Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

- Nigéria : L’AFD et le Nigéria signent un accord de 1,2 M EUR pour le développement des marchés agroalimentaires ; Le remplacement des billets provoque de premières violences au Nigéria ; Les inondations ont entraîné 1,5 Md USD de pertes dans le secteur agricole en 2022 ; Le Nigéria a attiré 4,9 Md USD d’investissements entre janvier et novembre 2022, un chiffre en baisse par rapport à 2021.

 

- Ghana : La Banque centrale du Ghana (BoG) sous contrainte du FMI pour mettre fin au financement monétaire du déficit public ; La confiance des entreprises s'améliore dans un contexte de signes d'atténuation de la récession.

Le chiffre à retenir:

3,2% C’est le pourcentage de croissance économique prévu par le FMI pour le Nigéria en 2023. Cette prévision est en hausse de 0,2 point de pourcentage par rapport au mois d’octobre 2022.

  

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Nigéria

L’AFD et le Nigéria signent un accord de 1,2 M EUR pour le développement des marchés agroalimentaires

Dans le cadre de sa stratégie de développement de la filière agroalimentaire, le Nigéria a conclu un nouvel accord de financement avec l’Agence française de développement le 2 février dernier. Signé en présence de la ministre des finances et du ministre de l’agriculture, cet investissement de 1,2 M EUR du fonds d’expertise technique et d’échanges d’expériences (FEXTE) financera une étude d’un an sur les réseaux de distribution agroalimentaire et les chaînes de valeur agricoles. Ces fonds permettront également le référencement des marchés au Nigéria et la construction d’un cadre réglementaire propice au développement de ces mêmes marchés. L’étude, concentrée autour de trois grandes villes que sont Lagos au sud-ouest, Port-Harcourt dans le sud-est et Kano dans le Nord, sera menée par l’entreprise française Semmaris, société exploitante du marché de Rungis.

Le Nigéria a un besoin urgent de développer sa filière agricole et d’améliorer la distribution des produits. En effet, si l’agriculture représente quasiment un quart du PIB nigérian et emploie près de 70% de la population de manière informelle, le pays est loin d’être autosuffisant. Le FMI a en effet classé le Nigéria parmi les pays avec la plus faible sécurité alimentaire au monde et, en 2023, plus de 25 millions de Nigérians pourraient être confrontés à un fort risque de famine.

Le remplacement des billets provoque de premières violences au Nigéria

Malgré le report de la date butoir de remplacement des anciens billets, la pénurie de nouveaux billets persiste. Face à la pression sociale et politique, la Banque centrale avait en effet décalé de 10 jours la fin de validité des anciennes versions de la naira, accordant 7 jours supplémentaires pour les déposer auprès d’une banque. Or malgré cela, les distributeurs restent vides et de nombreuses files d’attente se sont formées à travers le pays. Plusieurs émeutes ont éclaté dans les villes de Lagos, Ibadan, Abeokuta et Abuja, et on recenserait déjà deux victimes liées à ces violences.

Alors que le gouvernement maitient sa position à l’approche de l’élection présidentielle, la Cour suprême a annoncé le 8 février une suspension de la mesure. Celle-ci arrive suite à la plainte déposée par trois Etats fédérés que sont Kaduna, Kogi et Zamfara, tous trois dirigés par des gouverneurs membres de la majorité présidentielle. Ce report est effectif jusqu’au 15 février au moins, date à laquelle les juges ont décidé de suspendre cette mesure jusqu’au 15 février au moins, date à laquelle auront lieu les premières audiences.

Les inondations ont entraîné 1,5 Md USD de pertes dans le secteur agricole en 2022

L’année dernière, 34 Etats, sur les 36 que compte le Nigeria, ont été affectés par les inondations. Plus de 4,4 millions de personnes ont été touchées à travers le pays, 2,4 millions de personnes déplacées et d’importantes cultures agricoles ont été dévastées. D’après le Service de liaison pour la recherche agricole (National Agricultural Extension Research Service, NAERS), les pertes causées par les inondations s’élèvent à 700 Md NGN soit 1,5 Md USD. Le NAERS estime que le secteur de l’élevage a perdu 93 Md NGN (201 M USD) et que 8,4 Mt de produits agricoles ont été détruits dont du riz, du mais, du sorgho et du soja pour une valeur de 384 M NGN soit 832 M USD. Au total, 863 648 ha de terres agricoles et d’infrastructures sont à réhabiliter, les Etats les plus touchés étant l’Etat du Delta, l’Etat de Kebbi et de Cross River. Les dommages causés par les inondations laissent craindre des conséquences durables. D’après le Département américain de l’agriculture (United State Department for Agriculture, USDA) les productions de riz et de maïs devraient reculer de 5% à 12 Mt et de 7% à 7,8 Mt en 2022/2023. Une telle situation entrainerait une nouvelle augmentation du prix des denrées de base alors que l’inflation alimentaire atteignait déjà 23,8% au mois de décembre 2022.

Le Nigéria a attiré 4,9 Md USD d’investissements entre janvier et novembre 2022, un chiffre en baisse par rapport à 2021

La première économie d’Afrique a attiré 4,9 Md USD de capitaux entre janvier et novembre 2022, un chiffre en baisse de 12% par rapport à la même période en 2021. Les investissements avaient alors atteint 5,9 Md USD. Ces capitaux entrant sont constitués à 49% de portfolio d’investissements étrangers (foreign portfolio investment, FPI) soit 3,2 Md USD, à 40% de prêts soit 1,6 Md USD et de 421,6 M USD d’IDE, soit 9% du total. Les FPI, les prêts et les IDE ont diminué de 26%, 27% et 27% respectivement.

Le Nigéria peine à se relever du choc causé par la pandémie. En 2019, le pays avait attiré 23,7 Md USD contre 6,7 Md USD en 2021, soit un niveau plus bas que celui atteint en 2020 (9,7 Md USD). En 2022, les chiffres devraient encore décliner. Plus particulièrement, le flux d’IDE s’est effondré depuis 2010, avec un pic au plus bas en 2018 (775 M USD). Dans un contexte d’incertitude lié à l’approche des élections, face à l’absence d’harmonisation des taux de changes et à la difficultés de rapatrier les bénéfices, les investisseurs étrangers se détournent du Nigéria. La diminution des flux de capitaux en devises menace les réserves de change de la Banque centrale déjà attaquées par la politique du maintien du taux de change pratiqué par la CBN. Pour rappel, les réserves de change sont passées en dessous de la barre des 37 Md USD en 2022.  

Ghana

La Banque centrale du Ghana (BoG) sous contrainte du FMI pour mettre fin au financement monétaire du déficit public

Le financement des déficits budgétaires par la Banque du Ghana (BoG) devrait prendre fin avec l'introduction du programme du Fonds monétaire international (FMI), a déclaré le gouverneur Ernest Addison. La Banque a été critiquée pour ses prêts au gouvernement, qui ont atteint près de 42 milliards de GH¢ à la fin de 2022, les inquiétudes étant centrées sur l'encours croissant de la dette publique et les éventuelles pressions inflationnistes. En conséquence, on s'attend à ce que le FMI exige la signature et l'application d'un protocole d'accord entre la banque centrale et le gouvernement, promettant un financement zéro de la part de la première comme l'une des conditions de sa facilité de crédits de 3 milliards de dollars.

À cette fin, le Dr Addison a indiqué dans une déclaration aux médias en suite de la 110e réunion du Comité de politique monétaire (MPC) que, même sans pression extérieure, la bonne mise en œuvre du cadre du FMI rendra inutiles les activités de financement de la Banque. "Si les politiques sont mises en œuvre comme prévu, la banque centrale n'aura pas besoin d'intervenir", a-t-il déclaré, tout en exprimant son optimisme quant au fait qu'un accord total avec le FMI et le premier décaissement pourront être atteints d'ici la fin du premier trimestre.

La confiance des entreprises s'améliore dans un contexte de signes d'atténuation de la récession

L'indice Purchasing Managers' Index (PMI) S&P Global Ghana, qui mesure la santé économique du secteur manufacturier, est resté sous la barre des 50 en janvier 2023. Il a néanmoins légèrement augmenté pour atteindre 47,2 contre 47 le mois de décembre précédent. C’est le 12e mois consécutif de contraction de l'activité du secteur privé mais la baisse de la production et des nouvelles commandes est nettement plus modérée depuis le début de l’année. Parallèlement, l'emploi a légèrement augmenté, les entreprises réagissant à la hausse du coût de la vie en augmentant la rémunération de leurs employés. Sur le front des prix, les coûts globaux des intrants ont fortement progressé mais le taux d'inflation a diminué pour atteindre son plus bas niveau en six mois. Enfin, le climat des affaires s'est fortement amélioré, l'optimisme atteignant son plus haut niveau en un an, en grande partie grâce à l'espoir que la situation en matière de taux de change et d'inflation s'améliorera, contribuant à un retour à des conditions commerciales plus normales.