont acté sur les termes du contrat signé en septembre 2021. Le consortium GGIP se compose de Basra Oil Company (30%), TotalEnergies en tant qu’opérateur (45%) et QatarEnergy (25%), invité par le groupe français avec l’accord du gouvernement irakien. Le projet, d'un montant estimé de 10 Md USD, vise à extraire et à développer les ressources en gaz naturel de l'Irak « afin d'améliorer l'approvisionnement en électricité du pays ».

QatarEnergy a conclu un accord avec Shell en vue d'acquérir une participation directe de 40% dans le bloc C-10 situé au large de la Mauritanie, pour l’exploration et la production. Shell (l'opérateur) détiendra une participation de 50 %, et la Société Mauritanienne des Hydrocarbures détiendra une participation de 10 %.

L'Agence de promotion des investissements du Qatar (IPAQ) a lancé Invest Qatar Gateway, une plateforme numérique destinée aux investisseurs étrangers au Qatar et aux entreprises locales.

Le Qatar a publié ses taux de croissance pour le 4e trimestre 2022 : 8 % en glissement annuel, 3 % par rapport au T3 de cette même année. De bons chiffres agrégés (la croissance du voisin saoudien n’est « que » de 5,5 % au Q4 en ga) qui cachent de très importants taux de croissance pour certains segments non pétroliers, à commencer par l’hôtellerie et la restauration (+65 % en ga, +61 % en gt) ou les transports (+25 % en ga). Le dénominateur commun à ces secteurs ? Ils ont été fortement stimulés par la Coupe du monde de football, organisée par Doha en fin d’année. 

 

L’occasion de mettre en avant, cette semaine, le florissement des événements sportifs dans le CCEAG : de la Formule 1 (grands prix annuels organisés à Abou Dhabi, Djeddah, Lusail au Qatar, Sakhir à Bahreïn) au tennis (ATP500 à Dubaï, ATP250 à Doha, Mubadala World Tennis Championship d’Abou Dabi) en passant par le golf (European puis Asian Tour en Arabie saoudite), le basket (les tout premiers matchs de pré-saison NBA au Moyen-Orient en septembre 2022 à Abou Dhabi)… et même les Jeux olympiques d’hiver asiatiques 2029 en Arabie saoudite… Au-delà de ces évènements, le Golfe est aussi particulièrement présent dans l’écosystème sportif occidental à travers le sponsoring (par exemple Emirates, avec les clubs AC Milan, Arsenal et Real Madrid), la diffusion télévisée (le Qatar avec beIN), l’achat de clubs renommés (le PSG par Doha, Manchester City par Abou Dabi, Newcastle par Riyad). 

 

Cette dynamique se poursuit et s’amplifie : il y a quelques semaines, une offre qatarie a été émise afin de racheter le club Manchester United. Un récent article de Bloomberg a également fait état de l’intérêt de certains fonds souverains régionaux, aux poches récemment renflouées (+ de 3 800 Md USD sous gestion à fin 2022 selon Global SWF), pour des prises de participation dans le capital de franchises NBA, le basket américain. La NBA a récemment assoupli sa réglementation concernant les investissements et fait partie des ligues les plus rentables au monde. Les valorisations des clubs occidentaux sont d’ailleurs en hausse ici et là. Selon le FT, la valorisation de ManCity était ainsi de 360 M USD lorsqu’Abou Dabi avait acheté le club en 2008. L’émirat possède aujourd’hui environ 80 % de ce club, désormais évalué par Forbes à 4,25 Md USD. 

 

Concernant les investissements domestiques, il est difficile de mesurer les retombées commerciales précises des différents évènements organisés dans la région. L’exemple récent de la Coupe du monde 2022 à Doha va dans ce sens. Les revenus du tourisme directement imputables à la compétition ne seront pas à la hauteur des +200 Md de CAPEX qui ont permis au Qatar d’être le centre du monde sportif pendant un mois. Cependant, cet évènement contribue à la croissance via un effet multiplicateur et la création d’externalités positives par le réseau de transports urbains.

 

S’agissant des investissements extérieurs, si le ROI exact des investissements arabes dans le sport est difficilement quantifiable, le bénéfice stratégique voire politique, l’est encore moins. Mais il est majeur. C’est la principale motivation de ces investissements. L’idée n’est pas nouvelle : il s’agit de vendre un produit sous-jacent (l’investissement dans le Golfe, le tourisme dans la région, etc.) tout en améliorant l’image de marque des pays du CCEAG, qui demeure déficitaire en Occident. Le Qatar est placé sous embargo en juin 2017 par plusieurs de ses voisins du CCEAG ? Deux mois plus tard, le PSG acquiert le joueur brésilien Neymar pour 222 M EUR et Doha envoie un message d’indépendance clair. Le sport, un vecteur d’influence.

 

Cette exposition du CCEAG à l’industrie du sport s’intensifiera à l’avenir. Les pays du Golfe ont pris conscience de l’importance politico-économique du sport, désormais présent dans les différentes « Visions » domestiques, ces plans stratégiques voués à favoriser la diversification d’économies régionales encore très dépendantes des hydrocarbures. Quand la Vision 2040 d’Oman parle de créer un « écosystème propice à la contribution du sport à l'économie et à la concurrence mondiale », celle de Bahreïn 2030 souhaite construire "des installations plus modernes qui favorisent des activités culturelles et sportives régulières alors que l’Arabie saoudite entend « atteindre l’excellence dans plusieurs sports au niveau régional et international ». Il y a également fort à parier que la montée en puissance des pays du Golfe dans le E-sport va se poursuivre. Un segment qui fait sens en raison des stratégies politiques (à commencer par celle des Emirats !) de former un hub autour des nouvelles technologies numériques. 

 

Cette stratégie n’est pas sans défi. L’omniprésence des pays du Golfe au sein d’événements très médiatisés les place sous le feu des projecteurs et pourrait les exposer à des risques réputationnels. Il y a deux jours, Bloomberg titrait sur l’opération de due diligence réalisée par les Britanniques dans le cadre de l’offre qatarie pour l’achat de ManUnited et des potentielles réserves gouvernementales (selon le journal) à ce sujet. Se pose aussi la question de l’avenir des infrastructures construites pour les différents évènements au sein de la région du CCEAG qui, au total, n’est pas plus peuplée que la France. Enfin, une certaine compétition pourrait se renforcer entre les pays du Golfe qui partagent des objectifs similaires, visant à attirer des événements à médiatiser et les capitaux (financiers, politiques) associés. Et quand on voit les enjeux, pas sûr que l’important ne se limite ici à participer.