Le service économique de Budapest propose une veille mensuelle sur le secteur de la santé.

Secteur public

 

Conflit entre le gouvernement et la Chambre médicale (MOK)

 

I.                    L’introduction du nouveau système de garde au sein de deux nouveaux comtés ne va pas sans poser quelques difficultés

Le nouveau système de garde pour les médecins sera étendu aux comtés de Győr et Szabolcs à partir du 1er mars. Cela fait suite à un programme pilote mené dans le comté de Hajdú-Bihar, et qui a vocation à être introduit à l’ensemble de la Hongrie. Le fonctionnement des services d'urgence est donc désormais du ressort, pour l’ensemble du pays sauf Budapest, du Service national d'ambulance (OMSZ). Les médecins de famille sont intégrés au dispositif et devraient être de garde entre 16 et 22 heures, deux fois par mois.

Néanmoins, dans le district de Győr, tous les médecins généralistes ont rejoint la campagne de pression exercée par la Chambre médicale hongroise et refusent de signer le contrat de garde. Au final, ce seront donc les résidents et les stagiaires spécialistes en fonction à l'hôpital de Győr qui exerceront les gardes.

 

II.                  Les médecins tentent d'exercer une pression sur le gouvernement à propos de la réforme du système de santé

La MOK a décidé que les médecins de famille ne devaient pas signer les contrats pour le nouveau système de garde. Ils ont aussi procédé à un vote pour déposer, par anticipation, leurs lettres de démission auprès de la MOK. Mais celles-ci ne seront activées que si les demandes faites pour le court et le long terme par la communauté médicale ne sont pas satisfaites. La MOK a publié par ailleurs un document sur sa vision de l'état actuel du système de santé hongrois et des mesures à prendre. En résumé, ses exigences immédiates portent sur les trois points suivants :

  1. Augmentation des salaires pour le personnel professionnel à partir de janvier 2023 ;
  2. Renforcement des soins médicaux et dentaires (aucun nouveau modèle de financement ne devrait être introduit dans la période actuelle caractérisée par une très forte hausse des frais généraux)
  3. Amélioration des conditions de travail dans le secteur des soins spécialisés – avec notamment l’abrogation de la législation qui réduit le salaire de base en fonction des performances et permet aux médecins d'être affectés sur un lieu de travail pour une période illimitée ; rétablissement des avantages retirés aux soignants spécialisés ; maintien de la forme d'emploi précédente.

 

III.                Le ministère de l'Intérieur a soumis un projet de loi pour à priver la MOK de droits

Le Parlement a voté en faveur d’un amendement à la loi sur les chambres professionnelles dans le secteur de la santé, avec 122 voix pour, 31 contre, et 0 abstention. L’amendement, élaboré par le ministère de l'Intérieur et présenté par le vice-Premier ministre Zsolt Semjén, transfère les procédures d'éthique en cours de la MOK au Conseil scientifique de la santé, et supprime l'obligation d'être membre de la MOK. Les adhésions de tous ceux qui font partie de l'organisation seront résiliées dans les 30 jours, sauf s'ils déclarent explicitement qu'ils souhaitent en rester membres.

Le ministre de l'Intérieur, M Sándor Pintér, a justifié ce projet par le respect du droit constitutionnel fondamental pour les soins de santé. Selon lui, la MOK met en péril l'exercice de ce droit et abuse de son pouvoir pour faire pression sur les médecins afin qu'ils ne signent pas les contrats prévus pour la mise en place du nouveau système de garde.

Pour rappel, c’est en 2011 que le gouvernement Orbán a rétabli l'obligation d'être membre de la MOK, alors que celle-ci avait été supprimée en 2007 par le gouvernement de gauche de Ferenc Gyurcsány.

 

Changements de titulaires pour deux secrétaires d'Etat adjoints à la santé

Deux secrétaires d'État adjoints à la santé, László Tóth, responsable de la gestion professionnelle du secteur de la santé, et Gábor Boér, responsable du financement et du développement du secteur de la santé, ont été relevés de leurs fonctions avec effet immédiat. László Lengyel et Judit Bidló ont été nommés pour les remplacer.

 

Le cabinet va réorganiser le financement des soins de santé

D’après le secrétaire d'État à la santé Péter Takács, les changements majeurs prévus pour le système de santé permettront non seulement de rompre le lien entre financement et nombre de lits, mais aussi de réduire de manière considérable la durée de séjour des patients dans les hôpitaux après une intervention médicale. Le cabinet sera attentif à ce que le financement du secteur reflète les coûts réels. A cette fin, et pour déterminer la « valeur réaliste » des interventions médicales, les données relatives aux dépenses seront collectées et les tarifs revus. M. Takács a précisé que les cadres de financement des hôpitaux seraient à l'avenir calculés selon un nouveau système. Lors de la première année, 20 % des fonds seront alloués par habitant, en tenant compte de l'âge, du sexe, de la santé et de la situation financière de la population locale, et 80 % au cas par cas. La part proportionnelle passera dans une fourchette de 40 à 60% la deuxième année, après quoi le gouvernement cherchera à trouver la proportion optimale.

 

Amendement de l'impôt exceptionnel sur les fabricants de produits pharmaceutiques

Le champ d’application de l'impôt exceptionnel qui touche les fabricants de produits pharmaceutiques, créé le 23 décembre de l'année dernière, vient d’être précisé. Seuls seront soumis au nouvel impôt spécial les producteurs dont les activités relèvent du code 2110 (Fabrication de produits pharmaceutiques de base) et du code 2120 (Fabrication de préparations pharmaceutiques) de la classification statistique des activités économiques (TEÁOR). De plus, le chiffre d'affaires net cumulé qui provient desdites activités devra dépasser 33,33 % du chiffre d'affaires net total, sur la base des derniers comptes annuels disponibles au premier jour de l'exercice fiscal.

L’amendement de l'impôt exceptionnel sur les fabricants de produits pharmaceutiques s'appliquera pour la première fois à compter de l'exercice budgétaire 2022.

 

La Hongrie se classe au dernier rang de l'UE pour le financement du traitement du cancer

Selon le dernier rapport par pays de l'OCDE, la Hongrie ne consacre que 69 % de la moyenne de l'UE au traitement du cancer. Les dépenses globales de la Hongrie pour les patients atteints de cancer en 2018 sont estimées à 1,4 M EUR. Le Fonds de santé hongrois a dépensé 226 EUR par habitant pour les patients atteints de cancer, ce qui est très nettement inférieur à la moyenne de l'UE (326 EUR). L'OCDE ajoute aussi qu'il existe des disparités régionales considérables dans la prise en charge du cancer en Hongrie en raison d'une pénurie d'oncologues et de radiologues dans les centres régionaux et de comté. Seul l'Institut national d'oncologie (à Budapest) disposerait d'un nombre suffisant de spécialistes. La Hongrie avait, en 2019, le taux de mortalité par cancer par habitant le plus élevé de l'UE avec 328 décès pour 100 000 personnes, soit quelque 33 % de plus que la moyenne européenne (247 décès). Un an plus tard, 623 diagnostics de cancer ont été établis en Hongrie pour 100 000 habitants, alors que la moyenne de l'UE était de 569. Sur la base des données de 2020, 62 000 nouveaux cas de cancer sont diagnostiqués chaque année dans le pays, soit 10 % de plus que la moyenne de l'UE.

Secteur privé

 

L'université de Szeged et ses partenaires développent un outil de diagnostic de 1,2 Mds HUF (3,2 M EUR)

L'université de Szeged (sud-est de la Hongrie) s'associe au centre de santé Budai et à la société de conseil en gestion IFUA Horvath and Partners, dans le cadre d'un projet de 1,2 Mds HUF (3,2 M HUF) qui vise à développer une solution pour faciliter le diagnostic des maladies de la colonne vertébrale sur la base des résultats de l'IRM. Les partenaires utilisent l'apprentissage automatique, l'intelligence artificielle et des dizaines de milliers de diagnostics par IRM de la colonne vertébrale effectués par des professionnels pour créer un algorithme et une application. Le projet, qui s'étend jusqu'au début de l'année 2024, a reçu un financement de 718 M HUF (1,9 M EUR) de l'Office national R+D+I.

 

L'Université de Pécs et Richter s'associent pour créer un centre de cryo-EM

L'Université de Pécs va acquérir un microscope électronique cryogénique et créer un centre de compétences en cryo-EM pour un coût de 5 Mds HUF (13,3 M EUR) en coopération avec la société pharmaceutique Gedeon Richter. L'université a obtenu une aide de 5 Mds HUF (13,3 M EUR) pour cet investissement. L'équipement et le centre de compétences pourraient soutenir une recherche complexe dans les domaines de la chimie structurelle, de la biochimie, de la biologie, de la biotechnologie, des sciences des matériaux et de la nano physique, de la virologie et de la pharmacologie, ainsi que des sciences agricoles. L'équipement du centre sera mis à la disposition d'autres établissements d'enseignement supérieur, mais aussi à des partenaires industriels.

 

Richter rachète un distributeur irlandais

Richter a acheté la société irlandaise OC Distributors à Consilient Health pour 32,5 M GBP, afin de gonfler de manière significative le portefeuille unique de Richter en gynécologie au Royaume-Uni et en Irlande. Selon le site Portfolio, cela confirme la stratégie du groupe Richter de ne pas se contenter d’une simple croissance organique, mais aussi de se développer par le biais d'acquisitions de portefeuilles de produits plutôt que d'acheter des sociétés.

 

Rédacteur: Magdolna Gucsa