Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

Nigéria : Le FMI interroge les dépenses fiscales et l'efficacité de la perception de la TVA au Nigéria ; Le NBS annonce une croissance de 3,1 % en 2022 ; Le prix du diesel au Nigéria a augmenté de 188 % en un an ; Le Nigéria a enregistré 877 annulations de vols en 2022.

 

Ghana : Le Ghana entre officiellement en défaut de paiement de ses dettes externes ; Telecel group finalise l’achat de Vodafone Ghana.

Le chiffre à retenir:

2,5 M EUR C’est le montant accordé par le Fonds vert pour le climat à la Bank of Industry pour développer la finance climatique au Nigéria.

  

 

Nigéria

Le FMI interroge les dépenses fiscales et l'efficacité de la perception de la TVA au Nigéria

Le FMI a exprimé des réserves sur le montant des « dépenses fiscales » nigérianes, ainsi que sur le taux de recouvrement de la TVA dans le pays. Le niveau des dépenses fiscales – expression désignant les rabais et autres « niches » permettant au contribuable d’être imposé à un taux moindre que le niveau standard – est estimée à près de 4 % du PIB du pays. D’après l’institution de Washington, un tel manque-à-gagner affaiblit la stabilité budgétaire nigériane. Le pays occupe en effet la troisième position parmi les économies ayant le ratio dépenses fiscales/PIB le plus élevé, derrière l'Afrique du Sud et la République centrafricaine. Le FMI indique qu’en améliorant l’efficience de ces mesures, le pays pourrait libérer de nouvelles ressources à destination des secteurs tels que l'éducation ou la santé. Le FMI place également le pays en dernière position en Afrique subsaharienne en matière de taux de recouvrement de la TVA. Alors que ce taux tend vers 70 % en Afrique du Sud, en Guinée équatoriale et en Zambie, il ne dépasse pas 20 % au Nigeria. Le Fonds suggère au Nigeria de s'inspirer des réformes fructueuses mises en œuvre au Rwanda, en Ouganda, en Mauritanie et en Gambie.

Le NBS annonce une croissance de 3,1 % en 2022

Le PIB annuel du Nigeria a augmenté de 3,1 % en 2022, soit une baisse de 0,3 point de pourcentage par rapport aux 3,4 % enregistrés en 2021. Le Bureau national des statistiques (NBS) nigérian a déclaré que la diminution la croissance est notamment dû à la baisse des performances du secteur agricole, en raison des graves inondations ayant frappé le pays. Si la croissance du PIB a atteint 3,5 % au quatrième trimestre, contre 2,25 % au trimestre précédent, cette amélioration est principalement due au secteur des services, qui enregistre une croissance de 5,7 % sur la période. Le secteur de l'industrie s’est contracté (-0,9 % sur la période). La croissance du secteur pétrolier est restée négative au quatrième trimestre (-13,4 % sur un an glissant), malgré la hausse de la production pétrolière enregistrée sur la période.

Le prix du diesel au Nigéria a augmenté de 188 % en un an

Selon une publication du Bureau national des Statistiques du Nigéria (NBS), le prix du diesel dans le pays a quasiment triplé (+187,7 %) entre janvier 2022 et janvier 2023. Le litre de diesel est ainsi passé en moyenne de 288 NGN (0,59 €) à 829 NGN (1,7 €), avec un maximum de 900 NGN (1,85 €) dans l’Etat de Bauchi (Nord) et un minimum de 769 NGN (1,58 €) dans l’Etat de Bayelsa (Sud-Est). Cette augmentation a été progressive tout au long de l’année 2022, mais s’est concentrée sur le premier semestre, marqué par les pénuries de carburant et la forte inflation de ces produits et leurs dérivés, en raison notamment de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Il n’a toutefois pas dépassé les 1 000 NGN (2,05 €), contrairement à ce qu’anticipaient certains observateurs. Le maintien de la subvention à l’essence, qui ne concerne ni le diesel ni le kérosène, explique le fort différentiel de variation des prix des carburants. Le prix de l’essence n’a en effet augmenté que de 54 % en janvier 2023 par rapport à janvier 2022, soit plus de deux fois l’inflation. Cette forte augmentation du prix du diesel, qui est utilisé pour faire fonctionner la majorité des générateurs du pays, a des répercussions directes sur le pouvoir d’achat des ménages et la situation économique. Elle avait par exemple engendré une pression supplémentaire sur les opérateurs téléphoniques courant 2022, qui menaçaient d’augmenter le prix des abonnements, puisque la totalité des antennes relai du pays fonctionne sur générateur diesel à raison d’environ quatre générateurs par antenne. Pour rappel, en 2021, les générateurs privés représentaient près de la moitié de l’électricité produite dans le pays.

Le Nigéria a enregistré 877 annulations de vols en 2022

Au total, 877 vols ont été annulés au Nigéria en 2022 selon un rapport de l’Autorité nationale de l’aviation civile (NCAA), dont 82 concernaient des vols internationaux, et 795 des vols intérieurs. La compagnie ayant annulé le plus de vols est Max Air, avec 174 vols annulés sur un total de 9 671 vols opérés, soit un taux d’annulation de 1,7 %. Elle est suivie par Air Peace (129) et Arik Air (110). Les vols internationaux ont connu sensiblement moins d’annulations, principalement Air Côte d’Ivoire, Asky Airline et Delta Airline (plus de 10 vols chacun). Le rapport souligne également une ponctualité relativement faible, avec des taux de retard atteignant de 59 % en moyenne pour les vols domestiques (32 % pour Ibom Air, 84 % pour Overland) et de 36 % pour les vols internationaux. Ces annulations et retards peuvent être attribués indirectement à l’augmentation des prix du kérosène (Jet A1) qui a eu une incidence forte sur la rentabilité des compagnies aériennes locales, occasionnant l’annulation de vols pour de raisons économiques. Les compagnies locales ayant opéré le plus de vols sont Air Peace (24 449 vols) et Ibom Air (10 910). La compagnie étrangère ayant opéré le plus de vols internationaux au Nigéria est la ghanéenne Africa World. Pour rappel, 80 328 vols domestiques ont été opérés au Nigéria en 2022, auxquels s’ajoutent 13 003 vols internationaux, des chiffres en augmentation malgré la hausse des prix des billets au cours de l’année. 

Ghana

Le Ghana entre officiellement en défaut de paiement de ses dettes externes

Le 17 février 2023, le Ghana est officiellement entré en défaut de paiement. Le pays s’est en effet montré dans l’incapacité d’honorer une échéance de 40,6 M USD sur une euro-obligation. Déjà en décembre dernier, le pays avait annoncé qu’il suspendrait le paiement du service d’une grande partie de sa dette externe. Par conséquent, l’agence Fitch Ratings a revu à la baisse, cette semaine, la note de défaut émetteur du Ghana pour les émissions en devises à long terme (de « C » à « défaut restreint ») ainsi que celle des euro-obligations du Ghana arrivant à échéance en 2026 (de « C » à « D »). Plus tôt dans le mois, la note de la dette domestique du Ghana avait été abaissée à « défaut restreint ». Cette nouvelle dégradation de la notation ghanéenne intervient dans un contexte de restructuration avancée de la dette domestique du Ghana. Celle-ci constitue une nouvelle étape vers la mise en œuvre du programme FMI, qui ne pourra être lancé qu’une fois restructurée les dettes domestique et externe du Ghana.

Telecel group finalise l’achat de Vodafone Ghana

Vodafone group a annoncé la finalisation de la vente à Telecel group des participations qu’elle détenait au sein de Vodafone Ghana. La société de télécommunications britannique détenait 70 % des participations au capital de Vodafone Ghana, entré sur le marché des télécoms ghanéens en 2008. Cette annonce intervient peu après que le gouvernement ghanéen a donné son accord de transaction, celui-ci restant actionnaire à hauteur de 30 % de la société. L’opération avait également été approuvée par la NCA (National Communications Authority) le mois dernier et s’inscrit dans la stratégie de Vodafone Group de simplification de son portefeuille sur le continent africain. Durant les six dernières années, les parts de marché de Vodafone Ghana avaient significativement diminué, se maintenant toutefois juste derrière MTN, leader sur le marché (63,1 % des parts). Le directeur des opérations de Telecel group a affiché la volonté de continuer à développer la 4G et de nouvelles solutions fintech innovantes dans un « marché vital au potentiel illimité pour la digitalisation et l’innovation en Afrique ».