Actualités économiques du Nigéria et du Ghana - semaine 12 du 20 au 26 mars 2023
Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.
Faits saillants:
- Nigéria : Une nouvelle loi ouvre les marchés d’électricité des Etats fédérés ; Buhari suspend la taxe de 5 % sur le secteur des télécommunications ; Lancement d’un programme de 600 M USD pour les industries créatives et la technologie ; Le Nigéria se classe 100ème en matière d’inégalités de richesse en 2022.
- Ghana : La plus grande mine d’or d’Afrique devrait prochainement s’établir au Ghana ; L’agence de notation Fitch Ratings révise à la hausse la note de la dette à long terme du Ghana.
Le chiffre à retenir:
40 M : C’est le nombre de jeunes Nigérianes qui bénéficieront de l’Initiative pour l’apprentissage et l’autonomisation des adolescentes (AGILE), financé par la Banque mondiale à hauteur de 500 M USD.
Nigéria
Une nouvelle loi ouvre les marchés d’électricité des Etats fédérés
Jusqu’à présent, les fournisseurs d'électricité – associés aux sociétés de distribution existantes – et les investisseurs du marché hors réseau ont considéré que le relevé des compteurs était le moyen le plus viable pour facturer la consommation réelle des usagers, et ainsi rentabiliser leurs investissements. Par conséquent, les programmes énergétiques des États fédérés ont mis l’accent sur la multiplication et la fiabilisation des compteurs électriques. L'installation de compteurs fonctionnels chez tous les Nigérians raccordés au réseau constitue toutefois une gageure. Par ailleurs, les pertes globales du système électrique restent à ce jour très élevées, estimées à plus de 40 % de la production électrique, parmi lesquelles 26 % seraient dues à l’état des infrastructures de distribution. L'amendement constitutionnel récemment approuvé, qui autorise les Etats à produire, à transmettre et à distribuer de l'électricité dans les zones couvertes par le réseau national, a pour but d’améliorer l'accès à l'électricité dans tout le pays. En effet, les États désireux de développer leurs propres marchés de l'électricité, ainsi que les investisseurs privés qui souhaitent y participer, pourront désormais se focaliser sur le renforcement nécessaire des infrastructures de distribution et de transmission.
Buhari suspend la taxe de 5 % sur le secteur des télécommunications
Le président Muhammadu Buhari a approuvé l'exemption du secteur des télécommunications du paiement du droit d'accise de 5 %, précédemment adopté par le Gouvernement fédéral. Avant son changement de position, le Président avait invité KPMG et le Bureau des affaires étrangères et du Commonwealth à évaluer l'ensemble des ministères et des agences. Le rapport final présenté en octobre dernier estimait que, sur les huit secteurs évalués, celui des technologies de l’information et de la communication (TIC) avait permis l’augmentation la plus marquée des revenus trimestriels du gouvernement, passant de 41 Md NGN (82 M EUR) à 408 Md NGN (816 M EUR). La position de la commission consultative est donc que le secteur des TIC « contribue déjà plus qu'il n'en faut à l'économie », et que les autres secteurs qui n'y contribuent autant pas « devraient être encouragés à faire de même ».
Lancement d’un programme de 600 M USD pour les industries créatives et la technologie
La semaine dernière, le Vice-Président Osinbajo a lancé l’initiative i-DICE (Investment in Digital and Creative Entreprises), visant à soutenir l’entreprenariat et l’innovation dans les secteurs du numérique et des industries créatives. Ce programme, qui devrait mobiliser à terme 618 M USD de financements, vise à créer des emplois pour les jeunes Nigérians (15 à 35 ans) et à soutenir la croissance rapide des entreprises du secteur. Le programme est cofinancée par la Banque africaine de développement (170 M USD), l’Agence française de développement (106 M USD), la Banque islamique de développement (70 M USD) et la Banque de l’Industrie (45 M USD), qui pilotera le projet. Le reste des financements devrait provenir d’autres investisseurs institutionnels et du secteur privé. Les fonds permettront de former, encadrer et financer de jeunes entrepreneurs. Dans son discours inaugural, l’Ambassadrice de France au Nigéria Emmanuelle Blatmann a notamment rappelé que les technologiques numériques et les industries créatives représentaient un grand potentiel pour l’emploi et la croissance au Nigéria. Pour rappel, les technologies de l’information et de la communication et les industries créatives contribuent respectivement à hauteur de 18,4 % et 1,5 % au PIB nigérian.
Le Nigéria se classe 100ème en matière d’inégalités de richesse en 2022
Selon la Banque Mondiale, le coefficient de Gini nigérian pour 2022 a été de 0,351, faisant du Nigéria le 11ème pays en Afrique de l’Ouest et le 100ème pays au monde (sur 163 classés) en matière d’inégalités de richesses. Cet indicateur, qui varie de 0 (égalité parfaite) à 1 (inégalité parfaite), permet de comparer au plan international les différentiels de revenus entre les plus riches et les plus pauvres. Dans le détail, le rapport de la Banque mondiale estime que le rapport d’inégalités de revenus est, au Nigéria, de 1/14 entre les 10 % les plus riches et les 50 % les plus pauvres, ce qui signifie que les 22 millions de Nigérians les plus riches du pays gagnent 14 fois plus en moyenne que les 110 millions les plus pauvres. Ce rapport est de 1/37 si l’on considère le 1 % le plus riche (les 2,2 millions de Nigérians les plus riches gagnent en moyenne 37 fois plus que les 110 millions les plus pauvres). Les inégalités de revenus se sont toutefois réduites depuis la fin du régime militaire. En effet, de 1985 à 1999, soit sous la troisième République du Nigéria puis le gouvernement militaire, le coefficient de Gini était passé de 0,39 à 0,52, avant de redescendre à 0,4 en 2003 après le premier mandat d’Olusegun Obasanjo, premier président de la quatrième République. Pour rappel, plus de 32 % de la population du Nigéria, soit 71 millions de personnes, vit sous le seuil critique de 1,9 USD par jour et par personne, selon le World Data Lab.
Ghana
La plus grande mine d’or d’Afrique devrait prochainement s’établir au Ghana
Alors que des pourparlers étaient en cours depuis plusieurs années, les deux entreprises aurifères sud-africaines Gold Fields et AngloGold Ashanti, implantées dans l’Ouest du Ghana, ont annoncé leur fusion par l’intermédiaire d’une joint-venture devant encore être approuvée par le gouvernement et les régulateurs. Cette dernière serait détenue à 66,7 % par Gold Fields et à 33,3 % par AngloGold Ashanti. Elle devrait permettre une production annuelle d’or estimée à 900 000 d’onces d’or, constituant une importante source de devises et de recettes fiscales pour l’économie ghanéenne. En 2022, le Ghana était d’ores et déjà le premier producteur mondial d’or, devant l’Afrique du Sud, avec une production s’élevant à 3,78 millions d’onces d’or, en hausse de 33 % par rapport à 2021, et représentant 48 % des exportations ghanéennes totales. Cette nouvelle opération devrait permettre une meilleure optimisation de l’exploitation des deux mines voisines de Tarkwa et de Iduapriem, dégageant de nouvelles sources de revenus pour l’économie ghanéenne, et contribuant ainsi à une amélioration de sa position économique extérieure.
L’agence de notation Fitch Ratings révise à la hausse la note de la dette à long terme du Ghana
L’agence de notation Fitch Ratings a relevé la note de la dette à long terme du Ghana à « CCC » contre « RD », faisant état de l’amélioration des conditions financières sur le marché domestique, même si celles-ci restent fortement contraintes. L’achèvement du programme d’échange de la dette domestique et la reprise des paiements sur les obligations, le 13 mars dernier, ont notamment permis une amélioration de la liquidité sur les marchés face à une réduction du service de la dette. Selon l’agence de notation, les préoccupations en matière de solvabilité restent critiques, l’achèvement du programme d’échange de la dette n’ayant pas permis une baisse significative du ratio dette/PIB. C’est pourtant la capacité du gouvernement ghanéen à retrouver un niveau d’endettement soutenable qui devrait permettre le versement au Ghana de 3 Md USD au titre d’un accord de facilité élargie de crédit négocié avec le FMI. Par ailleurs, si l’amélioration de la confiance sur les marchés s’est matérialisée par une baisse des risques pesant sur les bons du Trésor ghanéens à 91 jours, l’accès fortement contraint aux marchés financiers internationaux devrait continuer de peser sur les réserves de changes du Ghana et donc sur le cédi ghanéen.