Actualités économiques du Nigéria et du Ghana - semaine 10 du 6 au 12 mars 2023
Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.
Faits saillants:
- Nigéria : Le Nigeria pourrait rendre son économie moins vulnérable en améliorant l'égalité femmes-hommes ; Les recettes de la TVA ont augmenté de 21 % en 2022 ; Le tarif d’un trajet en deux-roues a augmenté de 37 % en un an ; La CBN réfute les affirmations du FMI concernant le remboursement du « Anchor Borrowers' Programme » (ABP).
- Ghana : Le climat des affaires s’améliore pour la première fois en un an ; Le taux d’accès à l’électricité atteint 88,5 %.
Le chiffre à retenir:
10,7 % : C’est la hausse enregistrée en février 2023 pour l’entrée de devises par le biais du marché autonome des changes nigérian (NAFEX), atteignant ainsi 937,6 M USD.
Nigéria
Le Nigeria pourrait rendre son économie moins vulnérable en améliorant l'égalité entre les hommes et les femmes
Certains observateurs, dont le FMI, considèrent que l’économie nigériane renforcerait sa résilience en améliorant l’égalité femmes-hommes sur le marché du travail. La législation du travail nigériane serait en effet préjudiciable pour les femmes, et les encouragerait à rester dans des secteurs traditionnellement considérés comme féminins. Les femmes restent donc sous-représentées dans le secteur manufacturier, et la plupart d'entre elles occupent des postes dans la vente ou l'administration. Or cela n'est pas seulement préjudiciable aux femmes, mais aussi à l'économie du pays dans son ensemble. Une analyse de 2015, réalisée par le cabinet de conseil McKinsey, a indiqué que le PIB nigérian pourrait être 25 % supérieur en 2025 si les femmes étaient autorisées à participer autant que les hommes à la vie active du pays – le Nigeria se classe 139ème sur 156 pays dans l'indice mondial 2021 des disparités entre les hommes et les femmes du Forum économique mondial. McKinsey affirmait par ailleurs qu’une plus grande diversité des sexes dans les équipes de direction des entreprises entraînerait une hausse de la rentabilité au sein des entreprises.
Les recettes de la TVA ont augmenté de 21 % en 2022
Selon un rapport du Bureau national des statistiques du Nigéria, le pays a généré plus de 2 500 Md NGN (5,1 Md EUR) de TVA en 2022. Cela représente une hausse de 21 % par rapport à l’année 2021, les recettes de TVA ayant constamment progressé depuis 2015. Près de 60 % de la TVA est issue des produits non-importés, tandis que le reste provient des taxes sur les produits étrangers et importés après collecte par le service des douanes. Cette nouvelle hausse s’explique mécaniquement par la forte inflation (+21,3 % en décembre 2022 sur un an glissant), et ne traduit donc pas une expansion significative de la base fiscale – au contraire de ce qui avait été observé lors du passage du taux de TVA de 5 % à 7,5 % en 2020, qui avait alors généré la plus forte augmentation des recettes issues de la TVA jamais enregistrée. Le secteur manufacturier demeure la première source de revenus de TVA, avec 477 Md NGN (980 M EUR), suivi par celui des télécommunications (268 Md NGN soit 550 M EUR). Pour rappel, alors que le budget 2023 se caractérisait par un creusement du déficit public, en raison d’un niveau trop faible de recettes, le FMI avait recommandé un doublement du niveau de TVA en novembre 2022.
Le tarif d’un trajet en deux-roues a augmenté de 37 % en un an
Selon les estimations des coûts du transport par le Bureau national des statistiques, le prix d’un trajet en deux-roues, ou okada, a augmenté de 37 % en moyenne dans le pays en un an. En moyenne de 340 NGN en janvier 2022, le prix d’un trajet est passé à 466 NGN en janvier 2023 (de 70 centimes à 96 centimes d’euro), soit une progression bien plus rapide que l’inflation. Il est probable que les pénuries de carburant, qui ont entraîné le renchérissement de l’essence au marché parallèle et une augmentation de la demande pour les alternatives à la voiture, aient joué un rôle dans cette hausse. Or, les trajets en okada représentent une part considérable des trajets motorisés dans le pays, en particulier dans les villes. Le caractère informel de ce moyen de transport, par ailleurs interdit dans certaines parties de Lagos (Ikoyi, Victoria Island), rend ces tarifs d’autant plus variables et sensibles à la conjoncture.
La CBN réfute les affirmations du FMI selon lesquelles les prêts accordés dans le cadre du programme « Anchor Borrowers' Programme » (ABP) ne sont pas remboursés à leur échéance
La Banque centrale du Nigeria (CBN) a déclaré dans un communiqué que 52,4 % des prêts accordés dans le cadre de l'ABP ont été remboursés. Le porte-parole par intérim de la CBN, le Dr. AbdulMumin Isa, a déclaré que le solde « n'était pas dû pour le remboursement parce qu'ils sont sous moratoire, en raison de la dérogation COVID-19 accordée aux bénéficiaires des interventions de la CBN en mars 2020, prolongée jusqu'au 28 février 2022 », ajoutant que le programme ABP a jusqu'à présent « contribué de manière significative à l'augmentation de la production nationale des produits de base, le maïs et le riz, atteignant respectivement 12,2 et 9,0 millions de tonnes en 2021 et 2022 ». D’après le porte-parole, le programme a également contribué à améliorer le rendement national moyen par hectare de ces produits, la productivité par hectare ayant presque doublé au cours des huit années de mise en œuvre du programme. Le programme ABP avait été lancé par le Président Buhari en 2015 afin de financer la montée en gamme de la production agro-alimentaire et agro-industrielle, via des prêts aux agriculteurs. Il permet aux agriculteurs de rembourser leurs emprunts en liquide ou en nature, par l’envoi de l’équivalent de leur emprunt en production agricole.
Ghana
Le climat des affaires s’améliore pour la première fois en un an
Les données de février indiquent une amélioration de la conjoncture dans le secteur privé ghanéen, mettant fin à une détérioration continue depuis un an d’après l’indice S&P Global Ghana Purchasing Manager. Cette progression signale une amélioration des conditions économiques liée à un allégement des pressions inflationnistes, à une augmentation de la production et à une amélioration de l’emploi. Les coûts de production ont ainsi augmenté au rythme le plus faible sur un an, permettant de compenser une partie de l’accélération de la hausse des coûts de main d’œuvre résultant des mesures prises par les entreprises en soutien au pouvoir d’achat des ménages. Ainsi, une première expansion des nouvelles commandes et de la production sur respectivement 12 et 14 mois a été enregistrée, ainsi qu’un rythme de création d’emplois le plus élevé depuis juin 2022. Malgré une amélioration de la confiance des entreprises sur un horizon de 12 mois, nourrie par des perspectives d’atténuation des pressions inflationnistes, les conditions économiques dans le secteur privé restent difficiles, compte tenu de la faiblesse du cédi ghanéen sur les marchés internationaux. A ce titre, après un sommet atteint en janvier, la confiance des entreprises de février est retombée à un plus bas sur 3 mois.
Le taux d’accès à l’électricité atteint 88,5 %
Au Ghana, le taux national d’accès à l’électricité a atteint 88,5 % en 2022 contre 79,3 % en 2016, selon les déclarations du président ghanéen Nana Akufo-Addo lors de son allocution annuelle devant le Parlement. Ce taux d’accès à l’électricité place le pays au 6ème rang parmi les pays africains et devrait encore augmenter pour atteindre le taux d’accès universel fixé à 90 % d’ici 2024. Selon le président ghanéen, cette hausse est liée au remplacement des lignes électriques anciennes le long des couloirs côtier, Ouest, Est et médian du pays, ce qui a limité les pertes de transmission et les fluctuations de voltage. Par ailleurs, le Président Afuko-Addo a fait part des premiers résultats du programme de transformation digitale du paiement des factures d’électricité auprès de l’Electricity Company of Ghana (ECG), mis en œuvre depuis le dernier trimestre de 2022. Depuis le 1er mars, les paiements en espèces auprès des bureaux de district ont cessé et l’augmentation de 25 % des revenus mensuels de l’ECG observée depuis la mise en œuvre du programme devrait atteindre 40 % avant la fin de 2023.