Après les annonces de présentation prochaine par M. Shebaz Sharif d’une loi de finance rectificative augmentant les impôts et les tarifs énergétiques, la presse a annoncé une mission des Services du FMI à partir du 31 janvier prochain.

M. Shebaz Sharif, le Premier ministre pakistanais a offert plusieurs concessions au FMI quel qu’en soit l’effet sur son « capital politique ». Il a annoncé travailler à une loi de finance rectificative qui sera présentée très prochainement qui intégrera une augmentation substantielle des impôts et a annoncé une augmentation prochaine des prix de l’énergie. Du côté du ministre des Finances, la presse a annoncé qu’il a recruté l’ancien négociateur avec le FMI de M. Tarin, le dernier ministre des Finances du Gouvernement de M. Imran Khan.

Banque centrale (SBP) / valeur de la roupie pakistanaise (PKR) : 

  1. Le taux directeur est relevé de 100 points de base à 17%, les réserves de change se situent à 3,7 Mds USD, leur plus bas niveau depuis février 2014.

 Les réserves de change situées à la SBP ont baissé de 923 MUSD pour s’établir à 3,7 Mds USD. Cette baisse des réserves de change s’explique par l’implication de la SBP afin de de donner l’autorisation aux banques de mettre en place des lettres de crédit pour importer de l’essence.

  1. Le retour au taux de change flottant a entrainé un dévissage de la PKR à hauteur de - 9,61 %.

Jeudi 26 janvier, la PKR a connu une dépréciation historique par rapport au USD sur le marché interbancaire, se réglant avec une perte de 9,61 % en une seule session (le USD a clôturé à 255,43 PKR) alors que le gouvernement a décidé, afin d’obtenir le retour à des discussions de travail avec le FMI de remplir une partie des conditions du FMI qui comprenaient notamment « le taux de change flottant ». Il s’agit de la deuxième plus forte baisse de la PKR en pourcentage depuis octobre 1998, lorsqu'il a chuté de 9,9%.

On rappellera à cet égard, que M. Dar était revenu sur le double engagement du Pakistan par rapport au programme FMI de la Facilité élargie de crédit (acronyme anglais EFF) : (i) taux de change flottant (effectué en avril 2021) et (ii) indépendance du Gouverneur de la banque centrale par rapport au ministre des finances en février 2022.

Riyadh et Abu Dhabi conditionnent leurs prêts à la Banque centrale à une augmentation des impôts.

 Le ministre des finances saoudien avait annoncé à Davos qu’il attendait du Gouvernement pakistanais que l’aide économique que Riyadh allait octroyer à Islamabad devait être accompagnée de l’augmentation des impôts. Les Emirats se sont rangés à cette position saoudienne. On rappellera que l’augmentation des impôts dans une nouvelle loi de finances était l’une des exigences du FMI pour reprendre les discussions de travail sur son programme avec le Pakistan.

Islamabad et Moscou proches d’un accord concernant la livraison de pétrole brut russe à partir de mars prochain.

Nikolaï Shulginov, le ministre russe du pétrole indique qu’un « accord conceptuel » a été atteint, mais que plusieurs points (volumes considérés, devise du paiement, questions d’assurances et de logistiques) restent à régler d’ici l’accord définitif entre les deux pays qui pourrait avoir lieu au début mars. Seuls éléments tangibles : (i) le pétrole serait livré à des tarifs préférentiels ; (ii) la Russie ne peut pas livrer de GNL en provenance de la zone arctique (Yamal). La partie pakistanaise évoque un possible paiement dans la devise d’un « pays ami » (s’agirait-il du Riyal saoudien ou du Yuan chinois ?).

Le porte-parole du département d'État, Ned Price, a indiqué que les États-Unis n'avaient pas d’objection à ce que le Pakistan importe du pétrole russe et qu’il convenait de mettre en perspective ce potentiel accord avec les « très sérieux problèmes économiques que le Pakistan traversent".

« Black-out » national de la distribution électrique lié à des problèmes techniques sur les centrales nucléaires de Karachi et de Chashma.

Le Pakistan a connu à partir de lundi après-midi jusqu’à mardi après-midi un black-out électrique complet de 22 heures sur tout le pays. La distribution électrique semble avoir été entièrement restaurée jeudi 26 janvier.

Le ministre fédéral de l’Énergie Khurram Dastgir Khan a déclaré que le gouvernement a ordonné un audit pour identifier les faiblesses du système de transport à travers le pays et qu’il introduirait bientôt de nouvelles technologies et de nouveaux process de travail afin de confiner géographiquement les pannes de courant.

Khurram Dastgir Khan a déclaré que le réseau pourrait connaître de nouveaux délestages tant que la capacité de production des centrales nucléaires de Chashma et de Karachi ne seraient pas entièrement revenues à leur pleine capacité.

On notera que la semaine précédente, le ministre avait communiqué sur le fait que dans la situation de manque de liquidité, l’énergie nucléaire allait monter dans le mix énergétique (à hauteur de 15%).  

Le mix énergétique du Pakistan (données fin juin 2022 et fin juin 2021)

 

2021/2022

2020/2021

Hydroélectricité

20,7 %

27,8 %

Charbon

31,4 %

19,7 %

Fioul

  3,8 %

12%

Gaz importé (GNL)

23,8 %

19,5 %

Gaz produit au Pakistan

  8,5 %

12,1 %

Nucléaire

  8,8 %

  6,7 %

Solaire et éolien

  3 %

  2,2 %

 

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