En 2022, les échanges commerciaux entre la France et les pays de l’ASEAN (cf. graphique 5) se relèvent significativement (+23,5%, 37,9 Mds EUR), et représentent 2,8% de notre commerce mondial, un niveau cependant toujours en retrait par rapport aux chiffres pré-crise (3,3% de nos échanges de 2019)[1]. Les exportations françaises affichent une nette progression (+18,7%), se rapprochant du montant enregistré en 2019. La baisse des ventes aéronautiques (11,0% du total exporté en 2022, contre 14,0% en 2021), secteur qui pâtit encore des effets de la pandémie (32% en 2019), a été compensée par la progression de nos exports dans d’autres domaines, tandis que nos importations poursuivent leur tendance haussière (+26,9%, 22,9 Mds EUR). Si la France est excédentaire vis-à-vis de Singapour (1er excédent au niveau mondial) et de Brunei, elle reste déficitaire vis-à-vis des 8 autres pays de la région. Les principaux postes à l’export sont les produits de luxe[2] (26,5%), le secteur aéronautique et spatial (11,0%), les produits informatiques, électroniques et optiques (10,9%), ainsi que les produits pharmaceutiques (10,5%) et l’agroalimentaire (14,2% dont 8,2% de boissons). Deux pays se distinguent comme nos principaux partenaires commerciaux dans la région : Singapour, qui compte pour 60,1% de nos exportations, et le Vietnam, qui représente 30,2% de nos importations.

I. La reprise de nos exportations vers l’ASEAN (+18,7%,15,1 Mds EUR) s’accélère, se rapprochant de leur niveau pré-crise sanitaire (16,5 Mds EUR en 2019)

En 2022, l’ASEAN reste le 6ème client de la France (2,6% des exportations totales françaises), après l’Union européenne, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Chine et la Suisse. En hausse de 18,7%, les exportations françaises vers l’ASEAN poursuivent leur reprise bien que les performances enregistrées soient encore en deçà des résultats de 2019 (-8,6%). Singapour (cf. graphique 1) compte pour plus de la moitié de nos exportations totales dans la région (60,1% du total, +24,6%), en raison principalement de son rôle de plateforme de réexportation (d’après les douanes singapouriennes, 55% des exportations totales depuis la cité-État sont des réexportations), bien qu’il ne soit pas possible de mesurer l’ampleur exacte de ce phénomène. Dans les autres pays de la région, les performances des ventes varient sensiblement : les exportations vers les Philippines (+22,1%, 939,6 M EUR), la Birmanie (+30%, 52,7 M EUR) et le Laos (+31,9%, 19,5 M EUR) affichent une hausse significative, les ventes augmentent de plus de moitié (+65,5%, 1,3 Md EUR) vers la Malaisie. A l’inverse, les exportations à destination du Cambodge (-41%, 130,2 M EUR) régressent de près de moitié, les ventes vers le Vietnam (-6,3%, 1,2 Md EUR) diminuent après une progression en 2021, et l’Indonésie (-2%, 890,9 M EUR) poursuit son recul.

En 2022, nos principaux postes d’exportation vers l’ASEAN sont les produits de luxe (26,5% de nos ventes) incluant les produits textiles, habillement, cuir et chaussures (15,5%) qui deviennent notre 1er poste de ventes dans la région, devant le secteur aéronautique (11% de nos exportations contre 32% en 2019), suivis par les produits informatiques, électroniques, optiques et pharmaceutiques (cf. graphique 3). Hors aéronautique, la progression de l’ensemble de nos exportations vers l’ASEAN est sensiblement plus marquée, à +22,9%, le recul des ventes aéronautiques en 2022 ayant limité nos performances globales à l’export. Depuis la crise sanitaire, nos exportations hors aéronautique ont progressé de manière significative : +18,8% par rapport aux résultats de 2019, alors que les exportations totales demeurent inférieures de 8,6% aux niveaux pré-crise.

  • Devenu premier poste à l’export en 2022, devant le secteur aéronautique qui peine à se redresser, les ventes françaises de textiles, habillement, cuir et chaussures ont augmenté de plus de moitié : +55,5% à 2,3 Mds EUR et représentent 15,5% de nos exportations totales. Elles sont largement dominées par Singapour (2,0 Mds EUR, en hausse de 55,0%) et composées à 80% de produits en cuir, bagages et chaussures. La cité-Etat absorbe plus des trois quarts des ventes de produits de luxes à destination de l’ASEAN, confirmant son rôle de plateforme commerciale. Restant minoritaires, les exportations vers la Thaïlande (+60,7%, 179,7 M EUR), le Vietnam (+51,9%, 76,8 M EUR), la Malaisie (+46,1%, 60,9 M EUR), les Philippines (+122,5%, 33,5 M EUR), et l’Indonésie (+66%, 30,5 M EUR) augmentent néanmoins.
  • Après avoir commencé à se redresser modérément en 2021, les ventes aéronautiques et spatiales reculent de nouveau à 1,7 Md EUR (-7,3%), soit un niveau inférieur de deux tiers à celui de 2019, s’établissant à la deuxième place de nos principaux postes à l’export. Alors que la dynamique de rattrapage de nos ventes dans le secteur est particulièrement marquée dans le monde (cf. graphique 7) - en Amérique (+53,5%) et au Proche et Moyen Orient (+30,7%) notamment, le secteur aéronautique dans l’ASEAN reste en retard de cycle et représente en 2022 seulement 11,0% de nos exportations totales vers la zone (cf. graphique 7). Les exportations progressent modérément vers Singapour, notre principal client (+10,1%, 897,7 M EUR), atteignant à peine plus de 40% du montant pré-crise. Les ventes vers la Malaisie (+506,8%, 295,8 M EUR, soit un peu plus de la moitié du niveau de 2019) et le Laos (+555,4%, 0,5 M EUR) affichent les progressions les plus importantes. Les Philippines, 2ème marché de la France dans la zone, enregistrent également une nouvelle hausse de 30,9% atteignant 304 M EUR, à l’instar de la Birmanie (+97,1%, 0,7 M EUR). Dans le reste de la région, la tendance est à la baisse, notamment en Thaïlande (-50,6%, 95,6 M EUR) et au Vietnam (-90,9%, 19,4 M EUR), qui présentent des niveaux proches de ceux enregistrés en 2020 où les ventes avaient chuté de plus de 96% dans les deux pays. L’Indonésie enregistre également une baisse conséquente (-79,3% à 37,5 M EUR).
  • Troisième poste à l’export, les exportations de parfums et cosmétiques progressent de 10,9% à 1,6 Md EUR, et comptent pour 10,9% de nos exportations. Elles sont en grande partie dominées par les exportations vers la cité-Etat (1,4 Md EUR, en hausse de 10,8% par rapport à 2021). Les ventes vers le Vietnam (+18,5%, 103,1 M EUR), la Thaïlande (+67,5%, 61,1 M EUR) et la Malaisie (+46,6%, 35,7 M EUR) augmentent mais tout en restant à des niveaux faibles.
  • Les exportations de produits informatiques, électroniques et optiques augmentent sensiblement de 29,3% à 1,6 Md EUR, et comptent pour 10,9% de nos exportations totales. Elles sont composées à 63% de composants et de cartes électroniques, dans une région très intégrée aux chaînes de valeur de l’électronique. Les exportations vers Singapour, notre client le plus important de l’ASEAN, progressent de 30,9%, à 1,2 Md EUR. Dans la région, la France enregistre dans tous les pays, à l’exception de la Birmanie (-21,5%, 1,1 M EUR), une croissance de ses exportations : Malaisie (+31,8%, 183,0 M EUR), Thaïlande (+32,1%, 94,2 M EUR), Philippines (22,4%, 79,1 M EUR), Indonésie (+20,1%, 55,8 M EUR), ou encore Vietnam (+0,7%, à 50,1 M EUR).
  • Les exportations de produits pharmaceutiques affichent une nouvelle hausse en 2022 de 16,8% à 1,6 Md EUR, bénéficiant notamment du contexte de crise sanitaire. En 2022, elles représentent 10,5% des ventes françaises vers l’ASEAN (contre 7,2% en 2019). Par pays, les ventes s’accroissent vers Singapour (+9,7%, à 736,5 M EUR), le Vietnam (+26,8%, 295,3 M EUR), la Thaïlande (+21,7%, 151,0 M EUR), les Philippines (+31,4%, 132,7 M EUR), la Malaisie (+22,9%, 101,8 M EUR) et l’Indonésie (+3,6%, 84,4 M EUR), à l’exception de Brunei.
  • Enfin, les produits agroalimentaires enregistrent une hausse des ventes de 15,5% (2,1 Mds EUR, 14,2% du total exporté), tirées essentiellement par les ventes de boissons (+15,2%, à 1,2 Md EUR) qui représentent 8,2% de nos exportations totales. 80,3% des exportations de boissons – boissons alcoolisées distillées et vins majoritairement - vers l’ASEAN sont absorbées par Singapour (988,9 M EUR, en hausse de 7,2%), mais seulement 52,4% des exportations agroalimentaires dans leur ensemble le sont. Le rythme de croissance des ventes de boissons s’accélère considérablement en Thaïlande (+98,8%, 69,1 M EUR), en Malaisie (+56,0%, à 66,2 M EUR), au Vietnam (+66,6%, 52,3 M EUR), aux Philippines (+64,3%, à 20,8 M EUR), ou encore au Cambodge (+41,8%, 18,4 M EUR).
II. Les importations depuis l’ASEAN augmentent à un rythme plus rapide que les exportations vers la zone : +26,9%, à 22,9 Mds EUR, un plus haut historique

Les importations françaises depuis l’ASEAN, en hausse de 26,9%, se sont élevées à 22,9 Mds EUR en 2022, ce qui maintient la région à la 5ème place de nos fournisseurs (3% de nos importations totales), après l’Union européenne, la Chine, les États-Unis et le Royaume-Uni. Le Vietnam reste notre principal fournisseur dans la région (30,2% du total), avec une forte hausse des ventes de 25,4% à 6,9 Mds EUR, en raison de sa spécialisation dans les téléphones portables et l’électronique, et dans le textile/habillement (cf. graphique 2). Les importations depuis chaque pays de la région ont enregistré une croissance : les ventes depuis Singapour progressent de 16,1%, portées en partie par la hausse considérable de nos importations de produits pétroliers (409,0 M EUR, soit le quadruple du montant de 2021) en lien avec la guerre en Ukraine et un effet prix important. La Malaisie (+37,2% d’importations, 4,1 Mds EUR) remplace la Thaïlande (+18,5%, 3,7 Mds EUR) en tant que 2ème fournisseur de la France dans la région, portée par la hausse de nos importations de pétrole - près des deux tiers de nos importations de pétrole dans la région proviennent de Malaisie (0,7 Md EUR, +49,3%) qui a bénéficié indirectement des sanctions sur le pétrole russe et d’un effet prix important. Nos achats depuis l’Indonésie (+27,9%, 2,5 Mds EUR), le Cambodge (+33,3%, 1,3 Md EUR), les Philippines (+35,2%, 1,3 Md EUR), la Birmanie (+59,7%, 545,4 M EUR) ou encore le Laos (+1,1%, 42,7 M EUR) affichent tous une progression.

  • Nos achats de textiles, habillement, cuir et chaussures, premier poste à l’import, augmentent sensiblement de 32,2% à 6,1 Mds EUR et constituent 26,7% de nos importations totales (cf. graphique 4). Les importations en provenance de l’ASEAN comptent pour plus d’un dixième de nos importations mondiales dans ce secteur, et augmentent depuis tous les pays de la région : +32,2%, à 3,2 Mds EUR depuis le Vietnam, +30,6% à 1,2 Md EUR pour le Cambodge, +28,8% à 819,1 M EUR en Indonésie, et +64,3% à 489,1 M EUR en Birmanie.
  • Deuxième poste d’importation, nos achats de produits informatiques, électroniques et optiques se redressent de 20% à 5,2 Mds EUR et comptent pour 22,9% de nos importations totales depuis la région. Les importations de ce secteur en provenance de la zone, composées de près de deux tiers de composants électroniques et équipements de communication (dont téléphones), comptent pour 9,1% de nos importations mondiales dans le domaine. Elles sont en hausse pour la quasi-totalité des pays de la région : +37,6% pour la Malaisie (1,6 Md EUR), +29% pour la Thaïlande (831,7 M EUR), +8,1% pour Singapour (649,9 M EUR) et +49,8% pour les Philippines (555,9 M EUR), à l’exception du Vietnam (-0,8%, 1,5 Md EUR) et du Laos (-37,1%, 3,1 M EUR).
III. Le déficit commercial vis-à-vis de l’ASEAN continue de se creuser, à 7,8 Mds EUR

En 2022, notre déficit commercial vis-à-vis de l’ASEAN se creuse davantage (+47%) à 7,8 Mds EUR (cf. graphique 9), en lien avec des ventes d’aéronautique qui, bien loin de se redresser, régressent. Il s’agit de la 8ème année consécutive de déficit commercial, qui représente 4,1% de notre déficit mondial. Ce creusement est à interpréter dans un contexte où le solde commercial de la France dans le monde se détériore considérablement de 76,2%, en particulier avec l’Asie, région exportatrice d’énergie qui a bénéficié à la fois de la redirection de nos imports suite aux sanctions sur les énergies russes, et d’un effet prix important.

L’excédent bilatéral dégagé dans les échanges avec Singapour (6,6 Mds EUR), devenu notre 1er excédent commercial au niveau mondial, ne suffit pas à compenser notre déficit commercial vis-à-vis de la plupart des autres pays de l’ASEAN (cf. graphique 8). Dans le reste de la région, notre balance commerciale est déficitaire vis-à-vis du Vietnam (-5,7 Mds EUR), de la Malaisie (-2,8 Mds EUR), de la Thaïlande (-2,3 Mds EUR), de l’Indonésie (-1,6 Md EUR), du Cambodge (-1,2 Md EUR), de la Birmanie (-492,7 M EUR), des Philippines (-345,3 M EUR) et du Laos (-23,3 M EUR), à l’exception de Brunei (7,0 M EUR). L’accroissement de l’excédent enregistré avec Singapour (+1,5 Md EUR par rapport à 2021) confirme son rôle de plateforme commerciale pour les réexportations vers les autres pays de l’ASEAN, vis-à-vis desquels la France accuse un fort déficit commercial.

 


[1] Les chiffres retenus sont ceux des douanes françaises (hors matériel militaire). À noter qu’ils peuvent différer de ceux publiés par l’ASEAN.

[2] Textile et maroquinerie, parfums et cosmétiques.

 

Annexes disponibles en téléchargement au format PDF