Lettre AGRO Japon – Corée

 N° 67 - janvier-février 2022

 

  drapeau Japon

Sommaire

IMAGE DU MOIS :  Les exportations agroalimentaires françaises ont atteint des sommets en 2022

 

Les exportations agroalimentaires françaises ont atteint les sommets 
Japon

 

  • Les exportations de produits agricoles et agroalimentaires français au Japon atteignent un niveau record en 2022
  • L’inflation alimentaire progresse encore en décembre au Japon, tendance qui devrait se poursuivre au 1er trimestre 2023
  • Le MAFF annonce le palmarès 2022 des « 10 meilleures nouvelles technologies agricoles » japonaises
  • La préfecture de Yamanashi présente un cépage adapté aux effets du changement climatique
  • Le gouvernement japonais reporte la réforme du régime de contrôle des investissements fonciers agricoles
  • Le Japon s’attaque au sujet de l’approvisionnement en engrais 
Corée
  • Le coût des importations alimentaires coréennes augmente de 31% en 2022
  • La Corée poursuit son soutien aux exportations agroalimentaires
  • La Corée encourage la culture des céréales pour renforcer son autonomie alimentaire

Le chiffre à retenir : 1,9Md €

Valeur des produits agricoles et agroalimentaires français importés par le Japon en 2022

 

Japon

Les exportations de produits agricoles et agroalimentaires français au Japon atteignent un niveau record en 2022.

Selon les douanes japonaises, 1,9 Md € de produits agroalimentaires français ont été importés au Japon en 2022, soit 18% de plus qu’en 2021 et 9% au-delà du record de 2019. Les exportations de produits japonais vers la France restant quasi-stables à 86 Mi € (-1%), le solde commercial bilatéral agricole et agroalimentaire atteint le niveau record 1,8 Mds € en faveur de la France. Les boissons représentent 1,16 Mi € (+20%), dont 583 Mi € de vins pétillants (+29% en valeur, +26% en volume) et 439 Mi € de vins tranquilles (+12% en valeur, -3% en volume). La France distance largement ses concurrents en valeur, avec 58% de parts de marché, et se situe à la 2e place en volume. Les préparations à base de céréales atteignent 118 Mi € (+32%), confirmant la bonne dynamique du marché de la boulangerie-pâtisserie, en croissance régulière depuis trois ans. Les produits laitiers sont quasi-stables en valeur, à 101 Mi € (+2%) mais connaissent un net recul en volume (-12%). Les viandes progressent de 18% et atteignent 88 Mi €, grâce à une forte hausse des importations de viande porcine (+19%), tandis que l’alimentation animale diminue de 9% en valeur et 13% en volume, à 94 Mi €. Douanes japonaises

L’inflation alimentaire progresse encore en décembre, tendance qui devrait se poursuivre au 1er trimestre 2023

L’alimentation est depuis mi-2022 le principal moteur de l’inflation au Japon (+7% d’inflation alimentaire, vs 4% d’inflation « core » en décembre 2022), prenant le relais de l’énergie. La répercussion sur les prix à la consommation des hausses coûts de production et de transport reste partielle et devrait se poursuivre en 2023 : l’enquête Nikkei menée auprès des 46 principales entreprises agro montre ainsi que 59% prévoient d’augmenter les prix ou diminuer les quantités en 2023, pour des hausses de prix de 18% en moyenne. Selon Teikoku Databank, les prix de plus de 7 000 produits alimentaires devraient augmenter au cours des quatre premiers mois de 2023, après une première hausse ayant concerné 6 700 produits en octobre dernier. Après plusieurs décennies de stabilité des prix, l’augmentation du coût de l’alimentation initiée en 2022 pourrait se traduire par un surcoût annuel de 69 000 JPY (environ 490 €) par foyer. e-stat, Nikkei Asia, Japan Times

Le MAFF annonce le palmarès 2022 des « 10 meilleures nouvelles technologies agricoles » japonaises.

Parmi les dix innovations mises à l’honneur par le ministère japonais de l’agriculture (MAFF) cette année, sont à noter : la découverte, par une équipe de l’institut national de recherche agroalimentaire (NARO), d’une bactérie permettant de réduire les émissions de méthane des bovins et d’améliorer l’efficacité de leur alimentation; l’utilisation de l’IA pour analyser les sols et détecter les ravageurs ; des techniques de lutte contre les ravageurs à base de vibrations / ultrasons ; une tondeuse télécommandée efficace sur des pentes à 45 degrés ; une technique de recyclage des plastiques d’origine végétale permettant de produire de l’engrais (Institut de technologie de Tokyo, universités de Tokyo et Kyoto) ; un test PCR pouvant repérer simultanément les cas de peste porcine classique et africaine et les distinguer en moins de 2h (NARO / Takara bio).  Ce palmarès, réalisé chaque année depuis 2022 par un « club des technologies agricoles » animé par le MAFF et regroupant entreprises et presse spécialisée, distingue les technologies présentant un intérêt économique et social significatif. MAFF

La préfecture de Yamanashi présente un cépage adapté aux effets du changement climatique

La préfecture de Yamanashi, 1ère région viticole du Japon, a annoncé la commercialisation à l’automne prochain d’un cépage croisant Merlot et de pinot noir nommé « soie noire » dont le développement a débuté en 1992. Avec une teneur en anthocyanes élevée, cette variété permet de limiter les problèmes de coloration des vins rouges rencontrés de plus en plus fréquemment avec le réchauffement climatique. Elle se caractérise également par une date de maturité précoce, qui permet de vendanger avant le début de la saison des typhons.

L’évolution du climat modifie progressivement la cartographie des zones favorables à la culture de la vigne au Japon et l’île septentrionale d’Hokkaido s’est imposée comme la 3e région viticole japonaise, après celles de Yamanashi et Nagano (au centre de l’île principale de Honshu, et qui représentent encore à elles deux plus de la moitié de la production viticole du Japon). La multiplication des évènements climatiques extrêmes présente toutefois un risque accru pour les exploitations. Agrinews

Le gouvernement japonais reporte la réforme du régime de contrôle des investissements fonciers agricoles

Le gouvernement japonais renonce provisoirement à assouplir le régime de contrôle des investissements dans les terres agricoles qui figurait à son programme de travail pour la session 2023 du Parlement. Cette réforme visait à favoriser l’investissement dans les exploitations en assouplissant la réglementation, qui interdit l’acquisition de 50% ou plus de parts d’une propriété agricole par un organisme non agricole. Plusieurs élus du parti libéral démocrate, parti de la majorité, avaient demandé le report de ce projet, en évoquant les risques de réaffectation de surfaces agricoles à d’autres usages ou d’appropriation par des investisseurs étrangers. Cette question est désormais renvoyée aux consultations en vue de la révision de la loi fondamentale sur l’agriculture et l’alimentation, annoncée par le Premier ministre Fumio Kishida fin 2022. Un groupe de travail sur la législation foncière, créé en décembre dernier dans le cadre de cette révision, sera chargé d’émettre des recommandations. Agrinews

Le Japon tente de limiter les risques liés à l’approvisionnement en engrais 

La commission pour la sécurité alimentaire du Ministère japonais de l’agriculture (MAFF) a publié une stratégie visant à assurer un approvisionnement stable en engrais, en application de la loi sur la sécurité économique adoptée en juin 2022 qui inclut les fertilisants parmi les produits essentiels. Ce plan prévoit notamment la constitution de stocks équivalant à trois mois de consommation domestique. Ceux-ci seront confiés à des opérateurs privés désignés par le ministère de l’agriculture. Le Japon poursuit par ailleurs ses démarches pour s’assurer d’un approvisionnement stable auprès des principaux pays fournisseurs, parmi lesquels le Canada dont le ministre des ressources naturelles M. Wilkinson a été reçu à Tokyo le 17 janvier par M. Nomura, ministre de l’agriculture.

On observe en 2022 une diversification des sources d’approvisionnement d’engrais du Japon, avec un recul net de la Chine (dont les parts de marché en volume sur janvier-novembre 2022 s’établissent à 32%, contre 46% en 2021 – mais encore 88% de parts de marché sur les engrais phosphatés) et un développement des importations en provenance du Canada (21% de parts de marché, dont 66% pour les engrais potassiques), de la Malaisie (11%, dont 50% des engrais azotés) et du Maroc (7%, mais 20% d’engrais composés). Le coût des importations d’engrais par le Japon a plus que doublé en 2022, atteignant 1,7 Md USD pour des volumes en légère hausse (+9%).

Le développement des cultures de blé et de soja, pour lesquels le Japon est particulièrement dépendant des importations, est également érigé en priorité et se voit doter d’une enveloppe en forte hausse dans le budget 2023 (environ 700 M€, contre 100 Mi € en 2022) pour des aides à la conversion et diversification (cultures d’hiver sur rizières), à l’équipement et au stockage. Les objectifs de production fixés à horizon 2030 sont d’1 MT pour le blé (+42% par rapport à 2018) et 340 000 T pour le soja (+62% par rapport à 2018). MAFF, douanes japonaises

 

Corée du Sud

Le coût des importations alimentaires coréennes augmente de 31% en 2022

Les importations de produits agricoles et agroalimentaires de la Corée atteignent le niveau record de 59 000 Mds KRW (34,3 Mds €). Si les Etats-Unis et la Chine restent les premiers fournisseurs avec respectivement 22% et 11% de parts de marché en valeur, les plus fortes progressions sont enregistrées par l’Australie (3e, +39%), le Brésil (4e, +47%) et l’Argentine (5e, +64%). Les sources d’approvisionnement en céréales de la Corée se diversifient : l’Australie devient le 1er fournisseur de blé (1,9MT, +61%) et compense la diminution des importations provenant des Etats-Unis (1,1MT, -36%) tandis que pour le maïs, l’Argentine (+20%) et le Brésil (+21%) dépassent les Etats-Unis, dont les volumes diminuent de 54%. Parmi les pays européens, l’Espagne enregistre la plus forte progression (+50%). Ses exportations atteignent 1 Md€, dont 505 M€ de viande de porc (+52%). Elle devient ainsi le 1er fournisseur devant les Etats-Unis. L’Allemagne est le 2e fournisseur européen, avec 746 Mi € (+33%), dont 306 Mi € de préparations alimentaires.

Les importations depuis la France augmentent de 17% en valeur sur un an pour atteindre 734 Mi €, avec des hausses marquées pour les boissons (+27%, à 225 Mi €) et les produits de la pêche (+47%, à 40 Mi €). Les produits laitiers restent le 2e poste en valeur (134 Mi €, +8%) en dépit d’un recul en volume de 13%. Les exportations de viande porcine progressent de 17% pour atteindre 46 Mi €.Douanes coréennes

La Corée poursuit son soutien aux exportations agroalimentaires

Les exportations coréennes de produits agricoles, agroalimentaires et de la pêche atteignent 10,7Md USD en 2022 (+6%), dépassant pour la 2e année consécutive l’objectif de 10 Md USD ; les exportations vers le Vietnam, 4e marché à l’export, augmentent de 27% ; celles vers la France, de 5%, à 93 M USD (87 M€). Un objectif de 15 Md USD est désormais fixé en 2027. Pour ce faire, le ministère coréen de l’agriculture (MAFRA) a annoncé plusieurs mesures d’aide aux exportations : création d’un conseil « K-Food + » regroupant les professionnels et pouvoirs publics ; mise en place d’un système de de désignation des restaurants coréens d’excellence à l’étranger (« K-Michelin ») ; mesures visant à réduire les coûts logistiques pour les petits importateurs, via le développement de contrats d’exportations conjointes ; investissement dans les infrastructures logistiques (chaîne du froid) à proximité des points d’expédition en Corée et des principaux centres logistiques à l’étranger (Pays-Bas, Singapour).

Dans le secteur du matériel agricole, pour lequel les exportations coréennes atteignent 1,4 Md USD en 2022 (+15%), des serres de démonstration des technologies d’agriculture intelligente seront développées afin de soutenir la recherche de nouveaux marchés (au Moyen-Orient en particulier). L’aide au développement agricole sera également mise à contribution, avec un projet de « K-rice belt » visant à développer la riziculture dans sept pays d’Afrique subsaharienne et un programme de prêt et réparation de machines agricoles usagées en Afrique. MAFRA, douanes coréennes

La Corée encourage la culture des céréales pour renforcer son autonomie alimentaire

Le ministère coréen de l’agriculture entend ainsi porter le taux d’autosuffisance alimentaire du pays à 55,5% en 2027 (44,4% en 2021). En 2021, la production domestique de céréales n’a couvert que 21% de la consommation domestique coréenne ; les céréales destinées à l’alimentation animale (12 MT), notamment, ont été intégralement importées. La production de riz, pilier traditionnel de la souveraineté alimentaire coréenne et qui bénéficie toujours d’une protection douanière importante, atteint encore un taux d’autosuffisance de 85%. Sa consommation décroit néanmoins sur longue période au profit des produits à base de céréales et la réorientation de surfaces rizicoles vers d’autres cultures est désormais une priorité des autorités coréennes, qui visent une hausse du taux d’autosuffisance de 8% pour le blé et de 43% pour les haricots. Pour renforcer la production domestique, un paiement direct à l’hectare sera mis en place au profit des cultures alternatives dans les rizières (céréales d’hiver, soja, riz pour transformation en farine), pour un montant d’environ 80 Mi €. Les stocks publics de blé et soja seront progressivement augmentés. 

Le gouvernement prévoit également de conforter ses chaînes d’approvisionnement internationales en portant à 5 le nombre de terminaux de chargement à l’étranger possédés par des entreprises coréennes, contre 2 actuellement (opérés par POSCO et Pan Ocean). L’objectif affiché est une augmentation de la part des importations de céréales réalisées par des entreprises coréennes à 18%, contre 3,5% aujourd’hui. MAFRA, Korea Times 1 et 2

 

 

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 Rédigé par : Le pôle agriculture et alimentation du Service économique régional de Tokyo et le Service économique de Séoul.

 Contacts : Jérôme PERDREAU, Conseiller agricole, jerome.perdreau@dgtresor.gouv.fr 
Claudine GIRARDO, Conseillère réfèrente SPS claudine.girardo@dgtresor.gouv.fr
Ryoko ISODA, Attachée sectorielle au pôle agriculture et alimentation, ryoko.isoda@dgtresor.gouv.fr                                      Flora FADDA-KIM,  Chargée de mission  flora.fadda-kim@dgtresor.gouv.fr
Jina AHN, Attachée économique, en charge des questions agricoles au sein du SE de Séoul jina.ahn@dgtresor.gouv.fr