Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

- Nigéria : La Banque centrale du Nigéria augmente une nouvelle fois son taux directeur ; Le Nigéria s’oppose à la réforme mondiale de l’impôt sur les sociétés ; Inauguration du port en eaux profondes de Lekki en présence du Président ; Inauguration de la plus grande usine de transformation de riz d’Afrique à Lagos.

 

- Ghana : La hausse des prix à la production au Ghana a ralenti et atteint 52,2% en décembre 2022 ; 100 millions de dollars sont perdus chaque année en raison de la corruption dans les ports ghanéens.

Le chiffre à retenir:

14% C’est la hausse des abonnements mobiles actifs en 2022 au Nigéria. Leur nombre est passé de 195 millions en décembre 2021 à 222 millions fin 2022.

  

.

Nigéria

La Banque centrale du Nigéria augmente une nouvelle fois son taux directeur

Alors que pour la première fois en quasiment un an, l’inflation a ralenti au Nigéria, la Banque centrale a tout de même annoncé une nouvelle hausse de son taux directeur. En effet, au mois de décembre 2022, le taux d’inflation s’établissait à 21,4% sur un an, tandis qu’il était de 21,5% au mois de novembre – bien au-dessus de la cible, comprise entre 6% et 9%. Le Comité de politique monétaire qui s’est tenu le 24 janvier a toutefois décidé d’une hausse de 100 points de base du taux d’intérêt directeur, qui passe à 17,5%. Il s’agit de la cinquième hausse depuis le mois d’avril 2022. Toutefois, le taux réel, c’est-à-dire le taux d’intérêt diminué de la hausse des prix, reste largement négatif (environ -3,9%).

La Banque Africaine de développement (BAD), dans son rapport « Performance et Perspectives macroéconomiques de l’Afrique » souligne que la seule politique monétaire ne saurait juguler l’inflation. Elle doit en effet s’accompagner de mesures fiscales et structurelles coordonnées, ainsi que d’une stimulation du commerce intra-africain. Celle-ci permettrait en effet de protéger les pays africains de la volatilité du prix des matières premières importées qui serait l’une des principales sources de l’inflation en Afrique. Selon les perspectives de la BAD, l’inflation au Nigéria en 2023-2024 sera de 14,6%, une performance jugée comme « faible » par le rapport.

Le Nigéria s’oppose à la réforme mondiale de l’impôt sur les sociétés

Présente au Forum économique mondial à Davos, la Ministre des finances, Zainab Ahmed, a fait part de l’opposition du Nigéria au projet de réforme de l’impôt mondial sur les sociétés. Cet accord, porté par l’OCDE et endossé en octobre 2021 par 136 pays sur les 140 que compte le format dit « inclusif » OCDE/G20 au niveau duquel la négociation s’est tenue, prévoit dans son « Pilier 1 » la mise en place d’un nouvel impôt touchant les entreprises réalisant un chiffre d’affaires de plus de 20 Md EUR, calculé sur leur bénéfice mondial. L’accord prévoir que les recettes générées soient redistribuées entre les pays où ces entreprises génèrent une activité supérieure à 1 Md USD de chiffre d’affaires localement, ou 250 M USD si le PIB du pays est inférieur à 40 Md USD. D’après la Ministre, cette mesure pourrait nuire aux recettes fiscales du Nigéria qui fait partie, avec le Sri Lanka, le Pakistan et le Kenya, des quatre pays non-signataires.

Cette réforme, pourtant soutenue par la quasi-totalité des pays, fait cependant encore débat. Selon l’OCDE, elle permettra au contraire de générer plus de recettes fiscales pour au Nigéria. En 2020, les recettes fiscales au Nigéria ne représentaient que 5,5% du PIB, contre une moyenne de 16% pour 31 pays d’Afrique en 2022, selon l’OCDE, soit le taux le plus bas. Plusieurs économistes, dont le lauréat du Prix de la Banque de Suède en sciences économiques Joseph Stiglitz, ont fait part de leurs inquiétudes quant à un possible risque d’accentuation des inégalités entre les pays, au prétexte que cette mesure favorise, dans son principe, plutôt les Etats où l’activité économique est plus importante en volume.

Inauguration du port en eaux profondes de Lekki en présence du Président 

Le Président Buhari s’est rendu à Lagos au début de la semaine pour inaugurer plusieurs projets d’envergure, dont le port en eaux profondes de Lekki. Ce dernier est situé dans la zone franche de Lekki, à 65 km à l’est du centre de Lagos. La construction du port a été entreprise par la China Harbour Engineering Company (CHEC). Elle gérera l’infrastructure avec la société indienne Tolaram pendant 45 ans, en partenariat avec l’Etat de Lagos et les autorités portuaires fédérales. L’armateur français CMA-CGM a obtenu la concession du terminal de conteneurs pour sur la même période.

Lancés en 2020, les travaux ont coûté 1,5 Md USD. Le projet a été financé par la CHEC qui a investi 221 M USD au capital, ce qui en fait l’actionnaire majoritaire, et la Banque chinoise de développement qui a accordé un prêt de 629 M USD. Le port a également bénéficié de financements de la Banque africaine de Développement, la Banque européenne d’investissement et l’Africa Finance Corporation. Avec une surface de 90 hectares, le port de Lekki devient le plus grand port maritime du Nigéria, et c’est aussi le port le plus profond d’Afrique subsaharienne. Ses capacités devraient permettre de traiter 2,5 millions de conteneurs EVP par an. D’après les prévisions, le port de Lekki permettra de créer 200 000 emplois.

Inauguration de la plus grande usine de transformation de riz d’Afrique à Lagos

Le Président Buhari a inauguré l’usine de transformation de riz d’Imota, situé au nord de l’Etat de Lagos, l’un des principaux projets du gouverneur Sanwo-Olu. L’infrastructure s’étend sur une superficie de 8,5 hectares et est dotée d’une capacité de traitement de 32 tonnes par heure. L’usine devrait produire 2,5 millions de sacs de riz de 50 Kg, ce qui en fait la plus grande usine de transformation de riz du continent. L’entrée en service de l’installation permettra de renforcer les capacités de l’industrie locale qui transforme déjà 70% de la production de riz, évaluée à 5 Mt par an d’après les dernières statistiques de la FAO. L’infrastructure sera exploitée pendant 9 ans par la holding internationale Tropical General Investment (TGI Group).

Selon les autorités, la nouvelle usine devrait générer environ 1 500 emplois directs et près de 250 000 emplois indirects au profit des acteurs de la filière. Pour rappel, le riz fait partie des produits dont les importations sont restreintes par la Banque centrale du Nigéria, en vertu de la volonté du gouvernement fédéral de renforcer les capacités de production locale. D’après l’association des exportateurs de riz, le Nigéria n’aurait importé que 15 tonnes de riz entre janvier et juin 2022 contre 957 tonnes sur la même période en 2021. A noter que des volumes conséquents de riz sont acheminés et distribués au Nigéria via des réseaux informels passant notamment par le Bénin.  

Ghana

La hausse des prix à la production au Ghana a ralenti et atteint 52,2% en décembre 2022

Selon les services de statistiques nationales (Ghana Statistical Services – GSS), la hausse des prix à la production au Ghana a ralenti de 78,1% en novembre à 52,2% en décembre 2022 en glissement annuel. La hausse des prix à la consommation s’est, elle, accélérée en décembre 2022 à 54,1% contre 50,4% le mois précédent, en raison notamment de la hausse des prix du carburant (depuis retombés), des services publics et des denrées alimentaires. Un des experts du GSS indique que la forte baisse de l’inflation mensuelle à la production, c’est-à-dire les prix des produits à la sortie de l’usine, pourrait annoncer un ralentissement de l’inflation globale au cours des prochains mois. L’inflation à la consommation est d’autant plus susceptible de diminuer si le Cédi ghanéen se stabilise, ce dernier étant orienté à la baisse sur les marchés de change internationaux après une remontée très sensible en décembre.

100 millions de dollars sont perdus chaque année en raison de la corruption dans les ports ghanéens

Le vice-président du Ghana, Dr. Mahamudu Bawumia, a indiqué que le pays perdait chaque année 100 millions de dollars de recettes douanières à cause de la corruption dans les différents ports du pays. L’autorité fiscale ghanéenne, la Ghana Revenue Authority (GRA) estimerait une perte mensuelle de plus de 8,3 millions de dollars à ce titre. Ces pertes seraient dues en partie au fait que des importateurs, aidés par certains acteurs portuaires, ne déclarent que partiellement la cargaison des conteneurs importés ou pratiquent la minoration de valeur, d’après un discours prononcé lors de l’ouverture d’un atelier régional sur les bonnes pratiques en matière de dédouanement des navires à Accra.